Hier
soir, on a enfin réussi à regarder "Les particules", un formidable film
français (*) sorti cette année dans bien trop peu de salles.
Pour plein de raisons évidentes (une certaine filiation, des sujets relativement communs), Charlotte a pensé à "Donnie Darko" de Richard Kelly et moi au cinéma de Jeff Nichols, mais plus encore à Charles Burns : comme dans "Black Hole", Blaise Harrison arrive à toucher du doigt le passage de l'adolescence vers l'âge adulte, ce couloir complexe à longueur variable où tout résonne de manière singulière, vertigineuse, extraordinaire (au sens premier du terme).
En juxtaposant ce périlleux passage émotionnel et sensoriel à l'incroyable tunnel circulaire du CERN (30 bornes planqué sous le sol) aux abords de la frontière franco-suisse, le réalisateur superpose les couches d'un film qui convoque à la fois le fantastique, la contemplation, et une grille factuelle complètement issue du documentaire (l'observation des jeunes dans leur milieu, avec la bonne dose de recul pour donner l'impression de se faire oublier, et l'autre bonne dose de savoir-faire pour chopper -et décider de garder/monter- ce qu'il faut au bon moment), où Blaise Harrison a fait son petit chemin avant de signer cette première fiction un peu bâtarde.
Alors que je cherchais à comprendre la façon dont se répondaient les sinueuses et délicates séquences d'altération du décor (les murmurations des étourneaux ; les animations vectorielles d'ingénierie du CERN ; les hallucinations sous influence ; la marmotte (**) qui disparait en courant à ras du sol ; les mouvements fantastico-sismiques dans les champs tels qu'observés par le premier rôle), ma comparse de visionnage constate quant à elle que les adultes sont quasiment totalement absents de ce film : ils sont présents sans être là, on les entend mais ne les voit quasiment pas, et quand on les voit ils sont souvent transparents et/ou insignifiants.
Cette existence en délicate ébullition est typiquement celle des adolescent.e.s, elle est bancale comme ils/elles peuvent l'être, elle émet des signes discrets comme le fait un.e teenager. Et lorsque les deux mondes se rencontrent, cela donne des gamins qui slaloment en ville en courant au milieu des adultes, des flics qui secouent des mômes déjà perturbés, des parents qui déménagent en abîmant des élans amoureux.
Alors évidemment, pour ce type de projets, la volonté d'aller chercher de vrai.e.s amateurs/amatrices à ses avantages et ses inconvénients. Ça peut parfois donner l'impression de peser un peu sur certaines séquences, plus ou moins incarnées et semblant un peu engourdies ; mais de fait, cela redonne un peu de concret à cette narration un peu onirique, un peu impalpable, toute engoncée dans la froideur et la nuit hivernale du Pays de Gex.
Pour le reste, j'aimerais sortir une connerie du genre "c'est probablement le plus beau film que j'ai vu cette année" mais j'en ai tellement vu peu que ça ne voudrait pas dire grand choses de toutes façons. Pourtant, c'est probablement le plus beau film que j'ai vu cette année.
(*) oui je sais, moi aussi ça me fait toujours un peu bizarre d'écrire ces trois mots de suite.
(**) ou une bestiole du même genre, hé oh, moi, sorti des chats hein...
Pour plein de raisons évidentes (une certaine filiation, des sujets relativement communs), Charlotte a pensé à "Donnie Darko" de Richard Kelly et moi au cinéma de Jeff Nichols, mais plus encore à Charles Burns : comme dans "Black Hole", Blaise Harrison arrive à toucher du doigt le passage de l'adolescence vers l'âge adulte, ce couloir complexe à longueur variable où tout résonne de manière singulière, vertigineuse, extraordinaire (au sens premier du terme).
En juxtaposant ce périlleux passage émotionnel et sensoriel à l'incroyable tunnel circulaire du CERN (30 bornes planqué sous le sol) aux abords de la frontière franco-suisse, le réalisateur superpose les couches d'un film qui convoque à la fois le fantastique, la contemplation, et une grille factuelle complètement issue du documentaire (l'observation des jeunes dans leur milieu, avec la bonne dose de recul pour donner l'impression de se faire oublier, et l'autre bonne dose de savoir-faire pour chopper -et décider de garder/monter- ce qu'il faut au bon moment), où Blaise Harrison a fait son petit chemin avant de signer cette première fiction un peu bâtarde.
Alors que je cherchais à comprendre la façon dont se répondaient les sinueuses et délicates séquences d'altération du décor (les murmurations des étourneaux ; les animations vectorielles d'ingénierie du CERN ; les hallucinations sous influence ; la marmotte (**) qui disparait en courant à ras du sol ; les mouvements fantastico-sismiques dans les champs tels qu'observés par le premier rôle), ma comparse de visionnage constate quant à elle que les adultes sont quasiment totalement absents de ce film : ils sont présents sans être là, on les entend mais ne les voit quasiment pas, et quand on les voit ils sont souvent transparents et/ou insignifiants.
Cette existence en délicate ébullition est typiquement celle des adolescent.e.s, elle est bancale comme ils/elles peuvent l'être, elle émet des signes discrets comme le fait un.e teenager. Et lorsque les deux mondes se rencontrent, cela donne des gamins qui slaloment en ville en courant au milieu des adultes, des flics qui secouent des mômes déjà perturbés, des parents qui déménagent en abîmant des élans amoureux.
Alors évidemment, pour ce type de projets, la volonté d'aller chercher de vrai.e.s amateurs/amatrices à ses avantages et ses inconvénients. Ça peut parfois donner l'impression de peser un peu sur certaines séquences, plus ou moins incarnées et semblant un peu engourdies ; mais de fait, cela redonne un peu de concret à cette narration un peu onirique, un peu impalpable, toute engoncée dans la froideur et la nuit hivernale du Pays de Gex.
Pour le reste, j'aimerais sortir une connerie du genre "c'est probablement le plus beau film que j'ai vu cette année" mais j'en ai tellement vu peu que ça ne voudrait pas dire grand choses de toutes façons. Pourtant, c'est probablement le plus beau film que j'ai vu cette année.
(*) oui je sais, moi aussi ça me fait toujours un peu bizarre d'écrire ces trois mots de suite.
(**) ou une bestiole du même genre, hé oh, moi, sorti des chats hein...
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