17 décembre 2011

Happy birthday to you, la grève !

Très chère grève,

J'ai vérifié, ça fait un moment que je ne t'avais pas évoquée sur ce blog.
La dernière fois, c'était au printemps, et j'apprenais que j'avais gagné mon procès. J'étais quand même un peu content (ben ouais, quand même), et depuis, je n'ai pas pris le temps de publier que dans l'entre temps (pardi), la partie adverse (la librairie Campo-Mon-Cul, à Besançon, et sa direction) avait bien évidemment fait appel, épuisant ainsi jusqu'aux dernières ressources de ce que la justice française lui permettait de faire pour repousser le verdict définitif. Et il peut y en avoir bien d'autres, des recours : quand un type a du pognon et ne sait pas quoi en foutre, il peut tout à fait prendre le temps de s'amuser avec tout l'attirail que constituent les rouages d'une justice dont l'inertie n'est plus à prouver depuis belle lurette.

Je voulais donc simplement te souhaiter un joyeux anniversaire, chère grève que nous avons mené, il y a pile-poil trois ans (ouais, trois ans déjà), avec tous les collègues, et qui auront donc servi de déclencheur à la furie patronale helvétique à forte pilosité faciale (pour finir sur un licenciement prononcé un mois plus tard).

Cela fait trois ans que je me coltine donc joyeusement à une procèdure prudhommale dont la prochaine échéance est fixée à début février 2012.
Trois ans !
Trois ans que je ne suis donc plus libraire (snif), et qu'accessoirement, je n'ai pas retrouvé de boulot, m'occupant à droite à gauche, tant bien que mal, à essayer d'arrondir les 460 € d'allocations de solidarité spécifique (l'ASS, eh oui, ça s'invente pas hein...), en me répétant qu'heureusement que j'ai des copains sur qui j'ai pu compter (ici ou , entre autres) ; d'ailleurs, si tôt que je gagne (si je devais gagner un jour en tout cas), inutile de dire à tout le monde que je fuirais au Vénézuela, comme tout le monde, hein), sans jamais vous refiler le moindre centime, hein.
Trois ans que je me dis, "mais putain, comment font tous ces gens qui se font virer comme des merdes du jour au lendemain, avec des boîtes qui ferment et des patrons qui fuient, comme font-ils ?", bon, je me le disais avant hein, mais disons que depuis trois ans, ça a pris un relief conséquent chez moi, dirons-nous.
Alors voilà, depuis ces trois ans, mes autres collègues licenciées auront prouvé que leur licenciement était abusif (et quelle satisfaction ce fût, putain de bordel de merde), ce qui semble avoir constitué une étape importante de leur vie (à environ un an de la retraite, on peut comprendre), et moi, eh bien j'attends patiemment mon tour. Nous verrons bien.

Durant ces trois ans, j'ai changé à maintes fois d'avis sur la façon dont je devais appréhender ces histoires à la con.
Mais la seule chose dont je suis sûr, c'est que si c'était à refaire, je referais la même chose.
De la même manière.
Parce que j'étais dans mon droit le plus basique, et qu'en face de moi, j'avais un exemple bien concret de cette société abjecte qui classifie les gens d'office, en laissant croire à des gros cons qui roulent en Bentley(*) (si si, je vous jure...) que leur parole vaut davantage que la nôtre.
Dans mes rêves, en tout cas, ma merde étalée sur sa moustache vaut tout l'or du monde.

Rendez-vous en février !
En attendant, je fais une bise à mes collègues encore à bord (enfin, à celles et ceux qui n'ont pas tendu leur cul au plus offrant, car il y en a ; il faut de tout pour faire un monde...).
Et puis aussi aux gens de Sud Solidaires de Besançon !
J.
(extrait de L'Est Républicain du 29 septembre 2011, ouais c'est pas tout frais mais bon hein)

(*)
(on me fait signe, dix minutes après la publication en ligne de cette note de blog, qu'elle planquait une grossière erreur assez significative : en effet, il s'agit bien de Jaguar, et non pas de Bentley. Mes plus plates excuses, et merci à Bob pour avoir relevé l'étourderie...)



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