J'ai profité d'une session de quelques jours de pré-jury à Genève pour visiter un peu les alentours.
En vrac, donc : des travaux d'étudiants plutôt alléchants ; une collection de très bonnes bouteilles de très bon whisky ; l'hospitalité suisse ; les copains éditeurs, les copains auteurs : Genève, quelle brochette de super loulous tout de même ; un passage chez un autre copain ; une virée chez plusieurs disquaires, en passant par un tour à la Rote Fabrik lors d'un grand tour de Zurich ; un passage éclair jusqu'au démarrage du festival Fumetto de Lucerne ; des nappes phréatiques remplies jusqu'à ras bord à la frontière ; et plein d'autres choses. Merci Helge, Rachel, Daniel, Ibn, Julien, Doudou pour les bons moments.
L'accueil suisse !
Réglages du contraste : raté.
Les plantes côté ciel.
Zurich.
La Rote Fabrik que je n'avais jamais vu en journée.
Curiosité.
Printemps.
Le disquaire OOR à Zurich : excellent choix de disques et de livres, et très chouettes dénominations de catégories de classement !
Avec le retour du soleil dans nos contrées, timidement, le june vulgarus sort de sa tannière, les yeux encore mi-clôts, et la bave au coin de la bouche. Putain, enfin du soleil ?! J'y croyais plus.
Bon. Non, non, je ne m'essaie pas à une énième reconversion, la photo ne m'attirant pas plus que ça, mais comme je n'ai pas une minute à moi ces derniers temps(*), je vous droppe une floppée de clichés tous plus pathétiques, minables, et moches les uns que les autres.
Je le sais, mais au moins, ca me donne l'impression de tenir le blog à jour, et c'est toujours ça de pris, du moins, en ce qui me concerne...
(*) oui, je suis très occupé :
- ce soir, Retour du Boogie au Red House (qui a dit "Road House" ?), avec plein de gens, notamment le grand retour de Tristan (aaaaaaah...), et puis aussi cette grande andouille de Picon Jef, back in da game.
Prochaines dates (on en reparlera en temps voulu, mais bon : le jeudi 26 pour une session chez Pum (pour moi, clairement le lieu idéal pour nos soirées), le samedi 28, session outdoor avec les gens du Citron Vert... Plein d'autres trucs.
- jusqu'aux 29, 30 et 31 juillet, on bosse sur la préparation de la résidence anniversaire de l'asso ODDibadiDUB, et rien que sur le papier, c'est déjà prometteur. Ca se terminera donc, après 3 jours de résidence pluridisciplinaire, sur une soirée avec la bande au complet, qui fête donc ses 10 ans. Ca se passe au squatt culturel Confluence 6, rue de la Madeleine, à Besançon.
- on bosse aussi sur le prochain numéro de L'Affaire du Siècle tome 5, qui sera épais, et dont la couverture, pour la première fois, sera sérigraphiée. Pas mal de nouvelles choses dedans, on va essayer de faire quelque chose de chouette...
- je n'en finit plus de bosser sur mes petites compils persos (non, non, je n'ai oublié personne, c'est juste que, vous l'aurez compris, il faut du temps, et bon...).
- comme si ca ne suffisait pas, j'ai voulu avancer un peu sur le Projet Secret bla bla bla, mais sans avancées réellement significatives. More soon.
- et puis en plus, comme si j'avais besoin de ça, le lundi soir mon château s'est fait envahir par un sinistre parisien vendeur de bandes-dessinées-souvent-chères-et-en-noir-et-blanc, Jef s'est joint à nous, et comme j'avais mon weekend suisse dans les pattes, j'ai bien mis 3 jours à m'en remettre. Maaaaaaais nous t'aimons, copain Yves, oooooh oui nous t'aimons. 8)
Evidemment, pendant ces derniers jours, j'ai écouté plein de disques et lu quelques bouquins (vous avez vu le temps ? les terrasses auraient pu me payer pour aller boire des coups que je n'y serais pas allé), mais on en parlera plus tard.
Safari photo, on a dit !
Ca, c'est un des témoignages les plus probants que l'on ai retenu d'une bien sinistre affaire : oui, le punch servi aux 30 ans de Tom HM, Sto, Bruno, et Greg, le mois dernier, était bien d'une extrême violence. La preuve en est.
Le weekend dernier, Alcor et moi sommes allés à Genève mixer pour les 7 ans d'une boutique de sape, davantage Colette que Kyabi (c'est un résumé, je vous emmerde), on a eu le temps de passer quelques bons moments en compagnie d'une vingtaine de mannequins tout aussi belles les unes que les autres (je me suis interdit la grosse vulgarité sur mon blog, hein), bon, à peu trop jeunes mais bref... Je m'étend pas sur le reste, sur les concours d'attitude ou sur les détails qui ne font pas de cette soirée une soirée inoubliable, mais rétrospectivement, ca nous a permis de voir quelques amis, et ca, c'est bien. Ah ouais ! Quand même, de bien bons moments passés en compagnie de l'ami Ed, exilé qu'on ne croise pas assez, et puis aussi quelques vieilles vedettes de la bande dessinée helvètique sur le déclin (j'ai des noms, mais on va encore dire que je pose, bordel).
Genève, juillet 2007.
(Ca, c'est une photo relative à un des très vieux auteurs sus-cités, bientôt à la retraite, croisé la veille du shoot de cette photo) (toujours Genève, bravo, vous suivez, juillet 2007).
Ah, ces photographes. Toujours au taquet sur le scoop, au cas où un vêtement craquerait, où je ne sais quoi...
Casual Kokore, Genève, 7 juillet 2007.
J'aime la glace, suite. A Genève, après une ballade dans le centre, conduits par cette vieille taupe d'Edouard, une virée pour bouffer ce qui est probablement la meilleure glace au sureau et à la canelle que j'ai mangé de ma vie. Peut-être. Rhôôôôô, je sais plus, tiens.
Genève, juillet 2007.
Alors dans un prochain post, je vous raconterai mes eurockéennes de Belfort, version 2007. Allez, un micro-résumé ?
- Bonde Do Role : ambition zéro et attitude foutraque au maximum, du coup très convaincant dans le trip festif décomplexé, beaucoup moins baile funk que la presse branchouille veut bien nous le mettre en tête : samples archi grillés et carrément abusés (la BO de Rocky ou de Grease, les Daft...) mais totalement bienvenus dans un contexte clairement défini : on est pas là pour se prendre la tête, bouge ton cul et on y va... Musicalement au raz des paquerette, mais tellement énergique et autoconvaincu, qu'on se laisse porter aussi...
- Justice : le live le plus attendu des Eurocks était un moment d'ennui profond, le duo, bien sympa au demeurant, ne pouvant décidément pas faire oublier leurs glorieux aînés (qu'on ne citera pas, le comparatif est partout, probablement aussi dans les pages intérieures du 3000ème numéro de Télérama, avec le duo en couv, mazette). Quelques courtes fulgurances, mais dans l'ensemble un live electro-powa des plus classiques.
- Wu Tang Clan : que dire ? Que les mecs étaient présents, tous les mecs, et c'est assez rare pour être salué. Après ? Ben la clique a fait son show, minimum syndical, avec à la limite quelques bons moments de partage avec Meth... Sur certaines punchlines, les membres du crew comptaient trop souvent sur leurs collègues et oubliaient de backer : du coup, on avait de jolis blancs en guise de fins de phrase, pas très propre, pas très pro, un peu "minimum syndical". Il n'empêche : voir les zozos au milieu de milliers de crétins (moi le premier, hein), à hurler "wutangclanain'tnuthintofuckwid!!", c'était rudement cool.
- la création Dalek/Young Gods : quelle ambiance musicale nébuleuse, dense, sombre ! Quel son énoooorme ! Un tantinet trop darkounet pour moi, j'ai vite laché l'affaire, mais voilà une rencontre qui prend tout son sens sur scène. J'espère pouvoir vite trouver un témoignage de cette prestation, qui devrait encore tourner cet été, ici ou là (check it !).
- Amy Winehouse : super mou, super ramolli. La grande brune à une voix incroyable, des musiciens super au point (deux choristes tip-top, très drôles et tout à fait dedans), mais rien n'y a fait, dur de faire décoller le show. Pas mauvais pour autant, hein ! Juste mou, alors que j'aurais adoré voir le gig décoller à grand coups de funky tunes. Caramba...
- Clipse : pas mal, sans surprises, mais vachement kilométrique. Par contre, c'était le seul show hip hop du weekend avec un son correct. Rien que pour ça, ca faisait du bien...
- 65 days of Static : pas mal. Pas trop ma came habituellement, mais plutot convaincants, les zozos.
- Stones Throw : putain, quelle déception... Pas des artistes présents, non. Du son. Le son était simplement, purement, lamentablement à chier. Rien n'y a fait, d'ailleurs personne n'avait l'air d'en avoir quoique ce soit à foutre, du côté de la technique. Les amateurs ont vite été découragés, et à la moitié du show, nous n'étions plus qu'une poignée de vrais gros fans, trop contents de voir les gars d'un des meilleurs label de hip hop de ces dernières années... Mais que c'était dur de devoir supporter le son des instrus derrière Aloe Blacc ou Guilty Simpson ! Impossible de reconnaître les morceaux, tellement le cradingue dominait ; on pouvait entendre un vague beat, la basse était probablement en vacances très loin de là, et tout ce qui tournait derrière semblait poussé au minimum. Dégueulasse.
Après, ils ont fait ce qu'ils ont pu, les mecs. Aloe Blacc à montré qu'il savait chanter, qu'il savait jouer, qu'il rappait, mais c'était comme essayer de faire un gateau avec des ingrédients périmés. Quelle perte de temps ! Le gros Guilty, lui, s'en est mieux sorti ; son flow, son timbre, la profondeur de sa voix, sortaient mieux que les délicatesses de Aloe Blacc, on passait du riche musicalement à quelque chose de plus ghetto, donc ca passait mieux. Mais bon, bien crado quand même, hein.
Pour finir, Peanut Butter Wolf proposait un mix avec projections vidéo derrière ; plutôt marrant, mais assez frustrant, on aurait aimé entendre davantage de saloperies de Cisco, merde : sur Stones Throw, ce ne sont pas les perles qui manquent, mais le parti pris était marrant quand même : nous n'étions plus qu'une vingtaine (si vous y étiez, corrgiez-moi si je me trompe !) à kiffer comme des malades au premier rang, les vidéos de NWA, de Gangstarr, de ATCQ, bref, que du gros, du classique, du lourd... Il fallait bien ça pour que l'on puisse deviner les titres dont les vidéos tournaient derrière PBW. Super déception, quoi.
- The good, the bad and the queen : super chiant, surtout après TVOTR ! Sopporifique. On a du rester, en tout, au moins 10 minutes.
- The Klaxons : j'ai un scoop ! Aucun des Klaxons ne sait réellement jouer. C'était tout moche. Bon, on est pas resté longtemps, hein. Mais c'était vraiment tout moche.
- Air : je n'ai assisté qu'au final ("Kelly watch the stars", si je me souviens bien), parce que leur dernier live m'avait gonlé. Mais quel final : gros son, grosse artillerie pour quelques minutes vraiment savoureuses.
- I am from Barcelona : à la hauteur de leur réputation, un show bien "nimp". Beaucoup de monde sur scène, donc, mais peu de bons musiciens... Qu'importe, l'ambiance était à la grande communion à la cool, et je crois que la troupe s'y est correctement collé...
- Goose : efficace, mais comme Justice : juste efficace. Bien chiant sur la longueur, peut-être parce que je n'étais ni bourré, ni high.
- et le meilleur pour la fin : les FluoKids dj's !!! Non, je déconne. Un set laptopé au millimètre, alligant les évidences de rigueur, les morceaux immanquables, avec Pharell au contrôle (rien que le pseudo peut vous laisser imaginer la dégaine et l'attitude tip-top...), et une sorte de... je ne sais pas, une sorte de faire-valoir qui se contentait de remuer les bras et de mimer les breaks, mais essayez de manifester votre enthousiasme sur une musique à base de uptempo beat tout un set, vous verrez si c'est facile ! Non, je déconne encore. Chiant comme la pluie, d'ailleur il pleuvait, comme quoi parfois, le neuf zéro fait bien les choses.
J'ai du en oublier, mais c'est pas grave, on y reviendra.
Bon, donc, il y avait surtout TV on the Radio, seul concert que j'ai fait en intégralité : énorme présence, son de folie furieuse, et succession de tracks formidablement interprêtés, bref, la classe, beaucoup plus en place que la dernière fois que je les avais vu...
Allez, le safari photo, disais-je ! Feu.
TV on the radio, aux Eurockéennes de Belfort 2007, sans aucun doute, en ce qui me concerne, le meilleur show des 3 jours. Brooklyn en force, et en forme.
Peanut Butter Wolf au mix audio-vidéo, avec quelques pépites old-school (j'avais oublié la majorité de ces vidéos, c'était cool de les revoir), malgré un son archi-pourri (sans contexte le son le plus pourri de toutes les éditions des Eurocks que j'ai pu faire). Stones Throw represent.
Aloe Blacc tout à gauche, Guilty Simpson au milieu, et PBW à droite, toujours aux Eurocks 2007.
Alcor aime le Secs ! On s'en doutait, maintenant on en est sûrs...
Eurocks, juillet 2007.
Aux eurocks, trois jours de suite avec plein de copines et de copains. Le dimanche, par exemple, avec Manu MazeGo, copinette Delphine, et Alcor, alias Petit Dragon.
Non, non, vous ne rêvez pas, c'est bien un break commercial aux couleurs de Pez.
Si, si.
A la frontière franco-suisse, juillet 2007.
Ca alors ! Un authentique Miguel de Hong Kong, de passage par Besançon ! Ca alors !
Juste avant d'aller niquer un pot de Ben & Jerry avec Alcor, à Besançon, juillet 2007.
En revenant d'une ballade dominicale au vert, avec Lalie, Sté, Sophy et... Narqo, donc, un peu, euh, fatigué... Sans rancune, gros ! 8) Juin 2007.
Une photo prise dans un cimetière aux environs de chez Ed, à Genève, juillet 2007.
Une autre, dans le même cimetière aux environs de chez Ed, à Genève, juillet 2007.
Deux auteurs (dont un excessivement talentueux) sont cachés sur cette photo, saurez-vous les identifier ? Genève, juillet 2007.
Et dire que c'est ce mec qui s'occupe des t-shirts du Boogie (et de plein d'autres, hein)... Comme quoi, faut pas se fier aux apparences, parce que les t-shirts, eux, sont plutôt beaux, uh uh uh. On t'aime Dada ! 8)
Eurocks 2007.
D'ailleurs, en parlant de ticheurte... On a plusieurs modèles, plusieurs couleurs, et plusieurs tailles dispos... Moi, je dis ça, je dis rien, hein...
"Trente-neeeeuuuuf de fièvrreeeeeuuuuh..." Pour celles et ceux (qui se reconnaîtront) qui me demandent toujours qui est l'interprête de la version française incroyable du "Fever" que je joue souvent en mode Boogie (il s'agit donc de Caterina Valente, et à noter, la version française fut signée par Boris Vian, voilà, ça, c'est fait), une petite dédicace avec cette vidéo d'une énième interprètation, mais cette fois, Henson style :
Comme dirait l'ami JB : néant... vide... rien... n'aie envie de rien.
Il est 2 heures du matin et je retrouve donc ces moments dégueus où mon incapacité chronique à trouver la motivation après des instants magiques se rappelle à mon bon souvenir.
Certains, après avoir pris un truc dans la tronche (gros concert, grosse lecture, grosse rencontre), foncent oeuvrer dans leur coin, et recrachent toute l'énergie qu'ils auront su absorber de moments forts ; moi, c'est tout le contraire. Si j'en raffole d'envie, si j'adorerais m'inclure dans ce tas, force est de constater que je ne fais pas partie de ces chanceux-là.
J'ai passé un excessivement bon weekend, riche en moments forts et en instants précieux, le genre de matière première qui, ado, m'ordonnaient de me ruer sur mon ordi, sur ma planche à dessin ou sur quoique ce soit qui pouvait me purger de ce trop plein d'énergie. Aujourd'hui ? Je suis vide, ko, et je suis l'improductif parmi les improductifs, le blasé parmi les blasés, le fatigué parmi les feignasses...
Foin d'états d'âme à deux boules, qui de toutes façons n'interresseront personne et même pas moi, d'ailleurs ; rester le nez sur son caca finit par donner envie de s'endormir, et autant ne pas finir la tronche dedans...
La fin de semaine avait bien commencé : jeudi soir, après un passage en terrasse bisontine avec une clique de sympathiques camarades qui m'ont fait passer un très bon moment, je réintégrais mes pénates pour gribouiller à quelques trucs divers, crevé mais motivé.
Vendredi, jour de congé, mais pas de repos pour autant : continué à gribouiller en savourant en alternance par les oreilles quelques pépites ressorties pour l'occasion, lecture de diverses nouveautés :
- "Je ne t'aime pas mais..." de Firmin Solis (6 Pieds sous terre éditions), une tranche autobio pas très interressante, bien écrite mais assez chiante, au dessin maitrisé mais sans surprises aucunes, très dispensable.
- "Ministère de l'espace" de Warren Ellis et Chris Weston, la version française de la mini série publiée en 2004 chez Image : comme à l'accoutumée, pas mal d'idées à la page grâce à mr Ellis, mais une histoire somme toute assez linéaire et plate, le tout servi par le dessin maitrisé mais statique et bien trop cinématographique de Weston : déception,
- la première fournée des "Le mois de..." initiée par Le Groinge : un auteur remplit un carnet, jour par jour, sur la durée d'un mois prédéfini ; 12 auteurs se succèderont sur 1 an, et la première série débute sur un "mois de Janvier" rédigé à 4 mains par Otto T. et Choi JuhYun (chacun une face de page), ensemble dans la vie et dans ce carnet agréable à lire (l'écriture et le dessin de Otto T. m'ont toujours plu) ; Alex Baladi prend le relais sur Février, et c'est toute la richesse de ce mec hors du commun qui se met en branle de manière totalement renversante, une fois de plus : ses doutes existentiels sont crédibles et on frémit pour lui, ses moments de joie nous remplissent de bonheur. Baladi est formidable, et ceux qui le savent gardent secrétement cet auteur précieux au fond de leur coffre-fort ; ce carnet n'est probablement pas son oeuvre ultime (ce n'est pas le but de la manoeuvre non plus), mais un très bon moment de spontanéités créatives partagées avec nous. Enfin, BSK nous pond quelques tranches de gentille poésie imagée sur son mois de Mars, pas renversant mais fort sympathique au demeurant.
- "Supermurgeman" (tome 2 : La menace communiste) de Mathieu Sapin, plus drôle que le premier, mieux conçu et plus régulier, mieux construit,
- "Inside Moebius "tome 1)", ou comment un génie de la bande dessinée se perd lui-même dans une mise en images de considérations pompeuses et pompantes,
Vendredi soir, les zozos d'Elektrophonie (une association bisontine ayant pour but la promotion et la diffusion de musiques électroniques et acousmatiques) produisait une création du norvégien Phonophani, diffusée en quadriphonie en la chapelle de Ronchamp, édifice conçu par Le Corbusier et se prettant donc bien au jeu proposé ici : après la diffusion d'oeuvres de Iannis Xenakis (6 pièces datant d'entre 1957 et 1971) dans l'après-midi, une version auditive et électronique du travail d'architecte était la bienvenue dans cet espace hors-norme.
Drine n'a pas adhéré, et j'avoue n'avoir été réellement séduit que sur une période précise du travail proposé ce soir là par Phonophani, mais une fois de plus l'expérience spatio-temporelle (car c'en était bien une) valait le déplacement ; fatigué et usé, j'oubliais quand même mon maudit téléphone portable dans la voiture du pote qui faisait le taxi : non pas que cela soit un drame en soi, mais le lendemain, j'avais besoin de ces instrument du diable !
Samedi matin, 8h30, départ en voiture pour Genève avec ma sympathique collègue Mandana au volant (ben ouais, j'ai pas le permis...), pour récupèrer Frederik Peeters qui devait dédicacer ses bouquins l'après-midi puis rencontrer son public à la librairie le soir venu. Le voyage en train aurait pris 2 fois plus de temps au minimum, et eut été bien galère.
Nous prenons donc Fred chez lui vers 11h, l'arrachons à sa très charmante petite famille, et une discussion en bagnole de 2h15 plus tard, attaquons un déjeuner bisontin pour finalement commencer la séance de dédicaces peu après 15h ; le public est au rendez-vous, c'est cool pour la lib mais c'est surtout cool tout court. 8)
Bon, pour celles et ceux qui seraient nés au 12ème siécle, Frederik Peeters symboliserait à lui tout seul le renouveau, le meilleur de la bande dessinée de ces dernières années, une énorme révélation pour beaucoup de lecteurs.
Pis que cela en ce qui me concerne : ce mec est probablement ce qui est arrivé de mieux dans la bande dessinée depuis la fin du siècle dernier, un repère artistico-temporel (première véritable balise : "Pilules Bleues", 2001).
Je peux pas m'empecher de sonner définitif sur ce point : cet auteur possède une énergie rare dans le dessin, dessin inspiré s'il en est... Il possède justement cette "intelligence" du dessin, cette vision globale qui lui permet de raconter une histoire toujours originale en optimisant au maximum le processus de narration au maximum de ses capacités, et ce de manière permanente.
En quelques livres, Peeters s'est inventé un language narratif qui pousse la bande dessinnée dans ses retranchements et par la même, dans une ère nouvelle, celle du mec qui a assimilé sans vergogne tout un pan de la littérature dessinée (et de la littérature tout court, et du cinéma, et des arts plastiques en général), pour restituer sans retenue, et sous une forme toute personnelle, une oeuvre subtile, progressiste et intelligente.
Il suffit de lire sa série "Lupus" et d'imaginer qu'il s'agit là d'écriture automatique non crayonnée, pour être forcément agacé par tant de maitrise.
Quand on aura dit qu'il a accompli tout cela avant même d'avoir 30 ans (ouais, il est encore bien jeune, le bougre), on peut comprendre l'engouement grandissant pour son travail, et l'enthousiasme que procure n'importe laquelle de ses lectures ; Frederik Peeters est la cîme de la bande dessinée européenne de ces 10 dernières années, sans l'ombre d'un doute ; son talent cotoie celui des plus grands, et sa proximité vous fait comprendre l'importance et la richesse intérieure de ce gugusse. Quand il s'entoure, ca relève du coup de génie : l'éditeur Atrabile est né de cela, entre autres, et continue d'éditer les oeuvres de cette petite famille artistique à l'identité rare, celle des Ibn Al Rabin, des Wazem, des Baladi...
Comme si ca ne suffisait pas, cet intarrisable veinard s'exprime de manière divine, du coup quand il parle, on l'écoute : c'est systématiquement convaincant, à tel point que c'en est parfois énervant... Frederik Peeters serait-il dénué de défauts ? Certes non : il fait partie de ces sinistres individus dont la culture gastronomique consiste à faire fondre du fromage à tort et à travers (le fromage fondu est une provocation pour mes sensibles narines, qui ne supportent que difficilement ce concept), et n'apprécie pas complètement les prouesses vocales du grand Léon Thomas. Sacrilèges ! 8)
Bref ; la sympathie et le respect que j'avais déjà pour lui auparavant (après la lecture de ses bouquins et quelques échanges par le passé) en sortent encore grandis, et le prosélytisme écharné que j'avais l'habitude de pratiquer à l'égard de son oeuvre va perdurer encore un bon moment...
Après la dédicace (qui dura bien au delà de la fermeture officielle de la librairie...), on trace prendre l'air (ainsi qu'un verre) du coté du Se7en et on commence à se demander combien de personnes feront le déplacement pour cette rencontre... Fred estime humblement qu'une grosse demi-douzaine de gens seraient de la partie, je relève le pari et arrivés à la librairie, vers 20h30, c'est une petite quarantaine de personnes qui attendent patiemment pour entrer. Pari doublement gagné, et j'en suis ravi : tout le temps passé à monter cette journée et à en faire la promotion ont donné leurs fruits.
Pendant 10 minutes, nous essayons de lancer le débat mais les gens continuent d'affluer, pour ma plus grande satisfaction. Finalement, nous finirons avec 50 personnes qui auront contribué à une discussion très instructive, passionnante, et très réussie ; je remercie d'ailleurs une fois encore celles et ceux qui lisent parfois ce blog et qui étaient de la partie, c'était cool, les gens !
La discussion fut très intéressante et Frederik Peeters parle de son oeuvre et de lui-même avec une passion et un engouement, une envie de partager et de communiquer, tout en restant d'une simplicité absolue... Impressionnant. Ca va pas briser mon coté "fan de base", tout ça.
Comme toutes les meilleurs choses ont une fin, vers 22h45 nous terminons la soirée par un pot ou absolument tout le monde me place un "c'était vraiment bien" qui me confirment que nous sommes dans le bon sens ; nous fermons la librairie (péniblement, avec des problèmes techniques de sécurité surveillée qui fait chier grave) et terminons tant bien que mal pour trouver un endroit ou grignoter quelque chose. Nous finissons à 8 ou 9, sommes nazes suite à cette journée somme toute fatiguante, et expédions le repas en parlant de billions de choses, pour finalement sortir vers 2h (j'imagine, car je ne me souviens plus trop) ; il faudrait que Fred reste une semaine pour qu'on ait l'impression de saisir un centième de ce qu'il est. Je finis par l'accompagner à l'hotel et remonte péniblement jusqu'à chez moi, seul (Drine étant partie du coté de chez elle pour récupèrer la bagnole qu'on utilisera demain pour ramener Fred chez lui).
Formidable journée.
Dimanche matin, Drine et moi récupérons Frederik à l'hotel et partons déjeuner en terrasse d'un restau un peu près digne de ce nom (personne n'aura digéré les plats de la veille au soir !), tout le monde semble satisfait du weekend ; Seul impératif pour notre auteur : être chez lui sur le coup des 17h ; nous prenons le temps de déjeuner en cette calme journée dominicale, puis partons pour Genève (2h15 de bagnole), pour le ramener tranquillement en temps, en heure, et en état. 8)
C'est presqu'avec un pincement au coeur que nous le laissons, lui et sa petite famille, pour reprendre la route ; j'ai du mal à remercier Fred pour ce temps précieux qu'il nous a fait partager, et j'espère qu'il aura apprécié autant qu'il l'a dit ce moment en notre compagnie. Nous sommes dimanche soir et j'ai déjà des SMS de potes lecteurs qui me disent qu'ils ont le sentiment d'avoir passé un moment précieux, d'une richesse extreme ; putain, il est fort ce Peeters. 8)
Drine et moi décidons d'aller marcher un peu sur les rives du lac de Genève avant de repartir (Fred habite à deux pas d'une très belle promenade), il fait beau, et nous repartons, un peu fourbus de cet excellente journée : du coup, en tant que copilote complètement à plat, je rate systématiquement toutes les bonnes routes et nous passons la frontière au pire endroit que nous pouvions, rallongant par la même notre voyage d'une bonne heure de route... On passe par une multitude de nouveaux endroits, et je me rends compte que je ne connais même pas les paysages du département limitrophe à mon coin natal. Avant d'arriver aux environs de Nantua ou d'Oyonnax, par exemple, ben ce sont de magnifique vallées encaissées, spécialement concues pour terrifier un claustrophobe ; c'est opressant à souhait et retrouver les zolis coins jurassiens m'auraient presque fait du bien.
Nous arrivons chez Manue (qui nous a preté sa bagnole), vers Baume les Dames, après 22h (on s'était quand meme arretés pour bouffer un morceau, profitant des derniers rayons de soleil), et on rate le dernier train qui pouvait nous ramener sur Besancon. Manue me demande ou Fred était assis dans la bagnole, pour ne pas nettoyer sa place : on retrouve vite nos cotés fans de base et on rigole comme des gros nazes qu'on est. 8)
On cause un peu avant que Manue et Alex nous ramènent donc à leur tour en bagnole, avec la gentillesse qui les caractèrise ; arrivés à la maison vers minuit bien tassés, Drine file au lit (elle, elle bosse demain) alors que je ne sais pas vraiment quoi faire : lire, gribouiller ? Je m'essaie à découper la petite histoire que je veux faire pour le troisième "L'Affaire du siècle tome cinq", mais ca ressemble à un énorme caca, et je froisse vite mes feuilles.
Certains, après une rencontre avec un auteur d'envergure, sortent plein d'une créativité décuplée, ils sont motivés et inspirés. Moi, c'est tout le contraire : constater le talent des autres ne me stimule pas à aller de l'avant, mais bien à maugréer dans ma barbe et à me plaindre de ma petitesse créative, de mon manque d'originalité, de mon manque de technique, d'idées, de maitrise...
"Ca se travaille !" diront certains.
Bien sûr, ca se travaille, forcément.
Mais je ne peux pas m'empecher de penser à la petite base innée de tout à chacun, qui n'est pas présente dans les mêmes proportions chez les uns que les autres ; Drine, par exemple, à énormément de talent et de maitrise graphique, pour moi. Elle pêche encore sur l'écriture de ses histoires et sur leur découpage, mais peut encrer ses dessins de multiples méthodes différentes, avec plein d'outils différents aussi, et en avancant dans le temps, elle comble ses manques, ses failles.
Moi, je stagne depuis que j'ai trouvé dans le dessin un truc qui me remplissait de je ne sais quoi ; j'avais une douzaine d'années à l'époque, et si je suis passé par des phases stériles pendant plusieurs mois, je n'ai jamais cessé de gribouiller. Force est de constater que l'évolution de mon imagination ou de mon écriture ont atteint leurs limites très tôt. 8)
Bref.
Après un weekend avec Fred Peeters, j'ai du mal à sortir quelque chose qui ne me satisfasse, même qu'à 10%, pas la peine de s'acharner.
Je vais retourner lire des grosses merdes, ca va peut être réveiller ma motivation... 8)
Allez hop ! Mercredi, One Self à Dijon, et je suis super content de revoir l'ami Vadim et sa douce Yarah. Vadim flirte enfin avec la reconnaissance qu'il mérite (y aurait-il une justice ?), et j'attends beaucoup de leur nouveau live, en espérant qu'il soit bien déjà rodé un minimum. BluRum sera là aussi, ca fait super longtemps que je l'ai pas vu et j'ai hâte. Petit trip à Dijon avec Drine, Cath, et Feet , Mitchum et Alex devraient être de la partie, on devrait même chopper Alcor : j'ai un truc sur lequel m'accrocher pour commencer ce début de semaine bien maussade...
/mode "bouhouhouh, je suis triiiiiiiste, ma vie est lamentable, injuste et je suis mauvais, je suis petit, je suis médiocre, c'est déguelasse, bouhouhouh" OFF. 8)
Merci à msieur Benjamin pour les quelques photos prises à l'issue de la rencontre : mon appareil ne donnera pas une seule des beeeeellles photos "prises" pendant celle-ci... chier.
Merci à msieur Benjamin pour les quelques photos prises à l'issue de la rencontre : mon appareil ne donnera pas une seule des beeeeellles photos "prises" pendant celle-ci... chier.