Super, super papier sur Jaime Hernandez du côté du NY Times :
Ça se passe donc ici : https://www.nytimes.com/interactive/2025/02/27/books/jaime-hernandez-cartoonist.html
Merci à Paul Gravett pour la reco !
Super, super papier sur Jaime Hernandez du côté du NY Times :
Ça se passe donc ici : https://www.nytimes.com/interactive/2025/02/27/books/jaime-hernandez-cartoonist.html
Merci à Paul Gravett pour la reco !
Des auteurices qui creusent, qui explorent, qui tentent des trucs ; et à la fin ça donne des bouquins qui nous emportent, et à la fin ça nous rend peut-être un peu moins con et un peu plus vivant, et à la fin tout le monde y gagne, et... Attendez une minute...
Hmmm... J'avais pourtant pas envie d'insulter Christelle Morançais en débutant ce post, flûte.
C'est un bouquin pour lequel plein de gens parleront d'expérience de lecture intense, ou exigeante, ou profondément marquante, sans savoir vraiment quoi en faire, ni vraiment pouvoir s'en tenir à ça sans aller à essayer de préciser des trucs et... forcément ça sera réducteur, ou à côté ; ce sera en tous les cas très probablement dommage.
Parce que la bande dessinée n'est pas un truc forcément pitchable : ça n'est pas
parce que le sujet, que la trame du scénario l'est, qu'on pourra prendre
la pleine mesure de "la réussite" de l'œuvre. On soustrait trop de
trucs quand on s'essaie à résumer un livre de bande dessinée. On ne devrait pas. On ne devrait pas résumer La Chiâle : le bouquin mérite juste qu'on le lise, tout simplement.
Le titre survole le tout : oui, il sera question ici de tristesse, de dépit, d'impuissance, de chagrin, de doute, de colère. Il sera question de déluge de larmes, de vannes ouvertes, de failles qui s'agrandissent.
La Chiâle gratte dans l'incongru, dans l'absurde, dans l'insoutenable de nos existences, et l'exprime avec panache : c'est pas parce que partout, tout le temps, se trouvent toutes les raisons du monde de s'écrouler, qu'il ne faut pas le faire dans un livre dynamique, au trait enjoué, dans cette urgence de l'expression qui n'a que rarement été au service d'un sujet aussi idéal.
Le grotesque et l'hilarité cohabitent avec la fragilité et le chagrin sans fin. Avec une lucidité dingue, et sans jamais flirter avec le pathos. Tu parles d'un autre exploit.
Il y en a plusieurs autres, mais il faut lire le livre pour se faire une idée un peu plus juste.
Claire Braud était déjà une autrice remarquable (en finalement très peu de bouquins), mais là elle vient de produire un sacré truc.
En tout cas, La Chiâle est clairement l'un de mes bouquins préférés de 2024.
ps : ça m'a remis ce titre en tête, tiens donc.
Les 20 et 21 février, à Bordeaux, se tenaient les IIe Assises de l’édition indépendante. Ses partenaires médiatiques, Livres Hebdo et ActuaLitté, toujours à l’avant-garde du confusionnisme, ont tenté d’en miner les efforts – nous en donnons ici un décodage. Ce pétard mouillé fut sans effet sur la quinzaine de rencontres qui ont réuni près de 500 personnes. Ci-dessous l’une des interventions.
En février 2023 à Aix-en-Provence, les premières Assises de l’édition indépendante étaient ouvertes par une rencontre rassemblant le directeur du livre et de la lecture au ministère de la Culture, le directeur général du CNL (Centre national du livre), le directeur de la Sofia (Société française des intérêts des auteurs de l’écrit) et le président du SNE (Syndicat national de l’édition), c’est-à-dire les représentants des principales instances nationales du livre en France. Comme pour accomplir cette mise en scène du pouvoir, on trouvait, au bout de cette longue table, après le directeur de la Culture de la Région Sud, mais sur le côté, la représentante de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture. Il s’agissait d’un échange sur “Les politiques de soutien à l’édition indépendante”.
En réponse à l’exposé des urgences pour l’édition indépendante donné par la représentante des structures régionales du livre — un exposé précis, clair (et, dans ce contexte, quand on songe à l’état du rapport de forces, particulièrement courageux), où il s’agissait de définir un plafond aux aides à l’édition en termes de chiffre d’affaires et de nombre d’aides par maison ; mais aussi, entre autres suggestions, d’établir une taxe à la surproduction en termes de coûts écologiques. En réponse donc à ces propositions modestes et de bon sens, le directeur général du CNL a expliqué que, au nom de la “diversité de la création, notre mantra au ministère de la Culture”, il n’imposerait jamais de plafonnement : “Nous n’avons pas vocation à exclure des maisons d’édition des soutiens du CNL.” Et de donner, en exemple, le soutien par le CNL, en 2022, d’“un formidable ouvrage, un dictionnaire du Moyen Âge”, dont il signale, en se penchant en arrière pour s’adresser, dans un geste de connivence, à deux chaises de lui, au président du SNE : “Un ouvrage publié aux éditions du Seuil, que Vincent connaît bien”. (Il n’est pas sûr que Vincent Montagne connaisse bien cet éditeur, mais il est sûr en revanche qu’il l’a racheté avec le groupe La Martinière cinq ans plus tôt.) Le directeur général du CNL précise encore : “C’est un ouvrage extrêmement coûteux, qui a vocation à être un ouvrage de référence. Il réunit tous les plus grands spécialistes, et nous nous devions de le soutenir pour le rendre accessible au public. Nous n’avons pas vocation, quel que soit le chiffre d’affaires du Seuil, à l’exclure de nos soutiens.”
Si cette profession de foi ne souffre aucune ambiguïté – de fait, elle enterre les quelques pistes ouvertes par la représentante de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture –, on pourrait faire quelques remarques sur ses prérequis. Ne serait-ce que sur la compatibilité entre la mission de sauvegarde de la “diversité de la création”, l’état de concentration qu’a atteint l’édition française et le rôle de l’État dans ce processus, notamment au travers des soutiens symboliques et financiers accordés à des groupes éditoriaux qui – du fait de leur croissance et de leurs liens avec de puissants intérêts industriels et financiers –, ne sont plus seulement, désormais, en mesure d’acheter, comme depuis (presque) toujours, des maisons, mais d’autres groupes.
C’est l’une des rares vertus de Vincent Bolloré que d’avoir mis à jour avec éclat les dangers de la concentration éditoriale. Même si la cause de cette révélation – l’outrance de son programme de restauration des valeurs millénaires de l’Occident chrétien – a un peu tendance à aveugler son public. Après tout, le problème vient surtout du fait qu’autant de pouvoir puisse tomber entre les mains d’un seul individu. D’autant plus quand on sait que ce type de profil – les États-Unis, en ce domaine, servent de modèle – est aussi loin que possible d’un humaniste dévoué aux causes telles que la défense des libertés publiques, de l’égalité économique et devant la loi, de la fraternité entre les peuples, de l’urgence climatique, etc.
Le principal problème vient donc moins de l’arrivée d’un soutien actif des droites extrêmes à la tête du plus grand groupe éditorial français que du système qui l’a permise. Un constat qui ne semble pas être partagé par les médias dominants et les représentants de la politique culturelle de l’État français.
Sans remonter avant le début de ce siècle, on se souvient des louanges reçues par Jean-Marie Messier pour son montage du groupe médiatique transnational Vivendi Universal (2000). On se souvient aussi que l’effondrement, en moins de deux ans, de son château de cartes a permis au groupe Hachette de doubler (provisoirement) sa taille. On se souvient bien sûr qu’alors, au nom de l’“indépendance éditoriale” un quarteron de “grands indépendants”, dont les groupes Gallimard, La Martinière et Le Seuil sont montés à l’assaut de Bruxelles pour tenter d’arracher au lion sa part. On se souvient enfin que la victoire de cette geste a donné naissance au groupe Editis (2004), sous la férule du patron des patrons d’alors, le baron Ernest-Antoine Seillière ; mais aussi au rachat du Seuil par le groupe La Martinière avec l’aide de l’industriel du luxe Chanel (2004).
La suite des années 2000 voit enfler les groupes Editis, Gallimard et Actes Sud par des acquisitions ponctuelles. Les années 2010 connaissent une accélération avec le rachat par le groupe Gallimard du groupe Flammarion – ce qui donne naissance au groupe Madrigall (2012-2013) avec des capitaux de LVMH (Bernard Arnault) ; puis le rachat de Payot-Rivages par le groupe Actes Sud (2012) et du groupe La Martinière par le groupe Média-Participations (2017) ; enfin la naissance des groupes Humensis (2016) et Bourgois (2019). Ces derniers ont été respectivement rachetés par les groupes Gallimard et Albin Michel l’an dernier.
Cette situation peut-elle être favorable à la “diversité de la création” ? Beaucoup en doutent. Pour ceux-là, le “mantra du ministère de la Culture” ne peut être satisfait que par un développement de l’édition indépendante conjoint à un arrêt, voire une réduction, de la concentration éditoriale.
Nous commercialisons en avril prochain une carte “Édition française, qui possède quoi” – dont une version simplifiée paraîtra dans Le Monde diplomatique. Prenant le contre-pied de la vision dominante, celle que donnent notamment les planisphères et classements de Livres Hebdo, elle ne représente pas seulement les seuls gros chiffres d’affaires, soit les groupes et une poignée d’indépendants : y est présent l’ensemble des éditeurs de littérature générale. En outre, contrairement à la vision habituelle, la représentation des maisons ne suit pas les chiffres d’affaires mais leur date de création et leurs statuts : les groupes (avec leurs maisons dépendantes) et les indépendants sont ici au même niveau. Enfin, on a retiré les industriels du livre scientifique ou pratique (les groupes Relx et Lefebvre Sarrut) – trop loin du marché du livre généraliste et de la formation des opinions. |
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Cette carte représente l’ampleur de la concentration éditoriale – les 90 % du chiffre d’affaires de l’édition produits par une poignée de groupes dont les plus gros sont la propriété de grandes fortunes (les rangs dans les classements Challenges, en €, et Bloomberg, en $, sont indiqués). Mais elle expose en même temps la véritable source de sa diversité : les maisons indépendantes. On comprend bien en effet que ces groupes de moins en moins nombreux et de plus en plus gros sont devenus ce qu’ils sont en se nourrissant du renouvellement régulier de nouvelles maisons, dont ils absorbent, en les achetant, le chiffre d’affaires – qui leur permettra d’en acheter d’autres –, mais aussi la créativité – indispensable pour contrebalancer la stérilisation qui touche les maisons dépendantes soumises à une production standardisée pour assurer la rentabilité que réclament leurs contrôleurs de gestion.
Ce qu’on voit moins, mais que la plupart des éditeurs indépendants éprouvent au quotidien, c’est qu’au niveau de concentration atteint par l’édition les conditions de précarité plus ou moins importantes dans lesquelles sont maintenues les indépendants ne sont rien d’autre que le maintien des conditions de leur rachat.
Parmi les innombrables avantages qu’auraient les maisons dépendantes sur les maisons indépendantes, on mentionne toujours l’économie d’échelle réalisée par les groupes, notamment sur les charges fixes – une réalité économique qui n’a rien de spécifique à l’édition. Ce n’est pas le seul avantage. Les plus importants sont certainement les moyens logistiques et financiers dont bénéficient les grands groupes – les quatre plus gros possédant, en outre, les plus grosses entreprises de diffusion-distribution, et deux sont propriétaires de médias, voire de chaînes de libraires. Ces moyens leur permettent d’élever la surproduction au rang de stratégie d’occupation : déverser sur les librairies et les médias une vague pour repousser celles de la concurrence. Une mécanique qu’illustre la rentrée littéraire, quand déboulent des centaines de romans, dont la plupart sont destinés à être pilonnés avant la fin de l’année, quelques-uns (déjà choisis) surfent plus ou moins bien et d’autres (déjà choisis) sont poussés vers les prix littéraires pour booster les ventes en supermarché et celles de Noël. Pour l’essentiel, cette “édition sans éditeur” – pour reprendre la formule de l’éditeur franco-américain André Schiffrin – produit des livres vite faits, vendus en masse ou pilonnés en masse.
Sur la base de ce diagnostic sommaire – mais qui a largement déjà été développé ici et là au fil d’articles et d’ouvrages –, tentons quelques suggestions pour corriger quelques-uns des dysfonctionnements de ce système en suivant les conseils du ministère de la Culture et du CNL. Pas seulement la sauvegarde de la diversité de création, mais aussi la satisfaction des enjeux sociétaux et de la lutte contre la casse écologique dont ces institutions soulignent, à juste titre, l’importance.
Pour commencer, il faut donner un statut juridique à l’édition indépendante. Comme il en existe, par exemple, pour le secteur de la presse, protégée au nom de la liberté d’opinion. Un statut qui pourrait – comme l’évoquait, il y a deux ans, lors des premières Assises de l’édition indépendante, le directeur du livre et de la lecture au ministère de la Culture – “être inscrit dans notre constitution, parce qu’après tout, le livre, c’est aussi un moyen de communiquer et de former l’opinion” — moyens auxquels on devrait rajouter l’éducation.
On pourrait partir de la définition élémentaire que le CNL donne d’un éditeur indépendant : ne pas être la propriété d’un groupe et ne pas dépasser le chiffre d’affaires annuel d’un demi-million d’euros — pour ne pas être accusés de misérabilisme, on peut multiplier ce chiffre par deux, dix, voire vingt sans changer grand-chose.
Sur la base de ce statut, on pourrait ajouter les avantages fiscaux associés à la presse ; mais aussi des tarifs postaux préférentiels — dans l’esprit du tarif Livre & Brochures pour l’exportation de la culture française que La Poste abandonne cette année dans l’indifférence générale.
Si ce statut d’éditeur indépendant protégera la diversité de la création éditoriale, face à l’état de concentration, il sera insuffisant : il faut aussi réguler.
Une première mesure simple – déjà évoquée voilà deux ans par la représentante de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture – serait d’établir, pour l’attribution des aides à l’édition, un plafond en termes de chiffre d’affaires (à définir) et de nombre d’aides par maison ou par groupe – en tenant compte, non pas des enseignes mais de leur propriété. À ces exigences répond tout simplement le fait de réserver les aides aux maisons indépendantes. Ce serait en outre le seul moyen d’éviter que l’État, par les aides aux groupes, nourrisse la concentration éditoriale, principal facteur de stérilisation de la diversité de création.
Le directeur du CNL et le directeur du livre au ministère de la Culture ayant réaffirmé, voilà deux ans encore, leur souci de l’impact écologique, s’impose l’établissement d’une taxe sur la surproduction. Ce qui serait aussi un premier pas pour répondre à la demande urgente, formulée par le Syndicat de la librairie française (SLF), en juin dernier, à quelques jours des Rencontres nationales de la librairie à Strasbourg, d’une “baisse drastique de la production de livres”. Pour que cette mesure ait un effet, il est de bon sens qu’elle s’adresse en priorité aux quelques-uns qui produisent 90 % du marché du livre plutôt qu’aux nombreux qui en produisent 10 %.
Dans la même logique de décroissance, qui croise en l’occurrence la protection de la diversité de création, ciblons deux acteurs majeurs de la consommation de biens répondant moins aux besoins sociaux et environnementaux qu’à des soucis mercantiles et aux exigences de l’accumulation : d’abord la publicité – qui fut longtemps interdite pour le livre (un interdit qu’il est temps de rétablir) ; ensuite la vente en supermarché, où s’écoule une production standardisée avec un gâchis incompatible même avec les plus bas critères environnementaux. Sans parler de la régulation des supermarchés en ligne, dont l’emblème est Amazon, et dont on connaît l’ampleur des impacts écologiques et (puisque nous sommes aussi soucieux des enjeux sociétaux) l’indignité des conditions de travail faites à leurs employés dans leurs entrepôts dantesques. En outre, ces mesures devraient recevoir le soutien des libraires, qui accueilleront une partie de cette clientèle égarée, à qui on est sûr qu’elle offrira autre chose à lire que la production promue par les chaînes en continu de Vincent Bolloré.
On le voit bien, ces mesures sont peu coûteuses et assez bénignes. Une fois acquises, il faudra s’attaquer à la racine. C’est-à-dire légiférer sur la possibilité pour un groupe éditorial de posséder médias, diffusion-distribution et chaînes de librairies. Il s’agit de réduire les concentrations horizontale et verticale dans l’édition française, désormais aux mains de quatre grandes fortunes. Produit des effets pervers de la concurrence par le jeu même des marchés, ce contexte d’oligopole débouche inévitablement sur des concentrations ; et les grands groupes issus de ce phénomène n’ont alors qu’une obsession : préserver leurs positions, quel qu’en soit le prix. C’est pourquoi l’ensemble des dangers qui pèsent sur la production et le commerce du livre comme outil d’émancipation et partie prenante de tout projet de démocratisation de la culture se résume à la concentration de l’édition.
On remarquera que ces quelques mesures suggérées pour corriger les dysfonctionnements du marché éditorial sont indépendantes de tout critère intellectuel, artistique, politique, scientifique ou autre, pour ne s’en fixer qu’un seul : la taille. Limiter la taille d’un acteur économique, c’est limiter sa capacité de nuisance.
Il en va pour le champ éditorial comme il en va pour la politique, la société et l’environnement : nous avons dépassé le stade du sauvetage des acquis d’un monde qui n’existe plus. Il faut passer à l’offensive avec des analyses et des propositions claires. La Fédération des éditeurs indépendants est bien sûr le lieu où ouvrir ce chantier.
Sur les mêmes sujets, à lire sur Antichambre :
En attendant la parution du recueil Déborder Bolloré, édité par un collectif d’éditeurs indépendants en mai 2025 : contact@deborderbollore.fr. |
Leon Michels et sa clique ont encore frappé.
La compo est très belle, mais le mix est dingue, les arrangements sont impeccables, ça sonne comme du Leon Michels, quoi.
C'est évidemment du côté de Big Crown que ça se passe.
Le temps passe vite !
En interne, au sein de certaines structures professionnelles, un peu moins, comme le démontre cet email que je viens de recevoir.
Pour les retardataires (bon, 2 ans, c'est un petit retard ou un gros
?), considérons cela comme une opportunité de mettre vos répertoires à
jour : non, je ne travaille plus pour le Festival de BD d'Angoulême.
Depuis 2023, n'est-ce pas.
Ah oui ! J'ai chichement contribué à Bellicus, un bouquin scénarisé par El Diablo et dessiné par Pierre Ferrero, qui vient de paraître chez Massot éditions.
Et j'insiste sur le chichement, qui me donne bien le sourire malgré tout, j'avoue : d'abord parce que j'ai principalement joué un peu avec les magnifiques pistes d'illustrations de couverture concoctées par mon frérot Pierrot, et ça, bosser avec les copaines, c'est tout de même toujours un kif... mais aussi parce que j'ai pondu plusieurs titrailles (gribouillées à la main, remontées mécaniquement et numériquement...) parmi lesquelles El Diablo et Pierre auront choisi leur favorite. Et puis j'ai agencé deux ou trois éléments pour proposer une maquette de couverture qui ne conserve au final pas forcément mes pistes favorites, mais qui intégre cette bonne grosse titraille bien paf-paf.
En gros : El Diablo, tou.te.s les relou.e.s qui vidaient de la Krylon dans les années 90 le connaissent, je vais pas revenir ici sur son crew, les PCP (avec notamment Decay, Number 6 ou Popay...), qui faisaient kiffer jusqu'en province. Idem quand ça lisait le Psikopat chaque mois un peu plus tard, ou quand ça matait Lascars ou Les Kassos sur petit écran... El Diablo la ramène un peu partout depuis toujours, il est pas du type fatigué.
Bref : taper du lettrage pour El Diablo, plus de 30 ans après avoir kiffé les siens, j'avoue, c'était un bon truc de la fin 2024. Merci à l'amigo Pierre pour avoir fait coucou.
Le bouquin est en librairie, son descriptif est ici.
Merci Pierrot, merci Boris, merci Florent !
Attention post garanti sans allusion à la mort par trop médiatisée d'un sale type !
A la place, de la valeur sûre datant de ces derniers jours :
- Charlotte La Jeune et Brueghel l'Ancien : "Le Triomphe de la Mort" (1562) au systématiquement fabuleux KunstMuseum Basel.
-
que dire des JO ? Au delà de la mascarade puissance cent mille, que ça
m'a donné envie de ressortir de vieilles AF 180 comme si on était à
Barcelone en 92.
- les coups de fatigue de Sunny sont aussi rares qu'imprévisibles.
- les meilleurs donuts mangés depuis des années : ceux de Mystifry, accompagnés pour le coup des délicieuses, DÉLICIEUSES glaces de chez Elina, le tout étant vegan et made in Bâle, toujours.
J'avoue, je n'y croyais pas trop.
La reformation d'un groupe mythique mais sous-estimé, dont on retiendra finalement de ces dernières décennies surtout quelques excursions en solo pour quelques-uns de ses membres, ça me laisse toujours un peu sceptique.
Les réseaux sociaux m'avaient bien chauffé à blanc ces derniers mois : les types tapaient une vaste tournée à l'occasion des trente ans de leur track historique. Ouais, celui-là.
En cette année de célébration de ce bon vieux hip hop, le mille-feuilles nostalgique repoussait déjà les limites de l'indigestion. Et je me méfie de la nostalgie comme de la peste.
Et puis... Et puis ces quatre zozos ont fini devant les caméras de RedBull Music, et l'idée qui me semblait super foireuse sur le papier tenait du génie. Reprise de "93 'til", et les mecs sont au taquet, ils ne lâchent rien, ils enchaînent de ouf en rappelant au passage pourquoi ils ont toujours regretté avoir opté pour des parties super courtes lors de l'enregistrement et du mix du titre : un peu plus de place leur est offerte ici, et même avec trente ans de plus dans la gueule, Souls Of Mischief frustre encore un peu plus celles et ceux qui, comme moi, ont attendu de leurs nouvelles collectives pendant tout ce temps. Les livraisons n'avaient pas toujours été aussi convaincantes que lorsqu'elles avaient été faites avec l'enthousiasme juvénile de "93 'til Infinity" (93) ou "No Man's Land" (95), et la dernière sortie conséquente, "There Is Only Now", leur sixième album (avec Adrian Lounge), a déjà dix balais au compteur ; bon, il était légitime d'attendre quelque chose de ces trente ans à fêter, peut-être... Je suis pas déçu, le sample complètement mythique de A-Plus reste au centre parce que faut pas déconner, quand on isole cette boucle, on la garde pour la vie, et les types virevoltent avec une énergie qu'on souhaite à tous les cinquantenaires (suivez mon regard).
Je vais attendre la suite, avec impatience.
Fun fact : à l'époque, j'étais persuadé que les quatre loulous étaient à peine plus âgés que moi, je sais pas pourquoi. En checkant ce soir, je m'aperçois que j'ai 2/3 de plus que chacun de ces quatre mc's dingos.
Quand t'es au bout du rouleau, fais confiance à l'adversité pour te pourrir encore un peu plus, toujours, systématiquement.
Six degrés de séparation, encore et toujours.
Les types parlent de la classe incandescente de Tony Williams, l'un des batteurs les plus excitants du siècle dernier et paf, l'anecdote sort, comme ça : l'un des batteurs les plus excitants croisés depuis des années a dormi avec un métronome sous son oreiller durant six mois (à la moitié environ de la vidéo, mais tout vaut le coup quand on apprécie une bonne conversation entre nerds de la musique).
Sacré Louis Cole.
Les photos du télescope James-Webb que tout le monde partage aujourd'hui sont dingues, elles fichent le tournis.