4 février 2006

"CASH !", PAM SAID.

Tout petit week-end, avec plein d'heures de sommeil en retard récupérées, et pas grand chose d'autre.Avant de taper ces mots, je me suis laissé absorber par une séance de légumisation devant France 2 qui diffusait "Jackie Brown" de Tarantino. Je n'avais pas revu ce film depuis sa sortie, et même si j'adore la plupart des films du bonhomme, je crois que celui-ci est le plus réussi, le plus maitrisé, probablement le plus fin, le moins easy-heavy, aussi. Et puis putain, malgré la VF, quelle putain de BO... Je me souvenais pas qu'il y avait autant de pépites, autant d'hymnes extirpés dans "JB" ; rien que pour l'OST, déjà, c'est un putain de bon film.

=> Vendredi soir, vernissage de l'expo Berth : Nancy, Bob la Route (si, si) et moi-même bravant le froid pour jeter un oeil à cette rétrospective du monsieur ; arrivés trop tard pour s'envoyer les canapés au foie gras du coin, on se contente de commenter la triste actualité, celle qui concerne "l'affaire des caricatures", comme il semble convenir de la nommer ces derniers jours.

BertQuelTalent

/edit :
Non, ce n'est pas le cousin Machin from the Adams Family ! Bert et sa sensuelle épaule, Bob la Loutre de dos, moi, Nancy.

On pourrait déblatérer des heures sur ce sujet, et d'autres le font bien mieux que moi, mais bon :
- non, il n'aurait pas fallu publier ces dessins, non pas parce qu'ils auraient pu blesser qui que ce soit, mais simplement parce qu'ils étaient mauvais.
- oui, on doit publier ce genre de trucs : priver l'expression, quelle qu'elle soit, de tout ou partie de ce qu'elle est, revient à l'annihiler, purement et simplement. Cela s'appele la liberté d'expression, et la question subite (qui revient, ceci dit, par cycles ponctuels) semble être : "Est-elle acceptable ?", ou, de manière plus directe : "Faut-il censurer la censure ?".
Ben ouais, enfin, il me semble. Pour les échanges parfois constructifs qu'elle peut génerer (même si sur ce coup, ca semble mal parti).
Parce que d'après le coran (et d'après ce que j'en ai compris, et merci à Nassim pour la conversation), la représentation du prophète ne peut être proposée par un homme : peut-on donc imaginer que le fait de reconnaître une représentation serait réfuter les écrits ? C'est pas un peu paradoxal, ça ?
Parce qu'un film qui fait brûler les cinémas ou un dessin qui fait crâmer les ambassades, c'est pareil, c'est faire tout ce qu'il faut pour conserver le triste écart entre les peuples, entre les confessions. La provocation n'existe que si on la reconnait, c'est pas toujours facile de se contenir quand on se sent heurté, mais il faudrait aussi que la communauté feuj' foute le feu à toutes les ambassades françaises à travers le monde : la France n'est-il pas le pays ou parait sans opposition aucune "Minute", un torchon qui ne se prive pas d'exposer un ton quasi-nostalgique d'une certaine époque ou il ne fallait pas bon se réclamer du judaïsme. Ah ouais, j'imagine bien que la France n'est pas le seul pays à publier ce genre de merdes : elle est où, là, la censure ?

L'église catholique a t'elle moins tiqué sur les "attaques" qu'elle a pu se prendre dans la gueule depuis des décennies ? Encore récemment sur les affaires des curés pédophiles, notamment, elle a plié le dos, parce que c'était la meilleure chose à faire. Ne peut-on considérer une satire, un allumage en régle des terroristes musulmans (qui représentent une partie infime des musulmans) au même titre qu'une satire des curés pédophiles (qui représentent une partie infime des curés) ?
Parfois, j'aimerais avoir la foi, celle des croyants ; la fascination que peuvent exercer sur moi des zozos prêts à crâmer des trucs au nom de leurs écrits divins, ca me sidère, et c'est valable autant pour ceux qui parle à Dieu avant chaque repas (au nom du père, du fils, et du... mais ou est le dessert ?), que pour ceux qui le passent dans un ordre précis (ne va pas bouffer ton produit laitier pendant le repas, malheureux), bref. Et puis j'y réfléchis un peu, et je me dis, qu'en fait, non, ca va comme ça, merci. 8)

Croyants de tout bord, foutez-vous de ma gueule de non-croyant, je vous jure que je n'irais pas brûler vos bicoques, que je ne boycotterais pas les produits de vos pays pour autant. Ils sont raisons, les défenseurs des caricaturistes, ca manque d'un peu de légéreté, tout ça. On croirait davantage à la spiritualité des gens, s'ils n'étaient pas aussi proches des basses considérations humoristiques d'une poignée d'artistes. Ca relève d'un gros fossé culturel, probablement ; et d'un peu de compréhension, je sais pas...
Bref.

=> "Pourquoi j'ai du mal avec Futuropobis, part.427"
Ca ressemblerait à de l'acharnement que j'en aurais pas grand chose à foutre, mais les faits sont là, jamais depuis que j'ai fait ce métier on m'a fait ce coup-là : alors que je bossais les commandes de ce décidément fort noble éditeur, il est apparu qu'il était "impossible" de commander une floppée de nouveaux titres ("Après la guerre #1" de Brunschwig, Martin et Jouvray, "Guerres civiles #1" de Morvan, Ricard, Gaultier et Galopin, "L'idole dans la bombe #1" de Presle, Jouvray et Jouvray, "Le monde de Lucie #1" de Kris, Martinez et Thomas, soit l'intégralité de la nouvelle collection baptisée "32") au quantités souhaitées par le libraire.

Ces séries sont disponibles uniquement par pack de 10 exemplaires chacun ; "Oui, mais y'a un super joli présentoir qui va avec". Chouette alors.
Futuropobis est mis en place par la force de vente de Delsol (soit le réseau de diffusion de Delcourt et Soleil utilisant Hachette), pourtant pas des exemples d'humilité dans le marketting ("...Mais tu y es pas, coco, on est au 21ème siècle, c'est dent pour dent, faut rentrer dedans pour survivre..." me répondra-t'on), et malgré cela, ils arrivent avec des régles supplémentaires qu'ils veulent imposer, et c'est comme ça, c'est tout ?
Le libraire naîf et sinçèrement de bonne volonté :
"Mais je peux pas choisir mes quantités ? J'ai envie de lire (et j'espère de défendre) le "Guerres civiles", signés par des auteurs dont j'aime assez le boulot ? Au vu des quelques pages montrées dans la brochure de promotion de la collection "32" (et qui, si on en croit Futuropobis, relève d'une idée aussi ébouriffante qu'inédite, celle de proposer des 32 pages "pas chers", sur un rythme assez soutenu, un peu dans l'esprit comics, couverture souple mais grand format, bref, tout un concept complètement innovateur et super osé, quoi), j'ai pas spécialement un bon feeling avec "Le monde de Lucie", notamment...
- Ben nan, c'est les packs de 10, voilà.
- Mais je veux bien prendre une dizaine de titres de ceux dont j'attend quelque chose, mais moins des autres et...
- Nan nan, c'est 10 de chaque, minimum, ou rien.
- Ah ouais ? Ben ca sera rien, alors."


Ouais, mais voilà : nous autres libraires, on joue pas le jeu, hein, du coup, on est pas sympas avec le boulot effectué par les auteurs, puis c'est priver le lectorat de titres formidables et accessibles, et puis...
Avril, c'est pas le mois ou les libraires ont des masses de pognon à investir dans des quantités de sorties superflues (les quantités, hein).
Et Avril, c'est le mois ou Delcourt propose 27 nouveaux titres, et Soleil 16.
Alors voilà : chers auteurs, désolé, nous n'aurons pas vos bouquins à la mise en place, c'est très con, mais c'est comme ça.
J'étais pas libraire du temps de Futuropolis, mais j'ai peine à croire que chez tous les libraires il y avait des dizaines de leurs titres.
Ah je suis trop con, j'oubliais que "l'industrie de la bédé à changé, coco".
Soit.


=> Ces derniers jours, quelques lectures :
- "Pigeon", de Dampremy Jack et Marshall Joe :
le second "Dérapage comix" des 2 zozos belges me semble un poil en deçà du premier, non pas dans les idées (toujours aussi hautement bien débalées), mais dans la forme ; il n'en reste pas moins un truc à lire absolument, parce que joli petit objet pas reuch (3 euros msieurdame), et surtout parce que ca demeure un des chouettes trucs micro-auto-édité à ne pas louper. Bien joué les garçons.

- "Donjon Monster #10, des soldats d'honneur" de Trondheim, Sfar et Bézian (Delcourt) :
Tout a été dit sur ce nouveau Donjon ; Bézian, c'est tout simplement beau, oui, son noir et blanc se suffit à lui-même, mais oui aussi, la colorisation de Walter est magnifique. Le parti pris narratif peut surprendre, mais convient parfaitement au récit. Un chouette Donjon, avec ses grands moments solennels et de plus en plus souvent glauques, et ses pointes d'absurde débile, un Donjon quoi.

- Le one-shot "Spirou" de Yoann et Vehlman (Dupuis) fût une lecture plaisante, sans plus ; les deux auteurs ont fait mieux ailleurs, avant, autrement, mais s'accapparer ce genre d'univers, c'est quand même pas fastoche-fastoche ; et c'est quand même autrement plus savoureux que les aventures pleines d'action et de "sbing" de Morvan et Munueira. Bon, je suis pas non plus un gros spécialiste de Spirou, je suis probablement donc pas le meilleur placé pour critiquer ce bouquin.

- "Muerto Kid" de Felder et Cizo (Requins Marteaux) :
J'ai été vachement moins enthousiaste que je ne le fus à la lecture de planches ponctuelles parues dans Ferraille mag ; je reste un gros fan de ce personnage, mais paradoxalement, je crois que le format album ne lui rend peut-être pas service. Il y a quelques grand moments, mais dans l'ensemble, je suis moins enthousiaste que je n'aurais voulu l'être. Ca reste un bon moment d'humour typiquement punkoïde proposé par les Requins ou F.

- "Bleu transparent" de Suzuki (Seuil) :
Ne jamais écouter les potes qui parlent d'"un auteur à la Tsuge", expression probablement rapportée d'un mauvais Chronic'Art (hum) : je suis passé complètement à côté de ce bouquin que j'attendais donc, fatalement, pensez : Tsuge, merde ! Ben nan, rien à voir, hein.

- "JLA : Le clou" d'Alan Davis (DC):
Je me suis refait un bon paquet des "New teen Titans" de la bonne époque (Wolfman et Perez, notamment, genre il y a... 20 ans ? Gasp) il y a quelques jours... Ben j'aurais pas du enchainer avec du DC contemporain : je me suis fait chhhhiiiiiieeeer, sévère.

- "Catwoman (Rome)" de Loeb et Sale (Panini) :
A l'image du titre précédent, je suis encore à la recherche d'une histoire potable : chouettes pages de Tim Sale, si on aime le zozo, on en a pour son argent, mais l'histoire, merde... Loeb, il est temps de prendre des vacances, mon gars.

- "Dan & Larry" de Dave Cooper (Seuil) :
Bonne traduction d'un bouquin agréable de Cooper, mais clairement pas son meilleur. Une nouvelle incursion cependant dans l'univers pessimiste et totalement désenchanté d'un auteur incontournable de ces années ; et une nouvelle preuve d'un talent graphique indéniable, il me semble, proposant un bestiaire trash aux moeurs carrément glaques.

- "Le monde change trop vite" d'Ibn Al Rabin (Le Groinge) :
Voilà ce que c'est d'attendre un nouveau titre d'un de mes auteurs favoris (et pour cause, tous ses bouquins m'ont emballé, au bas mot) ; du coup, cette petite fable adaptée d'une impro née lors d'une sessions de la fabrique de fanzine m'a semblé très agréable, très fantaisiste (voilà un joli pléonasme : le fantaisiste Ibn Al Rabin...), mais moins emballante que je ne l'aurais souhaité, là aussi.
Attention, ca reste du Ibn Al Rabin ; c'est donc dans des sphères autrement moins exigues que la plupart de ses contemporains des scènes indé-alter-micro-machin.

- "Pupshaw, Frank and Pushpaw : the lute string" de Jim Woodring (PressPop Gallery) :
ma meilleure lecture de ces dernières semaines, tout simplement. Alors que Pupshaw et Pushpaw séchent le jardinage demandé par Frank, ils finissent par rencontrer une énième créature complètement barrée (eh, on est dans le bestiaire de Woodring, rien d'étonnant, hein) qui va les vite les "téléporter" dans une dimension parallèlle, peuplée d'encore plus étranges créatures... Il faut le lire pour le comprendre.
Woodring s'en donne à coeur joie : une grosse injection d'imagerie du folklore indien est plus palpable que jamais, et le petit format carré du bouquin lui permet d'étaler sa narration géniale sur des demi pages largeur de toute beauté.
Son encrage est plus chouette que jamais, et pour une fois, les moments simplement drôles occultent la teneur souvent dramatique et les ressorts toujours glauques de ses histoires habituelles ; et on encore droit à des putains de transformation de la part des 2 bestioles, à ne pas manquer...
A noter que ce sont les japonais de PressPop Gallery qui sont aux manettes de la réalisation de ce bouquin, Woodring délaissant Fantagraphics un temps, pour s'aventurer à Tokyo ou il possède une réelle horde de fans.
J'aurais l'occasion d'y revenir, notamment pour parler du DVD "Visions of Frank" sorti chez PressPop toujours, et qui compile 7 petits courts- métrages réalisés par autant de réalisateurs nippons qui tous, à leur manière (animation générée par ordi, découpage/collage, montage 30 images/minute, vitrographie, toutes les méthodes y passent), rendent hommage aux personnages de Woodring, et avec une bande son terrible, et autant de bonus tracks. Incroyable !

- "The clouds above" de Jordan Crane (Fantagraphics) :
Une jolie petite histoie muette ; un bouquin qui vaut surtout pour son joli petit côté objet. L'histoire racontée par Crane, elle, ne m'a guère marqué.

- "Schizo #4" d'Ivan Brunetti (Fantagraphics) :
Sur un format qui donnerait des envies de suicide aux gens de BDGest, Brunetti explore ses sujets favoris, et s'essaie à différents modes d'exploration graphique, souvent très inspirés ; on reste dans la tonalité habituelle de Brunetti, ca gromelle, ca grogne, ca s'appitoie, tout ça sur le mode Brunettien qui est tellement charmant qu'on lui pardonne son apparent côté limite pénible... Encore un auteur à traduire d'urgence !

- "Malinky Robot #2 : bicycle" de Sonny Liew (Slave Labor Graphics) :
Sur un coup de tête (la couv' avait l'air chouette), commandé et... Chouette surprise : un petit comics de 24 pages, petit format, avec une base d'histoire distillée sur plusieurs techniques, graphiquement comme narrativement ; on est pas dans la pure expérimentation, mais on secoue un peu les principes de base et au final, voilà un auteur plébiscité par des gens comme Mazzucchelli, rien que ça ! Rafraichissant et suepr sympa.

- "Sexy Chix, anthology of women cartoonists" (Dark Horse) :
Un super album avec plein de meufs à gros nichons.
Nan, je déconne, ils s'agit là d'une anthologie d'une centaine de pages dans lesquelles vont s'epxrimer uniquement des femmes, de tout âge, de tout style. Je noterais principalement les participations de Jill Thompson, de Gail Simone et Rebecca Woods ("True tales from the shampoo bowl", histoire ok, mais joli encrage), de Colleen Coover (l'auteur de "Small favors"), de Meghan Kinder ("An admission", simplement juste et magnifiquement mis en place, mais qui avair été déjà publiée dans le très bon petit collectif "Senses : sequential art anthology" dont j'ai parlé il y a quelques semaines), et de Joyce Carol Oates (la très populaire auteur de nombreux romans, entre autres) et Laurenn McCubbin (qu'on a vu dans "Rent Girl" chez Last Gasp, aux côtés de Warren Ellis pour "Quit city", chez BoingBoing et derrière le très bon "XXX Livenudegirls") qui signent le très dur "Don't you trust me ?", sacrément bien vu. A boire et à manger, mais le bon est vraiment bon ; tiens, il faudrait que j'aille me coucher, moi.

- "New Recruits" (Dark Horse) :
A l'image du collectif précédent, du bon et du moins bon, même si le tout reste d'excellente facture ; 6 histoires, avec des talents bien diversifiés aux contrôles : le très cartoony anglais I.N.J Culbard propose un truc à l'ambiance victorienne très joli (scénar un poil moyen), le brésilien RHS réalise un melting-pot de techniques et un rythme narratif inventif et plutot pas mal, et Jacob Chabot balance une histoire bargeote et très drôle, un mec à suivre ; le reste est sympa maispas à tomber par terre. Mais sympa. Mais pas à tomber par terre. Mais sympa.

- "Lointain" de Claude Desmedt (L'employé du moi) :
Si on oublie le dessin fortement inspiré par Larcenet, qui m'a carrément gêné sur les premières pages, on se laisse vite aller à un récit muet, implacable et très bien narré ; seul problème, ca commence tellement trashy qu'on ne peut-être que désapointé par le dernier quart de l'histoire, qui finit plutot bien, et qui, du coup casse les espérances d'un truc glauque assumé jusqu'au bout. "Lointain" reste une lecture agréable, servi par une narration relativement efficace, mais qui n'efface pas la grosse influence graphique trop palpable.

- "L'amour au dernier regard" de Marko Turunen (Frémok) :
Que dire ? Les amateurs de Turunen seront ravis de cette réédition (en bichro), les autres auront du mal. Moi j'ai adoré, même si ce n'était pas mon favori.

- "Le sabre et l'épée #1 : la yesha" de Chauvel, Boivin et Araldi (Delcourt) :
Attendez, c'est vraiment le même dessinateur qui avait fait "Lili & Winker" avec le même Chauvel ? Ben dites-donc... C'est autrement moins personnel, c'est bien dommage ; action, aventure, un brin de fantastique, ca tourne bien, ca en fait un divertissement correct pour les soirs de fatigue.

- "Ferraille #27" (Requins Marteaux) :
Un pavé terrible, qu'on avait attendu, et ca en valait la peine : 180 pages, avec Sara Varon (pas d'inédit), Ruppert & Mulot qui continuent leur trip halluciné d'une violence presqu'inédite (et plus Easton-Ellissienne que jamais sur la seconde histoire), Lindingre très très con comme on aime (Lindingre qu'on retrouve dans le dernier Polystyrène), Trondheim pour des pages assez critiques qui avaient été commandées par Télérama, sans être publiées par ce journal (on peut comprendre pourquoi), le très bon Vandermeulen plus drôle que jamais, l'auteur de "Kinky et Cosy", Nix, en pleine forme, du "Dickie" de Pieter de Poortere plus poilant que jamais, Bouzard en décérébré total bien marrant, Blutch (en mode Petit Christian) sur 3 pages (sans plus), Seb Lumineau en grande forme, Debeurme en sordide habituel (mais magnifique)... Plus que jamais, donner votre pognon à Franky, il en vaut la peine.

- "Le retour de l'éléphant" de Paul Hornschemeier (Actes Sud) :
Etait-ce une bonne idée de mêler les pages des "Forlorn funnies" de Hornschemeier avec son récit-titre, parus à l'origine dans pas moins de 3 ouvrages différents ? Actes Sud a cru bon de nous proposer une grose dose du prolixe de Chicago, mais je doute de la pertinence du truc. Au final, on se retrouve avec une somme de choses (des très bonnes comme des moyennement réussies) qui n'ont pas grand chose à voir les unes avec les autres. Ceci étant dit, en considérant le bouquin comme un panorama de l'oeuvre récente du monsieur, on peut apprécier le bouquin, surtout, donc, pour une des histoires les plus insoutenables de ces dernières années, celle qui clôt ce livre qui porte son titre.

- "Le photographe #3" de Guibert, Lefèvre et Lemercier (Dupuis) :
Suite et fin. Toujours aussi fortiche, toujours aussi bluffant, toujours aussi réussi ; rien à redire, belle fin d'une série de bouquins qui méritent leur succès.

- "Demi-course et casquette Motul #1 : petit plateau" de Christophe Gaultier (Dupuis) :
première impression en refermant le bouquin : ce genre de récits autobiographiques, nous sommes désormais habtiués à les lire sur des paginations supérieures ; du coup, petite frustration en refermant le bouquin, tellement c'était tout simplement bon de le lire.
Toujours le superbe trait de Gaultier, qui de plus en plus s'éloigne de ses influences pour partir dans un style de plus en plus maitrisé, limpide, et qui sert son découpage, tout ça pour proposer une lecture rythmée, et pleine de bonnes choses. Le contenu, maintenant ? Ben l'humour très particulier de l'auteur, dans lequel je me retrouve à 200% (pas l'auteur, hein, l'humour), utilisé pour une collection de petits récits, remontant à l'enfance. Une suite de souvenirs tantôt acides, tantôt touchants, parfois très cons, et toujours réussis.
Des détails de souvenirs apparemment digérés, assimilés, et, malheureusement, oubliés pour la plupart du temps, se réveillent, et on ne peut qu'être touchés par ce super premier libre en solo. Entre jolie poésie naïve (mais pas niaiseuse pour autant) et franche poilade, à lire et offrir.

- "Les aventures de MégaMonsieur #1: l'attaque des ploutes" par Martin Desbats (Onomatopées) :
C'était le dernier des 6 titres sortis simultanément dans cette nouvelle collection de bandes dessinées proposées par l'éditeur Lito, et probablement l'un des meilleurs (j'ai évoqué les autres dans un post il y a quelques semaines). Déjanté et super fantaisiste, Mégamonsieur est un super-héros en devenir, enfanté par la ville, et qui tachera de sortir son environnement du guépier dans lequel il s'est fourré. Riche en symbolique à tendance "critique de la société de consommation", ce premier bouquin (je crois ?) est un petit pamphlet délirant et moins léger qu'il n'en a l'air, idéal à lire avec son neveu de 5 ans sur les genoux. Et après, on lui enlève le bouquin des pattes et on le garde.

A venir prochainement, des tonnes de trucs, mais surtout :
- la traduction française de "Gloomcookie" de Serena Valentino et Ted Naifeh, chez Akiléos.
- "Petites hontes enfantines" de Laureline Mattiussi, à la Boite a bulles.
- "Ice Cream" de Anthony Pastor, à L'an 2.
- "Popbot #2" ou "Lore" d'Ashley Wood, chez Carabas, normalement d'ici 2012. Quoique, ils préférent nous sortir du "Winx club", chez Carabas.
- "Le mois de Dolph : octobre 2005", de Dolph, au Groinge.
- "Le champ cardiaque" de Blanquet et Jeanne (Requins Marteaux).
- "Prisionnière de l'armée rouge" de Romain Slocombe, enfin une réédition ? Au Lézard Noir.
- "La putain P." de Anke Feuchtenberger se retrouve au Frémok.
- "Mongo le magnifique #2" de Bollée d'après Chesbro (EP).
- "20th century boys #19" d'Urasawa (Génération comics).
- "Kinky et Cosy #2 : rincez-moi, svp" de Nix (Le lombard).
- "La maison qui pue #5", chez les mêmes.
- "La frontière #2 : in dog we trust", chez Glénat, pour les 48 pages de pure poilade que cela promet (les 3 acheteurs du premier tome me comprendront).
- Qu'est-ce que ce pauvre dj Hide est allé foutre hors de son Shibuya pour se retrouver dans cette aventure bien foireuse qu'est l'OuMuPo ?
- "OVNI" de Trondheim et Parme (Delcourt).
- "Doraemon" ? LE Doraemon débarquerait chez Kana en avril ? Terrible ! 8)
- "Veuve poignet" de Greg Shaw (La 5ème couche).
- "Black #4" (Vertige Graphic).
- "Jules #5" d'Emile Bravo (Dargaud).
- "L'école de la misère" d'Yvan Alagbé (Frémok).
- "J'ai tué Géronimo" de Loo Hui Phang et Cédric Manche, chez Atrabile.
- "Waraba #1" de Jouvray et Kalonji (Vents d'Ouest).
- "Charge" de Baladi et Ghostape (La Cafetière).
- "La guilde de la mer" de Nancy Pena, à la Boite a bulles.
- 6 nouvelles "Pattes de mouche" à L'asso (dont Baladi, Killofer et Rupert/Mulot).
- L'Eprouvette #1, à L'Asso.

Et surtout, surtout :
- "Ganges" puis "Malédictions" de Kevin Huizenga, et "Trois histoires" de Sammy Harkham (Vertige Graphic) : 2 auteurs incontournables de la nouvelle scène ricaine, deux talents différents mais qu'il faut lire ; décidément, Vertige Graphic propose de plus en plus de bonnes choses.

- "Lupus #4" de Frederik Peeters, chez Atrabile : la conclusion de la meilleure série francophone de ces dernières années, signé par le fabuleux Frederik Peeters, met un terme à une aventure qui restera dans les annales de la bande dessinée dès lors que les retardataires s'y seront collés (uh uh uh) (et avec des tout petits morceaux de bisontine dedans, aussi).

- "Tue-moi à en crever" de David Lapham (Delcourt), serait l'occasion d'honorer ENFIN ce génial auteur, avec une traduction de sa micro-série "Murder me dead" parue il y a 6 ou 7 ans, tandis que "Stray Bullets", l'une des meilleures séries débutées au milieu des 90's, continue de paraitre dans un désert médiatique tout simplement lamentable ; 2 éditeurs français s'y étaient collés, sans succès. La France est-elle prête pour David Lapham ? Rien n'est moins sûr.

- "En route pour Seattle" de Peter Bagge (Rackham) : n'aurait-il pas fallu éditer le très bon Bagge plus tôt ? Le public se retrouvera t'il dans cet univers très connoté early 90's ? Combien de fois se mangera t-on le mot "bd grunge" pour parler de cette série très drôle que pouvait être "Hate" ?


On Air on radiojUne :
- Enoooooooooooorme, la reprise du "Close to me" de The Cure par la fabuleuse Pyeng Threadgill.
La plus belle chanson de ce début d'année est une reprise, c'est pas de ma faute ; et son second album tout frais, "Of the air", est son premier réel album personnel, et je n'espère qu'une chose, c'est qu'elle poursuive dans cette voie, parce que bordel, c'est tout simplement super beau. Il y a autant de post-pop que de 22st century soul là-dedans, le tout dans une grosse marmite jazz qui chauffe tout doucement... Je rêve de la voir en live, il parait que ca défouraille.
- Toujours Mike boo "dunhill drone commitee", englué dans du bon gros post-abstract qui défouraille.
- Id & sleeper, moi qui ne pensais plus être enthousiasmé par Anticon, voilà une grosse Musherie qui va rester.
- le morceau que Keiichi Kitahara a composé pour un des court-métrage qui composent "Visions of Frank" (PressPop).
- Masada String Trio, pfffff Zorn il fait ce qu'il veut, ca le fait toujours, ca devient pénible à la fin.

Hop je suis plus là, zou

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