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13 juillet 2005

ANTI ORIGINAL : 10 DAYS IN THE LIFE OF...

Bon, encore une semaine bien prenante. Faut vraiment que vous n'ayez que ca a foutre de me lire, là, parce que c'est du pur journal de bord, hein. On y parlera de zik, de bd, de potes, bref, que de choses totalement brand new et super prenantes...

Il y a une semaine environ, donc, se terminaient les eurockéennes (mini-report du vendredi un peu plus bas dans le blog, ainsi que dans les pages de "L'affaire du siècle tome cinq" numéro 4) et a part headbanger, lever l'index sur Saul Williams, hurler pendant le set de Jamie Lidell, sautiller en beuglant pendant Le Tigre, je dois bien admettre que j'ai pas fichu grand chose cet avant-dernier weekend... En ce qui concerne le dimanche, more soon, mais en gros : rien de vraiment traumatisant : Le Tigre, donc, super efficace et aux chorégraphies hilarantes, Kraftwerk : assez chiant mais heureusement bien rodé sur scène (bon, faut être dans le trip, bien sûr, 4 gugusses super statiques derrière leur laptop pendant 2 heures, faut adhèrer, y'a pas), loupé Tom Ze, loupé Marcello D2, Amon Tobin super nul à chier mais vraiement super nul à chier (incohérent, pas construit pour un sou et malheureusement pour lui, son méga dégueu), Royskopp : on aurait cru à un retour de Pet Shop Boys avec leur ingé son de l'époque (c'était pas top, donc), Slum Village : les 2 mc's bien plus à l'aise que leur formation instrumentale, avec un son pas top (la plage), TTC super fastoche derrière Amon Tobin, à mettre le feu au bout d'environ 20 secondes (je parlerais pas de leur conférence de presse qui restera dans les anales si j'ai bien tout compris), Sonic Youth plutot easy-access par rapport aux dernières fois ou je les ai vu...
Bref, un dimanche cohérent mais pas de claques du niveau du vendredi. Pour résumer, et pour ceux que ca intèresse, j'ai pas vu Dalek, j'ai pas vu Kasabian, j'ai pas vu Moodyman (ca, ca me fait chier), j'ai pas vu Raphael Saadiq, j'ai pas vu Raw T (mais je m'en cogne), j'ai pas vu Bonnie Prince Billy (ca me fait chier), j'ai pas vu Louise Attaque (et j'en suis fort aise)... Parait qu'il y avait Spleen en prog de dernière minute mais j'ais pas eu une seconde pour vérifier le pourquoi du comment du où...

La semaine a donc repris de manière classique : taf, gribouillage (toujours à la bourre pour "L'affaire", entre autre), pique nique avec la brune ou terrasses à droite à gauche... Jusqu'au bouclage du 4ème numéro de "L'affaire du siècle tome cinq", qui nous a bien pris la fin de la semaine... A noter, un petit article dans le spécial été de la revue régionale "Vu du Doubs", un canard qui est distribué de manière euh.. super large niveau local ; bilan, la demande est supérieure à l'offre, va falloir qu'on tire à plus grande échelle, mazette !



laffaire04, originally uploaded by jUne.

Une belle bande d'idiots ont encore fait parler d'eux en faisant n'importe quoi à Londres, et j'ai du attendre 24 heures pour avoir des mails rassurants de la part des amis londoniens, ou coincés à Londres. Quelle merde, putain.

Le vendredi commencait bien, l'ami Vadim m'envoyant le total promo-package (stickers, affiches, cd's, etc) de sa dernière sortie, "Children of possibility", excellent album sorti chez Ninja Tune ; pour les ceusses qui n'auraient pas encore compris malgré mon ramdam d'ici-bas, il vous faut jeter une oreille à cette excellente tranche de midtempo très instrumentale et qui montre une nouvelle facette du dj producteur. Ca reste hip hop, mais on s'aventure tout au bord de frontières peu fréquentées habituellement : ce projet One Self recèle de très bonne surprises, à découvrir au fur et à mesure des écoutes. Franchement, la moitié des titres de cet album mérite de figurer sur la cassette qui accompagnera votre été (summer mix-tapes rules, c'est aussi simple que ca, bordel).
Je m'en vais donc passer le reste de la semaine à sticker, à coller de l'affiche, etc... Si ca vous branche, les affiches sont tirés du visuel de l'album et sont super jolies, signées par les espagnols de inocuodesign...

Au taf, toujours vendredi, croisé pendant le déballage d'import US l'amie Cécile de Télérama qui quitte donc notre petite ville pour retrouver son Paris, ses deadlines et ses très bons articles, le grand retour de bonnes chroniques BD dans Télérama ? A suivre.

Vendredi soir, néammoins, seconde excellente surprise musicale à La Nuit Bleue (formidable séance de découvertes musicales et acoustiques proposés chaque année par l'association Elektrophonie), ou, pour une fois, je n'étais pas bénévole mais spectateur, avec l'ami Marc-de-la-Fnac (oui, bon, ca va, j'ai le droit d'avoir un pote qui bosse à la Fnac, hein...) ; et ca tombait bien, car un des concerts proposés était carrément formidable. Je ne m'étendrais pas sur la prestation pourtant riche et volontaire proposé par l'Ensemble Euphoria Post Mortem, auquel je n'ai pu accrocher plus que ca... En seconde partie, Vincent Royer et Jean-Philippe Collard-Neven ont quand à eux donné une formidable prestation, alliance réussie piano/violon alto/machines (Jean-Marc Sullon, du Centre de Recherches et de Formation Musicale de Wallonie, était aux manettes) : nous avons eu droit à 6 formidables pièces de Luc Ferrari, Steve Reich, et David Shea, entre autres, et si le lieu avait déjà à la base un potentiel magique (les Salines d'Arc-et-Senans, magnifique endroit pour ceux qui ne connaissent pas, classé patrimoine mondial par l'Unesco), ces 3 zozos, invités en résidence pour une semaine par les non-moins zozos de l'asso Elektrophonie, ont su nous purifier l'ouie (et les sens en général) pour un bon moment, merci et bravo à eux. Marc à pris quelques clichés avec son équipement estampillé Nasa, puis nous sommes repartis pour Besançon.


nuitbleufly, originally uploaded by jUne.


Le lendemain, samedi, deux concerts live par mesdemoiselles AGF (d'Allemagne) et Zavoloka (d'Ukraine) conçus pour La nuit bleue : je n'y étais pas, pas plus que je n'ai pu assister à l'annuel voyage acousmatique qui dure toute la nuit (j'ai pour ma part passé une partie de ma soirée à bouquiner et ingurgiter une énooooorme pizza, avec Drine, devant de nouveaux épisodes de "Lost", qui n'a décidément rien de la série formidable qu'on m'avait vendu)... Mais rien que le vendredi en valait déjà la peine, de fréquenter La Nuit Bleue.
Par contre, le samedi, taf, et plusieurs visites bien coolos : Dyotte is back dans le secteur, après 2 ans à New York City, mais pas pour trop longtemps, et quelques vandales dont je tairais le nom m'incitant à me joindre à eux pour vider de l'Alien le lendemain ? Diantre, c'est tentant, mais demain, les gars, chui super busy...
...Dimanche, rien branlé, juste chillé à la maison, le temps de finaliser la maquette de "L'affaire", de préparer un poulet à la June pour ma brunette, et de bouquiner un peu...

- "Albion" (Wildstorm), le premier épisode de la nouvelle mini-série d'Alan Moore, est dessiné par Shane Oakley, encré par Georges Freeman, avec papa Alan aux idées et fifille Leah (Moore, donc) et John Reppion au scénar ; un soupçon de League et ca repart, quoi. Rien de super excitant, mais suffisemment bien mené pour donner envie de lire la suite...

- "Neverwhere" (DC/Vertigo), écrit par Mike Carrey d'après le roman de qui vous savez si vous êtes un habitué du coin (ou si vous avez tout simplement bon gout, uh uh uh) et dessiné (merveilleusement bien) par Glenn Fabry... Bon, pas de surprises, on connait l'histoire, on connait même la fin, celle qui clot ce classique de Neil Gaiman. L'idée sent le plan "remplissons les popoches" a donf, mais le résultat est plutot valable, a la hauteur de ce que l'on pouvait en attendre. Bon, ok, j'en attendais rien, mais je voulais constater... Et bien ca tourne, pas de soucis.

- "Negative Burn" (Calib... ah nan, flûte : Image !) : le grand retour d'une des meilleures anthologies comics des 90's, NB se présente comme un come-back plutot prometteur... C'est toujours Joe Pruett aux manettes, par le biais de son label Desperado Publishing, mais ca fait quand même bizarre de voir ce titre sous la banière de ce dont il était l'exacte antithèse en 93, lors de sa création : NB chez Image, soit. On reconnaitra à Image Comics, ces derniers mois, d'avoir multiplié les audaces éditoriales, autant de choses qu'on aurait jamais imaginé quelques années en arrière.
Dans ce nouveau numéro (estampillé "Winter 2005"), on retrouve tout simplement une sélection de qualité (la plupart du temps) d'historiettes inédites signées (en vrac), ouffff : Evan Dorkin, Jim Mahfood, Zander Cannon, Ron Marz, Brian Bolland, Marshall Dillon, Erik Larsen, Kurt Busiek, Steve Lieber, et bien d'autres ; 95 pages de bd en noir et blanc comme on aimerait en voir dans bien d'autres collectifs, et ca tombe bien, car pour montrer aux retardataires de quel bois on se chauffait il y a 10 ans, Desperado va nous pondre un "best of" avec Alan Moore, Paul Pope, Bob Burden, Terry Moore, P.Craig Russell, Art Adams... et bien d'autres choses, tout ca en fin d'année si tout va bien.

- "Beautiful things" (Boychild productions), écrit par l'anglais Sean Michael Wilson et dessiné par plein de monde... comme la couverture le dit, nous sommes devant "a collection of poetic short stories in comic book form" et bon, oui, pourquoi pas... Certaines associations fonctionnent et le dessinateur aura saisi les émotions distillées par Wilson, pour restituer une poésie narrativement exploitée de manière correcte, mais malgré le talent de certains artistes (et celui, évident, du scénariste), on reste dans les premiers pas, les prémices d'un concept à suivre... Pas inintèressant, mais pas indispensable non plus.

- "Lo-Fi" numéro 3, le nouveau magazine estampillé "comics and entertainment magazine". Bon, plein de bonnes idées, de bonnes intentions, jalonnent ces 80 pages bi-mensuelles, mais une maquette un tantinet lourdingue rendent l'ensemble assez indigeste au final : on passe de Brian Wood à un sujet sur les enervés de Social Distortion en passant par une interview de Mignola, d'un article intitulé "Punk as fuck", et de 2313584 petits articles mis bout a bout... Je sais pas, je sais pas quoi en penser. Il y a du bon mais faut accrocher à l'ambiance punk rock qui se dégage du truc. Je pensais le garder, mais je vais le rendre à Bob La Loutre. 8)

- j'ai reçu mon pack de "Blood Orange", les 4 premiers volumes édités par Fantagraphics, avec la crème de l'actu indy internationale, un peu comme dans "Bete Noire", dont je parlerais dans quelques jours. "Blood Orange" est un petit objet soigné, tout comme son contenu signé, dans le désordre, Rebecca Dart, Lark Pien, Jeffrey Brown, Renée French, Matti Hagelberg, Chris Wright, Lauren Weinstein, John Hankiewciz, Anders Nilsen, Baladi, et bien d'autres ; du très bon et du moins bon, comme dans tous les collectifs qui fleurissent ici et là ; bon, ici, on parle quand même de Fantagraphics, et même si le résultat n'est pas forcément à la hauteur de l'attente (ben ouais, on ne dira jamais assez de bien de Fantagraphics), il demeure tout de même sacrément plaisant et satisfaisant.

- en parlant de Jeffrey Brown, son petit "AEIOU" (Top Shelf) est une lecture essentielle de ces derniers mois, paf, nan mais. Là ou cet espèce de zozo m'avait fait récemment hurler de rire et sourire de satisfaction à la lecture de "Big Head", le voilà qui remet le couvert dans l'exploration super intime et émotionnellement chargée (ou totalement niaiseuse, selon le niveau d'aigreur ou de masculinité mal placée du lecteur-de la lectrice...) ; "Any easy intimacy", son titre complet et plus explicite, relate une nouvelle expérience avec l'autre, cette fois, l'autre se nomme Sophia, et aura donné bien de la matière à griffoner pour ce pauvre Jeffrey...
Là ou je m'attendait déjà à soupirer en me disant "Bon, c'est bon, là, Jeff, on a compris, tu nous à déjà fait le coup...", surprise : non seulement ca fonctionne, mais en plus Brown est arrivé au sommet de sa méthode de travail, en répartissant ses souvenirs, ses moments partagés, ses états d'âme de manière foncièrement séduisante, sans pour autant tenter de dissimuler des maladresses de diction, de narration, ou parfois même d'idée de base. Du coup, AEIOU est dirigé par un rythme assez frais, et cela suffit pour le rendre convaincant.
Attention, hein : ceux qui n'auront pas apprécié ses précédents travaux n'accrocheront pas plus... Mais les autres, ben... Foncez. C'est juste et touchant, comme d'hab.
Petit spoiler, une sorte d'avertissement tiré du bouquin :
"Although based on actual events, this book leaves so much left unsaid that you may as well consider it to be fiction. Time and memory have a way of distorbing things, ans Sophia's side of the story is necessarily lacking. Perhaps someday I will be reconcilied with her but until then this book is dedicated to Sophia, with apologies, regrets, thanks, anger, sadness, love and a million other mixed emotions"...


brown04, originally uploaded by jUne.


...Moi, j'aime ce mec, surtout lorsque la lecture de AEIOU a suivi la lecture de "Be a man" (32 pages pour 3 dollars, chez Top Shelf aussi), l'autoresponse parodique plein pot que Brown s'est infligé ; hilarante variation extreme autour d'une autocritique sur le mode "ne serais-je pas un peu pleurnichard et pathétique dans mes bouquins ?", Jeffrey Brown part dans un trip parodique à mourir de rire, ou il est question, je cite, de "rrrr, beer, sex, sports, ungh, unh, porn, kick ass, fuck, explosions, trucks, breasts, meat, bitch"... Super drôle. J'adore ce mec.

- aucun roman en cours, et depuis quelque temps déjà : mes statistiques vont chuter, ca m'apprendra à voir à la hausse mes moyennes de lectures dans des questionnaires à la con. 8)

Lundi, Bob the Otter m'amène donc quelques exemplaires finalisés du fameux numéro 4 de l'Affaire, et de sa couverture "à la con" (appelons un chat un chat) signé JB, qui s'est laché avec la couleur... Bientôt le 48CCHFKK, promis ; a ce rythme là, ca va se préciser vite, et je compte bien racheter Dargaud. Ou Casterman. Ou Soleil. Ah ouais, surtout Soleil...

Le soir, Yves-je-fais-4-aller/retour-dans-la-nuit-ca-me-fait-pas-peur et Dude me récupérent à la maison, et on va se cogner une soirée tranquille en terrasse, apéro puis repas, juste le temps de se prendre une méga-rabasse pendant qu'on bouffe, cool.
Dude m'offre un DVD sauce DIY, un truc spécial Star Wars nommé "the Star Wars Fan Films" qu'il a confectionné tout seul avec ses petits doigts, avec des tonnes de shorts movies réalisés par des fans, du désormais classique "Troops" au très très pro "Georges Lucas in love" ; j'en ai pas encore vu un tiers que je suis déjà super fier de ce truc, énorme.
Il est fort ce Dude.
Il apprend même aux barmen à lui confectionner le breuvage qu'il affectionne tant, tellement il est fort (grand jeu sans obligation d'achat : quelle est la boisson favorite du Dude ?)...

Mardi, rien de très marquant, si ce n'est Manue et Alex qui viennent bouffer, super bonne soirée d'ailleurs, et voilà ou j'en suis : ils viennent de partir et je digère péniblement mes fajitas trop épicées en tapotant lentement sur le clavier, alors que Drinette est tombée de fatigue sur la dernière page de "Generation X". Ok, c'est pas le meilleur de Coupland, mais quand même, merde...

Demain, mercredi : il y a une démo du skate team Cliché devant le skate shop local, ou mon homeboy Feetwan m'a convié à passer un peu de son ; je m'en vais donc aller faire une ptiote sélection et je vais prévoir large, au cas où Howie me confirmerait qu'on joue également vendredi soir ensemble...

La première des infos du jour, c'est que nous abandonnons l'appart à plein d'amis du 1er au 13 août, jours pendant lesquels nous irons faire les larves sous le soleil des Landes, quelque part le long de la trèèèèèèès grande plage toute droite, genre...
la seconde, c'est un truc que je met en dernier comme ca vous le gardez en tête, gens du coin ; c'est un petit mail de Laulaure, envoyé depuis Budva (Montenegro) :
"Je présenterai une vidéo dans le cadre de l'exposition Affinités à la Saline Royale d'Arc et Senans (25).
Le film, crée pour l'occasion s'appelle 'celle qui n'était pas' et s'inspire des écrits de l'écrivain slave Ivo Andric."

Laure fait partie de la troupe de zozos qui fêtent les 10 ans du Pavé Dans La Mare a la Saline (61 artistes à la Saline Royale d'Arc et Senans du 27 juillet au 3 septembre 2005), décidément the endroit of the moment in alentour...

Et je crois que cette fois c'est fini.
Ah nan : le talentueux Hippolyte quitte l'hexagone pour les îles lointaines, et tous ceux qui se réjouissaient de le rencontrer pour le salon des Mots Doubs en septembre à Besançon peuvent être verts, car son déménagement tombe quasiment en même temps ; si ca, ca fait pas chier, je m'y connais pas... (et pourtant en caca j'en connais un rayon).

Sur ce, bonne route.

6 juin 2005

CONSTELLATION.



lupus01planchesA, originally uploaded by jUne.

Comme dirait l'ami JB : néant... vide... rien... n'aie envie de rien.
Il est 2 heures du matin et je retrouve donc ces moments dégueus où mon incapacité chronique à trouver la motivation après des instants magiques se rappelle à mon bon souvenir.
Certains, après avoir pris un truc dans la tronche (gros concert, grosse lecture, grosse rencontre), foncent oeuvrer dans leur coin, et recrachent toute l'énergie qu'ils auront su absorber de moments forts ; moi, c'est tout le contraire. Si j'en raffole d'envie, si j'adorerais m'inclure dans ce tas, force est de constater que je ne fais pas partie de ces chanceux-là.

J'ai passé un excessivement bon weekend, riche en moments forts et en instants précieux, le genre de matière première qui, ado, m'ordonnaient de me ruer sur mon ordi, sur ma planche à dessin ou sur quoique ce soit qui pouvait me purger de ce trop plein d'énergie. Aujourd'hui ? Je suis vide, ko, et je suis l'improductif parmi les improductifs, le blasé parmi les blasés, le fatigué parmi les feignasses...

Foin d'états d'âme à deux boules, qui de toutes façons n'interresseront personne et même pas moi, d'ailleurs ; rester le nez sur son caca finit par donner envie de s'endormir, et autant ne pas finir la tronche dedans...

La fin de semaine avait bien commencé : jeudi soir, après un passage en terrasse bisontine avec une clique de sympathiques camarades qui m'ont fait passer un très bon moment, je réintégrais mes pénates pour gribouiller à quelques trucs divers, crevé mais motivé.

Vendredi, jour de congé, mais pas de repos pour autant : continué à gribouiller en savourant en alternance par les oreilles quelques pépites ressorties pour l'occasion, lecture de diverses nouveautés :

- "Je ne t'aime pas mais..." de Firmin Solis (6 Pieds sous terre éditions), une tranche autobio pas très interressante, bien écrite mais assez chiante, au dessin maitrisé mais sans surprises aucunes, très dispensable.

- "Ministère de l'espace" de Warren Ellis et Chris Weston, la version française de la mini série publiée en 2004 chez Image : comme à l'accoutumée, pas mal d'idées à la page grâce à mr Ellis, mais une histoire somme toute assez linéaire et plate, le tout servi par le dessin maitrisé mais statique et bien trop cinématographique de Weston : déception,

- la première fournée des "Le mois de..." initiée par Le Groinge : un auteur remplit un carnet, jour par jour, sur la durée d'un mois prédéfini ; 12 auteurs se succèderont sur 1 an, et la première série débute sur un "mois de Janvier" rédigé à 4 mains par Otto T. et Choi JuhYun (chacun une face de page), ensemble dans la vie et dans ce carnet agréable à lire (l'écriture et le dessin de Otto T. m'ont toujours plu) ; Alex Baladi prend le relais sur Février, et c'est toute la richesse de ce mec hors du commun qui se met en branle de manière totalement renversante, une fois de plus : ses doutes existentiels sont crédibles et on frémit pour lui, ses moments de joie nous remplissent de bonheur. Baladi est formidable, et ceux qui le savent gardent secrétement cet auteur précieux au fond de leur coffre-fort ; ce carnet n'est probablement pas son oeuvre ultime (ce n'est pas le but de la manoeuvre non plus), mais un très bon moment de spontanéités créatives partagées avec nous. Enfin, BSK nous pond quelques tranches de gentille poésie imagée sur son mois de Mars, pas renversant mais fort sympathique au demeurant.

- "Supermurgeman" (tome 2 : La menace communiste) de Mathieu Sapin, plus drôle que le premier, mieux conçu et plus régulier, mieux construit,

- "Inside Moebius "tome 1)", ou comment un génie de la bande dessinée se perd lui-même dans une mise en images de considérations pompeuses et pompantes,

Vendredi soir, les zozos d'Elektrophonie (une association bisontine ayant pour but la promotion et la diffusion de musiques électroniques et acousmatiques) produisait une création du norvégien Phonophani, diffusée en quadriphonie en la chapelle de Ronchamp, édifice conçu par Le Corbusier et se prettant donc bien au jeu proposé ici : après la diffusion d'oeuvres de Iannis Xenakis (6 pièces datant d'entre 1957 et 1971) dans l'après-midi, une version auditive et électronique du travail d'architecte était la bienvenue dans cet espace hors-norme.
Drine n'a pas adhéré, et j'avoue n'avoir été réellement séduit que sur une période précise du travail proposé ce soir là par Phonophani, mais une fois de plus l'expérience spatio-temporelle (car c'en était bien une) valait le déplacement ; fatigué et usé, j'oubliais quand même mon maudit téléphone portable dans la voiture du pote qui faisait le taxi : non pas que cela soit un drame en soi, mais le lendemain, j'avais besoin de ces instrument du diable !


Samedi matin, 8h30, départ en voiture pour Genève avec ma sympathique collègue Mandana au volant (ben ouais, j'ai pas le permis...), pour récupèrer Frederik Peeters qui devait dédicacer ses bouquins l'après-midi puis rencontrer son public à la librairie le soir venu. Le voyage en train aurait pris 2 fois plus de temps au minimum, et eut été bien galère.
Nous prenons donc Fred chez lui vers 11h, l'arrachons à sa très charmante petite famille, et une discussion en bagnole de 2h15 plus tard, attaquons un déjeuner bisontin pour finalement commencer la séance de dédicaces peu après 15h ; le public est au rendez-vous, c'est cool pour la lib mais c'est surtout cool tout court. 8)

Bon, pour celles et ceux qui seraient nés au 12ème siécle, Frederik Peeters symboliserait à lui tout seul le renouveau, le meilleur de la bande dessinée de ces dernières années, une énorme révélation pour beaucoup de lecteurs.

Pis que cela en ce qui me concerne : ce mec est probablement ce qui est arrivé de mieux dans la bande dessinée depuis la fin du siècle dernier, un repère artistico-temporel (première véritable balise : "Pilules Bleues", 2001).
Je peux pas m'empecher de sonner définitif sur ce point : cet auteur possède une énergie rare dans le dessin, dessin inspiré s'il en est... Il possède justement cette "intelligence" du dessin, cette vision globale qui lui permet de raconter une histoire toujours originale en optimisant au maximum le processus de narration au maximum de ses capacités, et ce de manière permanente.

En quelques livres, Peeters s'est inventé un language narratif qui pousse la bande dessinnée dans ses retranchements et par la même, dans une ère nouvelle, celle du mec qui a assimilé sans vergogne tout un pan de la littérature dessinée (et de la littérature tout court, et du cinéma, et des arts plastiques en général), pour restituer sans retenue, et sous une forme toute personnelle, une oeuvre subtile, progressiste et intelligente.
Il suffit de lire sa série "Lupus" et d'imaginer qu'il s'agit là d'écriture automatique non crayonnée, pour être forcément agacé par tant de maitrise.

Quand on aura dit qu'il a accompli tout cela avant même d'avoir 30 ans (ouais, il est encore bien jeune, le bougre), on peut comprendre l'engouement grandissant pour son travail, et l'enthousiasme que procure n'importe laquelle de ses lectures ; Frederik Peeters est la cîme de la bande dessinée européenne de ces 10 dernières années, sans l'ombre d'un doute ; son talent cotoie celui des plus grands, et sa proximité vous fait comprendre l'importance et la richesse intérieure de ce gugusse. Quand il s'entoure, ca relève du coup de génie : l'éditeur Atrabile est né de cela, entre autres, et continue d'éditer les oeuvres de cette petite famille artistique à l'identité rare, celle des Ibn Al Rabin, des Wazem, des Baladi...

Comme si ca ne suffisait pas, cet intarrisable veinard s'exprime de manière divine, du coup quand il parle, on l'écoute : c'est systématiquement convaincant, à tel point que c'en est parfois énervant... Frederik Peeters serait-il dénué de défauts ? Certes non : il fait partie de ces sinistres individus dont la culture gastronomique consiste à faire fondre du fromage à tort et à travers (le fromage fondu est une provocation pour mes sensibles narines, qui ne supportent que difficilement ce concept), et n'apprécie pas complètement les prouesses vocales du grand Léon Thomas. Sacrilèges ! 8)

Bref ; la sympathie et le respect que j'avais déjà pour lui auparavant (après la lecture de ses bouquins et quelques échanges par le passé) en sortent encore grandis, et le prosélytisme écharné que j'avais l'habitude de pratiquer à l'égard de son oeuvre va perdurer encore un bon moment...

Après la dédicace (qui dura bien au delà de la fermeture officielle de la librairie...), on trace prendre l'air (ainsi qu'un verre) du coté du Se7en et on commence à se demander combien de personnes feront le déplacement pour cette rencontre... Fred estime humblement qu'une grosse demi-douzaine de gens seraient de la partie, je relève le pari et arrivés à la librairie, vers 20h30, c'est une petite quarantaine de personnes qui attendent patiemment pour entrer. Pari doublement gagné, et j'en suis ravi : tout le temps passé à monter cette journée et à en faire la promotion ont donné leurs fruits.

Pendant 10 minutes, nous essayons de lancer le débat mais les gens continuent d'affluer, pour ma plus grande satisfaction. Finalement, nous finirons avec 50 personnes qui auront contribué à une discussion très instructive, passionnante, et très réussie ; je remercie d'ailleurs une fois encore celles et ceux qui lisent parfois ce blog et qui étaient de la partie, c'était cool, les gens !
La discussion fut très intéressante et Frederik Peeters parle de son oeuvre et de lui-même avec une passion et un engouement, une envie de partager et de communiquer, tout en restant d'une simplicité absolue... Impressionnant. Ca va pas briser mon coté "fan de base", tout ça.

Comme toutes les meilleurs choses ont une fin, vers 22h45 nous terminons la soirée par un pot ou absolument tout le monde me place un "c'était vraiment bien" qui me confirment que nous sommes dans le bon sens ; nous fermons la librairie (péniblement, avec des problèmes techniques de sécurité surveillée qui fait chier grave) et terminons tant bien que mal pour trouver un endroit ou grignoter quelque chose. Nous finissons à 8 ou 9, sommes nazes suite à cette journée somme toute fatiguante, et expédions le repas en parlant de billions de choses, pour finalement sortir vers 2h (j'imagine, car je ne me souviens plus trop) ; il faudrait que Fred reste une semaine pour qu'on ait l'impression de saisir un centième de ce qu'il est. Je finis par l'accompagner à l'hotel et remonte péniblement jusqu'à chez moi, seul (Drine étant partie du coté de chez elle pour récupèrer la bagnole qu'on utilisera demain pour ramener Fred chez lui).
Formidable journée.

Dimanche matin, Drine et moi récupérons Frederik à l'hotel et partons déjeuner en terrasse d'un restau un peu près digne de ce nom (personne n'aura digéré les plats de la veille au soir !), tout le monde semble satisfait du weekend ; Seul impératif pour notre auteur : être chez lui sur le coup des 17h ; nous prenons le temps de déjeuner en cette calme journée dominicale, puis partons pour Genève (2h15 de bagnole), pour le ramener tranquillement en temps, en heure, et en état. 8)
C'est presqu'avec un pincement au coeur que nous le laissons, lui et sa petite famille, pour reprendre la route ; j'ai du mal à remercier Fred pour ce temps précieux qu'il nous a fait partager, et j'espère qu'il aura apprécié autant qu'il l'a dit ce moment en notre compagnie. Nous sommes dimanche soir et j'ai déjà des SMS de potes lecteurs qui me disent qu'ils ont le sentiment d'avoir passé un moment précieux, d'une richesse extreme ; putain, il est fort ce Peeters. 8)

Drine et moi décidons d'aller marcher un peu sur les rives du lac de Genève avant de repartir (Fred habite à deux pas d'une très belle promenade), il fait beau, et nous repartons, un peu fourbus de cet excellente journée : du coup, en tant que copilote complètement à plat, je rate systématiquement toutes les bonnes routes et nous passons la frontière au pire endroit que nous pouvions, rallongant par la même notre voyage d'une bonne heure de route... On passe par une multitude de nouveaux endroits, et je me rends compte que je ne connais même pas les paysages du département limitrophe à mon coin natal. Avant d'arriver aux environs de Nantua ou d'Oyonnax, par exemple, ben ce sont de magnifique vallées encaissées, spécialement concues pour terrifier un claustrophobe ; c'est opressant à souhait et retrouver les zolis coins jurassiens m'auraient presque fait du bien.

Nous arrivons chez Manue (qui nous a preté sa bagnole), vers Baume les Dames, après 22h (on s'était quand meme arretés pour bouffer un morceau, profitant des derniers rayons de soleil), et on rate le dernier train qui pouvait nous ramener sur Besancon. Manue me demande ou Fred était assis dans la bagnole, pour ne pas nettoyer sa place : on retrouve vite nos cotés fans de base et on rigole comme des gros nazes qu'on est. 8)
On cause un peu avant que Manue et Alex nous ramènent donc à leur tour en bagnole, avec la gentillesse qui les caractèrise ; arrivés à la maison vers minuit bien tassés, Drine file au lit (elle, elle bosse demain) alors que je ne sais pas vraiment quoi faire : lire, gribouiller ? Je m'essaie à découper la petite histoire que je veux faire pour le troisième "L'Affaire du siècle tome cinq", mais ca ressemble à un énorme caca, et je froisse vite mes feuilles.

Certains, après une rencontre avec un auteur d'envergure, sortent plein d'une créativité décuplée, ils sont motivés et inspirés. Moi, c'est tout le contraire : constater le talent des autres ne me stimule pas à aller de l'avant, mais bien à maugréer dans ma barbe et à me plaindre de ma petitesse créative, de mon manque d'originalité, de mon manque de technique, d'idées, de maitrise...
"Ca se travaille !" diront certains.
Bien sûr, ca se travaille, forcément.
Mais je ne peux pas m'empecher de penser à la petite base innée de tout à chacun, qui n'est pas présente dans les mêmes proportions chez les uns que les autres ; Drine, par exemple, à énormément de talent et de maitrise graphique, pour moi. Elle pêche encore sur l'écriture de ses histoires et sur leur découpage, mais peut encrer ses dessins de multiples méthodes différentes, avec plein d'outils différents aussi, et en avancant dans le temps, elle comble ses manques, ses failles.
Moi, je stagne depuis que j'ai trouvé dans le dessin un truc qui me remplissait de je ne sais quoi ; j'avais une douzaine d'années à l'époque, et si je suis passé par des phases stériles pendant plusieurs mois, je n'ai jamais cessé de gribouiller. Force est de constater que l'évolution de mon imagination ou de mon écriture ont atteint leurs limites très tôt. 8)
Bref.
Après un weekend avec Fred Peeters, j'ai du mal à sortir quelque chose qui ne me satisfasse, même qu'à 10%, pas la peine de s'acharner.
Je vais retourner lire des grosses merdes, ca va peut être réveiller ma motivation... 8)

Allez hop ! Mercredi, One Self à Dijon, et je suis super content de revoir l'ami Vadim et sa douce Yarah. Vadim flirte enfin avec la reconnaissance qu'il mérite (y aurait-il une justice ?), et j'attends beaucoup de leur nouveau live, en espérant qu'il soit bien déjà rodé un minimum. BluRum sera là aussi, ca fait super longtemps que je l'ai pas vu et j'ai hâte. Petit trip à Dijon avec Drine, Cath, et Feet , Mitchum et Alex devraient être de la partie, on devrait même chopper Alcor : j'ai un truc sur lequel m'accrocher pour commencer ce début de semaine bien maussade...

/mode "bouhouhouh, je suis triiiiiiiste, ma vie est lamentable, injuste et je suis mauvais, je suis petit, je suis médiocre, c'est déguelasse, bouhouhouh" OFF. 8)

On air on RadioJune : que dalle. Pas envie.




DSCN3514, originally uploaded by jUne.

Merci à msieur Benjamin pour les quelques photos prises à l'issue de la rencontre : mon appareil ne donnera pas une seule des beeeeellles photos "prises" pendant celle-ci... chier.