23 décembre 2009

It ain't like dustin' crops, boy.

Bon, n'y avait-il rien à dire comme grosses conneries depuis la dernière fois que j'ai posté sur ce blog ?
Si, bien sûr, des tonnes, même, du genre "l'identité nationale, c'est un débat important", ou même des plus grosses.

Mais entre le temps qui passe à la vitesse de la lumière, un peu comme quand Han Solo fait péter l'hyperespace avec le Falcon, et une sorte de flemmingite supra-aïgue, je dois bien reconnaître qu'il m'était plus facile de déblatérer des conneries sur facebook (putain, mais quel aspirateur à temps, ce truc...), que de prendre le temps de poster des choses un tout petit peu plus constructives ici. Un tout petit plus, j'ai dit ! Pas la peine de s'affoler, non plus... Je vais garder le rythme des bétises sans nom là-bas, sur le réseau du diable, et vais tâcher de conserver mes rares élans un peu moins débiles pour ici, pour les semaines à venir. Comment ça, j'ai déjà dit ça des tonnes de fois ? Ouais, bon ça va, hein.

Pour autant, hors de question de trop m'étaler sur les méandres par lesquelles semble passer ce qui me sert de vie. Quelques menues surprises, des bonnes et des moins bonnes, auront fait de cette année qui s'achève une année bizarre : ni charnière, ni dramatique, ni révélatrice, ce fût une période tellement inhabituelle que j'ai du mal à savoir si je suis content qu'elle s'arrête, ou si je suis assez lucide pour deviner que ce qui arrive derrière ne devrait pas relever le niveau. Il disait quoi, déjà, le type de queensbridge, en 94, à propos de la vie, cette salope, tout ça ? Bon, peu importe.

J'ai eu une idée cheap, de feignasse : je vais tâcher de poster quelques photos qui récapituleront mieux que moi ces douze derniers mois. Oh, je sais ce que vous en pensez, mais figurez-vous que ce blog, je le fais largement davantage pour ma gueule que pour la vôtre, qui que vous soyez ; ne prenez pas ça mal pour autant, hein ! Tant mieux si vous trouvez votre compte en passant ici, mais honnêtement, on est d'accords, vous et moi, pour dire que des choses à faire, à lire, avant d'arriver ici, il y en a un paquet. Alors haut les coeurs, et restons réalistes : je posterais quelques photos, donc, afin de me constituer un complèment idéal à l'agenda papier qui va rejoindre ses aînés dans le carton prévu à cet effet. Oui, je suis resté à l'agenda papier... Je sais, je sais : tous les téléphones proposent une version numérique, désormais, et fort pratique, mouais, ok. Ben disons qu'avec le temps que je passe sur mon laptop, je m'autorise l'indécence de perpétrer le massacre des arbres en bois. Chacun son truc, moi j'aime bien chercher pendant trois heures mon bic et insèrer moultes bouts de papiers dans ce qui me sert d'agenda.

Et puis, c'est bien, le papier.
Avec le papier, on fait des livres.
Et, admirez la transition, je viens justement d'en lire un putain de bien.



Le nouveau Jim Woodring, qui paraîtra à L'Association en janvier, est un récit long d'une centaine de pages, qui ravira les amateurs de l'univers du barbu de Seattle.

Comme depuis quelques petites années, on relève quelques nouvelles pistes d'influences, quelques nouvelles envies du côté du bonhomme, qui après avoir pris le temps d'installer l'univers incroyable de Frank (qui fît sa reconnaissance, malgré ses multiples travaux antérieurs), s'amuse depuis quelque temps à le bousculer un peu...
Oh, rien qui ne devrait déstabiliser les amateurs de son petit monde qui donne l'impression d'être constamment en pleine montée d'acide... Dans "Weathercraft", ce nouveau bouquin, l'effet trip est toujours là, mais comme toujours, cela serait sacrément réduire la portée du travail de Woodring de se contenter de cette impression... Au centre de ce nouveau récit, une fois de plus, les nombreux paradoxes typiquement woodringuiens apparaissant petit à petit, au fur et à mesure du déroulement de l'histoire. Et cette fois, sur près d'une centaine de pages, c'est Manhog, alias l'Homme-Porc, que l'on suit dans ces nouvelles déambulations...

Une fois de plus, le gentil et mignon Frank va influer indirectement sur l'existence de cette pauvre créature qu'est l'Homme-Porc, qui ne manquera pas de s'en prendre, comme à son habitude, plein la gueule durant l'essentiel du bouquin. Et comme d'habitude, comme dans chacun des récits autour de Frank, c'est à un réel apprentissage de la vie en bonne et due forme que se frotte le personnage central de "Weathercraft". Manhog face à son destin, avec tout ce que cela peut comporter. Mais doit-on réellement attendre une ultime issue aux tortures physiques et psychologiques, à la violence crue qu'il endure comme à l'accoutumée ?

Ce qui sidère le plus, c'est une nouvelle fois la solidité du monde posé par Woodring, sa cohésion parfaitement maitrisée. Les lois qui régissent le petit monde de Frank et de l'Homme-Porc deviennent logiques, cohérentes, tout y est absolument inattendu mais au fur et à mesure que les événements surviennent, l'improbable fait place à l'ordre, à une sorte de norme. Les régles, dans cet univers, semblent de plus en plus circonscrites à l'intérieur d'un périmètre posé par l'auteur, périmètre dont on envisage pas réellement les contours avant d'avoir reposé le bouquin, en se disant que ouaip, finalement, tout se tient tellement dans la tête (et les livres) de Woodring...
Depuis "The lutes string" (paru chez les japonais de Presspop mais disponible dans "Frank's real pa", paru il y a deux ans à L'Asso dans la collection Côtelette), j'ai comme l'impression que Jim Woodring prend un malin plaisir à tisser des choses un tantinet plus complexes, plus amples...



Ce nouveau bouquin en noir et blanc laisse Woodring creuser encore davantage certaines formes d'ombrages, de reflets, il se laisse aller à tenter encore plus de choses avec les volumes... Comme d'hab : c'est la classe.
Pour nous autres francophones (et même si, doit-on le rappeler, ces récits sont muets), c'est qu'avant de sortir chez Fantagraphics aux USA, le titre sera dispo "chez nous", dès janvier, à L'Association.

Et pour la peine, une petite compo qui claque bien la gueule, publiée par Woodring sur son blog :



Voilà pour Woodring. Le mec fait pas tant de bouquins que ça, comptez sur moi pour faire des grands signes avec les bras dès que ça se reproduit...

Et puis en fouinant un peu, j'ai cru comprendre qu'un beau livre était sorti, qui contenait plein de belles choses. En gros, il s'agit d'une rétrospective conséquente du dessin anti-guerre, anti-militariste, avec des tonnes d'illustrations et de strips émanant de toutes les époques, de toutes les contrées, et collectées par Craig Yoe, qui s'y connaît un brin en saloperies du genre...



A l'intérieur, du lourd, ma brave dame : de l'aquarelle et de l'encre, du pinceau et de la mine de plomb, un peu de tout, mais pas de n'importe qui, puisque Yoe a rassemblé sur plus de deux cent pages des choses de Francisco Goya, Art Young, Robert Minor, Winsor McCay, Ron Cobb, Honoré Daumier, James Montgomery Flagg, C.D. Batchelor, Edmund Sullivan, Boardman Robinson, William Gropper, Maurice Becker, George Grosz (Berth, si tu me lis...), Gerald Scarfe, Bill Mauldin, Art Spiegelman ou encore Robert Crumb.

Le bouquin couvre deux siècles d'expression d'opposition à la guerre, et quelle ne fût pas ma surprise de tomber sur une reproduction d'un dessin de Louis Raemaekers, un illustrateur hollandais (1869-1956) que j'ai récemment découvert par hasard, en achetant un petit carnet sur un marché aux puces à l'Ile de Ré cet été.



En revenant de ce sympathique séjour, où je n'avais pas fichu grand chose à part du vélo (avec des dénivelés proches du néant, merci l'Ile de Ré, exactement ce qu'il me fallait), j'avais pris le temps de creuser un peu l'oeuvre et la vie du bonhomme, et corrigez-moi si je me plante, mais il n'y a pas grand chose de disponible de ce type, mis à part une poignée d'ouvrages d'époque que des types mal intentionnés essaient de me faire payer un bras ou deux...
Bon, soyons clairs : Raemakers aussi, c'est la grosse classe.
Mais j'y reviendrais, parce qu'il y aurait bien des choses à en dire.



Voilà pour aujourd'hui.
Ah non, encore un peu de quoi flatter la rétine : dans le cadre de quelques recherches qu'on qualifiera gentiment de personnelles, j'ai récemment eu le temps de regarder de plus près l'oeuvre de Joni Sternbach, une photographe connue pour ses clichés atypiques autour du surf, mais qui a plus d'une pellicule dans son appareil, oh bordel, elle est bonne celle-là tiens.



Je vous encourage à aller fouiner sur son site, et à aller éventuellement écouter l'interview qu'elle a accordé à Chris Orwig.

Quand j'aurais dit que je trouve l'affiche que Blutch a pondu pour Angoulême franchement pas terrible, je crois que j'aurais tout dit.
Du coup, je pense que je ne vais pas aller en Charente cette année, même si, et vous en conviendrez parce que vous êtes sympa, c'est bien triste. Bon, la vérité, c'est que je suis fauché comme les blés. Et puis ça va un moment, la Charente, le Pineau, les paquets de Kleenex qui filent à la vitesse de la lumière... Tiens, encore elle ? Il est temps que j'aille me coucher.

Salut.

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On Air on RadioJune :

- "Celestial blues" est un grand classique (que dis-je, un ENORME classique) de pure spiritual soulness signé Gary Bartz et chanté par le grand Andy Bey (en 1971), que je réécoute depuis que j'ai pécho un 45t tout droit sorti de chez Heavenly Sweetness : le même titre version Chickenwing All Stars.



- Ramsey Lewis "Kufanya mapenzi (Blackjoy edit)".
Un classique de Ramsey, sauce Blackjoy, le genre de tracks où je me dis "oh mon dieu mais on touche pas à Ramsey, en tout cas pas Ramsey de cette époque là", et en fait, il le fait tellement bien que ca passe tout seul. Joie Noire !

- mon gars Dada écoute plein de trucs, souvent des types mal rasés qui couinent sur leurs guitares (ca fait longtemps qu'il a compris que le noise, moi, c'était assez moyennement ma came, ou alors très très ponctuellement, alors il me file des trucs plus mous), et parfois, eh ben c'est super bien, merci dada de m'avoir refilé Woods (visiblement "don't pass on me" est un truc que j'ai loupé à sa sortie, je devais être aux toilettes) :



Woods, "where and what are you", super bonnard. Et puis ça aussi tiens :



- monsieur Blundetto ne devrait donc plus tarder à nous balancer un premier album qui devrait claquer la tronche à pas mal de monde. Entouré de rien d'autre que le gratin actuel (Hindi Zahra, The Budos Band, Tommy Guerrero, General Elektriks, Lateef, Chico Mann... Ca va aller ?), sa manière d'appréhender tout un spectre de la bonne musique fait de lui un producteur rare et précieux, malheureusement trop méconnu. Après une poignées de mixes qui ont mis tout le monde d'accord (et bercé mon été, mais c'est un détail), on attend le bébé avec impatience : pour l'avoir écouté récemment (hin hin hin), je mise beaucoup sur ce disque quand il sortira !
My faves : "Voices" avec Hindi Zahra, un dub de folie complète, qui ferait pleurer une carrière de calcaire, "Cuban shirt" qui pue les réminiscences post-west-london que ne renierait pas Dego en mode analogique, et "Mustang", grosse tuerie low-afrofunk avec les new-yorkais du Budos Band.
GROSSE GROSSE CLAQUE COUSIN !

- Sarah White, à ne pas confondre avec la Sarah White plutôt folk, ni avec une hardeuse au nom assez similaire, est une jeune nenette dont j'aimerais entendre encore plus de trucs.
Son "C Train" est un chouette titre qui donne bien la couleur, quelque part du côté de toute la vague des chanteuses post-nu-soul, de celles qui ont grandi en écoutant les disques des divas soul de la grande époque, et qui ont grandi avec Jill Scott, Erikah, and so on, tout en étant tentées par les envolées de Musinah ou bien Georgia Anne Muldrow, qui sait...

- Tor est un producteur qui s'est amusé à jouer avec le dernier Sufjan Stevens, en composant un long format hip hop qui me donnerait presqu'envie d'écouter l'original (moi, Sufjan, ca m'avait vite fait chier quand j'avais essayé d'écouter un de ses premiers skeuds...).
Et puis un morceau avec Grand Puba ne peut pas être un mauvais morceau, vindzousss !
"The Tallest Man / I Like It" (f. Grand Puba)".

- RIP Vic Chesnutt (1/1/64 - 25/12/09).



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PS1 : cher père Noël, t'a été un sacré putain de radin cette année mais comme je serais gonflé de te jeter la première pierre (je suis bien trop fauché pour offrir je sais pas quoi à mes proches, même mes très très très proches), je te rappelle que les ricains taillent large, très large et que je me contenterais d'une taille M pour le hoodie Star Wars Storm Trooper signé Marc Ecko (une fois n'est pas coutume, la dernière fois que j'ai donné du pognon à ce type, c'était en 94, véridique).
Ou bien le modèle X-Wing Pilot, faut voir.
Cimer à toi.

PS2 : une bise pour mon poteau Guillaume Long, qui, alors qu'il était en train de tout éclater niveau côte de popularité grâce à son blog sur LeMonde.fr, vient de se prendre une tuile en travers de la tronche, tuile qui, j'en suis sûr, ne restera dans les mémoires rien d'autre qu'un mauvais moment. On rigole on rigole mais les sushis dans tout ça ?

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