[et encooooooore un post en rapport avec le Festival d'Angoulême]
❤️ JULIE ! ❤️
De Julie Doucet, on est rarement fan à moitié.
Quand on aime son travail, c'est souvent avec entrain, avec passion même, parfois.
Ses lecteurs, ses lectrices sont souvent emplis d'un enthousiasme vivace lorsque l'occasion se présente de pouvoir parler d'elle, de ses bouquins.
Est-ce que nous réagissions ainsi parce que nous savions qu'une partie importante de son œuvre (la bande dessinée, en l'occurrence, car elle n'a pour autant jamais cessé de produire d'autres formes plastiques, par ailleurs) était comme figée, interrompue prématurément par les vicissitudes de la vie, et par les obstacles sur son parcours ?
Je vais m'aventurer dans quelque chose d'assez foireux, mettez ça sur le compte d'une bière de trop pour fêter notre autrice favorite : est-ce qu'en tant qu'homme, je ressentais une part de responsabilité quand à son amertume et son dépit, elle qui décidait de poser les crayons, épuisée par un environnement trop patriarcal pour qu'on l'ignore encore ?
Et puis évidemment, il y a comme une évidence, comme une montagne de regrets : et si Julie était simplement arrivée trop tôt, avec ses historiettes en forme de coups de pieds dans les mollets des mecs ? Avec ses collections de fragments oniriques ou autobiographiques avant l'heure, assemblés avec malice et justesse, mais pour un public encore peu habitué à ce type de procédés, surtout lorsqu'ils sont autant poussés ? Avec ses audaces décomplexées et tellement éclairantes sur la condition féminine ?
Une autre évidence : ce monde de promesses magnifiques qui se mettait alors en place, celui de l'édition alternative ou indépendante de la toute fin des années 80, n'avait aucune leçon à donner en termes de domination masculine rance et poisseuse. Comment la déception aurait-elle pu être autre chose qu'énorme ?
Le travail de Julie Doucet est aussi gigantesque qu'il est souterrain.
Qu'il soit reconnu à sa juste valeur, cela était déjà le cas pour bon nombre d'entre nous.
Réjouissons-nous que ces voix, additionnées aux nombreuses formes de bastons menées sur le front des luttes sociétales et féministes de ces dernières années, aient enfin permis de rappeler au plus grand nombre l'importance capitale, fondamentale du travail de Julie Doucet.
Ce soir, Julie est allée chercher ce Grand Prix sur la très grande scène du Théâtre d'Angoulême, et l'émotion véhiculée par ses petits gestes et par les trémolos dans sa voix était éclaboussante de sincérité, comme toujours.
Quand on est ému.e, on regarde maladroitement autour pour voir si ça se voit, comme pour se rassurer, et moi j'ai surtout vu plein de paires d'yeux brillants autour de moi.
Évidemment, sa très belle phrase de fin de petit discours cahin-caha aura rappelé l'essentiel. Et qu'elle considérait ce Grand Prix comme quelque chose qui revenait à chaque autrice d'hier, d'aujourd'hui ou demain, aura achevé de nous rappeler que le temps passe vite, et que certaines autrices nous manquaient énormément ce soir.
Une bonne photo bien pourrave de la belle passation entre Chris Ware, Grand Prix 2022, et Julie Doucet, Grand Prix de cette nouvelle édition.
Après deux ans sans festoche, quelle semaine délicieuse à vivre !
Ah oui et aussi, le plus important sûrement : demain jeudi 17 mars, rendez-vous à 11h au Cinéma CGR, 30 Rue Saint-Roch (à côté du Champ de Mars), pour une petite rencontre avec Julie Doucet, entre autres.
Youpi ! Vive Julie ! ❤
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