Affichage des articles dont le libellé est groinge. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est groinge. Afficher tous les articles

10 octobre 2005

OCTOBRE GRIS.

...alors on va lui ajouter de la couleur, à cette enflure : la bande son idéale d'un weekend d'octobre ensoleillé, ce qui, il faut bien l'admettre, fait quand même vachement du bien : Patrick Forge et son radioshow hebdomadaire disponible en archives sur Kiss100.com.

==> Hardcore, la fin de semaine ! Bon, pas aussi hardcore que la manière dont s'est fait calmer ce pauvre mec par la milice de New orleans... Une nouvelle affaire Rodney King ? Pendant qu'on se hérisse devant la bavure américaine, cette vieille pute de Sarko à le champ libre pour truander.

Alors que tout le komité éditorial de "L'affaire du siècle tome 5" (Bob la loutre et moi-même, quoi) galèrait sur un bouclage douloureux depuis le début de semaine, visite d'Howard, back from Tokyo et avec une coupe de cheveux presque potable, puis d'Edouard le jeudi soir, suffisamment cool pour que je loupe une conférence donnée par l'auteur de "De New York à Coruscant" à la librairie... bah, c'est pas si souvent qu'on a la chance d'avoir cette crevure suisse dans le secteur, fallait en profiter...

Ed est reparti vendredi après-midi, ou j'ai retrouvé de joyeux lascars (Bob la loutre, Jérémy Jorandon, Tortotte) avec qui nous avons commencé à assembler le numéro 8 du zine, puis le vendredi soir, direction Antibalas au Noumatrouff de Mulhouse (thanks again msieur Jérôme), avec Alex et son crew ; once again, un super concert, et une bonne gueule dans le cul pour reprendre le taf le lendemain matin, quand même.

Le samedi soir, pendant que certains devaient retourner les caves d'Arbois puis les murs bisontins à grand coup d'Alien, je tombe comme une merde devant "Maria pleine de grâce" et ma pizza ; d'après Drine, film plutot pas mal, bonne actrice principale, mais pas aussi sombre et glauque que ce qu'on en avait lu.

Dimanche, coma à la maison : lecture de quelques bouquins entamés mais pas finis ("Shirker" de Chad Taylor chez 10-18, très bon pour le moment, relecture de vieux Mazzuchelli), le tout en réécoutant de vieilles saloperies de chez CTI, puis ménage (avec un "vieux" Bola en fond sonore), et thé au soleil, dehors, à regarder le soleil dans les branchages, jusqu'à l'arrivée de Cath et Alcor (de retour de Suisse), cool moment aussi, ça, hein... Doudou, kokore, j'en ai un peu marre de vous voir en coup de vent à chaque fois, faut qu'on se cale une bouffe, bordel. 8)

Nous sommes lundi matin et je tape ces mots à presque midi, tout en trempant mes tartines de pain grillé et noyé sous une tonne de miel des Landes dans du lait froid ; il fait beau et je bosse pas, quel pied...

==> L'institut Finlandais de Paname va avoir du pain sur la planche dans les semaines à venir ; d'abord, des ateliers réservés au jeune public, mais ou il sera de bon ton de se pointer encagoulé et en Petit Bateau, tant le programme est alléchant : "Otokka !", ou comment les finlandais font leur cinéma, est le fil rouge d'une série d'ateliers qui auront lieu chaque mercredi entre 14h et 16h (environ), du 28 septembre au 14 décembre 2005, avec, entre autres : une expo d'Arnu Tuominen, une grammaire de l'image, des ateliers d'impro...

Puis en janvier, les finnois sont invités au Festival International de la Bande dessinée d'Angoulême, qui fait parler de lui ces derniers temps : il semblerait que ca soit la merde en Charente, surtout matériellement (délocalisation des pôles principaux du festoche, genre on envoie la bulle fanzine à perpète, notamment)...

Espérons que le roster d'artistes finnois soit de qualité, c'est pas ca qui manque la-bas, hein.
La finlande, c'est sympa.

==> Le huitième numéro de "L'affaire du siècle tome 5" a paru, il comporte en ses pages toute la clique habituelle, avec en guest mister nice guy himself, aka Namrepus, aka Dolph, qui nous a fait une super jolie petite couverture. Pour se procurer cet exemplaire, comme d'hab, of course ; et laissez un commentaire si vous ne connaissez pas la méthode, on verra ce qu'on peut faire, uh uh uh.

Au passage, bonne chance à Dolph qui prépare ce mois-ci sa contribution à la série des "le mois de..." proposée et éditée au Groinge, éditeur spécialisé dans les petites initiatives carrément valables ; Alex Baladi, Lénon, Otto T & Choi Juhyun, Jean-Paul Jennequin, BSK, et Fafé, entre autres, ont proposé chacun un petit ouvrage à l'italienne réalisé sur une période d'un mois, et au final ca donne un bon panorama offert par de jeunes talents confirmés ou pas, à soutenir (rappelons que Le Groinge est un petit éditeur qui rame dur en ces temps hardcore pour l'édition), auquel viendra donc s'ajouter "le mois d'octobre de Dolph". Bonne chance, copain ! 8)



laffaire8, originally uploaded by jUne.



==> Alors que la scène graffiti internationale reste quand même principalement un gros conglomérat de brilliants techniciens forcément repompeurs (au mieux) ou de spray-can artists en gros manque d'originalité (au pire), il y a fort heureusement pas mal de gens qui continuent de creuser sur le bord de la route, de s'éloigner des lettrages super chiants ou des persos cent fois déjà peints, de s'avancer plus profondément dans l'audace et dans la réelle création ; évidemment, des voix se sont élevées et s'éléveront toujours face à "ces usurpateurs qui n'ont rien compris et qui ont emporté la peinture urbaine dans les musées" (alors que la seule voix à suivre, selon ces rétrogrades conservateurs, serait de rester dans les terrains vagues, dans les dépots de la sncf, ou dans la rue, tout simplement).

Balayons du revers de la main ces casse-couilles notoires, ces puristes coincés, et apprécions le travail de gens qui méritent qu'on se penche dessus, et qui, selon, donnent dans le classicisme relevé d'un soupçon de fraicheur, ou expérimentent ouvertement (qu'importe le flacon...) : des gens comme Gorey, Fake, Oste, Gomes, Boe, Hanem, Ogre, Stak, Honet, Horfé (le nouveau O'Clock ? à Paname, il est chaud, le garçon...), Akroe, WK int., Brusk, Banksy, et bien d'autres... ce qui rapproche le graffiti de biens autres domaines de création, de la musique à la bande dessinée, pour ne parler que de ce dans lequel j'arrive personnelement à trouver bien du bonheur... Et en parlant de s'y retrouver, monsieur KRSN vient d'entrer dans la petite collection qui va bien ("design&designers", proposée par les éditions Pyramyd (les gens qui éditent notamment Etapes Graphiques, entre autres), en même temps que le duo londonien Insect, par exemple.


krsn08, originally uploaded by jUne.


La préface du bouquin cite Burns et Blanquet, notamment, et les amateurs de ces deux géniaux auteurs devraient effectivement se retrouver dans l'approche plastique de KRSN ; les techniques utilisées, les médiums triturés, les méthodes de KRSN sont diverses et variées, et on sent bien que de laisser ce zozo dans la case post-graff artist serait criminel. Qu'elle soit reproduite au trichlo sur du papier de soie ou réalisée au stylo bille sur du papier autocollant (en passant par quelques coups de bombes parce que bon, quand même...), l'illustration chez KRSN n'est pas simplement omniprésente, elle est la moelle épinière de son travail ; 120 pages de réussites graphiques dans un petit bouquin à 13 euros, ca peut être un coup de frais chez les amateurs de jolis dessins et de beaux traits qui ne savent plus ou donner de la tête avec la pléthore de bouquins qui envahissent les rayonnages ces derniers temps...

A poser sur votre jolie étagère ikéa, juste à côté du bouquin de la même collection consacré à Akroe, d'ailleurs partenaire de jeu de KRSN (chacun d'entre eux trouve un écho spontané et évident chez l'autre, et d'ailleurs certaines de leurs plus jolies pièces ont été réalisés ensemble...), une bonne dose de talent, d'inventivité, de maîtrise, le tout relevé d'un bon soupçon d'ironie, le bonhomme évoluant dans un univers cynique et caustique... A se procurer d'urgence.

==> Frédéric Fleury, Sebastien Morlighem, Jonathan Larabie, Labolduc, Lewis Trondheim, David Scrima, Gilles Rochier, Fréderic Poincelet, Charles Berberian, Kerozen, Sébastien Lumineau, Singeon, Melvil Massacre, Nine, P.Buri, Frantico, Fafé, Gauthier, Pilau, David Libens, Joelle Passeron et Louise Scrima sont toutes et tous au sommaire du second numéro de Bob, et tout ça, mes braves gens, pour seulement 2 euros ; chez Bob, ils sont chouettes.

==> Dans le Straight No Chaser n°36, Yarah Bravo, la talentueuse lyriciste au flow exquis et au timbre de voix empli de charme, balance quelques unes de ses références, et cite "Animal farm" ou "1984" d'Orwell ou le poète Pablo Neruda comme ses auteurs favoris, tout en citant Minnie Riperton... Le genre de nana qu'on aimerait voir un peu plus souvent, et qui ne se contente pas de déchirer grave sur disque ou sur scène. Big up, miss Y.

==> Sa majesté Machine, seigneur (et saigneur) cosmique et puissance sidérale (et sidérante) résident néammoins dans le secteur, m'a fait l'immense honneur de me refourguer "Dogtown and z-boys", ce docu signé par Stacy Peralta, sorti en 2001 et recélant d'images inédites et d'archive de ce que le skate board comptait de plus créatif, back in the 70's.

Et putain, ca le fait pas mal ! Aux manettes artistiques, le toujours en forme Craig Stecyk balance que du bon angle et de la belle image, et des légendes à roulettes (Jay Adams, Tony Alva...), on en croise un paquet, dont le destin ne mène pas toujours dans les baskets d'un Tony Hawk... Un dvd de 89 minutes ou la légendaire Zéphyr team cotoient la première Bones Brigade, le tout avec des vues incroyable de Venice, de Santa Monica, de pools démoniaques, de séquences d'anthologie... Que-du-bonheur, qui touchera j'imagine davantage les vieux cons un peu nostalgique et bien old-timer comme moi que les kids super technique mais tout en Lakai du skate shop local...

==> Sammy Harkham bosse toujours sur "Crickets" tout en étudiant de très près l'hassidisme, mais nous balance de temps en temps quelques pages dont il a le secret.
"Somersaulting" est une histoire de 21 planches en bichro, ou son dessin m'a une fois de plus complétement emporté ; j'ai eu une ou deux difficultés sur la narration et le rythme donné par Harkham dans ce récit pourtant plutot réussi, mais la composition, la respiration qui émane de chacune des cases de son fameux gaufrier (ca respire jusque dans les gouttières) laisse une bonne impression qui reste pendant un bon moment. Son encrage raffiné est tout simplement beau, son utilisation des couleurs carrément super efficace, et à 25 balais, son talent est évident.


sammy14, originally uploaded by jUne.


"Somersaulting" est l'histoire centrale du dernier numéro du petit recueil périodique publié par Drawn & Quarterly, "Drawn & Quarterly showcase n°3", ou Harkham est coincé entre Geneviève Elverum (alias Geneviève Castrée), qui signe de nouveau de jolis moments entre onirisme et conte de fée délocalisé, et deux récits de Matt Broersma, agréables lectures mais un cran en dessous de celles de notre barbu californien préféré (oui, Harkham est barbu, et californien).

Un bouquin un tantinet reuch, mais de très très bonne facture, comme souvent chez D&Q.

==> Pour les amateurs du travail de Gary Panter, et toujours chez Drawn & Quarterly (décidément...), "Satiroplastic" est un fac-similé du sketchbook que Panter griffona de décembre 99 à novembre 2001. Il s'agit donc là d'une reproduction exacte et donc archi-fidèle d'un recueil de prises de notes, de croquis, de recherches, le tout sous une forme exquise, celle qui convient pour restituer l'intelligence du trait que possède cet auteur qui ne s'arrête plus de puis plus de 30 ans (est-il nécessaire de rappeler que Gary Panter fait une carrière exceptionnelle dans le visuel, tous secteurs confondus, de la télé -Pee Wee's playhouse- au comics -le punkoïde "Jimbo", apparu dans Slash puis dans Raw, entre mille autres choses).


satiroplasticCOV, originally uploaded by jUne.


Magnifique petit livre objet, Drawn & Quarterly prévoit 2 autres ouvrages pour couvrir l'oeuvre inédite et toujours in progress de ce grand monsieur.

==> Clerks strikes back ? (thanks to Alex from La petite boutique du cinéma).

==> En parlant de La petite boutique du cinéma, j'y ai reçu "Freestyle : the art of rhyme", document sur l'art du freestyle, et de la place de l'impro dans le hip hop, des racines à aujourd'hui...


freestyle03, originally uploaded by jUne.


Bon, j'ai pas encore maté tranquillement, mais un premier pseudo-visionnage avec Ed m'a laissé un peu perplexe sur le côté inédit d'une telle entreprise : pas l'impression que j'y apprendrais des tonnes de choses... Auréolé d'une tonne de prizes, de docu réalisé par Kevin Fitzgerald (aka dj Organic) recèle cependant de courts moments ou l'on croise les géniaux Supernatural, Black Thought (des Roots), Freestyle Fellowship, mais aussi Divine Styer, Jurassic Five, les Last Poets, Bahamadia, Pharoah Monch, Planet Asia, Mos Def... et des bonus assez décevants au regard des choses annoncées : de trèèèès courts freestyles du très grand Aesop Rock, un petit passage avec El P himself, un autre avec mon mc favori, le grand Slug... Mais tout ca sonne assez creux, au final. Avant de cracher dessus, ceci dit, je vais me le coltiner au calme... On en reparlera donc. Ou pas. 8)

==> Guillaume Dustan était-il une menace ? En tout cas, il n'est plus, et je m'en fous. Je préfère aller voir les jolis jouets de Jim Woodring sur son joli site, c'est bien plus mieux, et Jim Woodring ne colporte pas la bétise, même désespérée.




On air on RadiojUne :

- Mira Calix, son album "Skimskitta" (sorti en 2003 ou 2004 chez Warp) comporte quand même des tracks sur lesquels il y a de quoi s'emballer... Certes, la surprise des premiers opus n'est plus là, mais ca reste quand même, dans cette période ou l'électro est souvent chiante et tourne en rond de manière quasi-permanente, un disque avec de très belles compositions. Elle est forte, la Chantal.

- Konono n° 1", un enregistrement live, parce que la manière dont sont triturées les sonoritées de cet ensemble afro sur scène relève tout simplement des meilleures surprises live de ces derniers mois. Et puis merde, ca donne du soleil dans toute la casbah.

- Amerie "One thing" complètement surdancefloorisé par Danny Krivit. Oui, c'est super vulgaire, mais qu'est ce que c'est efficace ! Le vocal recèle de bonnes idées, à base de 15 gimmicks qui rentrent dans la tronche sans qu'on ai demandé quoi que ce soit ; presqu'aussi efficace que le "Hollaback girl", la dernière tuerie de Pharell pour Gwen Stefani...

- Moody Allen "Six feet", sorti sur Flyin' high : de la grosse baballe.

- "in the loop volume 3", la troisième installation discographique de la meilleure webradio au monde, dublab, sorti conjointement chez Plug Research.

O.U.T.

6 juin 2005

CONSTELLATION.



lupus01planchesA, originally uploaded by jUne.

Comme dirait l'ami JB : néant... vide... rien... n'aie envie de rien.
Il est 2 heures du matin et je retrouve donc ces moments dégueus où mon incapacité chronique à trouver la motivation après des instants magiques se rappelle à mon bon souvenir.
Certains, après avoir pris un truc dans la tronche (gros concert, grosse lecture, grosse rencontre), foncent oeuvrer dans leur coin, et recrachent toute l'énergie qu'ils auront su absorber de moments forts ; moi, c'est tout le contraire. Si j'en raffole d'envie, si j'adorerais m'inclure dans ce tas, force est de constater que je ne fais pas partie de ces chanceux-là.

J'ai passé un excessivement bon weekend, riche en moments forts et en instants précieux, le genre de matière première qui, ado, m'ordonnaient de me ruer sur mon ordi, sur ma planche à dessin ou sur quoique ce soit qui pouvait me purger de ce trop plein d'énergie. Aujourd'hui ? Je suis vide, ko, et je suis l'improductif parmi les improductifs, le blasé parmi les blasés, le fatigué parmi les feignasses...

Foin d'états d'âme à deux boules, qui de toutes façons n'interresseront personne et même pas moi, d'ailleurs ; rester le nez sur son caca finit par donner envie de s'endormir, et autant ne pas finir la tronche dedans...

La fin de semaine avait bien commencé : jeudi soir, après un passage en terrasse bisontine avec une clique de sympathiques camarades qui m'ont fait passer un très bon moment, je réintégrais mes pénates pour gribouiller à quelques trucs divers, crevé mais motivé.

Vendredi, jour de congé, mais pas de repos pour autant : continué à gribouiller en savourant en alternance par les oreilles quelques pépites ressorties pour l'occasion, lecture de diverses nouveautés :

- "Je ne t'aime pas mais..." de Firmin Solis (6 Pieds sous terre éditions), une tranche autobio pas très interressante, bien écrite mais assez chiante, au dessin maitrisé mais sans surprises aucunes, très dispensable.

- "Ministère de l'espace" de Warren Ellis et Chris Weston, la version française de la mini série publiée en 2004 chez Image : comme à l'accoutumée, pas mal d'idées à la page grâce à mr Ellis, mais une histoire somme toute assez linéaire et plate, le tout servi par le dessin maitrisé mais statique et bien trop cinématographique de Weston : déception,

- la première fournée des "Le mois de..." initiée par Le Groinge : un auteur remplit un carnet, jour par jour, sur la durée d'un mois prédéfini ; 12 auteurs se succèderont sur 1 an, et la première série débute sur un "mois de Janvier" rédigé à 4 mains par Otto T. et Choi JuhYun (chacun une face de page), ensemble dans la vie et dans ce carnet agréable à lire (l'écriture et le dessin de Otto T. m'ont toujours plu) ; Alex Baladi prend le relais sur Février, et c'est toute la richesse de ce mec hors du commun qui se met en branle de manière totalement renversante, une fois de plus : ses doutes existentiels sont crédibles et on frémit pour lui, ses moments de joie nous remplissent de bonheur. Baladi est formidable, et ceux qui le savent gardent secrétement cet auteur précieux au fond de leur coffre-fort ; ce carnet n'est probablement pas son oeuvre ultime (ce n'est pas le but de la manoeuvre non plus), mais un très bon moment de spontanéités créatives partagées avec nous. Enfin, BSK nous pond quelques tranches de gentille poésie imagée sur son mois de Mars, pas renversant mais fort sympathique au demeurant.

- "Supermurgeman" (tome 2 : La menace communiste) de Mathieu Sapin, plus drôle que le premier, mieux conçu et plus régulier, mieux construit,

- "Inside Moebius "tome 1)", ou comment un génie de la bande dessinée se perd lui-même dans une mise en images de considérations pompeuses et pompantes,

Vendredi soir, les zozos d'Elektrophonie (une association bisontine ayant pour but la promotion et la diffusion de musiques électroniques et acousmatiques) produisait une création du norvégien Phonophani, diffusée en quadriphonie en la chapelle de Ronchamp, édifice conçu par Le Corbusier et se prettant donc bien au jeu proposé ici : après la diffusion d'oeuvres de Iannis Xenakis (6 pièces datant d'entre 1957 et 1971) dans l'après-midi, une version auditive et électronique du travail d'architecte était la bienvenue dans cet espace hors-norme.
Drine n'a pas adhéré, et j'avoue n'avoir été réellement séduit que sur une période précise du travail proposé ce soir là par Phonophani, mais une fois de plus l'expérience spatio-temporelle (car c'en était bien une) valait le déplacement ; fatigué et usé, j'oubliais quand même mon maudit téléphone portable dans la voiture du pote qui faisait le taxi : non pas que cela soit un drame en soi, mais le lendemain, j'avais besoin de ces instrument du diable !


Samedi matin, 8h30, départ en voiture pour Genève avec ma sympathique collègue Mandana au volant (ben ouais, j'ai pas le permis...), pour récupèrer Frederik Peeters qui devait dédicacer ses bouquins l'après-midi puis rencontrer son public à la librairie le soir venu. Le voyage en train aurait pris 2 fois plus de temps au minimum, et eut été bien galère.
Nous prenons donc Fred chez lui vers 11h, l'arrachons à sa très charmante petite famille, et une discussion en bagnole de 2h15 plus tard, attaquons un déjeuner bisontin pour finalement commencer la séance de dédicaces peu après 15h ; le public est au rendez-vous, c'est cool pour la lib mais c'est surtout cool tout court. 8)

Bon, pour celles et ceux qui seraient nés au 12ème siécle, Frederik Peeters symboliserait à lui tout seul le renouveau, le meilleur de la bande dessinée de ces dernières années, une énorme révélation pour beaucoup de lecteurs.

Pis que cela en ce qui me concerne : ce mec est probablement ce qui est arrivé de mieux dans la bande dessinée depuis la fin du siècle dernier, un repère artistico-temporel (première véritable balise : "Pilules Bleues", 2001).
Je peux pas m'empecher de sonner définitif sur ce point : cet auteur possède une énergie rare dans le dessin, dessin inspiré s'il en est... Il possède justement cette "intelligence" du dessin, cette vision globale qui lui permet de raconter une histoire toujours originale en optimisant au maximum le processus de narration au maximum de ses capacités, et ce de manière permanente.

En quelques livres, Peeters s'est inventé un language narratif qui pousse la bande dessinnée dans ses retranchements et par la même, dans une ère nouvelle, celle du mec qui a assimilé sans vergogne tout un pan de la littérature dessinée (et de la littérature tout court, et du cinéma, et des arts plastiques en général), pour restituer sans retenue, et sous une forme toute personnelle, une oeuvre subtile, progressiste et intelligente.
Il suffit de lire sa série "Lupus" et d'imaginer qu'il s'agit là d'écriture automatique non crayonnée, pour être forcément agacé par tant de maitrise.

Quand on aura dit qu'il a accompli tout cela avant même d'avoir 30 ans (ouais, il est encore bien jeune, le bougre), on peut comprendre l'engouement grandissant pour son travail, et l'enthousiasme que procure n'importe laquelle de ses lectures ; Frederik Peeters est la cîme de la bande dessinée européenne de ces 10 dernières années, sans l'ombre d'un doute ; son talent cotoie celui des plus grands, et sa proximité vous fait comprendre l'importance et la richesse intérieure de ce gugusse. Quand il s'entoure, ca relève du coup de génie : l'éditeur Atrabile est né de cela, entre autres, et continue d'éditer les oeuvres de cette petite famille artistique à l'identité rare, celle des Ibn Al Rabin, des Wazem, des Baladi...

Comme si ca ne suffisait pas, cet intarrisable veinard s'exprime de manière divine, du coup quand il parle, on l'écoute : c'est systématiquement convaincant, à tel point que c'en est parfois énervant... Frederik Peeters serait-il dénué de défauts ? Certes non : il fait partie de ces sinistres individus dont la culture gastronomique consiste à faire fondre du fromage à tort et à travers (le fromage fondu est une provocation pour mes sensibles narines, qui ne supportent que difficilement ce concept), et n'apprécie pas complètement les prouesses vocales du grand Léon Thomas. Sacrilèges ! 8)

Bref ; la sympathie et le respect que j'avais déjà pour lui auparavant (après la lecture de ses bouquins et quelques échanges par le passé) en sortent encore grandis, et le prosélytisme écharné que j'avais l'habitude de pratiquer à l'égard de son oeuvre va perdurer encore un bon moment...

Après la dédicace (qui dura bien au delà de la fermeture officielle de la librairie...), on trace prendre l'air (ainsi qu'un verre) du coté du Se7en et on commence à se demander combien de personnes feront le déplacement pour cette rencontre... Fred estime humblement qu'une grosse demi-douzaine de gens seraient de la partie, je relève le pari et arrivés à la librairie, vers 20h30, c'est une petite quarantaine de personnes qui attendent patiemment pour entrer. Pari doublement gagné, et j'en suis ravi : tout le temps passé à monter cette journée et à en faire la promotion ont donné leurs fruits.

Pendant 10 minutes, nous essayons de lancer le débat mais les gens continuent d'affluer, pour ma plus grande satisfaction. Finalement, nous finirons avec 50 personnes qui auront contribué à une discussion très instructive, passionnante, et très réussie ; je remercie d'ailleurs une fois encore celles et ceux qui lisent parfois ce blog et qui étaient de la partie, c'était cool, les gens !
La discussion fut très intéressante et Frederik Peeters parle de son oeuvre et de lui-même avec une passion et un engouement, une envie de partager et de communiquer, tout en restant d'une simplicité absolue... Impressionnant. Ca va pas briser mon coté "fan de base", tout ça.

Comme toutes les meilleurs choses ont une fin, vers 22h45 nous terminons la soirée par un pot ou absolument tout le monde me place un "c'était vraiment bien" qui me confirment que nous sommes dans le bon sens ; nous fermons la librairie (péniblement, avec des problèmes techniques de sécurité surveillée qui fait chier grave) et terminons tant bien que mal pour trouver un endroit ou grignoter quelque chose. Nous finissons à 8 ou 9, sommes nazes suite à cette journée somme toute fatiguante, et expédions le repas en parlant de billions de choses, pour finalement sortir vers 2h (j'imagine, car je ne me souviens plus trop) ; il faudrait que Fred reste une semaine pour qu'on ait l'impression de saisir un centième de ce qu'il est. Je finis par l'accompagner à l'hotel et remonte péniblement jusqu'à chez moi, seul (Drine étant partie du coté de chez elle pour récupèrer la bagnole qu'on utilisera demain pour ramener Fred chez lui).
Formidable journée.

Dimanche matin, Drine et moi récupérons Frederik à l'hotel et partons déjeuner en terrasse d'un restau un peu près digne de ce nom (personne n'aura digéré les plats de la veille au soir !), tout le monde semble satisfait du weekend ; Seul impératif pour notre auteur : être chez lui sur le coup des 17h ; nous prenons le temps de déjeuner en cette calme journée dominicale, puis partons pour Genève (2h15 de bagnole), pour le ramener tranquillement en temps, en heure, et en état. 8)
C'est presqu'avec un pincement au coeur que nous le laissons, lui et sa petite famille, pour reprendre la route ; j'ai du mal à remercier Fred pour ce temps précieux qu'il nous a fait partager, et j'espère qu'il aura apprécié autant qu'il l'a dit ce moment en notre compagnie. Nous sommes dimanche soir et j'ai déjà des SMS de potes lecteurs qui me disent qu'ils ont le sentiment d'avoir passé un moment précieux, d'une richesse extreme ; putain, il est fort ce Peeters. 8)

Drine et moi décidons d'aller marcher un peu sur les rives du lac de Genève avant de repartir (Fred habite à deux pas d'une très belle promenade), il fait beau, et nous repartons, un peu fourbus de cet excellente journée : du coup, en tant que copilote complètement à plat, je rate systématiquement toutes les bonnes routes et nous passons la frontière au pire endroit que nous pouvions, rallongant par la même notre voyage d'une bonne heure de route... On passe par une multitude de nouveaux endroits, et je me rends compte que je ne connais même pas les paysages du département limitrophe à mon coin natal. Avant d'arriver aux environs de Nantua ou d'Oyonnax, par exemple, ben ce sont de magnifique vallées encaissées, spécialement concues pour terrifier un claustrophobe ; c'est opressant à souhait et retrouver les zolis coins jurassiens m'auraient presque fait du bien.

Nous arrivons chez Manue (qui nous a preté sa bagnole), vers Baume les Dames, après 22h (on s'était quand meme arretés pour bouffer un morceau, profitant des derniers rayons de soleil), et on rate le dernier train qui pouvait nous ramener sur Besancon. Manue me demande ou Fred était assis dans la bagnole, pour ne pas nettoyer sa place : on retrouve vite nos cotés fans de base et on rigole comme des gros nazes qu'on est. 8)
On cause un peu avant que Manue et Alex nous ramènent donc à leur tour en bagnole, avec la gentillesse qui les caractèrise ; arrivés à la maison vers minuit bien tassés, Drine file au lit (elle, elle bosse demain) alors que je ne sais pas vraiment quoi faire : lire, gribouiller ? Je m'essaie à découper la petite histoire que je veux faire pour le troisième "L'Affaire du siècle tome cinq", mais ca ressemble à un énorme caca, et je froisse vite mes feuilles.

Certains, après une rencontre avec un auteur d'envergure, sortent plein d'une créativité décuplée, ils sont motivés et inspirés. Moi, c'est tout le contraire : constater le talent des autres ne me stimule pas à aller de l'avant, mais bien à maugréer dans ma barbe et à me plaindre de ma petitesse créative, de mon manque d'originalité, de mon manque de technique, d'idées, de maitrise...
"Ca se travaille !" diront certains.
Bien sûr, ca se travaille, forcément.
Mais je ne peux pas m'empecher de penser à la petite base innée de tout à chacun, qui n'est pas présente dans les mêmes proportions chez les uns que les autres ; Drine, par exemple, à énormément de talent et de maitrise graphique, pour moi. Elle pêche encore sur l'écriture de ses histoires et sur leur découpage, mais peut encrer ses dessins de multiples méthodes différentes, avec plein d'outils différents aussi, et en avancant dans le temps, elle comble ses manques, ses failles.
Moi, je stagne depuis que j'ai trouvé dans le dessin un truc qui me remplissait de je ne sais quoi ; j'avais une douzaine d'années à l'époque, et si je suis passé par des phases stériles pendant plusieurs mois, je n'ai jamais cessé de gribouiller. Force est de constater que l'évolution de mon imagination ou de mon écriture ont atteint leurs limites très tôt. 8)
Bref.
Après un weekend avec Fred Peeters, j'ai du mal à sortir quelque chose qui ne me satisfasse, même qu'à 10%, pas la peine de s'acharner.
Je vais retourner lire des grosses merdes, ca va peut être réveiller ma motivation... 8)

Allez hop ! Mercredi, One Self à Dijon, et je suis super content de revoir l'ami Vadim et sa douce Yarah. Vadim flirte enfin avec la reconnaissance qu'il mérite (y aurait-il une justice ?), et j'attends beaucoup de leur nouveau live, en espérant qu'il soit bien déjà rodé un minimum. BluRum sera là aussi, ca fait super longtemps que je l'ai pas vu et j'ai hâte. Petit trip à Dijon avec Drine, Cath, et Feet , Mitchum et Alex devraient être de la partie, on devrait même chopper Alcor : j'ai un truc sur lequel m'accrocher pour commencer ce début de semaine bien maussade...

/mode "bouhouhouh, je suis triiiiiiiste, ma vie est lamentable, injuste et je suis mauvais, je suis petit, je suis médiocre, c'est déguelasse, bouhouhouh" OFF. 8)

On air on RadioJune : que dalle. Pas envie.




DSCN3514, originally uploaded by jUne.

Merci à msieur Benjamin pour les quelques photos prises à l'issue de la rencontre : mon appareil ne donnera pas une seule des beeeeellles photos "prises" pendant celle-ci... chier.