3 février 2006

HIVER DE MERDE.

=> Le weekend dernier, Jeffrey Brown était à Besançon pour y dédicacer son dernier ouvrage traduit en français, "Clumsy", qui a paru aux éditions Ego-Comme-X.
Auparavant, il était apparu du côté de Bruxelles, grâce à l'ami Nicolas de La Bulle d'or, ainsi qu'à Lyon ; je reviendrais sur les derniers Xeroxed du même Nico (des carnets d'entretien à tirage assez limité et carrément indispensables pour les curieux qui voudraient avoir une dose d'interview intérressant et plus consistant que la moyenne observée dans la presse dite spé) tout bientôt, il y a comme qui dirait une floppée de numéros récents à ne pas manquer (notamment Jeffrey, donc, mais aussi Kevin Huizenga, passionnant).

Après 3 jours à passer sa vie dans le train, jetlag compris, Jeff était bien nase, ce qui ne l'a aucunement empêché d'exprimer sa satisfaction d'être invité à Angoulême cette année, et de pouvoir tourner un peu dans nos contrées ; confirmation, un an après l'avoir rencontré à Angoulême en janvier 2005, qu'il s'agit là d'un mec aussi cool que talentueux. Il nous aura fallu un an d'échanges email pour concrétiser ces dates, et au final, un petit weekend plein de bons moments. Raviiiiii.

Ses prochains bouquins à paraître montrent le chemin parcouru depuis "Clumsy", d'un point de vue strictement graphique.
La narration est toujours aussi posée, et toute personnelle ; mais son souçi de ne pas ralentir de lecteur avec trop d'élements visuels à évolué en même temps que sa capacité à restituer un vrai environnement visuel aux acteurs de ses histoires. Le ton reste le même, ce mélange d'intimiste assez poussé mais paradoxalement toujours très pudique, mais l'approche et la palette de sujets traités témoignent de la volonté de l'auteur de passer à "autre chose" que la thématique utilisée sur ses trois premiers bouquins, qui forment sa "trilogie amoureuse" (et à laquelle vient s'ajouter en avril l'épilogue d'une centaine de pages "Every girl is the end of the world for me", toujours chez Top Shelf).
Plus que jamais, j'ai hâte de voir les livres édités ; tout ça me semble très bon.

=> Lundi soir, petit meeting avec la bande de gorets de
L'affaire du siècle tome 5 (le fanzine mondialement connu, et dont on parle de plus en plus souvent dans les dîners en ville), en tout cas, les plus impliqués : l'infatigable jardinier Louis-Bertrand Devaud, le retour de Nancy Pena (avec une couv' pour le numéro 13 qui cartonne sévère), le discret Lazrie, l'outrancier Panzer Cardinal, et cette grosse pétasse de Bob la Loutre avaient bravé le froid.
Après l'espèce de carence créative et productive qui marque le numéro 12 (16 pages seulement), nous sommes d'accord pour faire un gros numéro 13, promis juré craché machin. Confirmation également que le numéro 13 sera distribué sous le manteau à Bourg-Les-Valence, dans quelques semaines ; si vous croisez une loutre, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

=> Mardi soir, on devait avec la même Nancy se cogner "Il était un père", un vieux Yasujiro Ozu de 1942, dont une copie avait été interceptée par les projectionnistes bisontins ; des échos ultra-négatifs quand à la qualité de la copie en question nous ont dissuadé d'aller nous enfermer au ciné, et nous sommes allés nous enfermer dans un bar, puisque c'est comme ça. La saison hivernale est rude, mais "La Guilde des mers" sort bientôt en mars (à La boite a bulles), ce qui fait au moins une bonne chose sur les nombreux projets qu'on attend de la miss ; c'est d'ailleurs marrant de voir les différentes interprétations de ce premier tome prometteur.
J'ai envie de parler de ce bouquin que j'ai adoré (bien que je n'ai pas eu la chance de lire la version finale et colorisée), mais j'ai pas non plus envie de dévoiler le mystère et le plaisir... La seule chose à dire, c'est que les gens qui avaient repéré le talent évident ce cette nana ne seront pas déçus : "La Guilde" recense toutes les richesses maintes fois étalées qu'on trouve dans l'univers de miss Pena, avec une approche scénaristique chiadée, un déroulement exemplaire, des personnages tangibles, denses, et, bien évidemment, un dessin qui calme ; évidemment, ca sonne comme du copinage, mais ca vous coûtera pas grand chose d'aller compulser le bouquin une fois sorti : il en vaut largement la peine.

Certains organes propagandistes comme le petit périodique Canal BD ont vu dans le bouquin une sorte de manifeste illustré, de truc à haute teneur critique sociale, limite essai politico-anthropo-mes-couilles. Perso, je me suis surtout régalé, le très bon divertissement arrive largement en tête, bien avant la lecture plus profonde qu'on a pu en faire ; enfin, je crois...

Je dis propagandiste en parlant de Canal BD, parce qu'il y a de quoi se rouler par terre en voyant les arguments déployés dans leur dernier numéro de Bodoi du pauvre (je sais, je sais, ca semble improbable, mais bon, faites un effort d'imagination)... Du bon gros marketting agressif que ne renierait pas Edouard-Michel Méroll, de la belle branlette intense et insupportable : il faut que vous sachiez qu'un bon achat culturel se fait dans une librairie affiliée à ce divin réseau, et surtout pas ailleurs, malheureux.
Oubliez votre revendeur habituel, il n'est qu'un fournisseurs de marchandises, un suppôt du capitalisme rampant, dénué de toute curiosité et de toute passion : à en croire le dernier Canal BD, s'il n'est pas affilié, il démérite, fatalement. C'est bien connu, un bon libraire est un type qui essaie de vous refourguer les plus grandes séries, les dernières saloperies, et qui connait la côte du dernier BDM par coeur ; la spéculation, coco, c'est un truc à prendre en compte lorsqu'on veut se la jouer pro de l'édition, tu sais...

Quelque belle bande de branleurs ! Il n'y a guère qu'une ou deux boutiques estampillées Canal-Moncul que j'ai visité et qui m'ont donné l'impression d'être tenues par des défricheurs, des gens curieux, qui s'approchent de vous en n'essayant pas de vous refourguer 3 tonnes de merde en quadrichromie cartonnée grand format, mais bien pour discuter avec vous, de vos goûts, de vos univers de lecture, de trucs à partager ; la majorité de celles que j'ai vu (et testé...) me semblent largement dignes d'une mauvaise grande surface, ou le premier letmotiv est de vendre, basta.
Et maintenant, Canal-BD chiale en pages intérieures sur le fait qu'acheter chez eux est un acte militant, engagé, responsable, presque civique, mais surtout intelligent ? Ah ah ah, quelle poilade les aminches.
Alors voilà, soyons un peu prétentieux, orgueilleux, et faisons preuve d'intelligence, contrairement à ces connards cosmiques : non, je veux bien ne pas généraliser, il y a probablement des librairies Canal BD ou le service est là, ou le libraire connaît sa clientèle, et ses bouquins, c'est évident (La parenthèse à Nancy, Super-Héros à Paname, Oscar Hiboux à Bordeaux...).

Mais oser prétendre que le réseau Canal BD offre ce genre de services systématiquement, c'est quelque chose qui réveille mes hémorroïdes, puissance 10 000, et qui ne me donne envie, à moi petit libraire probablement inculte, mauvais, intéressé, commercialement agressif, incompétent, peu alerte, de dire à ces connards d'aller proprement se faire enfiler un bras ou deux ; les miens, notamment.

=> Mercredi soir, soirée ultra-peinarde avec La Chauve-Souris, peu de fréquentation au bar habituel mais c'est déjà cool de se refiler du bon gros son dans les oreilles. Extraits, ambiance, Bayley's, lumières tamisées, cosy-trendy-lounge fuckers, yeah yo :
- l'énoooooorme reprise du "Close to me" de The Cure, par Pyeng Threadgill.
- Greg Soussan Quartet "Here's to you".
- Bettye Lavette "Down to zero".
- Marius Cultier "Coco boogaloo".
- Sun Ra "When there's no sun".
- Dudley Perkins "Flowers".
- The O'Jays "For the love of money".
- The Cannonball Adderley 5tet "Walk Tall" (avec l'intro du Reverend Jackson, genre qu'en finit pas, terrible...).
- Esther Williams "Last night changed it all".
- Sly & the family Stone "hot fun in the summertime".
- Jamie Cullum reprenant "Frontin'" des Neptunes.
- Espern Horne "Magnetica".
- Marc Moulin "Balek".
- NY Jazz 6tet "Giant steps".
- One Self "Bluebird".
- Roy Ayers "we live in Brooklyn baby".
- Spacek "Eve" (Snairdrum mix by Retro, wooooord).
- Harold McNair "The hipster".
- Jazmine Sullivan "Braid your hair".
Voilà, c'est que du cd (ouais, chui en train de virer djcd, c'est trop la tehon, houuu) j'ai pas listé les vynils car ils sont restés chez Zo, trop lourd à remonter à la maison dans le froid nocturne bisontin...

=> L'Atelier de photographie est une gallerie d'exposition (photo, comme son nom semble l'indiquer) qui a ouvert récemment à Besançon.
Le gérant du coin a l'air chaud comme la braise pour monter pas mal de trucs, et n'a pas peur de se frotter à la frilosité et le manque de curiosité de nous autres sinisters franc-comtois, et c'est tant mieux.
Le 9 février aura lieu le vernissage/rencontre avec Frédéric Sautereau, un photographe également directeur de l'agence L'Oeil Public ; la rencontre tournera très probablement essentiellement autour de New York, et des éxperiences de Sautereau et du précedent photographe exposé à L'Atelier, Antonio Catarino.
N40°42'42"W74°00'45", seconde expo consacrée à NYC, débute le 6 février pour se terminer le 19 mars 2006,
L'Atelier de photographie, 44 Grande Rue, 25000 Besançon.

=> La pétition du jour semble pleine de bon sens, et c'est rien de le dire. (merci Manue).

=> Le photographe londonien Adrian Wood (alias Woody) propose un chouette nouveau site avec énormément de matériel inédit ; rappelons que le zozo a bossé notamment pour Def Jam, et que ses boulots sont aperçus dans The Fader, Lodown, Metro, Time Out, Touch ou encore Trace magazine.

=> On air on radiojUne :
- Le nouveau Cat Power n'est clairement pas le plus marquant de ses albums, malgré ce que semble nous dire toute la presse unanime ; malgré cela, "The greatest" devrait combler les fans de Chan, et le titre qui donne son nom à l'album est, comme d'habitude, un petit havre de mélancolie pop gentiment décorée avec de nouvelles couleurs. A suivre. (Matador/Naïve).
- Mike Ladd rétrospective à la maison. En ce moment, "Planet 10", de l'album "Welcome to the afterfuture" (1999, sur Scratchie).
- Le weekend dernier fut Weezerien à souhait, et on prolonge le plaisir avec The Rentals, l'énorme "Friends of P." mais aussi "Please let that be you", notamment (1995, Maverick) (putain ! 10 ans ? Vache...).

=> Dur et pénible weekend en perspective, peut-être des news bientôt.
Ou pas.

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