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21 mai 2007

Holidaaaaayyyyy !

Pour fêter le premier jour de ces 15 jours de vacances qui débutent (la France qui se lève tôt, quoi), quoi de mieux qu'une mise à jour du blog ? Ca me donnera l'impression de faire quelque chose, pendant que les barbecues et que les périodes de glande intensive en terrasse se suivent, que les nombreuses lectures en cours n'avancent pas (il y a des périodes, que voulez-vous que je vous dise ?), bref, ca va m'aider à déculpabiliser devant cette productivité au ralenti qu'est ma vie...

Si je ne mets pas ce blog à jour, c'est probablement parce que je n'ai pas grand chose à raconter.
Je vous vois venir : le fait de n'avoir rien à dire ne m'empêchait pas de déblatèrer à loisir il n'y a encore pas très longtemps, je sais... Ces derniers jours, une sorte de morosité ambiante achevait de me persuader que j'avais d'autres choses à foutre que de poster des trucs ici bas.
Et puis en fait, non, alors me revoilà.

Plusieurs raisons à cette morosité, que dis-je, cette glauquitude : passons sur le changement de climat (il pleuvait des poutres alors que je tapais ces premiers mots hier), un peu près aussi enthousiasmant que le changement de président et de gouvernement. Il y a au moins un truc qu'on ne pourra pas reprocher à Notre Président Adoré A Nous Autres Français De France : la franchise avec laquelle le mec plante le décor, apâts putassiers, plantes vertes jetables, et sombres traîtres compris. Rarement le cynisme n'a été aussi grand, et nous n'en sommes qu'au balbutiement, même si la machine est sûrement très bien huilée, n'en doutons pas. Bref. Et drôle de sensation en voyant son faciès ruisselant de sueur (qui aurait loupé le jogging quotidien de Notre Président Adoré A Nous Autres Français De France ? Hein, qui ?) : celle de ne pas reconnaître le chef de l'état. Impossible, je n'arrive pas à m'y faire, et c'est pas faute de ne pas le savoir, pourtant... Mais non, j'y arrive pas. Bref.

Alors quoi de neuf ? Eh bien pas grand chose. Je joue au frisbee au soleil avec les copines et les copains, je bois de bières en terrasse, je garde les chats des copains qui partent en weekend... Et à ce sujet, je ne saurais que trop conseiller à leurs lecteurs de ne pas hésiter à s'inviter chez Nanss et Guigui : hier soir, c'était sushi pour tout le monde (la suite des aventures d'Oslo est toujours ici, sur autobiogriffue), et putain, il déchire ce Guigui.
En parlant d'Autobiogriffue, un super-méga-gros-big-up à mon homeboy Dampremy Jack, qui assure l'intérim de l'accompagnement musical d'Autobiogriffue : en plus d'être un des pires auteurs de bande dessinée que la Belgique ait jamais connu, le mec place en premier track de sa sélection l'immondissime Elvis (heureusement, il balance aussi Aretha, du Wilco, Amy Winehouse, et il chie sur Sufjan ; je l'aime bien, ce mec !). Impeccable pour accompagner la sortie d'une nouvelle démonstration de foutage de gueule édité chez Warum, et signé avec sa tendre moitié, l'intrépide et moustachu des genoux Marshall Joe. J'ai déjà eu l'occasion, maintes fois, de dire tout le bien que je pensais de cette sacrée grosse paire, souhaitons à celles et ceux qui n'ont pas encore succombé à la fièvre brussssseloise de découvrir eennnfffiiiin (mieux vaut tard que jamais) l'un des trucs les plus drôles de ces dernières années.



Et pour rester dans le sujet "Ah, ces stéphanois", il ne faudra pas louper de chopper le dernier album d'Angil & the Hiddentracks, "Oulipo Saliva", qui se paie le luxe d'associer savantes et multiples contraintes tout en demeurant tout simplement savoureux à l'écoute, sorte de pop-folk d'apres-demain, livrée avec quelques très justes remontées Anticoniennes. Quand j'aurais ajouté que le sus-mentionné Guillaume Long a signé la pochette et les "notes" du conséquent livret accompagnant cet album, j'aurais tout dit, alors voilà.

Pour rester dans les oreilles : après les annulations de dates du Retour du Boogie pour cause de fermeture intempestive de bar (RIP La Crèmerie...), des tonnes de bonnes nouvelles semblent arriver pour notre bande de joyeux drilles. Quelques dates à venir, tout d'abord :



- ce jeudi 24 mai, Zo et moi tâcherons de placer quelques minutes de Boogie lors de la Pod Bataille qui se tiendra au bar Le Cousty (rue de Dole à Besançon), dès 21h. Plein de teams apparemment aussi motivés les uns que les autres, ca peut être marrant...

- le jeudi 7 juin, au même Cousty, Le Retour du Boogie au grand complet, pour une soirée qu'on espère bien wildstyle.

- le lendemain, c'est à Lyon que ca se passe, au Boulevardier (dans le 1er arrondissement, près de l'église St-Nizier). Logiquement, nous y serons les 4, et on espère que nos copains lyonnais seront de la partie (appel du pied, appel du pied...).

- fin juin, une date dans un endroit encore musicalement inexploité au centre-ville de Besançon, mais on en reparlera d'ici là, et déjà quelques rendez-vous sur Chartres et Troyes, durant l'été. Quelques dates, quoi (consultez notre page pour les dernières dates...) !

Et pendant que j'y pense, que celles et ceux à qui je dois envoyer mon dernier petit mix ne s'affolent pas (vous commencez à me connaître, hein...), il se trouve que son enrobage devrait être encore plus beau que prévu, mais que cela va me prendre un tantinet plus de temps. Le contenu ? Oh, lui est bouclé depuis belle lurette, merci. Ca arrive, no panic.

Dans le registre "c'est le printemps, occupons-nous et sortons donc un peu", j'ai encore foiré le premier weekend d'inauguration du festoche de Chaumont, grrr.
Le 18ème Festival international de l'affiche et des arts graphiques de Chaumont a donc débuté le weekend-dernier, et jusqu'au 24 juin, et apparemment, une fois de plus, c'est du tout bon ; déjà, l'idée de voir une exposition sur l'oeuvre de Paul Rand, rien que ça...



Et puis apparemment, la grosse installation de Richard Niessen défonce aussi, ca fait donc deux bonnes raisons d'aller passer quelques heures du côté de la Haute-Marne...

Niveau lectures, j'ai bien rigolé (mais n'en avais-je pas déjà parlé ?) avec le salopage du "Above the clouds" de Jordan Crane, sorti chez Dargaud. Je m'étale pas parce qu'il me semble bien l'avoir déjà fait, mais putain, que c'est moche comparé à la version parue chez Fantagraphics il y a déjà quelques mois. Le temps passe, mais rien ne change, hein ; il paraitraît même que Crane a contribué à ce reformatage bien foireux. Si c'est vrai c'est à n'y rien comprendre.

Côté livres sans dessin, je suis dans une période Will Self ("Ainsi vivent les morts", c'est quand même pas mal du tout, merde), et j'y reviendrais (si, si) ; vous avais-je déjà parlé de Vladimir Pozner ? Incroyable. Cet auteur, traduit essentiellement chez Julliard, et dont j'avais déjà entendu maintes fois parler, est en train de me coller une fichue claque. Il faut absolument que j'arrête cette chiante habitude de creuser l'oeuvre d'un auteur qui m'a plu l'instant d'une lecture ; d'abord, parce que ca peut ne pas fonctionner à chaque fois (et ca semble assez légitime), ensuite parce que merde, j'ai plein d'autres trucs à lire. Dur.
Et puis sinon, les récréations avec Jorn Riel, c'est très bien aussi. Ca lave la tête, ca soulage les zygomatiques, bref, je suis en définitive assez client, décidément.
Et j'attend de mettre le nez dans la première biographie de Roland Topor. Ca aussi, ca devrait valoir des points.

Retour aux lectures avec des gribouilles dedans : "Antti Brysselissa", de Max de Radiguez, est un des ces très nombreux petits bouquins qui risquent de passer inaperçus, parce que publiés par une structure qui leur offrira une moins bonne promotion et une moindre mise en place en librairie qu'une collection Expresso ou, pire, KSTR. Néammoins, les belges de L'Employé du Moi, dont j'ai déjà bien des fois vanté les mérites, continuent sur leur lancée, celle de proposer des récits ancrés dans le réel, les deux pieds dans un quotidien dont il est de plus en plus difficile de tirer une moêle originale, ou un tantinet inédite.



Max de Radiguez, lui, a saisi les possibilités offertes par le médium bande dessinée, et ne s'encombre pas d'audaces scénaristiques poussives et réfléchies. Il ne raconte pas une histoire grandiose, mais la forme qu'il met en place lorgne quelque part du côté d'un John Porcellino un peu plus "soigné" (pour l'apparente simplicité du dessin), en un peu moins spontané, mais en presqu'aussi efficace. Une chouette petite histoire de rencontres et de découvertes, que j'avais loupé lors de sa parution online sur le site de L'Employé du Moi. Vivement la suite !

En parlant de KSTR, dont l'attitude marketting reste la plus belle rigolade de ces derniers mois (ex-aequo avec la-collection-32-de chez-qui-vous-savez), les premiers soupçons se confirment : un bel effet d'annonce pour une première salve franchement peu convaicante, et un peu près aussi rock'n'roll que ma grand-mère. Je resterai donc à me marrer devant les beaux bandeaux publicitaires balancés sur pas mal de sites pros : la base de données Electre, une des premières ressources online pour les professionnels du livre, se voit donc défigurée par de sordides bandes noires présentant KSTR comme un farouche et punkoïde éditeur... Mort de rire.
Allez, Bastien Vivès, s'il n'est pas le champion du dessin de lèvre (ni de nichons, d'ailleurs, ou alors on croise pas les mêmes filles), possède un chouette, vrai style propre ; ses mouvements, ses personnages sont très dynamiques, il y a une certaine classe dans l'évolution dans l'espace des filles et des garçons que l'on croise dans son "Elle(s)". L'histoire n'est pas inoubliable, là aussi on est dans les relations amoureuses, les rencontres ches de jeunes adultes, de nos jours, mais elle se lit sans difficulté. Non, la vraie qualité du bouquin, c'est son trait, son encrage (je ne suis pas à donf de sa colorisation) ; j'attendrai de prochains bouquins de ce jeune auteur plutôt prometteur pour me faire une idée...

Sylvain Chaumaz, lui, continue sur sa lancée de mini-road-trips hallucinés, et hallucinants. Celles et ceux qui se souviennent de la bruyante virée orchestrée dans le dernier (gros) collectif Bile Noire d'Atrabile, retrouveront avec plaisir son chauffeur impassible de personnage principal. Jubilatoire et rythmé, "Nationale 13" est une délicieuse petite Patte de Mouche (L'Association), enlevée et acide juste ce qu'il faut. C'est vachement bien, Sylvain Chaumaz !

Fabcaro, quand à lui, a crée sa franchise de vente par correspondance, et son premier catalogue est édité chez 6 Pieds sous Terre ; "La Bredoute" (oui, oui, vous avez bien lu), est une véritable ode à la consommation par voie postale, et les objets complètement dispensables qui y sont présentés deviennent, sous ses descriptifs tellement crétins, totalement désirables. C'est con comme la lune, mais on rigole beaucoup, et de bon coeur, devant le jusqu'auboutisme étalé ici.
Moins drôle, le drôle d'exercice de style présenté par Reiser (que je croyais mort, comme quoi, hein), dans la même collection Lépidoptère :



Rhôôôô c'est mal, tout ça... Avant de passer pour un encore plus gros con que je ne suis, vite, passer discrétement à quelque chose de plus sérieux... Tiens, le Frederik Peeters nouveau tant attendu est sorti !

Le premier tome de "RG" s'intitule "Riyad-sur-Seine", et la collaboration Pierre Dragon-Fred Peeters démarre sur les chapeaux de roue, pour autant qu'on apprécie le registre dans lequel on retrouve le genevois...
Bon, le polar, le noir, les histoires de flics, de filature, de surveillance, tout ça, je dois avouer, c'est pas trop ma came, à la base. Je sais, je sais, il y a des romans, des films, des tonnes d'exemples à citer pour me prouver qu'on ne peut généraliser ainsi, à l'emporte-pièce, que chaque genre cache des perles ; n'empêche que : jusqu'à maintenant, j'ai pas trouvé vraiment matière à m'enthousiasmer, c'est comme ça, le polar m'emballe pas.
Alors après, il y a bien des façons de faire, et c'est une fois de plus sur ce registre qu'on peut imaginer Peeters se décider à se coltiner avec le genre... Avec pléthore de détails, de précisions sur la manière de faire des superflics, les élèments s'installent et les non-évenements typiques de leurs vies s'enchaînent : entre l'expérience et les souvenirs de Pierre Dragon, et le savoir-faire de raconteur de Peeters, la matière ne devait pas manquer, et elle ne manque pas.
Reste le storytelling, là ou le suisse sait exceller ; et c'est bien grâce à cette savante manière de faire que le bouquin décolle véritablement, au delà de l'intérêt présenté par un "simple" polar... Et le dessin, le découpage, le rythme, tout roule, fluide, limpide, presque passionnant. Je dis "presque", parce que malgré son talent, les ficelles du récit, délibérement ancrées dans le réel et détachées de toute tentative d'extrapolation-entertainment-t'as-vu, ont un curieux goût de déjà-vu, déjà-lu, déjà-entendu... Et c'est bien la première fois qu'on aura pas l'impression de savourer quelque chose de sacrèment inédit signé du suisse, d'ailleurs. Opinion finale : un bon polar, voilà. Et l'étrange certitude que si cette rencontre avec Pierre Dragon s'était faite avec n'importe qui d'autre, on aurait un probable néo-polar contemporain dans les pattes. Au moins, c'est Peeters qui s'y est attelé, et c'est déjà ça.

Bon, tout ça c'est bien joli-joli, mais quand même : j'avance lentement mais sûrement dans les intégrales Peanuts de Schulz (en VO, faut pas déconner non plus, hein), et bordel, rien à dire. Les années passent, les personnages évoluent (même si l'essentiel était déjà posé dès les tout premiers strips, quoi qu'on en dise), et on touche bien souvent au génie. Comment ca, "rien de neuf" ? Ah bon, d'accord.

Ah, pour parler encore un peu de trucs pour les oreilles, la nouvelle édition du Tribu Festival de Dijon, toujours proposé par les infatigables de chez Zutique. Déjà le 9ème rendez-vous, depuis belle lurette incontournable (les dijonnais ne mesurent pas la chance qu'ils ont...), avec une affiche audacieuse, comme à l'accoutumée :
- mercredi 30 mai, l'anglais Anthony Joseph, still spreadin' the word, et bien accompagné (The Spasm Band), ainsi que le clarinettiste Denis Colin et la chanteuse Gwen Matthews, pour un probable très grand moment d'exploration de musique afro-américaine. Ca devrait vraiment être mortel, on en reparlera.
- jeudi 31 mai, la clique d'Antibalas (dont le dernier skeud vient de sortir chez Anti), back a La Vapeur, mais aussi Tumi & the Volume, groupe sud-africain oeuvrant dans un post-hip hop organique dont on dit énormément de bien (merci Tristan pour le tuyau, dedzousss), à checker donc. Et puis une création qui peut être mortelle aussi : la rencontre entre Eténèsh Wassié (une audacieuse chanteuse éthiopienne) et Le Tigre des Platanes, fameux quartet jazz pluri-instrumentiste. Ca aussi, ca peut être sacrèment bonnard.
- le vendredi 1er juin, sympathique entrée en matière pour les deux jours "Repérages Prague", les 7 et 8 juillet à Bibracte (Morvan) ; le samedi, gros programme imprégné de Maroc, avec une "déambulation" dans Dijon, et de multiples concerts ; et le dimanche 3 juin, jazz et musiques improvisées...
5 jours avec des concerts à partir de 3 euros pour certains, une affiche qui n'en finit pas défricher dans le sens des plus belles découvertes, eh ben les quelques jours sur Dijon se précisent, hein...

On air on radiojUne (bientôt également de retour sur Autobiogriffue, j'y travaille...) :
- La quarantaine de tracks issus de "Da 1st installment", de notre papounet à tous. Du bon gros Jay Dee, par petites tranches. Et comme d'habitude, si certains trucs ne sont pas inoubliables, quand même certaines programmations à tomber par terre.
- Bon, j'ai déjà parlé du "Oulipo Saliva" de Angil & the Hiddentracks, un peu plus haut...
- Hudson Mohawke continue de tout déchirer sur son passage. Cet espèce d'obscur écossais produit du beat cradingue et hypnotique, dense, rugueux, et super mental tout en pensant à tes pieds, alors toi aussi, jeune, va kiffer Mohawke. A noter qu'il y a quelques semaines, le lascar à proposé un petit mix radio pour BTS Radio, encore dispo online sur www.btsradio.net. Il y en a d'autres plus récents sur sa page myspace. Ouuuch !
- Bon, je suis désolé, mais ceux qui ont collé le second Tv On The Radio un peu trop vite sous leur premier album devrait prendre le temps de réécouter le truc. "Return to cookie mountain" est un putain de gros album, et puis c'est tout, nan mais.
- Et le français Debruit, qu'on pourrait par extension rattacher à la clique bleep hop décomplexée en plein essort des Flying Lotus, Fulgeance, et consorts (et dont le papa pourrait être Dilla, justement, et la maman, je sais pas, moi, Scott Heren ? Ou les Sa-Ra ? Bref, vous avez le topo), comment il va ? Eh ben il cogne bien tes tympans, et s'octroie parfois quelques aides précieuses, comme Eriks (de Meanest Man Contest, chez Plug Research), qui vient poser sur "Get Blum".
- Du copinage pur et dur, mais pour la bonne cause : "Bullshit" est un nouvel hymne en puissance proposé par Electrons Libres, et on espère que les petits projets qui tournent autour porteront leurs fruits (ya know who you are !), vite vite vite...

Allez, bonne semaine jeunes gens.
Portez-vous bien.

6 juin 2006

PISCINE COUVERTE, PEETERS FAIT DU POLAR, L'HOMME QUI S'EVADA.

Avec le retour du soleil, l'envie de ne rien faire d'autre que de s'étaler dans l'herbe. Et de profiter de ne rien foutre, parce que je sais pas pour vous, mais moi, y'a pas grand chose que j'aime davantage ; rien foutre, c'est vital, bordel.
Aaaah, ca faisait bien longtemps que je ne m'étais pas répandu sur ce territoire protestant riche en auteurs dignes d'intérêt, et que l'on appelle la Suisse.
Pendant qu'à l'heure où je parle, Martina Hingis et Roger Federer doivent probablement claquer des grosses baballes du côté de Roland Garros (ouais, je suis vraiment un putain de sportif, qu'est-ce que vous croyez), le gars Frederik Peeters travaille sur son prochain gros-oeuvre, un truc de plus de cent pages qui sortira dans la collection Bayou de Gallimard, dirigée par Sfar.
Ouais, le quatrième tome de Koma vient à peine de sortir que déjà, on a des news de "la suite"...
Suite qui verra Peeters s'attaquer à un domaine qu'il affectionne énormément : le noir, le polar, le truc qui sent bon le flic insomniaque et les impasses éclairées par un vieux réverbère... Bon, nous verrons bien pour l'ambiance, mais en tout cas, l'histoire de ce polar, situé dans le Paris contemporain, est le fruit de la rencontre entre Peeters et un "vrai" flic, le genre de mec agissant plutôt dans l'ombre et bien évidemment spécialiste des missions à la con, à tendance super-importante et probablement ultra-secrète.
Ultra-secret ? Toujours est-il que l'expérience du bonhomme a semble-t'il inspiré Peeters, et qu'au final, on aura droit à un scénario original monté en sauce sur quelques détails et pistes balancées par the flic himsef : l'histoire d'un keuf sûrement moins charismatique que la plupart des idéaux héros de polars 50's (chers à Peeters), moins classe que chez Melville et moins énervé que l'inspecteur Harry, mais probablement plus réaliste, Peeters tenant à pondre un truc moderne, un vrai polar contemporain.
Les flics ressembleront-ils davantage à Lee Marvin, à Jack Bauer, ou à Bogart, ça, il nous faudra attendre l'année prochaine pour le savoir... Miam !


=> Quelques lectures, vite fait :

- Reçu et lu le dernier "Piscine couverte" de Loïc Gaume (loic.gaume chez laposte point net), le quatrième (et carrément meilleur jusqu'à maintenant) petit truc qu'il auto-édite chaque mois. Entre la Franche-Comté et Bruxelles, Loïc raconte avec malice et subtilité sa vie d'étudiant noyé dans le graphisme et l'illustration, en coloc' dans une auberge espagnole, entre deux lectures de Jeffrey Brown et de Jochen Gerner (dont il a d'ailleurs été "l'élève" le temps d'un workshop restreint, mais apparemment marquant).
Je sais, je sais, je dis tout le temps du bien de ce mec ; peut-être parce que son style batard, le cul coincé entre la chaise de la narration lisible et celle de l'illustration minimale, correspond à une synthèse idéale de ce qu'un jeune auteur influencé (mais fort talentueux, l'un n'empêchant pas l'autre) peut proposer de plus personnel et abouti par les temps qui courent, ou certains styles, certaines manières de faire, se retrouvent d'un bouquin à l'autre, d'un blog à l'autre... Gaume fait du Gaume, de plus en plus. Et c'est de mieux en mieux.

- Super papier sur dj Hype dans le Knowledge #63 (jan 2006), ainsi que sur Mark Force, et de Wayne de Lo-Tek HiFi. Et puis plein de top 5 totalement superflus, donc carrément indispensables, eh eh eh. Thanks to my man Feet (je vais quand même pas me mettre à acheter des mags d'n'b, merde...). 8)

- Suis en train de finir "Une petite comédie" d'Arthur Schnitzler ; on en causera plus tard, de l'autrichien.

- "L'homme qui s'évada" de Laurent Maffre, d'après Albert Londres, prochaine grosse sortie de la collection bande dessinée d'Actes Sud.
"Au bagne" d'Albert Londres était un bouquin qui tenait du reportage (du témoignage ?), alors qu'en 1923, l'auteur était allé rencontrer Eugène Dieudonné, injustement condamné et détenu au bagne de Cayenne, dans des circonstances que je vous laisse découvrir si vous ne les connaissez pas déjà ; la suite, Londres la raconta dans "L'homme qui s'évada" : incroyable histoire que celle du destin de ce pauvre mec, ébeniste et anarchiste ayant eu la malchance de frayer quelque peu avec la fameuse bande à Bonnot.

D'abord, l'adaptation de cette histoire vécue par Maffre est une vraie réussite formelle. L'auteur s'empare du médium dans ce qu'il offre de plus large, et surprend dans sa narration, la ponctuant d'idées dans la mise en page (la mise en scène, plutôt !), et de changements de rythme, de vitesse de lecture.
Et de petites manières de faire pleines de charme, aussi :

maffre-04

Cela pourrait assommer et fatiguer à la longue, mais entre une histoire passionnante et une manière de la raconter carrément audacieuse, "L'homme qui s'évada" est tout simplement un superbe bouquin. Une vraie science dans le découpage du texte, dans la manière de distiller dialogues et descriptions, sans oublier un seul instant les capacités d'évocation inhérentes au médium bande dessinée. La classe.
Bien sûr, le dessin évoque bien des choses : Maffre lorgne du côté de Tardi (on peut difficilement penser différemment, en tout cas d'après moi), pour ne citer que la première impression venue à l'ouverture du bouquin (et contrairement à ce que pouvait supposer la couverture, magnifique au passage).
Passant d'un pinceau à l'autre, utilisant également la plume et la brosse, l'auteur s'applique à communiquer son envie de remuer la lecture, jusque dans le choix de son outil de travail ; mais l'esprit de Tardi, doublement présent de par l'idéologie politique du récit, plane inévitablement sur les 130 pages du bouquin.
Ce qui n'est pas un défaut, dans le sens ou l'inspiration est autrement plus digérable que le plagiat, hein.
Non, le seul "vrai défaut" qui me vient à l'esprit serait éventuellement cette utilisation d'une seconde couleur totalement superflue, celle d'un gris qui ne valorise pas forcément le trait noir et sûr du bonhomme ; quelques sélections, quelques remplissages, quelques usages de ce gris, rien de réellement foiré, mais rien de très indispensable non plus.
Voilà pour le truc éventuellement chagrinant ; ca fait peu ? C'est normal, j'en ai pas véritablement trouvé d'autres. Un auteur comme Maffre mérite d'être encouragé dans sa démarche, osée, mais sans jamais tomber dans le purement démonstratif. Sa manière de mettre en page est vraiment maitrisée, inventive, et sert réellement l'histoire. Et cette histoire vaut vraiment la peine d'être lue.

Hors-sujet-mais-pas-tant-que-ça : une fois n'est pas coutume, dans une époque ou tout le monde fait son lettrage à l'ordi comme moi je coupe le pain à la main (parce que ca va plus vite), il faut citer les rares bouquins correctement lettrés, agréables à lire, au sens premier du terme ; faites les comptes, vous verrez, y'en à pas tant que ça. Plus généralement, le lettrage des ouvrages des éditeurs alternatifs sont bien évidemment autrement plus soignés, plus originaux que ceux des "gros", c'est un fait (ok, le "Jimmy Corrigan" de Ware chez Delcourt étant l'exception qui confirme la régle) (et la récente traduction "Tue-moi à en crever" de Lapham, chez les mêmes, l'exemple parfait du truc dégueu).

Exemple : je ne sais pas à quoi ressemblent les lettrages originaux de Gipi, mais j'ai tendance à penser qu'une fonte numérique applatit le caractère d'un bouquin. A ce titre, après le néammoins excellent "Notes pour une histoire de guerre" sorti chez Actes Sud, les autres éditeurs auraient pu reconsidérer l'utilisation d'une police ordi, même créée pour l'occasion comme cela semble être le cas, comme stipulé dans "Le local" (chez Gallimard). "Extérieur nuit", pour moi le meilleur ouvrage de Gipi à ce jour (et paru chez Vertige Graphic), méritait, je crois, un lettrage manuel. Bon, un magnifique bouquin reste un magnifique bouquin, ok, "maaaaiiiiiis"...
Le lettrage à l'ordi en bande dessinée, à l'instar de la colorisation, c'est un vrai petit fléau. Combien de bouquins dépossédés de la fluidité naturelle, de la spontanéité offerte à leur lecture, par la faute d'un lettrage fait à l'ordi, tuant toute expressivité... Parfois, cela fonctionne. Et certains lettrages traditionnels sont aussi foireux qu'à l'ordi, également. Bref. Tout ça pour dire qu'un bouquin bien lettré, c'est vachement cool.
Bon, où j'en étais, moi ? 8)

=> Ce mardi soir, dès 18h30, à l'Atelier de Photographie (Besançon), rencontre avec Thierry Pech, le directeur de la revue "La vie des idées", et secrétaire général de la République des idées, et avec Martin Hirch, président d'Emmaüs France et de l'agence nouvelle des solidarités actives.
Petit compte-rendu éventuellement dans les jours qui viennent...

=> Dan Clowes interview & reading from "The Secret of Drawing" 14 min, 52 MB .mov file.

=> Dernière piqûre de rappel :

LiltripPolychromeTour

Akroe et Krsn et leur dernier bouquin ce vendredi après-midi, et le soir, heavy soirée avec dj Rokea, Krsn, Feetwan, moi-même et surtout Tacteel. A l'Asylum, Besançon ; viendez tôt !

=> Once again, thanks meussieur Ease :

et pendant qu'on y est, 30 secondes de votre précieux temps à différencier l'originale et la copie (lien gracieusement refourgué à nos ami(e)s graphistes).


=> On air on jUne Radio :
- "Bongo rock", par l'Incredible Bongo Band, un album enfin dispo à nouveau (thanks Mr Bongo), avec "satisfaction", "apache", et plein d'autres pépites.
- Eh ben voilà, il suffisait de demander. "The Life Aquatic - Exclusives Studio Sessions", du bien perché Seu Jorge, ou comment réinventer Bowie et se rendre compte, finalement, quand même, qu'il à écrit de bien belles choses, ce Bowie ! Sorti chez Emi.
- "Funk doubistes" et "Bestown state of mind", mais j'aurais pu aussi bien citer tous les titres de la démo (à tomber par terre, au passage) proposée par Electrons Libres, une des très très rares coallitions françaises à pondre un hip hop intelligent, intelligible, et carrément frais. La production est terriblement riche et inspirée, la résultat détonne. "Le rap est mort, vive le rap", comme ils disent ; c'est un bien joli zombie qu'ils nous agitent là... (à checker notamment sur myspace).
- Je pense pas que "With voices" du duo AmmonContact soit leur best truc ever, mais ca reste simplement excellent (et chez Ninja) ; et puis quelques collaborations plutot réussies, avec notamment Dwight Trible (bon, c'est pas une surprise), Sach from The Nonce, Daedelus, Cut Chemist, Yussef Lateef, et même Prince Po. Slurp.
- Quasimode "Oneself likeness", chez Raw Fusion. J'ai pas dit Quasimoto, hein ! Même si Quas, ca déchire, hein... Bref. Quasimode. Very modern jazz. Japon. Quartet. Superbe.
- Gum Drop "Hi-falutin" (Altered Vibes), l'énième projet de Rob Mac, est clairement un des trucs les plus excitants de l'année. C'est carrément bancal par moment, mais son mélange d'électronique super-hi-tech de traviole, d'inspiration parfois très soul, et de hip hop comme base absolue, fonctionne carrément bien par mes oreilles.
- Dave Bailey Quintet "Reachin' out" (Jazzline). On en causera plus tard.
- La plus belle pochette de l'année est peut-être bien celle du "Slow broiled ilk" des Foreign Beggars avec OhNo et Dubbledge (Casual/Dented) ; en plus d'être un excellent maxi avec du vrai bon hip hop dessus, même si peu surprenant, son enrobage est carrément chouettosse.



Allez hop, c'est tout.
A plus tard, peut-être.

6 juin 2005

CONSTELLATION.



lupus01planchesA, originally uploaded by jUne.

Comme dirait l'ami JB : néant... vide... rien... n'aie envie de rien.
Il est 2 heures du matin et je retrouve donc ces moments dégueus où mon incapacité chronique à trouver la motivation après des instants magiques se rappelle à mon bon souvenir.
Certains, après avoir pris un truc dans la tronche (gros concert, grosse lecture, grosse rencontre), foncent oeuvrer dans leur coin, et recrachent toute l'énergie qu'ils auront su absorber de moments forts ; moi, c'est tout le contraire. Si j'en raffole d'envie, si j'adorerais m'inclure dans ce tas, force est de constater que je ne fais pas partie de ces chanceux-là.

J'ai passé un excessivement bon weekend, riche en moments forts et en instants précieux, le genre de matière première qui, ado, m'ordonnaient de me ruer sur mon ordi, sur ma planche à dessin ou sur quoique ce soit qui pouvait me purger de ce trop plein d'énergie. Aujourd'hui ? Je suis vide, ko, et je suis l'improductif parmi les improductifs, le blasé parmi les blasés, le fatigué parmi les feignasses...

Foin d'états d'âme à deux boules, qui de toutes façons n'interresseront personne et même pas moi, d'ailleurs ; rester le nez sur son caca finit par donner envie de s'endormir, et autant ne pas finir la tronche dedans...

La fin de semaine avait bien commencé : jeudi soir, après un passage en terrasse bisontine avec une clique de sympathiques camarades qui m'ont fait passer un très bon moment, je réintégrais mes pénates pour gribouiller à quelques trucs divers, crevé mais motivé.

Vendredi, jour de congé, mais pas de repos pour autant : continué à gribouiller en savourant en alternance par les oreilles quelques pépites ressorties pour l'occasion, lecture de diverses nouveautés :

- "Je ne t'aime pas mais..." de Firmin Solis (6 Pieds sous terre éditions), une tranche autobio pas très interressante, bien écrite mais assez chiante, au dessin maitrisé mais sans surprises aucunes, très dispensable.

- "Ministère de l'espace" de Warren Ellis et Chris Weston, la version française de la mini série publiée en 2004 chez Image : comme à l'accoutumée, pas mal d'idées à la page grâce à mr Ellis, mais une histoire somme toute assez linéaire et plate, le tout servi par le dessin maitrisé mais statique et bien trop cinématographique de Weston : déception,

- la première fournée des "Le mois de..." initiée par Le Groinge : un auteur remplit un carnet, jour par jour, sur la durée d'un mois prédéfini ; 12 auteurs se succèderont sur 1 an, et la première série débute sur un "mois de Janvier" rédigé à 4 mains par Otto T. et Choi JuhYun (chacun une face de page), ensemble dans la vie et dans ce carnet agréable à lire (l'écriture et le dessin de Otto T. m'ont toujours plu) ; Alex Baladi prend le relais sur Février, et c'est toute la richesse de ce mec hors du commun qui se met en branle de manière totalement renversante, une fois de plus : ses doutes existentiels sont crédibles et on frémit pour lui, ses moments de joie nous remplissent de bonheur. Baladi est formidable, et ceux qui le savent gardent secrétement cet auteur précieux au fond de leur coffre-fort ; ce carnet n'est probablement pas son oeuvre ultime (ce n'est pas le but de la manoeuvre non plus), mais un très bon moment de spontanéités créatives partagées avec nous. Enfin, BSK nous pond quelques tranches de gentille poésie imagée sur son mois de Mars, pas renversant mais fort sympathique au demeurant.

- "Supermurgeman" (tome 2 : La menace communiste) de Mathieu Sapin, plus drôle que le premier, mieux conçu et plus régulier, mieux construit,

- "Inside Moebius "tome 1)", ou comment un génie de la bande dessinée se perd lui-même dans une mise en images de considérations pompeuses et pompantes,

Vendredi soir, les zozos d'Elektrophonie (une association bisontine ayant pour but la promotion et la diffusion de musiques électroniques et acousmatiques) produisait une création du norvégien Phonophani, diffusée en quadriphonie en la chapelle de Ronchamp, édifice conçu par Le Corbusier et se prettant donc bien au jeu proposé ici : après la diffusion d'oeuvres de Iannis Xenakis (6 pièces datant d'entre 1957 et 1971) dans l'après-midi, une version auditive et électronique du travail d'architecte était la bienvenue dans cet espace hors-norme.
Drine n'a pas adhéré, et j'avoue n'avoir été réellement séduit que sur une période précise du travail proposé ce soir là par Phonophani, mais une fois de plus l'expérience spatio-temporelle (car c'en était bien une) valait le déplacement ; fatigué et usé, j'oubliais quand même mon maudit téléphone portable dans la voiture du pote qui faisait le taxi : non pas que cela soit un drame en soi, mais le lendemain, j'avais besoin de ces instrument du diable !


Samedi matin, 8h30, départ en voiture pour Genève avec ma sympathique collègue Mandana au volant (ben ouais, j'ai pas le permis...), pour récupèrer Frederik Peeters qui devait dédicacer ses bouquins l'après-midi puis rencontrer son public à la librairie le soir venu. Le voyage en train aurait pris 2 fois plus de temps au minimum, et eut été bien galère.
Nous prenons donc Fred chez lui vers 11h, l'arrachons à sa très charmante petite famille, et une discussion en bagnole de 2h15 plus tard, attaquons un déjeuner bisontin pour finalement commencer la séance de dédicaces peu après 15h ; le public est au rendez-vous, c'est cool pour la lib mais c'est surtout cool tout court. 8)

Bon, pour celles et ceux qui seraient nés au 12ème siécle, Frederik Peeters symboliserait à lui tout seul le renouveau, le meilleur de la bande dessinée de ces dernières années, une énorme révélation pour beaucoup de lecteurs.

Pis que cela en ce qui me concerne : ce mec est probablement ce qui est arrivé de mieux dans la bande dessinée depuis la fin du siècle dernier, un repère artistico-temporel (première véritable balise : "Pilules Bleues", 2001).
Je peux pas m'empecher de sonner définitif sur ce point : cet auteur possède une énergie rare dans le dessin, dessin inspiré s'il en est... Il possède justement cette "intelligence" du dessin, cette vision globale qui lui permet de raconter une histoire toujours originale en optimisant au maximum le processus de narration au maximum de ses capacités, et ce de manière permanente.

En quelques livres, Peeters s'est inventé un language narratif qui pousse la bande dessinnée dans ses retranchements et par la même, dans une ère nouvelle, celle du mec qui a assimilé sans vergogne tout un pan de la littérature dessinée (et de la littérature tout court, et du cinéma, et des arts plastiques en général), pour restituer sans retenue, et sous une forme toute personnelle, une oeuvre subtile, progressiste et intelligente.
Il suffit de lire sa série "Lupus" et d'imaginer qu'il s'agit là d'écriture automatique non crayonnée, pour être forcément agacé par tant de maitrise.

Quand on aura dit qu'il a accompli tout cela avant même d'avoir 30 ans (ouais, il est encore bien jeune, le bougre), on peut comprendre l'engouement grandissant pour son travail, et l'enthousiasme que procure n'importe laquelle de ses lectures ; Frederik Peeters est la cîme de la bande dessinée européenne de ces 10 dernières années, sans l'ombre d'un doute ; son talent cotoie celui des plus grands, et sa proximité vous fait comprendre l'importance et la richesse intérieure de ce gugusse. Quand il s'entoure, ca relève du coup de génie : l'éditeur Atrabile est né de cela, entre autres, et continue d'éditer les oeuvres de cette petite famille artistique à l'identité rare, celle des Ibn Al Rabin, des Wazem, des Baladi...

Comme si ca ne suffisait pas, cet intarrisable veinard s'exprime de manière divine, du coup quand il parle, on l'écoute : c'est systématiquement convaincant, à tel point que c'en est parfois énervant... Frederik Peeters serait-il dénué de défauts ? Certes non : il fait partie de ces sinistres individus dont la culture gastronomique consiste à faire fondre du fromage à tort et à travers (le fromage fondu est une provocation pour mes sensibles narines, qui ne supportent que difficilement ce concept), et n'apprécie pas complètement les prouesses vocales du grand Léon Thomas. Sacrilèges ! 8)

Bref ; la sympathie et le respect que j'avais déjà pour lui auparavant (après la lecture de ses bouquins et quelques échanges par le passé) en sortent encore grandis, et le prosélytisme écharné que j'avais l'habitude de pratiquer à l'égard de son oeuvre va perdurer encore un bon moment...

Après la dédicace (qui dura bien au delà de la fermeture officielle de la librairie...), on trace prendre l'air (ainsi qu'un verre) du coté du Se7en et on commence à se demander combien de personnes feront le déplacement pour cette rencontre... Fred estime humblement qu'une grosse demi-douzaine de gens seraient de la partie, je relève le pari et arrivés à la librairie, vers 20h30, c'est une petite quarantaine de personnes qui attendent patiemment pour entrer. Pari doublement gagné, et j'en suis ravi : tout le temps passé à monter cette journée et à en faire la promotion ont donné leurs fruits.

Pendant 10 minutes, nous essayons de lancer le débat mais les gens continuent d'affluer, pour ma plus grande satisfaction. Finalement, nous finirons avec 50 personnes qui auront contribué à une discussion très instructive, passionnante, et très réussie ; je remercie d'ailleurs une fois encore celles et ceux qui lisent parfois ce blog et qui étaient de la partie, c'était cool, les gens !
La discussion fut très intéressante et Frederik Peeters parle de son oeuvre et de lui-même avec une passion et un engouement, une envie de partager et de communiquer, tout en restant d'une simplicité absolue... Impressionnant. Ca va pas briser mon coté "fan de base", tout ça.

Comme toutes les meilleurs choses ont une fin, vers 22h45 nous terminons la soirée par un pot ou absolument tout le monde me place un "c'était vraiment bien" qui me confirment que nous sommes dans le bon sens ; nous fermons la librairie (péniblement, avec des problèmes techniques de sécurité surveillée qui fait chier grave) et terminons tant bien que mal pour trouver un endroit ou grignoter quelque chose. Nous finissons à 8 ou 9, sommes nazes suite à cette journée somme toute fatiguante, et expédions le repas en parlant de billions de choses, pour finalement sortir vers 2h (j'imagine, car je ne me souviens plus trop) ; il faudrait que Fred reste une semaine pour qu'on ait l'impression de saisir un centième de ce qu'il est. Je finis par l'accompagner à l'hotel et remonte péniblement jusqu'à chez moi, seul (Drine étant partie du coté de chez elle pour récupèrer la bagnole qu'on utilisera demain pour ramener Fred chez lui).
Formidable journée.

Dimanche matin, Drine et moi récupérons Frederik à l'hotel et partons déjeuner en terrasse d'un restau un peu près digne de ce nom (personne n'aura digéré les plats de la veille au soir !), tout le monde semble satisfait du weekend ; Seul impératif pour notre auteur : être chez lui sur le coup des 17h ; nous prenons le temps de déjeuner en cette calme journée dominicale, puis partons pour Genève (2h15 de bagnole), pour le ramener tranquillement en temps, en heure, et en état. 8)
C'est presqu'avec un pincement au coeur que nous le laissons, lui et sa petite famille, pour reprendre la route ; j'ai du mal à remercier Fred pour ce temps précieux qu'il nous a fait partager, et j'espère qu'il aura apprécié autant qu'il l'a dit ce moment en notre compagnie. Nous sommes dimanche soir et j'ai déjà des SMS de potes lecteurs qui me disent qu'ils ont le sentiment d'avoir passé un moment précieux, d'une richesse extreme ; putain, il est fort ce Peeters. 8)

Drine et moi décidons d'aller marcher un peu sur les rives du lac de Genève avant de repartir (Fred habite à deux pas d'une très belle promenade), il fait beau, et nous repartons, un peu fourbus de cet excellente journée : du coup, en tant que copilote complètement à plat, je rate systématiquement toutes les bonnes routes et nous passons la frontière au pire endroit que nous pouvions, rallongant par la même notre voyage d'une bonne heure de route... On passe par une multitude de nouveaux endroits, et je me rends compte que je ne connais même pas les paysages du département limitrophe à mon coin natal. Avant d'arriver aux environs de Nantua ou d'Oyonnax, par exemple, ben ce sont de magnifique vallées encaissées, spécialement concues pour terrifier un claustrophobe ; c'est opressant à souhait et retrouver les zolis coins jurassiens m'auraient presque fait du bien.

Nous arrivons chez Manue (qui nous a preté sa bagnole), vers Baume les Dames, après 22h (on s'était quand meme arretés pour bouffer un morceau, profitant des derniers rayons de soleil), et on rate le dernier train qui pouvait nous ramener sur Besancon. Manue me demande ou Fred était assis dans la bagnole, pour ne pas nettoyer sa place : on retrouve vite nos cotés fans de base et on rigole comme des gros nazes qu'on est. 8)
On cause un peu avant que Manue et Alex nous ramènent donc à leur tour en bagnole, avec la gentillesse qui les caractèrise ; arrivés à la maison vers minuit bien tassés, Drine file au lit (elle, elle bosse demain) alors que je ne sais pas vraiment quoi faire : lire, gribouiller ? Je m'essaie à découper la petite histoire que je veux faire pour le troisième "L'Affaire du siècle tome cinq", mais ca ressemble à un énorme caca, et je froisse vite mes feuilles.

Certains, après une rencontre avec un auteur d'envergure, sortent plein d'une créativité décuplée, ils sont motivés et inspirés. Moi, c'est tout le contraire : constater le talent des autres ne me stimule pas à aller de l'avant, mais bien à maugréer dans ma barbe et à me plaindre de ma petitesse créative, de mon manque d'originalité, de mon manque de technique, d'idées, de maitrise...
"Ca se travaille !" diront certains.
Bien sûr, ca se travaille, forcément.
Mais je ne peux pas m'empecher de penser à la petite base innée de tout à chacun, qui n'est pas présente dans les mêmes proportions chez les uns que les autres ; Drine, par exemple, à énormément de talent et de maitrise graphique, pour moi. Elle pêche encore sur l'écriture de ses histoires et sur leur découpage, mais peut encrer ses dessins de multiples méthodes différentes, avec plein d'outils différents aussi, et en avancant dans le temps, elle comble ses manques, ses failles.
Moi, je stagne depuis que j'ai trouvé dans le dessin un truc qui me remplissait de je ne sais quoi ; j'avais une douzaine d'années à l'époque, et si je suis passé par des phases stériles pendant plusieurs mois, je n'ai jamais cessé de gribouiller. Force est de constater que l'évolution de mon imagination ou de mon écriture ont atteint leurs limites très tôt. 8)
Bref.
Après un weekend avec Fred Peeters, j'ai du mal à sortir quelque chose qui ne me satisfasse, même qu'à 10%, pas la peine de s'acharner.
Je vais retourner lire des grosses merdes, ca va peut être réveiller ma motivation... 8)

Allez hop ! Mercredi, One Self à Dijon, et je suis super content de revoir l'ami Vadim et sa douce Yarah. Vadim flirte enfin avec la reconnaissance qu'il mérite (y aurait-il une justice ?), et j'attends beaucoup de leur nouveau live, en espérant qu'il soit bien déjà rodé un minimum. BluRum sera là aussi, ca fait super longtemps que je l'ai pas vu et j'ai hâte. Petit trip à Dijon avec Drine, Cath, et Feet , Mitchum et Alex devraient être de la partie, on devrait même chopper Alcor : j'ai un truc sur lequel m'accrocher pour commencer ce début de semaine bien maussade...

/mode "bouhouhouh, je suis triiiiiiiste, ma vie est lamentable, injuste et je suis mauvais, je suis petit, je suis médiocre, c'est déguelasse, bouhouhouh" OFF. 8)

On air on RadioJune : que dalle. Pas envie.




DSCN3514, originally uploaded by jUne.

Merci à msieur Benjamin pour les quelques photos prises à l'issue de la rencontre : mon appareil ne donnera pas une seule des beeeeellles photos "prises" pendant celle-ci... chier.