Je ne vais pas essayer de démontrer en 10 photos que LA superbe exposition estampillée "bande dessinée" à voir en ce moment est à Bâle, à la frontière suisse : résumer la génie de Richard McGuire est impossible, et l'exposition proposée par le CartoonMuseum Basel ne prouve rien d'autre. Pour autant, elle comble de bonheur tou.te.s celles et ceux pour qui le langage de la bande dessinée est quelque chose de merveilleux : McGuire est un mastodonte, un repère, un inventeur toujours inspiré. J'étais convaincu, mais j'en ai pris plein les mirettes.
Plein les mirettes aussi à la grand-messe à la solde du capital du côté du Centre Pompidou, probablement au détriment de pas mal d'autres choses... Si les planches originales montrées donnent le tournis, si la scéno est fort bien fichue, je reste complètement sur ma faim (sans même évoquer le chapitrage, que j'ai du mal à comprendre) : comment peut-on rater le coche à ce point en ne parlant quasiment jamais de bande dessinée, avec la quantité de magnifiques pièces dingues collectées et accrochées ? "C'est Pompidou, ça peut pas être trop pointu !", m'a-t-on glissé. Mais qu'il y a-t-il d'exigeant à attendre que l'on MONTRE la bande dessinée, et pas de beaux dessins, de belles planches ? La soustraction opérée au sein de l'expo de l'espace Leclerc éphémère est d'une tristesse infinie : faut-il fouiner dans le catalogue (quelques très beaux écrits au passage) ou dans les sous-couches de la médiation pour trouver un truc à se mettre sous la dent ?
Heureusement, il y a les copains en visite (Anders 🤜 🤛 ❤️ dans la formidable expo Dan Flavin 💡 au Kunstmuseum Basel), l'autre inspirante et instructive expo "When We See Us" (un siècle de peinture figurative panafricaine) et les fêtes d'anniversaire (avec même un peu de soleil, dingue).
Moustapha Souley, expo "When We See Us" @ Kunstmuseum Basel.
Anders, expo Dan Flavin @ Kunstmuseum Basel.
Richard McGuire | Then and There, Here and Now @ CartoonMuseum Basel.
Richard McGuire | Then and There, Here and Now @ CartoonMuseum Basel.
Richard McGuire | Then and There, Here and Now @ CartoonMuseum Basel.
Hercule
(c'est le chat) me demandait quel livre de bande dessinée récent
bouquiner ce soir, parce qu'il pleut, que la nuit va être la plus longue
de l'année. Ou quel livre offrir, parce que gnia gnia gnia Noël, tout
ça. Cette année j'ai pas lu beaucoup de mangas ; j'ai lu beaucoup de
fanzines d'un peu partout ; mais j'ai lu des bandes desssinées que j'ai
vachement aimé, hein, quand même :
• "Où.", de Sébastien Lumineau (éditions L'Association).
C'est l'un des types les plus talentueux croisés dans la bande dessinée
francophone depuis des décennies maintenant, et on peine à trouver des
livres qui témoigneraient assez de son immense talent pour fédérer les
lecteurs. Et ça ne va pas changer : "où." est un livre aussi aride que
généreux, mais le fait qu'il s'agisse d'une expérience de désorientation
complète, livrée sans aucune boussole, avec un prix affiché
quasi-prohibitif qui plus est, n'arrangera rien. Pour autant, il s'agit
là d'une des plus belles sommes de travail réunies par l'auteur, et cela
manquait dans nos bibliothèques. Certaines pages avaient déjà été
croisées dans l'un ou l'autre des nombreux zines autoproduits par le
rennais, et on en redemandait. Mais les voir collectées de la sorte,
composant du coup une magistrale tentative de rendre compte de que peut
la bande dessinée, c'est une sacrée claque. Certaines double-pages sont
belles à tomber par terre, le dessin de Lumineau crie la facilité et
l'aisance (le travail aussi, certainement), et on se prend à rêver
d'entrer dans des librairies où aucun libraire ne pourrait nous
"raconter de quoi ça parle", si c'est pour en sortir plus souvent avec
de tels livres dans les pattes.
• "Ted, drôle de coco", d'Émilie Gleason (Les éditions Atrabile).
Le bouquin de l'année : Gleason dépoussière la bande dessinée à elle
toute seule, en partageant avec ses lectrices et lecteurs le quotidien
d'un autiste. Voilà, c'est horriblement réducteur de réduire ce livre à
ce pitch, car le dessin, complètement fou et caractéristique d'une
récente approche graphique générale aux antipodes de la ligne lisible et
facile d'antan, impose au lecteur une cadence, une sollicitation, un
appétit, en lui envoyant dans la tronche une densité de signes par page
qui trouble les sens, qui désoriente un peu ; et pour le coup, la boucle
est sacrément bien bouclée en ce qui concerne cette fameuse équation
dépassée lorsque l'on parle de bande dessinée : "le fond et la forme".
Sans en avoir l'air, sans en faire des caisses, la lecture est troublée
par cet environnement compliqué à suivre, comme la vie peut l'être pour
une personne atteinte du syndrome d'Asperger, on l'imagine aisément en
tout cas en refermant le bouquin (avec les yeux qui brillent). C'est
brillant, et ça ventile le flot des horribles témoignages au kilomètre
qui noient l'offre en bande dessinée et dont personne n'a rien à fiche
si ce n'est leurs auteurs, et encore.
• "Tongues #2", d'Anders Nilsen (auto-édition, en langue anglaise).
Les multiples livres d'Anders Nilsen construisent petit à petit un
ensemble fort cohérent dont les deux traits principalement observés
pouvant être résumés à : l'existentialisme, vu par le prisme de la
philosophie et de la poésie ; et ce qui apparaît comme étant un
corollaire de bon aloi, à savoir un énorme intérêt pour la chose
mythologie. Voilà pour le fond. Pour la forme, Nilsen a longtemps
cherché à ouvrir le champ de son expression plastique, en tâtant de
l'installation, du volume, du langage graphique pur et pas forcément
narratif (et encore moins "lisible" au sens "d'intelligible"), quand
bien même son intérêt pour "ce qui peut être raconté" semble évident au
travers de son œuvre. Et alors qu'on ne l'attendait pas vraiment à
l'aise sur ce genre de défis, voilà une série d'auto-éditions qui
revisitent tous ces sujets, en reconstruisant (une énième fois) tout un
vocabulaire plastique : la composition de pages chahute le lecteur ; sa
pelote de fils narratifs est touffue, dense, multiple ; son dessin (en
couleurs, pour la première fois depuis longtemps) semble à la fois
renouvelé et complètement andersnilsenien, pour autant. Je ne me
souviens plus de quand était la dernière fois que j'étais accro à une
série en bande dessinée, ça remontre je crois. Mais voilà, il y a un
nouveau feuilleton qui emprunte autant à Moebius qu'à Heidegger, et qui
est formidable. Vivement la suite. ps : en attendant la fin de la
publication de cette longue série, prévue pour dans quelques années, les
francophones peuvent se ruer sur l'un de ses meilleurs livres -le
meilleur ?- à ce jour, "La Colère de Poséidon", également publiée,
décidément, chez Atrabile.
• "L'homme sans talent", de Yoshiharu Tsuge (Les éditions Atrabile, encore).
L'un des plus beaux livres en provenance du Japon, qui fût jadis édité
(trop tôt ?) en France, était épuisé depuis longtemps. Les suisses
d'Atrabile réparent cette erreur en proposant une splendide édition de
ce qui reste comme l'une des bandes dessinées les plus marquantes que
j'ai lu de ma vie. L'impossibilité à trouver sa place dans une société
hostile, l'abandon volontaire des directions à suivre, tout ça forme un
petit guide du désabusé existentiel qui lorgne vers une poésie rare,
avec une terrible lucidité. Lors de sa première parution en français, le
club de celles et ceux qui s'étaient pris une incroyable gifle de
lecture était vaste, mais probablement pas assez, à un moment où le
"manga d'auteur" (oui bon...) n'avait pas encore véritablement creusé sa
place auprès du lectorat d'alors. C'est un joli pari côté Atrabile de
s'atteler à rendre à nouveau ce livre disponible, car on serait tentés
de penser que la kyrielle de types de livres suscitant un quelconque
intérêt pour les lecteurs et lectrices d'aujourd'hui proposerait un
terrain favorable à la nouvelle vie de ce magnifique classique. Ce
véritable chef-d'œuvre, dans sa prochaine incarnation, n'aura plus qu'à
trouver un lettrage manuel (ou moins "figé") adéquat pour devenir l'une
des plus belles bandes dessinées les plus belles jamais parues.
Largement incontournable, malgré cette minuscule réserve (valable pour
la majeure partie des traductions ; et pas seulement, malheureusement).
• "Moi ce que j'aime c'est les monstres", d'Emil Ferris (éditions Monsieur Toussaint Louverture)
La couverture médiatique de la parution de ce livre en français était
déraisonnable au possible, car elle a eu tendance à essayer de faire
croire que ce livre était LE bouquin à lire cette année en terme de
bande dessinée audacieuse. Le storytelling apporté à cette parution a
agacé les habitués du milieu de l'édition, qui aiment bien ronchonner
parce que tout de même, déployer autant d'énergie pour ce livre, bla bla
bla ; mais il aura également su intriguer le lecteur lambda, qui n'aura
pas manqué de constater que tous ses prescripteurs habituels semblaient
d'être donnés le mot : Emil Ferris, géniale, "Moi ce que j'aime...",
chef-d'œuvre. Eh bien : c'est assurément un formidable, formidable
bouquin, indubitablement. A lire, absolument. La claque de l'année ?
Peut-être pas autant de vigueur dans l'enthousiasme en ce qui me
concerne, l'année ayant été riche en belles sorties, par ailleurs. Mais
c'est indubitablement un bouquin à mettre dans pas mal de mains, pour de
vraies bonnes raisons, et pas seulement parce que tout le monde en
parle, je trouve. Mais on va patiemment attendre la suite de ce cycle
passionnant qu'Emil Ferris n'a fait que débuter, et on espère que la
très chouette maison d'édition continuera de nous abreuver d'excellents
ouvrages, bandes dessinées ou pas, comme elle a brillamment su le faire
jusqu'alors.
Sinon pour Noël si j'étais à votre place
j'offrirais ces livres là, aussi, qui sont bigrement chouettes. Moi je
fête pas Noël donc je vais pas les offrir, et il faut bien que d'autres
les raquent, hein. "L'Art ?", d'Eleanor Davis (éditions Atrabile, pfff c'est lassant à la fin...). "Le vol nocturne", de Delphine Panique (Éditions Cornélius) "Stroppy", de Marc Bell (Éditions Cornélius). "Pappa in Afrika", d'Anton Kannemeyer (éditions La Cinquième Couche). "How to stay afloat, Surnager au quotidien", de Tara Booth (éditions Arbitraire). "Xibalba", de Simon Roussin (éditions 2024). "Kimi le vieux chien", de Nylso (Misma Editions). "La Terre de glace" de Yūichi Yokoyama (Éditions Matière). "The artist 2", d' Anna Haifisch (Misma Editions). "Sous la maison", de Jesse Jacobs (éditions Tanibis). "Sabrina", de Nick Drnaso (Presque Lune Éditions). "Anthologie des Narrations Décrispées, Parzan et autres saveurs", de Jean-Michel Bertoyas (éditions Arbitraire). "Crazy Quilt - Scraps and Panels on the Way to Gasoline Alley, Comics from 1909–1919", de Frank King (Sunday Press Books, en anglais). "La rumeur salit la rue", d'Ibn Al Rabin (auto-édition, 2011-2018). "Pittsburgh", de Frank Santoro (Éditions çà et là). "Bloody Mary", de Jean Teulé et Jean Vautrin (Éditions FLBLB). J'ai pas non plus beaucoup de trucs estampillés jeunesse mais j'ai vachement aimé "Super cool", de Tanja Esch (Biscoto éditions) ; "Stig et Tilde #2", de Max de Radiguès (Éditions Sarbacane) ; "Les cavaliers de l’apocadispe", de Libon (éditions Dupuis).
ps : je pourrais ajouter "Dévasté" de Julia Gfrörer et "Lettres d’amours infinies" de Thomas Gosselin et le 3ème "Décris-Ravage" de Alex Baladi et Adeline Rosenstein mais après on va penser que Les éditions Atrabile
me filent du pognon pour chanter leurs louanges alors que juste, ils
font la plus belle année éditoriale de leur histoire et c'est pas ma
faute.
Enfin, quand je dis mes premières : mes premières depuis vingt ans. Les ressorts inattendus de cette existence n'en finiront donc jamais de me surprendre.
Je suis donc arrivé à Minneapolis, il fait beau et j'ai retrouvé des
gens que j'apprécie beaucoup, pour bosser sur des projets excitants : ma
première mission sera donc d'en profiter.
Au programme de la première
journée : Zak et Anders me récupèrent à l'aéroport ; pause
post-atterrissage chez Anders (dégustation de son guacamole maison en
bavant devant ses travaux en cours) ; ballade pour se "refaire" les
jambes dans le quartier (quartier tout cool du sud de Minneapolis) ;
puis virée chez Zak pour un barbecue au bon goût de saucisses ricaines
(qui font chacune la moitié de mon poids) et de maïs grillé au beurre,
avec une partie de la clique responsable d'Autoptic, le festival qui a
lieu dans quinze jours : Jenny et Bart King, Caitlin Skaalrud, Raighne Hogan, Barb Schulz et évidemment Anders et Zak, le tout chez ce dernier, dans une petite cour ricaine "comme dans les films".
Que des gens cools, pour une immersion
instantanée totale : pas de doute, j'y suis.
Et bordel, je mentirais si je disais que ne suis pas super, super content.
Le chien de Zak sous surveillance picturale française.
Jenny et Bart King, ma pomme, Anders Nilsen et Zak Sally (de dos) bavons devant l'affiche fraîchement sérigraphiée (pic : Raighne Hogan).
Après ça, ma première nuit tant attendue après une trentaine d'heures éveillé et la tronche bien jetlaggée : c'est plus de mon âge ces conneries.
Tout est dans le titre, mais également sur le site de l'association ChiFouMi. (if you don't read french that much, you got to know that the ChiFouMi website is now available in english, too. Improvement at is best. Well, maybe).
H Prizm (l'un des mc's/producteurs d'AntiPop Consortium ou encore d'Airborn Audio, entre autres) est le premier artiste sortant un disque sur le nouveau label Svakt, label dirigé d'une main de fer par un seigneur de guerre vivant dans un château au sommet d'une montagne par delà la frontière suisse. Enfin, c'est ce que l'on m'en a rapporté, mais si ça se trouve, il s'agit tout aussi bien d'un type vivant au bord d'un lac, allez savoir.
"City Of On" est un morceau où High Priest/H Prizm/etc modifie une nouvelle fois son propre périmètre de jeu, le temps d'une plage stratosphérique d'une vingtaine de minutes où le producteur new yorkais nous gratifie d'un excellent résumé de son non-moins excellent parcours musical : les amateurs d'electro éclairés et les fans de hip hop transgressif se rappelleront qu'ils ont bien plus qu'un pan d'histoire musicale en commun, et les vingt minutes de ce track devraient leur laisser le temps de s'en rendre compte d'une bien manifeste manière. "City Of On" évoque les inspirations tout comme les aspirations d'un type qui, en ce qui me concerne, fait partie des rares artistes qui ont su renouveler le hip hop à la moitié des 90's. "Tragic Epilogue" fût et demeure un album parmi les plus importants que j'ai eu l'occasion d'écouter (quelques dizaines de fois, minimum), et la carrière des bonhommes mérite qu'on les suive de près. Pour les gros fidèles du bonhomme et de sa clique, à noter que le morceau est mixé par Earl Blaze. Les amateurs auront donc une idée de quoi il retourne...
Cette première référence du label Svakt paraît sur format vinyl 12" (180 grammes), avec un pressage de 300 copies, et pas une de plus. Parce qu'il ne s'agit pas de se contenter de presser un skeud de plus, un soin tout particulier a été apporté à la production de la pochette : il s'agit d'une œuvre originale de l'auteur américain Anders Nilsen, qui fait l'objet d'un tirage (au format double vinyl) imprimé en quadrichromie et enrichi d'un passage sérigraphié, et pas par le premier venu : par Oli chez TTDMRT. Une download card permettant de télécharger le morceau est évidemment incluse dans le package, parce que chez Svakt, ils sont rudement cools et modernes, comme jeunes gens.
Bon, habituellement je fais pas ça, mais c'est l'été et euh bon, bref, je m'autorise un recyclage en règle, mais attention, hein ! D'un truc posté aujourd'hui même. Ah oui, la fraîcheur, c'est important, n'est-ce pas.
Depuis quelques mois déjà, je contribue chaque semaine à un blog consacré aux perles du fanzinat, de la micro-édition, etc. Nous sommes une poignée d'hystériques à poster une fois par semaine une ligne ou deux (ou trois) (ou quatre) et une photo d'un petit bouquin de nos archives personnelles. Au programme, micro-édition, fanzinat, indépendant alternatif progressiste avant-gardiste whatever, tout y passe tant qu'en gros, c'est pas (ou mal) diffusé, et que cela vaut des points.
Mon jour de contribution, c'est le mardi, et ce matin, j'ai voulu blablater un peu du magnifique dernier ouvrage d'Anders Nilsen, qui ne devrait pas tellement faire parler de lui autrement que par la frustration que ressentiront beaucoup de ses fans à ne pas pouvoir se le procurer (micro-tirage, visiblement, jusqu'au moment où un éditeur digne de ce nom lui proposera d'en tirer quelques uns, qui sait ?...). Anders revient sur la genèse de ce bouquin sur son blog ici-même, je vous laisse vous faire une idée du cadre dans lequel il a été pondu, à quelle occasion, et quel chantier cela a pu occasionner...
Néanmoins, et parce qu'il me semble que c'est une nouvelle fois l'un des trucs les plus enthousiasmants que j'ai lus ces derniers temps, je reprends mon petit speech sur 1 Fanzine Par Jour (le nom du blog en question, qui est d'ailleurs un tumblr), tel quel, allez hop. Ouuuh, remboursez, etc.
"Rage of Poseidon" d’Anders Nilsen, 190x220 mm, accordéon, 2012, auto-édition.
En attendant la version française (qui devrait paraître à L’Association dans les mois qui viennent) de son excellent livre Big Questions
(700 pages collectant les quinze numéros de son fanzine éponyme, dont
les parutions se sont étalées sur près de quinze ans), les amateurs du
travail d’Anders Nilsen pourront se réjouir de l’objet précieux auquel
l’auteur s’est attelé ces dernières semaines.
Rage of Poseidon est un magnifique livre-accordéon fait à la maison,
qui une fois déplié mesure environ 9 mètres de long. Entièrement
réalisé en aplats de noir, et accompagné de légendes, ce travail sur la
silhouette, sur le contraste, sur la densité, permet à Nilsen d’explorer
plus en avant de nouveaux territoires graphiques, et d’adapter son sens
du storytelling avec une finesse et une aisance qui ne surprendront pas
ses fans.
Voilà pour la forme : le fond, quand à lui, pourra surprendre les non initiés à l’œuvre de l’auteur… L’abandon
des croyances et le déplacement de la foi, l’évolution (ou la
régression) des êtres divins en notre monde et en nos cœurs, la
résignation des dieux à nous abandonner ce monde, voilà des thèmes chers
à l’auteur, qui s’attache depuis ses premières parutions à décrire la
vacuité de ce monde en allant régulièrement chercher l’inspiration du
côté des mythologies et de quelques unes de leurs figures marquantes (on
se souvient notamment de Sisyphe).
Au
milieu de ces quelques historiettes, une brève histoire sans équivoque
creuse le cruel écart qui sépare l’homme conscient des puissances
créatrices de la notion de Dieu : nul doute que peu d’autorités
religieuses donneront leur nihil obstat à ce petit essai (car
c’en est un, tout autant philosophique qu’anthropologique), que l’on
pourrait tout aussi bien envisager comme un petit traité d’apostasie."
C'est un magnifique bouquin, c'est malin et touchant, et l'objet est de fort belle facture. En gros : si vous le pouvez le chopper, ruez-vous dessus.
Si vous arrivez ici par hasard, fuyez vite sur les kyrielles de routes que l'interweb ne nous a pas encore dévoilées : vous n'apprendrez rien, vous ne construirez rien, vous ne ferez que gaspiller quelques secondes de votre vite, alors n'hésitez plus, adios amigos.
Ou alors, mais ça c'est dans l'hypothèse ou vous insisteriez un tantinet, sachez que pour ne pas me perdre moi-même dans mon propos (un propos ? quel propos ? où ça ?), j'ai décidé de revitaliser ce blog, non pas en promettant des pages et des pages de blablabla forcément toujours très intéressant, mais simplement en y publiant les choses dont je perds la trace si tôt qu'elles sont postées sur mon profil facebook...
Un peu comme si le retour à une zone virtuelle plus personnelle telle que blog pouvait interférer avec la grande course, à la grande aspiration, celle-là même qui, via les échanges facebook, place l'éphémère au centre du truc (et ceci a de paradoxal que cette écriture du quotidien pose bien des soucis à celles et ceux qui ne voient en facebook rien d'autre qu'une gigantesque base de données où tout pourrait être exploitée de manière encore intrusive et abusive que cela ne l'est déjà : des tonnes de données, avec une histoire qui les relie). Hors, si les échanges et la spontanéité qui en découle sont de formidables qualités que je peux trouver en facebook (bien plus qu'un blog et toutes les vraies-fausses passerelles censées les réunir, les rapprocher), les saloperies que j'y poste, tout comme celles que je découvre, que l'on partage entre amis facebook, me donnent envie de ne pas les oublier, de ne pas les poster dans cette immensité de gens qui se recouvrent les uns les autres, sans un dixième de seconde de répit.
C'est ce qu'on pourrait appeler un coup de barre, sans nul doute.
Ca n'est que ça, et ça n'est donc plus une surprise : j'ai appris, depuis quelques années, à voir arriver les états d'âme (sur une belle recette de flanc), en ligne deux par deux en ces périodes de fin d'année. Certains ont le spleen, il paraît même que certains se suicident, la faute à cet esprit de Noël à la con, aux guirlandes à led dégoulinant leur gerbe lumineuse à chaque coin de rue, aux vitrines rouge et or, et à toutes ces conneries qu'on ne peut plus voir en peinture pour peu que les souvenirs d'enfance qu'on a de Noël ressemblent essentiellement à un Précis de Merditude en douze tomes.
Donc, voilà le truc : moi, en fin d'année, je ramasse mes billes, je comptes mes points, mes égratignures, mes envies et mes vautres, de manière sereine, tranquillement, dans quelque chose qui ressemble à une période finalement toute cool.
Un peu comme des vacances, en fait. Des vacances sans bouger, mais sans ouvrir la porte quand on sonne. A mater des tonnes de conneries, à bouquiner peinard, à ne pas sortir, car dehors, c'est l'hiver franc-comtois, et j'espère bien ne pas y goûter trop longtemps, à l'avenir. Bref.
J'ai taffé en octobre et en novembre à ce qui ressemble comme deux gouttes d'eau à la fin d'une manifestation que j'ai rétrospectivement l'impression d'avoir tenu à bout de bras trois ans durant (accompagné en cela par quelques courageux zozos), et qui s'éteint après être passée par une zone de flottement qui aura semé tout le monde en cours de route. Pour celles et ceux que ça intéressera : ouais, il y aura d'autres projets, mais ce ne seront vraisemblablement pas des clones de Pierre Feuille Ciseaux, ni des versions light, et ça tombe peut-être assez bien, après tout. Cette fin est évidemment éminemment plurifactorielle, mais l'envie, si elle était encore bien présente, est désormais enfouie sous quelques tonnes de réalité financière : en trois ans, dur de fédérer assez de gens autour d'un projet lorgnant sur une certaine forme de bande dessinée, dans ce qui reste un bled loin de tout, et avec des moyens somme toute ultra-serrés. On a, j'ai probablement raté plein de choses, mais je me dis que j'ai passé énormément de temps, durant ces trois ans, à bosser sur ce projet, et surtout à faire de mon mieux. Visiblement, ça n'a pas été suffisant, et j'en suis le premier déçu, surtout après une troisième édition qui a été à peu près aussi fabuleuse dans son premier point (la résidence et l'émulation folle qui l'a agité huit jours durant) que foireux dans le second (un weekend d'ouverture au public globalement très décevant)... Mais ainsi va la vie.
En tout cas, et par rapport à PFC : nous travaillons déjà à ce qui pourrait être une très, très belle sorte de point final. Ca va prendre du temps et de l'énergie, un peu de pognon aussi, mais l'idée est largement aussi stimulante que ne l'a été chacune de ces trois éditions. Et devrait clore le chapitre Pierre Feuille Ciseaux de la plus belle des manières, enfin, on l'espère.
Keep in touch, yo.
En attendant, l'asso ChiFouMi galère bien sur le bouclage financier de cette troisième édition, on sait pas trop comment on va s'en sortir, ni quand, on est plombés pour un moment mais on fait ce qu'il faut pour boucler tout ça au plus tôt.
Durant cette même période, j'ai démarré pas mal de choses qui concerne mon prochain projet professionnel à venir. Cela va faire trois ans que je ne suis plus libraire, et que je rame un chouïa pour remplir mon frigo : je m'apprête donc à me lancer dans ce qui sera probablement une vaste bêtise, mais à dégâts de faible dommage ; on en reparlera, de ça et du reste.
En attendant, et avant de blablablater de dix mille bouquins :
- samedi dernier on est allés voir La Colonie de Vacances, soit le concept de tournée le plus cool depuis des lustres : quatre groupes emblématiques de la nouvelle scène française des trucs noise-post-math-rock (Pneu, Marvin, Papier Tigre et Electric Electric) qui jouent simultanément sur quatre scènes différentes, dans la même salle, le tout étant diffusé via une sonorisation en quadriphonie.
On a l'impression d'être convoqué au cœur d'un acousmonium qui aurait été confié par une poignée d'amateurs de mélodie mais surtout de gentilles saturation et de tricotage technique assez dingo, les groupes affichent tous une complicité qui dégueulent dans le public, pris entre quatre gros putains de feux : les gens regardent dans le même temps les groupes se répondrent et se pièger, enchaîner et expérimenter des choses qui doivent être très, très stimulantes.
Enfin un concert enthousiasmant à La Rodia, la salle que nous autres bisontins un poil frustrés par toutes ces années sans salle digne de ce nom sur place, ca devenait urgent. Espérons qu'on aura pas à attendre novembre 2012 pour assister à une autre chouette soirée...
- autour d'un bouquin, et pas des moindres, une petite vidéo censée vous mettre en appétit. Avertissement : aussi plaisante soit cette petite vidéo, elle ne restitue bien évidemment pas un gramme de l'incroyable singularité de LL de Mars, auteur qui m'est cher à bien des égards.
"Une brève et longue histoire du monde est un grand et bel ouvrage de 22x31,5 cm, à la couverture cartonnée. Il fait 96 pages hautes en couleurs et il coûte 20 € (frais de port compris). Vous pouvez le commander par Paypal ici ou, si vous désirez une dédicace, directement à l'auteur en lui écrivant ici : lldemars(unearobease)gmail(unpoint)com"
C'est pas compliqué, c'est pas cher, c'est un éditeur méritant, un auteur qui l'est tout autant. Voilà.
- peu de temps après Pierre Feuille Ciseaux #3, le mois dernier, certains des auteurs invités ont passé un peu de temps dans le secteur, principalement pour aller présenter leurs livres et rencontrer lecteurs et curieux dans une sélection de librairies franc-comtoises. Sarah Glidden, Zak Sally et Anders Nilsen, trois auteurs américains plutôt super chouettes, sont reparts avec un drôle de souvenir dans leur bagage, assez désagréable au milieu de toute cette satisfaction d'avoir été là, chose qu'ils nous ont largement fait comprendre à bien des reprises (il suffit de consulter leurs sites/blogs respectifs pour se rendre compte qu'on ne s'est pas décarcassés pour rien, loin s'en faut...).
Anders Nilsen, notamment, à donc publié ça sur son excellent blog, the Monologuist. Attention, pétage d'ambiance assuré...
- Pendant qu'on est dans les images marquantes et idéales avant d'aller au lit, un truc euh, marquant et idéal avant d'aller au lit. Ou pas.
"Le phénomène s'appelle un brinicle. Il se produit
rarement, et n'avait jamais été filmé jusqu'à présent. Une équipe en
tournage pour la série "Frozen Planet" de BBC One a assisté à cet
évènement sous-marin dans l'Antarctique.
La BBC
diffuse cette étonnante vidéo, filmée en accéléré, où l'on voit une
colonne de glace descendre peu à peu vers le fond, puis geler tout ce
qu'elle touche, y compris les êtres vivants.
Surnommé
le doigt glacé de la mort, un brinicle se produit quand un froid
intense s’engouffre sous la glace d’une mer salée et gelée."
- Et sinon en ce moment j'écoute ça :
"Girls In The Sun", par Stavros Xarhakos (1968).
"Hercule", un teaser du prochain album de Blundetto, qui arrive et qui déboîte !
"My happiness day", par Eternity's Children (1969).
"Wandering Heart", from We are Disco Doom Revenge (2011).
"Cercle", par Jacno (1979).
"The visit (she was here", par The Cyrkle (1967).
"CDC", par Dom Kennedy featuring Casey Veggies & cARTer (2011).
"Ridin' roun town", par Casey Veggies (2010).
"Paper hats", par This Heat (1981).
Et parce qu'il n'y a pas que les oreilles dans la vie : je viens enfin de prendre le temps de me cogner Franju, je suis fasciné, c'est à tomber, quel bonhomme, le type. Judex, notamment :
Ah sinon je compte aller voir ça prochainement :
Un filet garni au tofu pour celle ou celui qui me file le meilleur plan bus pour y accéder (*)...
Ce soir, j'ai bien bossé sur une belle expo consacrée à Anders Nilsen, que l'on proposera aux curieux lors du weekend de Pierre Feuille Ciseaux les samedi 8 et dimanche 9 octobre 2011 à la Saline royale d'Arc et Senans.
Alors du coup je pense faire le foufou, et finir ma tartelette aux fruits d'un coup d'un seul avant d'aller me coucher : demain c'est Pop Corn à Dijon (voir message précédent, juste dessous).
J.
Avant de commencer, et parce que ca n'arrive pas tous les jours, un tout petit message perso : mon pote, que dis-je, mon bro Jay s'est cassé hier mercredi pour retrouver sa promise, outre-Atlantique, pour une durée qu'on leur souhaite la plus longue possible, ce qui ne nous procure guère de souçis. Juste un peu de tristesse parce que vu l'état des finances, c'est pas tous les jours qu'on pourra aller leur taper la bise au Colorado, à Kim et lui... Alors évidemment, des tonnes de bises, et promis quand même : à bientôt, mec !
Voilà. Parce qu'on aura beau dire, ca fait quelque chose de voir "partir" un pote avec qui on a partagé ses premiers coups de coeur hip hop, ses premiers tricks de skate, ses premiers tours de rampe (remember Gevry, homies) (bon ok, mes tours à moi n'étaient guère conséquents, mais quand même), et tant d'autres choses... Ambiance nostalgico-tristouille, mais super content pour lui, bordel. Enjoy, hein ! 8)
Bon.
Mis à part ça, ca va ? Ben ici, ca va, ouaip.
Un samedi au taf comme on les aime, avec la venue du gars Christophe Gaultier, à l'occasion de la sortie du premier tome de son "Robinson Crusoe", paru chez Delcourt.
Sympathique aussi, le fait d'avoir eu droit à la petite visite d'Alexandre Clérisse (qui vient de sortir "Jazz Club", chez Dargaud), jeune auteur sympa qui était accueilli par nos confrères de la-librairie-BD-Fugue-d'en-face... Du coup, le pot en terrasse ensoleillée, le soir venu, était un moment bien sympa, vindzousss.
Alors malgré ma méfiance et mon manque d'enthousiasme quant au principe de l'adaptation en général (et sous toutes ses formes, je dois bien admettre), il y des moments où il faut savoir reconnaître la réussite là ou elle se trouve. Le gars Gaultier a déjà signé de nombreux bouquins, en solo ou accompagné, mais le temps qui passe semble lui réussir : de plus en plus personnel, de plus en plus identifiable (et ce malgré les nombreuses méthodes parmi lesquelles il sait choisir pour adapter au mieux une forme à un fond), son style sert à merveille un récit qui l'a profondément marqué par le passé, et l'amour, l'admiration qu'il porte au bouquin de Defoe respire à chaque case, à chaque dessin, à chaque dialogue (qu'il a brillament réécrit, quelle classe ce tobal).
Bon, l'histoire, on la connaît (ou on croit s'en souvenir), donc une fois de plus, la réelle valeur de ce type de projet, c'est de voir comment l'auteur va s'en emparer... Et là, donc, réussite totale, il me semble. Parce que Gaultier ne vient pas de signer un travail de commande à la con, il termine actuellement le dernier tome de son Robinson (le troisième), déjà : on sent la passion, l'envie qui anime le bonhomme (mazette, c'est pas un gringalet, en plus, hein, il doit en falloir pour le mouvoir, ouaich) de s'empoigner avec une telle oeuvre ; si tout se déroule comme prévu, entre "Guerres Civiles" chez Futuro et sa reprise de "Donjon Potron-Minet", nous devrions pouvoir lire le second tome à la rentrée, et le dernier quelques mois plus tard, début 2008. Si ca c'est pas la classe, aussi...
Tiens ? Mais qu'est-ce que cette vidéo de Benny Sings fout là ?
Bizarre.
Bon, quelques autres lectures, en vrac, comme "Missing", de Will Argunas, à sortir chez KSTR. Dans le registre noir, chacun son truc : aux states, ils ont Bendis qui, après avoir dépoussieré le néopolar, se parodie lui-même jusqu'à plus soif (perso, j'ai déclaré forfait il y a déjà un moment), nous, on a KSTR, l'éditeur le plus Canada Dry de la constellation, et Arunas, qui, entre deux idées, se perd lui-même dans un fourre-tout à base d'intrigue (?) archi-vue et revue, et de flashbacks qui feraient passer Burnechouigue pour un scénariste doué. C'est pas encore sorti, mais c'est pas très grave.
...Comme les suites de parutions de versions françaises encore inédites comme "Promethea" (chez Panini, épisodes 13 à 18) de Moore et Williams ; doit-on répèter que Promethea est probablement la série la plus en roue-libre du Moore de ces dernières années, ésotérico-métaphysico-magique ? Que rarement Williams a autant donné l'impression de s'éclater, d'ailleurs un peu près autant que dans l'excellent exercice jubilatoire qu'est son "Desolation Jones" scénarisé par Ellis, rarement autant en forme ?...
...Comme "Sandman : Fables et réflexions" (chez Delcourt) comporte la suite de la classique saga, agrémentées (incroyable -bonne- idée !) des quelques pages initialement parues dans le petit collectif "Vertigo preview #1", illustrées par Kent Williams : 10 pages, pas plus, qui comptent parmi ce que Gaiman a fait de mieux, à mon goût ; dommage qu'ici, elles furent traduites avec les pieds...
...Comme "Y le dernier homme" (encore Panini, bonjour la main-mise, hein), soit les épisodes 18 à 23 d'une des meilleures séries Vertigo d'alors, ou Brian K. Vaughan affichait encore, avec succès, un talent et un imaginaire assez séduisant ; les aventures de Yorick, dernier homme encore vivant sur terre, et parachuté dans une destinée qui se précise lentement... Tout sauf un bon plan pour lui, évidemment. Même si le dessin de Pia Guerra ou de Goran Parlov n'ont pas forcément des tonnes de charme, le rythme et les ingrédients sont là, ca fonctionne, vivement la suite.
Autant de bon para-mainstream ricain, pas forcément récent ("Sandman" a tout de même pris un sacré coup de vieux niveau encrage et colorisation, ca se confirme avec cette nouvelle traduction), et encore, je parle même pas de l'arrivée de la nouvelle intégrale XMen, qui comporte la mini-mini-mini-série avec Alpha Flight (par Claremont, of course, et Paul Smith aux pinceaux, vraiment torché, on devine la commande pressante), mais aussi l'arrivée d'Arthur Adams, quand je pense qu'il ya 20 ans déjà que j'attendais comme un dingue de découvrir la suite de son boulot, entre 2 "Spécial Strange" et un "Titans" (87, hotdaaaaammit)... Et après les horribles X-Babies, l'arrivée de Rachel Summers, soit le début de la fin ; ben ouais, qui dit Rachel, dit Cable... L'horreur, quoi. Bon, à part pour l'habituelle poignée de nostalgiques, rien d'indispensable dans cette livraison de chez Marvel, hein.
Ben ouais, j'ai des phases : en ce moment, je lis et relis du mainstream ricain, récent, old school, Marvel, DC... Je tente de comprendre pourquoi la franco-belge ne m'attirait pas, et ce que je pouvais trouver dans ce que les éditions Lug m'apportaient régulièrement... Autant le dire, j'ai pas encore trouvé de réponse. Tout ce que je sais, c'est qu'Adams, j'étais super fan de son dessin, mais les scènars de Claremont, à ce moment précis, me faisaient chiiiiieeeeer...
Bref.
Je pourrais déblatèrer pendant des plombes sur "comment c'était cool l'arrivée des New Mutants !", alors autant passer à autre chose, hein...
Sinon, après des mois à repousser sans cesse (quand le temps et l'envie ne sont pas là, ca fait 2 bonnes raisons de ne pas poster plus souvent, non ?), une envie de revenir sur tel ou tel bouquin frémissait dans mes petits doigts... Et ce matin, en me baladant ici et là aux confins du ouebe, je me retrouve sur le (toujours très bon) blog de l'ami Nico from XRXD, et paf : ce belge individu me devance, décidant à quelques jours près de poster sur deux des plus chouettes bouquins que j'ai lu ces derniers mois... Qu'à cela ne tienne, Nico. Tout finira par se payer, tu le sais... 8)
D'abord, merci à Fantagraphics et aux divers acteurs de l'excellente entreprise qu'est devenue la collection Ignatz.
D'abord, parce qu'elle recèle de quelques pépites, de quelques joyaux (quelques coups foireux aussi, certes).
Ensuite, parce qu'elle permet à Anders Nilsen de signer quelques unes de ses plus belles pages, sous la forme des premières qui constituent "The End" (dont la couverture chez Coconino Press semble différente de l'édition parue chez Fanta, simple erreur de mise à jour du site de Coconino ?) , et tout simplement intitulées "Since you've gone I can do whatever I want, all the time". Comme l'a déjà fait remarquer Nico, il s'agit d'une suite de bien tristes scénettes, celles-là même que semble vivre l'auteur au moment où il bossait sur ces planches, totalement anéanti depuis le décès de celle qui partageait sa vie. Inutile d'imaginer que l'auteur rend hommage à celle qu'il aime dans ce livre, car après quelques mois seulement, il semble évident qu'on en est pas encore à ce stade ; ici, l'absence, le vide, la douleur, le sentiment de perdition absolu(e), se mélangent et se répondent, et on imaginera difficilement quelque vertu thérapeutique que ce soit dans la conception de ce bouquin...
Alors voilà, à ceux qui trouvent l'autobiographie en bande dessinée souvent lacrymale, inutile de préciser qu'ils tiennent là leur pièce maîtresse. Pour ma part, la sincérité désarmante avec laquelle s'affiche l'auteur m'est apparue comme trop rare, trop précieuse, et trop universelle, pour ne pas adhèrer, totalement, à la manière de faire, car même désarmé et abbatu, Nilsen reste un auteur intelligible, et passionnant. Une fois encore, la question n'est pas de savoir comment va Anders en ce moment, ni si sa vie est toujours au début d'un préambule d'introduction d'éventuel début de reconstruction, non non non. Le fait est qu'Anders a eu mal, et qu'il l'exprime, sans donner l'impression qu'il cherche forcément une issue, ankylosé qu'il est et coincé entre la paralysie et ce sentiment de perdition, donc. La douleur en tant que trame de travail, non pas comme un appel au rebond vers d'autres thèmes, vers d'autres idées, mais comme un acte spontané et probablement nécessaire, aussi nécessaire qu'il était probablement douloureux, même si on imagine le mec assez anesthésié par l'ampleur du truc qu'il vit.
Nico, de son côté, imagine "Monologue for the Coming Plague" (le précedent bouquin de Nilsen) comme une somme de travail précedent la version aboutie de ce "The End". On imagine en effet assez bien la pensée et les idées de Nilsen retrouver, au fil du temps qui passe, une sorte de cohérence et une linéarité qu'on pourrait suivre, ou du moins, qu'on pourrait percevoir dans sa trame la plus abstraite ; il est vrai que "Monologue..." tenait davantage du work in progress autant graphique que psychologique, mais l'urgence du moment, du ressentiment, dictant l'acte, on tenait là, déjà, un énorme condensé, brutal et abrupt, témoignage d'un instant de la vie de l'auteur.
"The End" est taillé dans le même matériau, un tantinet plus affiné à l'égard d'un lectorat qui, s'il était rare pour "Monologue...", n'a pas du augmenter depuis, et on saurait comprendre pourquoi... Et pourtant... L'expérimental se coltine donc, une fois de plus, avec le vécu, pour un Ignatz qui me semble réussi, à plus d'un titre.
Anders Nilsen a également réalisé une illustration pour le très, très bon collectif "Beasts", sorti chez Fantagraphics (Fred, n'achète pas ce bouquin s'il te plaît, contacte Tristan plutôt), un bon gros bouquin, magnifique dans sa conception comme dans sa réalisation, avec une belle brochette d'auteurs et de créateurs s'acquittant de leur tâche (illustrer un mythe, une créature mythique, accompagnés d'un texte, afin de réaliser une sorte de bestiaire de l'imaginaire collectif et du folklore mondial), qui vaut vraiment le coup.
Anders Nilsen, ponctuellement, réalise aussi sa page pour les Sundays Services, ces updates irrégulières de la petite bande de The Holy Consumption (avec Jeffrey Brown, John Hankiewicz, et Paul Hornschemeier).
Lors de tout ce temps, on imagine assez facilement qu'Anders Nilsen, pendant qu'il fait plein d'autres trucs formidables, beaux, chiale sa race sur sa planche à dessin.
Rarement douleur n'a été aussi bien retranscrite, tous supports confondus. Je ne sais pas si je suis suffisamment éloigné du concept de voyeurisme quand je ressens cela, mais il me semble que cela tient davantage d'une sorte d'empathie, de sympathie... Que dire ? Difficile de résumer les derniers efforts de Nilsen. Peut-être faut-il juste les lire. Et lui souhaiter que l'avenir lui soit plus clément.
Pas fastoche, comme on dit.
Bon. Sinon, la claque du mois est parue, et c'est La Cerise, digne éditeur bordelais qui s'en occupe ; je voulais y revenir aussi, parce qu'il me semble qu'on ne sera pas assez à défendre ce bouquin... "Entre-deux" sera résumé ici et là comme une prouesse graphique sur fond de road-trip mouvementé, ce qui sera juste, mais toutefois vachement réducteur. Vincent Perriot, qu'on surnomme déjà le-jeune-mec-qui-énerve-tout-le-monde-avec-son-dessin-d'enculé, avec son petit trophée ramené d'Angoulême 2005 (Alph’Art Jeune Talent), avait déjà été remarqué dans Clafoutis il y a quelque temps (il avait alors 18 ans, mais parlons d'autre chose si vous le voulez bien). De voyage, il en était déjà question dans "Le passager", l'un de ses récits publiés précèdemment sur Coconino, où déjà, les prises de notes s'emballaient en un voyage à tiroirs. Ici, Perriot ajoute quelques cordes à son arc...
Récit muet s'étalant avec maestria sur environ 80 pages, "Entre-deux" est un ouvrage qui stimule, à bien des égards, la curiosité du lecteur peu farouche.
D'abord, le double parti-pris narratif, se jouant d'abord de l'utilisation de textes et de dialogues, et utilisant l'elipse comme base de travail : un dessin par page, pas plus, tantôt comme isolé de son cadre original, comme un extrait d'une situation, tantôt pleine page, laissant la virtuosité s'exprimer. Entre les deux, mais aussi entre chaque page, un lien, un fil, parfois mince, parfois moins subtil, mais toujours essentiel et qui, comme le rappelait l'ami Nico sur XRD, donne toute sa raison d'être à la bande dessinée. Les interstices, les non-dits, ce qui se trame entre les cases, c'est exactement cela dont il s'agit lorsqu'on cherche à caractériser le médium, énormément de monde semble s'accorder la-dessus. Eh bien conseillons à chacun d'aller tripoter ce bouquin de plus près...
Le livre a bien d'autres qualités, un ouvrage jouant avec la narration ne saurait suffire, en 2007, à ce que l'on s'emballe immodérément à son sujet.
Son dessin, riche en détails, préférant les tentatives de retranscription depuis des angles peu faciles aux sempiternelles point de vue vus et revus, justement ; la justesse de la luminosité de certaines pages laissant place à une obscurité tout aussi maitrisée ; l'attrait pour des angles impossibles, compliqués, où la perspective se détend et où la beauté et l'intelligence du conteur prend le pas sur l'exactitude du rationnel ("Fuck reality", comme le dit si justement l'un des graffs posés sur une de ces merdasses d'ornements de rond-point) ; et puis un coup de crayon bluffant, une puissance évocatrice digne des plus grands, une musicalité qui fait entrer Perriot dans mon petit panthéon personnel des auteurs qui comptent, ben ouais, d'un coup d'un seul, une réelle lisibilité (il ne faut pas se contenter de feuilleter ce livre en le trouvant beau ; sa lecture, au calme et avec du temps pour savourer chaque page, s'impose vraiment.
L'histoire, quant à elle, mérite qu'on ne la dévoile pas totalement. Non pas que le bouquin soit riche de tonnes de rebondissements, non. Mais la réussite, c'est qu'en ne racontant que très peu de choses, en prenant le temps de poser quelques instantanés d'une virée à deux, Perriot nous fait le coup de la grande évasion, celle que l'on a vécu au moins une fois, celle que l'on s'est imaginé, celle que l'on a souhaité ; le bain de liberté, accompagné par son équivalent d'onirisme léger et serein, sa dose de béatitude enviée et palpable. Le pétage de plomb circontanciel, l'aventure qui commence juste la-bas, derrière le boulevard... Le trip, quoi.
Pendant que certains donnent des leçons de vie dans leurs bouquins quentinblakisés, sur le dessin, son pourquoi, son comment, Vincent Perriot, mine de rien, remet quelques pendules à l'heure, en racontant une très belle histoire, de très belle manière. Que les amateurs de dessin au sens le plus noble du terme, ainsi que les grandes gueules à la science infuse, savourent avec justesse cette ébouriffante leçon qu'est "Entre-deux".
Et sinon ?
Eh bien, mes aieux, quel temps d'enculé, hein. Ca fait 3 jours que je me balade à poil chez moi, le mercure y frisant les 28°... Alors du coup, quand on sort les disques pour des sessions outdoor, ca fait vraiment, vraiment du bien :
Dimanche dernier, et sur l'invitation de cette crapule baroudeuse qu'est le gars Voonx, réunion dominicale et musicale sous le soleil, dans le cadre du festival ElectroClique (suite et fin) : Zo, Voonx et moi-même avons passé une bonne partie de la journée à pousser quelques disques pour accompagner les skaters du skate-park de Chamars, ambiance au vert, ainsi qu'une poignée de teuffeurs en redescente de leur nuit à Micropolis (l'occasion de répondre par la négative à la sempiternelle question "eh grand, t'a pas de la tech ?"... ben nan, les gars, ben nan...). Enfin, si j'ai du vieux Detroit, tout ça, mais je sais pas si on parle du même truc. Anyway.
L'atmosphère super tranquille qui régnait nous a complètement assommé : grosse chaleur, soleil qui claque, parties de freesbee endiablées, échange de baballe au piepied, et puis passage de tonnes et de tonnes de potes... Le tout avec un bon gros son, et quelques milliards de disques, perso, moi j'en redemande... Merci donc à Voonx d'HoneyBoxxx pour l'invit, c'était dope, mec. Honeyboxxx Turbo Selektorz represent !
[merci à Sandrina et à Cécile pour les tophs]
Ah, en parlant de mouzik, j'ai une nouvelle mixtape disponible sur demande [envoyez-moi un mail à encorejune(at)gmail(dot)com ], pour celles et ceux que ca intéresserait, avec une petite pochette faite exprès, et tout. Une vingtaine de morceaux, sur 1 heure, 12 minutes, 38 secondes, des choses diverses et variées, que j'oserais qualifier de mix printanier mais un peu précoce quand même... Bref. Un peu compliqué comme idée de départ, mais n'ayons de cesse de recycler, pas vrai ?
00. >>>> june's lovely springtime - 12/04/2007.
01. Ohmega Watts "Interlude 1 : journey" (2005, Ubiquity).
02. Nick Holder "No more dating dj's" (2004, NRK Sound Division).
03. Minnie Riperton "Take a little trip" (1974, Epic).
04. Build an Ark "The blessing song" (2004, P-Vine records).
05. la Chatte Rouge "Affaires à faire" (1996, Disques Solid).
06. Leroy Hutson "It's different" (1975, Curtom).
07. Digable Planets "Dedicated" (1995, Pendulum).
08. Mozesli "Sunshine" (1997, Source records).
09. Plantlife "3 am" (2005, BBC).
10. Ronnie Foster "Mystic bounce (Madlib remix)" (2003, Blue Note).
11. One Self "BlueBird" (2005, Ninja Tune).
12. Shuggie Otis "Aht uh mi hed" (1974, CBS).
13. Cinematic Orchestra "Wheel within a wheel" (2004, Talkin' Loud).
14. Tortoise "Whitewater" (1995, Soul Static Sound).
15. Grizzly Bear "Owner of a lonely heart" (2006, Audraglint records).
16. David Axelrod "Warning talk - part. one" (2005 reimp, Blue Note).
17. Keren Ann "For you and I" (2005, Capitol).
18. Spacek "Eve" (2000, Island Blue).
19. Pyeng Threadgill "Close to me" (2006,)
20. Marc Moulin "Humpty dumpty" (1971, 2006 Counterpoint reimp).
21. Jazzanova "l.o.v.e. and you and I" (2002, JCR).
22. Benny Sings "Inconditionnal love" (2004, Kindred Spirits).
23. Lovin' Minnie Riperton outro (remember : no more dating dj's...).
Au final, un mix de choses assez molassones, assez posées, assez laidback, très downtempo, trèèèèès lowtempo. Presqu'un mix love, quoi. Non, non. Un vrai mix love. Mais pas que. Enfin bon.
Bon. Disons que cette sélection fait office de RadiojUne, hein, parce que les jours qui s'annoncent se précisent... trèèèès occupés.
Dans 3 jours, on vote, et j'avoue que j'ai pas l'ombre d'une envie d'y aller.
Bon, je vais le faire, mais avec autant d'envie que si on me proposait une raclette, hein.
Bon, le soleil cogne, c'est le printemps, la petite Lilly m'a fait plein de sourires, Alcor arrive d'une minute à l'autre, faut que je monte le barbecue, et faut encore que j'aille poser des affiches pour la soirée du boogie le weekend prochain. J'y vais, quoi.
Des bises chez vous. A bientôt, ou pas.
Je m'autoproclame vainqueur de mon petit marathon de fin octobre-début novembre ; à l'unanimité, même, avec me, myself, and I, même, tiens, nan mais.a
La course débutée fin de semaine dernière, avec la dernière touche à un projet de gribouillage dont la prochaine étape sera forcément relatée ici dans quelques jours, dans quelques semaines.
La seule étape digne de ce nom consistait à lire avec enthousiasme et entrain, ce dernier vendredi, la version française du "Dogs and Water" d'Anders Nilsen, paru en France chez Actes Sud et portant donc le titre de "Des chiens, de l'eau" ; ouvrage formidable, et je suis en dessous de la vérité.
J'ai envie de dire qu'il s'agit là de la meilleure bande dessinée de l'année, mais les esprits chagrins me feront remarquer que je dis ca chaque mois ; alors comme j'encule les esprits chagrins, j'insiste : oui, Anders Nilsen mérite le petit buzz qui tourne au dessus de sa tronche ces derniers mois, oui, "Dogs and Water" est un putain de bon bouquin, oui, décidément, cette relève américaine comporte quelques putains de bons éléments.
Daniel Holloway, dans un des derniers Comics Journal (# 270, august 2005), est en discussion avec monsieur Nilsen, qui ouvre un peu (j'ai bien dit "un peu") les portes de son univers, le temps de tourner 3 pages.
Eh bien, il n'y a rien à y découvrir.
Nilsen se contentant de jouer la carte de la création ultra spontanée, il a bien du mal à justifier sa démarche, et c'est pas plus mal : la surprise liée au résultat de son petit processus risque de faire parler de lui dans les mois à venir. Nous en reparlerons, peut-être fin janvier, peut-être à Besançon (mine de rien, je viens de balancer un scoop d'enfoiré, que personne ne relèvera, pas vrai ?).
Ensuite, l'étape suivante consistait à aller passer du bon temps à Lyon, avec Drine, auprès de Delphine, Fred, et de leur naine number one ; rude tâche dont nous nous sommes acquités avec joie et plaisir deux jours durant, et en plus, j'ai rarement rentabilisé du temps avec une filette de 14 mois aussi cool, vraiment ; entre une balade du côté des libraires Lyonnais le samedi après-midi (ou nous retrouvons avec plaisir Julie et le copaing Oslo) (après un passage forcé chez Bodyshop, biiinnng la note), une bouffe super cool (et pleine de révélations incroyables que je me priverais bien de dévoiler publiquement, surtout concernant les rêves bizarres d'Oslo, mais chut) avec les 6 sus-cités, le soir, chez Fred le-roi-du-petit-salé (Ju, ou sont tes années végétariennes ? Loin, hein...), des balades dans le vieux Lyon le dimanche (ou l'on intercepte l'ami -et précieux collaborateur de l'Affaire du Siècle tome 5- Loic Gaume), le tout ponctué de franches rigolades, de bons moments, et d'empiffrage, pardon, de dégustation de macarons-qui-tuent-leur-mère... Un vrai week-end respiratoire, avec des gens qu'on aime, putain, c'est coooouuule.
Et je ne dis pas ca parce que mon copain m'a foutu dans les pattes une sélection de souvenirs de son passage à SPX de cette année, le grosse convention indé qui s'est tenue fin septembre à Bethesda : du "Owly" d'Andy Runton (dédicacé, siouplait), de l'Alternative Comics Presents, des mini-comics pro-Alec Longstreth et signés Aaron Renier (l'auteur de "Spiral Bound" dont j'ai parlé il y a quelques semaines), Nate Beaty, Clutch McBastard, JP Coovert et Bwana Spoons, du "Out of Water", joli conte grec adapté en bande dessiné par Matthew Bernier, dont les incursions imaginatives arriveraient presque à faire oublier la similitude avec l'univers graphique du "Chunky Rice" de Thompson...Bref, de bien belles surprises, Fred, tu chille ta race veugra, ouaich ouaich.
En parlant de bande dessinée... J'en profite pour replacer un truc récemment ajouté à ma petite liste de liens (la colonne de gauche), le site de l'ami Nico, aka Tetsuo-from-Brussell, un mec avec qui on peut parler de toute la bande dessinée pendant des jours entiers sans parler une seule fois d'un seul truc pourri ; le monsieur a du goût, et de l'énergie passionnelle à revendre : il est le responsable de l'auto-publié "Xeroxed", un somptueux zine papier (et tissu, parfois même) qui traite de bande dessinée au sens glorieux du terme. Eh bien Xeroxed est désormais online, et voilà du coup une nouvelle visite obligée : ses quelques articles et entretiens déjà publiés valent à eux seuls plus le coup que la majorité des sites traitant de notre chère bande dessinée...
En feuilletant les magazines à la maison de la presse du coin, j'ai halluciné sur la pauvreté de magazines qui partaient bien, mais qui se sont étendus en plein vol... Le dernier Clark, for example, m'a encore plus écoeuré que les 2 derniers que j'avais feuilleté... J'ai arreté de claquer du blé sur ce titre, c'en était trop, et j'en suis bien content : en gros, Clark, c'est un mensuel qui tourne autour de 3 nombrils, d'une espèce de famille dont les membres font des apparitions d'un numéro à l'autre, et où la pauvreté du matériel publié rend triste, vraiment triste. Pour un article valable, pour une chronique potable, pour un focus honête, 90% de branlette pseudo-journalistique où la notion d'ego-trip sort du contexte habituel pour imprégner un magazine entier.
En gros, les mecs derrière Clark ont décidé de ne parler que de 4 sujets, que de 3 artistes post-graff, que de 2 nouveaux jouets trop hype tendance top chanmé, et chaque mois, ils recyclent le même topo, plus ou moins ; c'est dommage parce que le champ d'action qui est le leur (pour résumer, tout ce qui tourne autour de la culture urbaine, comme on dit à Libé) produit de belles surprises dans tous les domaines artistiques, ou alors, je me trompe, et le mouvement tourne tellement en rond qu'il est temps de cesser de prendre les lecteurs pour des collectionneurs de sneakers importés from Tokyo ou des toys addicts qui ne jurent que par leur nouvelle mozaique de salle de bains Space Invader. Et de reconsidérer une parution qui minimise, au final, un élan plutot sympathique. Beuark.
Dans le même registre, j'ai craqué et je suis parti avec le quatrième "Innercity" ; dans les précédents, des articles marrants et frais comblaient difficilement un large éventail du manque d'originalité qui sévit dans le graffiti actuellement, et sur lequel tout le monde s'étend au détriment des quelques pousseurs défricheurs novateurs (voir liste non-exhaustive dans un précédent post récent). Bon, ben sur 50 pages, j'en garde 10 à tout casser. 4.50 pour 10 pages ? Ok, j'arrête.
Par contre, toujours à la maison de la presse, avec 3 magazines sous le bras, j'ai tenté le numéro d'octobre de "Freestyler" (# 71)... Je passe rapidement sur le ton qui doit plaire aux kids tout en Volcom ou en Zoo York, il y a quelques bonnes photos mais les articles et le rédactionnel dans son ensemble ne chient pas bien loin. Mais...
Mais dans le mag, ben y'avait un DVD.
Et le DVD, eh ben il tue.
Si, si.
Pour les anciens de la planche à roulettes, ceux qui comme moi tentaient de flipper leur horrible plateau Santa Cruz dans de grosses Etnics inconfortables (j'ai pas dit Etnies, hein, bien EtniCs), eh bien, j'avais rien ressenti de tel depuis, je sais pas, moi, Propaganda ou Public Domain.
Pas parce que les mecs ont un niveau d'enculé, non ; simplement parce que contrairement à la plupart des DVD qui sont passés dans mes pattes ces derniers mois (ces dernières années ?), "The strongest of the Strange" est une oeuvre de création, et pas un support publicitaire destiné à promouvoir telle ou telle marque ; bon, ok, aussi, mais pas que... Pontus Alv est un bargeot.
Son film est une pépite pleine de poésie à roulettes, une ôde à la discipline qui l'habite, c'est plein de bonnes idées, la super-8 tourne de manière intelligente et intelligible... Ils sont forts ces finlandais ! Et la bande son ne gâche rien (jusqu'au titre qui vient d'un texte parlé de Bukowski) : Sonic Youth, Tortoise, Roland Kirk...
Téléscopage d'influences, carambolage d'idéaux, fusion à froid d'états d'esprits aux antipodes l'un de l'autre...
...Y'a tellement de choses à dire de cette vie.
Bon, sinon, à Londres, ca bouge ; après Camden ce dimanche, la suite de l'invasion OneSelf ! "(...) Armed with 2 mics, a vintage guitar amp, a portable turntable, and an MPC (...) spreading their vibe to the masses and penetrating the system and it's pedestrian ears (...) Over the next 2 weekends, completely free, one of the freshest groups of 2005 take the street and make them their own - guerilla style. And you can experience them whilst enjoying some of London's cooler and funkier parts??"
Le crew Vadim and co pète les plombs et sort armé de sa tannière, pour explorer un peu la ville ; y'a même le détail, mais vite vite vite, hein ! WHEN & WHERE ??
1/ Sunday 30th october 4pm Camden, North London
Outside Labels Wharehouse shop on Camden High Street,??right next to the hump back bridge by camden lock, east yard.?
Come outta camden town tube stop , walk up camden high st, cross the first intersection and up another 100 m or so on the left hand side on the main rd,?
2/ Sunday 30th? october 5:30pm Camden, North London
Outside Camden tube, on camden High street
3/ Thursday 3rd november 3pm Covent Garden, Central London
Outside Urban Outfitters (which is practically opposite footlocker), Neal st, Covent Garden
4/ Thursday 3rd november 5pm Oxford Circus, Central London
Outside Niketown
5/ Sunday 6th november,4 pm? Brick Lane, East London
146 brick lane ( the old Truman Brewery)? opposite Dray walk and spitting distance of 93 Feet East
6/ Sunday 6th november, 5:30pm? Spitafields Market, East London
On the corner of Commercial st / Handbury st, outside the Smudge Gallery (the one that sells loads of Banksy photo's...)?
LE GRAND JEU DU REPONDEUR :
Un enfoiré de dijonnais à foutu minable pas moins de 5 participants : même si c'était imprécis, Alcor a effectivement reconnu la mélodie du classique "Les fleurs" de Minnie Ripperton & Rotary Connection, qui était mixée à une construction midtempo mixée par Cut Chemist. Il a dont identifié l'essentiel du message du répondeur, et a gagné un putain de cadeau. C'est reparti pour un tour ! Bien ouej, Alcor, t'es vraiment une encylopédie vivante de la musique de qualité, quand je pense qu'a une époque tu m'offrais du Byron Stingily, putain, t'a bien changé en fait. 8)
Bon, sinon, faisons le nerd de base : l'avenir de la musique, entre le podcast et la radio online, se dessine véritablement ailleurs que dans mon bac de skeuds, et la transition est dure pour moi, je dois bien l'admettre...
D'abord, Alcor (encore lui) a un nouveau projet qui m'excite, et j'espère que ca se fera vite, parce que moi, chui super motivé, voilà ; tu vois, Cocore, tu pourras abuser et te foutre de ma gueule si je fous rien par la suite : j'aurais publiquement dit le contraire, bordel de merde ! 8)
ON AIR ON juneRADIO :
- Le nouveau Breakestra est vraiment très très bien. "Hit the floor" reprend les bons vieux heavy-beat de la grande époque mais cette fois, Miles Tackett et son crew jouent leurs morceaux, et c'est rudement bonnard. En passant, la release-party à LA : November 16, 2005
Breakestra @ The El Rey (Los Angeles Release Party)
Plus People Under The Stairs, Cut Chemist, DJ Dusk
Hosted by Chali 2na of Jurassic 5.
5515 Wilshire Blvd Los Angeles, Ca. 90036
Between Fairfax Ave and La Brea Ave
$16, 18+
- Ces salauds de Dazed & Confused ont encore pris des trucs bizarres : "One of the freshest talents to have emerged out of hip-hop's leftfield in the last five years... The Find takes inspiration from boom bap bad boys Pete Rock and DJ Premier, as well as Stereolab" disent-ils d'Ohmega Watts et de son album "The Find", qui tourne en boucle au petit matin, à la maison.
- Sur The Friday Night Session, il se passe des tonnes de choses réellement terribles.
D'abord, Andrew Jervis, le mec derrière Ubiquity (le fabuleux label de Los Angeles) est en archive pour un show partagé avec Mike Bee (d'Amoeba) et Tomas (du magazine XLR8R) ; également en archives (cherchez, cherchez...), du son bien frais des polonais Skalpel, de Boards of Canada, de l'anglais ultra-productif Domu, de Radio City...
Comme ils disent gentiment : "You can also check the show live on air Fridays 10pm-12midnight on 90.3FM KUSF in San Francisco, or tune in via iTunes (go to public radio and click on KUSF), or follow the links from www.kusf.org". Woooooooord. Saloperie de californiens.