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26 mai 2023

Surprise Chef à Paname.

Les australiens de Surprise Chef (signés chez Big Crown, pas pire) étaient de passage à Paname, et c'était super du début à la fin.
Une super journée comme au bon vieux temps, avec le trip provincial intégral, comprenant un moment passé avec de bons vieux copains très chers.
C'était cool.



 




23 décembre 2009

It ain't like dustin' crops, boy.

Bon, n'y avait-il rien à dire comme grosses conneries depuis la dernière fois que j'ai posté sur ce blog ?
Si, bien sûr, des tonnes, même, du genre "l'identité nationale, c'est un débat important", ou même des plus grosses.

Mais entre le temps qui passe à la vitesse de la lumière, un peu comme quand Han Solo fait péter l'hyperespace avec le Falcon, et une sorte de flemmingite supra-aïgue, je dois bien reconnaître qu'il m'était plus facile de déblatérer des conneries sur facebook (putain, mais quel aspirateur à temps, ce truc...), que de prendre le temps de poster des choses un tout petit peu plus constructives ici. Un tout petit plus, j'ai dit ! Pas la peine de s'affoler, non plus... Je vais garder le rythme des bétises sans nom là-bas, sur le réseau du diable, et vais tâcher de conserver mes rares élans un peu moins débiles pour ici, pour les semaines à venir. Comment ça, j'ai déjà dit ça des tonnes de fois ? Ouais, bon ça va, hein.

Pour autant, hors de question de trop m'étaler sur les méandres par lesquelles semble passer ce qui me sert de vie. Quelques menues surprises, des bonnes et des moins bonnes, auront fait de cette année qui s'achève une année bizarre : ni charnière, ni dramatique, ni révélatrice, ce fût une période tellement inhabituelle que j'ai du mal à savoir si je suis content qu'elle s'arrête, ou si je suis assez lucide pour deviner que ce qui arrive derrière ne devrait pas relever le niveau. Il disait quoi, déjà, le type de queensbridge, en 94, à propos de la vie, cette salope, tout ça ? Bon, peu importe.

J'ai eu une idée cheap, de feignasse : je vais tâcher de poster quelques photos qui récapituleront mieux que moi ces douze derniers mois. Oh, je sais ce que vous en pensez, mais figurez-vous que ce blog, je le fais largement davantage pour ma gueule que pour la vôtre, qui que vous soyez ; ne prenez pas ça mal pour autant, hein ! Tant mieux si vous trouvez votre compte en passant ici, mais honnêtement, on est d'accords, vous et moi, pour dire que des choses à faire, à lire, avant d'arriver ici, il y en a un paquet. Alors haut les coeurs, et restons réalistes : je posterais quelques photos, donc, afin de me constituer un complèment idéal à l'agenda papier qui va rejoindre ses aînés dans le carton prévu à cet effet. Oui, je suis resté à l'agenda papier... Je sais, je sais : tous les téléphones proposent une version numérique, désormais, et fort pratique, mouais, ok. Ben disons qu'avec le temps que je passe sur mon laptop, je m'autorise l'indécence de perpétrer le massacre des arbres en bois. Chacun son truc, moi j'aime bien chercher pendant trois heures mon bic et insèrer moultes bouts de papiers dans ce qui me sert d'agenda.

Et puis, c'est bien, le papier.
Avec le papier, on fait des livres.
Et, admirez la transition, je viens justement d'en lire un putain de bien.



Le nouveau Jim Woodring, qui paraîtra à L'Association en janvier, est un récit long d'une centaine de pages, qui ravira les amateurs de l'univers du barbu de Seattle.

Comme depuis quelques petites années, on relève quelques nouvelles pistes d'influences, quelques nouvelles envies du côté du bonhomme, qui après avoir pris le temps d'installer l'univers incroyable de Frank (qui fît sa reconnaissance, malgré ses multiples travaux antérieurs), s'amuse depuis quelque temps à le bousculer un peu...
Oh, rien qui ne devrait déstabiliser les amateurs de son petit monde qui donne l'impression d'être constamment en pleine montée d'acide... Dans "Weathercraft", ce nouveau bouquin, l'effet trip est toujours là, mais comme toujours, cela serait sacrément réduire la portée du travail de Woodring de se contenter de cette impression... Au centre de ce nouveau récit, une fois de plus, les nombreux paradoxes typiquement woodringuiens apparaissant petit à petit, au fur et à mesure du déroulement de l'histoire. Et cette fois, sur près d'une centaine de pages, c'est Manhog, alias l'Homme-Porc, que l'on suit dans ces nouvelles déambulations...

Une fois de plus, le gentil et mignon Frank va influer indirectement sur l'existence de cette pauvre créature qu'est l'Homme-Porc, qui ne manquera pas de s'en prendre, comme à son habitude, plein la gueule durant l'essentiel du bouquin. Et comme d'habitude, comme dans chacun des récits autour de Frank, c'est à un réel apprentissage de la vie en bonne et due forme que se frotte le personnage central de "Weathercraft". Manhog face à son destin, avec tout ce que cela peut comporter. Mais doit-on réellement attendre une ultime issue aux tortures physiques et psychologiques, à la violence crue qu'il endure comme à l'accoutumée ?

Ce qui sidère le plus, c'est une nouvelle fois la solidité du monde posé par Woodring, sa cohésion parfaitement maitrisée. Les lois qui régissent le petit monde de Frank et de l'Homme-Porc deviennent logiques, cohérentes, tout y est absolument inattendu mais au fur et à mesure que les événements surviennent, l'improbable fait place à l'ordre, à une sorte de norme. Les régles, dans cet univers, semblent de plus en plus circonscrites à l'intérieur d'un périmètre posé par l'auteur, périmètre dont on envisage pas réellement les contours avant d'avoir reposé le bouquin, en se disant que ouaip, finalement, tout se tient tellement dans la tête (et les livres) de Woodring...
Depuis "The lutes string" (paru chez les japonais de Presspop mais disponible dans "Frank's real pa", paru il y a deux ans à L'Asso dans la collection Côtelette), j'ai comme l'impression que Jim Woodring prend un malin plaisir à tisser des choses un tantinet plus complexes, plus amples...



Ce nouveau bouquin en noir et blanc laisse Woodring creuser encore davantage certaines formes d'ombrages, de reflets, il se laisse aller à tenter encore plus de choses avec les volumes... Comme d'hab : c'est la classe.
Pour nous autres francophones (et même si, doit-on le rappeler, ces récits sont muets), c'est qu'avant de sortir chez Fantagraphics aux USA, le titre sera dispo "chez nous", dès janvier, à L'Association.

Et pour la peine, une petite compo qui claque bien la gueule, publiée par Woodring sur son blog :



Voilà pour Woodring. Le mec fait pas tant de bouquins que ça, comptez sur moi pour faire des grands signes avec les bras dès que ça se reproduit...

Et puis en fouinant un peu, j'ai cru comprendre qu'un beau livre était sorti, qui contenait plein de belles choses. En gros, il s'agit d'une rétrospective conséquente du dessin anti-guerre, anti-militariste, avec des tonnes d'illustrations et de strips émanant de toutes les époques, de toutes les contrées, et collectées par Craig Yoe, qui s'y connaît un brin en saloperies du genre...



A l'intérieur, du lourd, ma brave dame : de l'aquarelle et de l'encre, du pinceau et de la mine de plomb, un peu de tout, mais pas de n'importe qui, puisque Yoe a rassemblé sur plus de deux cent pages des choses de Francisco Goya, Art Young, Robert Minor, Winsor McCay, Ron Cobb, Honoré Daumier, James Montgomery Flagg, C.D. Batchelor, Edmund Sullivan, Boardman Robinson, William Gropper, Maurice Becker, George Grosz (Berth, si tu me lis...), Gerald Scarfe, Bill Mauldin, Art Spiegelman ou encore Robert Crumb.

Le bouquin couvre deux siècles d'expression d'opposition à la guerre, et quelle ne fût pas ma surprise de tomber sur une reproduction d'un dessin de Louis Raemaekers, un illustrateur hollandais (1869-1956) que j'ai récemment découvert par hasard, en achetant un petit carnet sur un marché aux puces à l'Ile de Ré cet été.



En revenant de ce sympathique séjour, où je n'avais pas fichu grand chose à part du vélo (avec des dénivelés proches du néant, merci l'Ile de Ré, exactement ce qu'il me fallait), j'avais pris le temps de creuser un peu l'oeuvre et la vie du bonhomme, et corrigez-moi si je me plante, mais il n'y a pas grand chose de disponible de ce type, mis à part une poignée d'ouvrages d'époque que des types mal intentionnés essaient de me faire payer un bras ou deux...
Bon, soyons clairs : Raemakers aussi, c'est la grosse classe.
Mais j'y reviendrais, parce qu'il y aurait bien des choses à en dire.



Voilà pour aujourd'hui.
Ah non, encore un peu de quoi flatter la rétine : dans le cadre de quelques recherches qu'on qualifiera gentiment de personnelles, j'ai récemment eu le temps de regarder de plus près l'oeuvre de Joni Sternbach, une photographe connue pour ses clichés atypiques autour du surf, mais qui a plus d'une pellicule dans son appareil, oh bordel, elle est bonne celle-là tiens.



Je vous encourage à aller fouiner sur son site, et à aller éventuellement écouter l'interview qu'elle a accordé à Chris Orwig.

Quand j'aurais dit que je trouve l'affiche que Blutch a pondu pour Angoulême franchement pas terrible, je crois que j'aurais tout dit.
Du coup, je pense que je ne vais pas aller en Charente cette année, même si, et vous en conviendrez parce que vous êtes sympa, c'est bien triste. Bon, la vérité, c'est que je suis fauché comme les blés. Et puis ça va un moment, la Charente, le Pineau, les paquets de Kleenex qui filent à la vitesse de la lumière... Tiens, encore elle ? Il est temps que j'aille me coucher.

Salut.

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On Air on RadioJune :

- "Celestial blues" est un grand classique (que dis-je, un ENORME classique) de pure spiritual soulness signé Gary Bartz et chanté par le grand Andy Bey (en 1971), que je réécoute depuis que j'ai pécho un 45t tout droit sorti de chez Heavenly Sweetness : le même titre version Chickenwing All Stars.



- Ramsey Lewis "Kufanya mapenzi (Blackjoy edit)".
Un classique de Ramsey, sauce Blackjoy, le genre de tracks où je me dis "oh mon dieu mais on touche pas à Ramsey, en tout cas pas Ramsey de cette époque là", et en fait, il le fait tellement bien que ca passe tout seul. Joie Noire !

- mon gars Dada écoute plein de trucs, souvent des types mal rasés qui couinent sur leurs guitares (ca fait longtemps qu'il a compris que le noise, moi, c'était assez moyennement ma came, ou alors très très ponctuellement, alors il me file des trucs plus mous), et parfois, eh ben c'est super bien, merci dada de m'avoir refilé Woods (visiblement "don't pass on me" est un truc que j'ai loupé à sa sortie, je devais être aux toilettes) :



Woods, "where and what are you", super bonnard. Et puis ça aussi tiens :



- monsieur Blundetto ne devrait donc plus tarder à nous balancer un premier album qui devrait claquer la tronche à pas mal de monde. Entouré de rien d'autre que le gratin actuel (Hindi Zahra, The Budos Band, Tommy Guerrero, General Elektriks, Lateef, Chico Mann... Ca va aller ?), sa manière d'appréhender tout un spectre de la bonne musique fait de lui un producteur rare et précieux, malheureusement trop méconnu. Après une poignées de mixes qui ont mis tout le monde d'accord (et bercé mon été, mais c'est un détail), on attend le bébé avec impatience : pour l'avoir écouté récemment (hin hin hin), je mise beaucoup sur ce disque quand il sortira !
My faves : "Voices" avec Hindi Zahra, un dub de folie complète, qui ferait pleurer une carrière de calcaire, "Cuban shirt" qui pue les réminiscences post-west-london que ne renierait pas Dego en mode analogique, et "Mustang", grosse tuerie low-afrofunk avec les new-yorkais du Budos Band.
GROSSE GROSSE CLAQUE COUSIN !

- Sarah White, à ne pas confondre avec la Sarah White plutôt folk, ni avec une hardeuse au nom assez similaire, est une jeune nenette dont j'aimerais entendre encore plus de trucs.
Son "C Train" est un chouette titre qui donne bien la couleur, quelque part du côté de toute la vague des chanteuses post-nu-soul, de celles qui ont grandi en écoutant les disques des divas soul de la grande époque, et qui ont grandi avec Jill Scott, Erikah, and so on, tout en étant tentées par les envolées de Musinah ou bien Georgia Anne Muldrow, qui sait...

- Tor est un producteur qui s'est amusé à jouer avec le dernier Sufjan Stevens, en composant un long format hip hop qui me donnerait presqu'envie d'écouter l'original (moi, Sufjan, ca m'avait vite fait chier quand j'avais essayé d'écouter un de ses premiers skeuds...).
Et puis un morceau avec Grand Puba ne peut pas être un mauvais morceau, vindzousss !
"The Tallest Man / I Like It" (f. Grand Puba)".

- RIP Vic Chesnutt (1/1/64 - 25/12/09).



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PS1 : cher père Noël, t'a été un sacré putain de radin cette année mais comme je serais gonflé de te jeter la première pierre (je suis bien trop fauché pour offrir je sais pas quoi à mes proches, même mes très très très proches), je te rappelle que les ricains taillent large, très large et que je me contenterais d'une taille M pour le hoodie Star Wars Storm Trooper signé Marc Ecko (une fois n'est pas coutume, la dernière fois que j'ai donné du pognon à ce type, c'était en 94, véridique).
Ou bien le modèle X-Wing Pilot, faut voir.
Cimer à toi.

PS2 : une bise pour mon poteau Guillaume Long, qui, alors qu'il était en train de tout éclater niveau côte de popularité grâce à son blog sur LeMonde.fr, vient de se prendre une tuile en travers de la tronche, tuile qui, j'en suis sûr, ne restera dans les mémoires rien d'autre qu'un mauvais moment. On rigole on rigole mais les sushis dans tout ça ?

11 juillet 2009

"There'll be a time for you and me".

Avant de partir en bla bla bla, je voulais simplement signifier aux retardataires que la meilleure musique téléchargeable gratuitement ces dernières semaines est une mixtape proposé par Blundetto, que l'on trouve juste ici.

On pourra bien parler de copinage et de connivence, j'en ai rien à branler, parce qu'il se trouve que ça m'arrive de ne pas raffoler des mixs de mes copains, et là, c'est exactement le contraire. "No ID No Entry" est un agglomérat de choses délicieuses pour toute oreille qui se respecte, et qui dure 47 petites minutes : s'y côtoient des classiques de Curtis et du Mahavishnu Orchestra, mais pas que, ooooh seigneur pas que...

Ceux qui connaissent l'oeuvre et l'activité principale du bonhomme se douteront que toutes ces années passées à Radio Nova n'ont pas du simplifier ses choix, mais qu'importe, parce qu'entre les choses que l'on avait oublié et les choses que l'on ne connaissait pas, la délicatesse et le soulful sont bien plus qu'au rendez-vous, ils s'imposent dès la première écoute, et nécessite qu'on y revienne, vite.

Blundetto est par ailleurs en train de mixer son album à sortir dans quelques mois, et il ne faudra pas manquer ça : l'écriture est d'une qualité rare, le choix des constructions laisse pantois, les collaborations avec ses petits copains sont à tomber par terre (Shawn Lee, Tommy Guerrero, General Elektriks, Chico Mann, the Budos Band...) (ouais honnête la connexion hein...), et j'attend avec impatience de voir le tracklisting final, espérant secrètement que deux collaborations avec une certaine jeune chanteuse QUI DEFONCE y seront présents. On en reparlera de toutes façons.
Blundetto à un myspace ici, un petit blog très généreux, mais on peut également suivre son actualité du côté de chez Lucien Entertainment ici.




= = = = = = en passant = = = = = =

Réflexion personnelle, en passant, qui n'engage que moi : j'estime qu'il faut déshabiller tous les porteurs de sarouel, puis les pendre par les pieds, mais à la plus haute branche d'un arbre, ce qui leur permettra au moins d'échapper aux jets de pierre de enfants. Encore que, caillasser un porteur de sarouel, ça doit être sacrément plaisant, comme activité.
Voilà.
= = = = = = = = = = = = = = = = = =

Bon.
Je ne suis pas ce que l'on peut considérer comme une tête en l'air.
Je ne suis pas non plus quelqu'un de complètement désorganisé.
J'ai bien quelques tonnes de défauts, mais elles ne sont pas trop à chercher de ce côté-ci.

Depuis des années, je me suis même enfermé, pour autant de raisons aussi personnelles que foireuses, dans une rigueur organisationnelle qui, au grand détriment de mon entourage, ne laisse que peu de place pour l'inattendu, pour le spontané, pour l'imprévu.
J'ouvre plusieurs fois par jour un agenda renouvelé chaque année qui, dès mars/avril, affiche des signes de fatigue tant il est tripoté, feuilleté, gribouillé, amputé, ou culbuté, d'une poche à un sac, d'un endroit à l'autre.
Et chaque soir, l'une des dernières choses que je fais avant d'aller me ficher au lit (ou de m'endormir sur un bouquin, comme cela est le cas depuis toujours au moment de l'écrire, il me semble), c'est de compulser cet agenda, soucieux de savoir comment s'organisera la journée à venir, les journées à venir, au cas où les puissances cosmiques en poste décideraient d'offrir une nouvelle chance à cette saloperie de race humaine, finalement.
Et chaque matin, au cas où un lutin farceur serait venu fiche le souk dans mes affaires courantes, j'ouvre l'agenda entre le verre de lait et le brossage de dents.
Le premier qui dit que je suis un névrosé du temps qui passe s'expose à de solide poursuites judiciaires, Lorient-style.
Chacun ses hauts et ses bas, on va dire que je suis propriétaire de quelques crevasses qui rappellent Cousteau évoquant l'immensité des fosses océaniques.
Bref.

Pendant toutes ces années, je me gaussais de certains de mes amis, de mes proches, qui tantôt oubliaient ici telle soirée, là tel rendez-vous. "J'ai encore oublié de te rendre ton skeud !", "mais on devait pas se voir hier ?" ou "ah oui je devais taper çà c'est vrai", autant de choses entendues bien souvent, et autant de bonnes raisons de faire mon connard à l'égard de celles et ceux qui ont encore la patience de me considérer comme une de leurs fréquentations.
Alors bien sûr, je serais encore plus connard que ne voudrais l'admettre si j'avais encore la prétention, l'outrecuidance d'imaginer que je suis infaillible même sur ces points, qui me semblent (assez) importants. Les seules choses que j'oublie, j'en suis quasiment certains, sont probablement des sommes d'argent dûes ici et là, mais reconnaissez que dans le contexte, on ne peut pas m'en vouloir : j'veux dire, tu vois, ptain, j'en chie, fils, la vie c'est dur, quoi.

Parfois, lorsque je m'apprête à ressortir le nez de la merde gentiment déprimée dans laquelle je plonge plus souvent qu'à mon tour (notamment ces derniers mois, riche de multiples surprises comme vous le savez si vous lisez les lignes et/ou entre les lignes), je reprend confiance en moi, et ces piètres fausses-qualités que j'aime m'inventer me reviennent en tête : ah, au moins, je suis un type organisé. Certains peuvent bien rigoler, mais je sais très bien que j'oublierais pas d'acheter mon billet de train 6 mois en avance et bénéficierai de plein de remises cools, parce que m'y prend tôt.
Parce qu'en plus de lire et de consulter mon agenda chaque jour, plusieurs fois, il m'arrive très régulièrement de feuilleter les semaines, les mois à venir.
Parce que bon, hein. L'avenir est assez incertain comme çà, non ? Autant s'y retrouver, et laisser les surprises surgir d'ailleurs, d'un endroit inédit : elles ne sont pas si souvent chouettes, les surprises.
Alors il m'arrive régulièrement d'être celui qui balance un mail à tout le monde pour leur rappeler ici une rencontre, ici un pot prévu de longue date, ici une virée évoquée lors d'un ancien pot, etc. "C'est quand déjà que l'on va à X ou Y avec machin ou bidule ?", voilà le genre de sms que je reçois régulièrement aussi.

Malgré tout, et j'aime croire que ceci explique cela, il n'en a pas toujours été ainsi, je dois bien le reconnaître.
Et quand je pense à mon côté tête en l'air, il me faut chercher loin pour trouver des exemples notables, et répréhensibles.
J'ai néanmoins un exemple, qui me revient, de la trempe de ceux qui laissent des traces dignes de ce nom. Mes amis proches connaissent cette histoire, parce qu'avec le temps, j'ai appris à la raconter ; cela m'a aidé à l'assimiler.

En décembre 2001, ma compagne d'alors et moi-même décidions d'aller passer quelques jours à Londres. A l'époque j'avais un peu plus de tune qu'en ce moment, ce qui n'est pas très compliqué, et j'avais préparé un peu d'économies dans l'espoir d'en rapporter quelques disques. Une visite à Londres sans faire le tour des disquaires m'est impensable. C'est du gâchis.
J'avais bien évidemment expliqué à la fille (cette histoire était encore fraîche) qu'il m'était insupportable de ne pas passer une journée à digger, et le dernier jour de cette petite semaine à errer dans les rues londoniennes fut donc consacré à cela. J'avais mon petit carnet, celui-là même dont je vous parle plus haut, blindé de multiples références de trucs à tenter de chopper, même si franchement, je ne me faisais pas trop d'illusions sur mes chances de trouver 1 dixième de ce que je recherchais. Et puis je me l'étais promis : fini les disques au delà de 300 francs (c'était encore les francs en 2001 non ?)...
Bon.
Pour des raisons que vous comprendrez peut-être plus loin, impossible de me souvenir avec précision des pépites trouvées ces jours-là.
A ce jour, je ne comprend toujours pas ce qui avait bien pu se passer : j'entrais dans chaque magasin avec le faible espoir d'y trouver au moins une ou deux références.
C'est d'ailleurs un mauvais état d'esprit ; aborder un disquaire que l'on visite très peu souvent, sans idée précise, c'est le top : on y découvre des trucs auxquels on aurait pas pensé, on tombe sur des choses qu'on avait oublié, que l'on avait pas prévu. On sort forcément satisfait, avec la hâte de rentrer pour écouter les trouvailles.
Cela vaut le coup de différencier ce genre de visites des séances de diggin', les vraies, celles où l'on s'organise entre copains pour faire en 2 jours quelques centaines de bacs ou de cartons de disques, la liste dans une main, la calculette dans l'autre. Là, on est en mode "faut que je trouve ça, ça et ça". Ca n'a rien à voir avec les séances de tourisme, qui, elles, devraient laisser le carnet dehors.
Bref, encore une digression.
En tout cas, ce jour-là de décembre 2001, j'aurais du y aller sans carnet, plus détendu, mais j'avoue, ça n'était pas le cas, mais je serais con de le regretter : après une journée, me voilà avec trois sacs remplis, remplis de trucs de bargeot, pour une somme globale que je n'explique toujours pas. On va dire que j'avais choppé une trentaine, environ, de trucs dont le simple fait de les avoir dans un sac m'emplissait le coeur de bonheur, vraiment. Le plus dur allait être de se cogner l'Eurostar et le retour jusqu'à Besançon pour savourer tout çà.
De vieux trucs de soul, des galettes plus âgées que moi, mais aussi des pressages promo de hip hop à la con, il y avait un peu de tout dans cette belle sélection. J'étais content, j'avais investi dans des trucs sur lesquels j'avais eu un bol dingue.
Le retour allait être chouette, les fêtes allaient être plus digestes : j'avais du Cadet en pressage original, un sac complet de Creed Taylor, et puis des promo dont je me souvenais même plus le contenu (ah si je me souviens de deux copies promo du double LP de The Isolationnist, ça je m'en souviens parce que ça m'avait coûté 1 £ pour chaque, ah ah ah, cette blague).
Fin de journée, nous voici donc dans le métro, direction zone 4, où nous rentrions passer notre dernière nuit chez l'ami Greg, les sacs gonflés à bloc, saloperies de consommateurs matérialistes que nous sommes. On discute entre deux correspondances, nous sommes fatigués après une semaine à courrir d'un endroit à l'autre, à s'en prendre plein la tronche quotidiennement. Nous voilà à sortir du métro, à entrer dans un petit restau à côté de chez Greg, avant d'aller faire nos sacs et de pieuter, fourbus (de mémoire, nous sommes le 24 décembre). Et là, je me rend compte que j'ai plein de sacs dans les pattes, mais pas ceux comportant les disques. Je suis pris de panique, de dépit aussi, d'extrême énervement contre moi-même, et je cours jusqu'à la station de métro, en parlant à voix haute, probablement un truc comme "Espèce de débile, bien entendu, t'a le droit de croire qu'à Londres quelqu'un va aller poser tes disques aux objets trouvés... Connard".
Evidemment, je n'ai rien retrouvé. J'ai poussé l'espoir de mes deux à aller jusqu'à emailer le service des objets trouvés, à Londres, au retour.
A ce jour, cela reste une de mes plus tristes expériences autour de mon gros trip perso (les disques), à peu près ex-aequo avec le dégât des eaux qui m'avait conduit à jeter environ 60 pochettes d'originaux de jazz et de soul-jazz d'époque. Du Mingus, du Hancock, du Impulse!, du Blue Note, que des pressages originaux, hop, à la poubelle. Au moins, et contrairement à Londres, j'ai toujours les disques, et c'est bien là l'essentiel me direz-vous pour me consoler. Ouaip, je sais bien.
Mes disques londoniens, donc.
J'espère que celle ou celui qui est passé derrière moi était quelqu'un de bon goût (uh uh uh) : ca ressemblait à un sacré cadeau de Noël pour n'importe quel petit con amateur de soul, jazz, funk, hip hop.
L'enculé, je l'envie.


(cette image et les suivantes sont issues du Failblog )





Mais pourquoi diable suis-je parti à déblatérer une nouvelle fois sur ma vie ?
Ah oui.
Hier, vendredi, je partais à Lyon, rejoindre les copains avec qui avions prévu d'aller à Jazz à Vienne le soir venu : Roy Ayers avec Don Blackman (heureusement que le bonhomme est auteur de choses aussi magnifiques que "we live in Brooklyn baby", ou d'une mémorable rencontre avec Fela : le live est une suite de soupes assez fadasses, ca ronronne, ca rigole, ca fait le show, mais bon, j'aurais espéré mieux, même si mes petits petons trépignaient sur "searchin'" ou "everybody loves the sunshine"), Eric Truffaz (entouré de très bon musicos mais aussi de Christophe -oui, "Les mots bleus", tout çà), Anthony Joseph (largement aussi chiant que lors de son passage à Besançon lors du festival Génériq), mais surtout le Sun Ra Arkestra, rhâââ, quel moment ! J'y reviendrais).

Alors de Besançon, j'ai pris le train pour Lyon ; passage et changement par Dijon (oui, c'est aussi çà la sncf), je n'ai pas manqué de m'assoupir... et de sortir d'un simili-premier sommeil brusquement : le temps de prendre mon sac, de sauter sur le quai, de me précipiter dans les escaliers, de resssortir de l'autre côté, de sauter dans le train, de m'asseoir, à peine réveillé, de vérifier que j'étais bel et bien dans le bon train, ce qui était le cas, ouf !

Et c'est à ce moment-là que j'ai réalisé que j'avais laissé dans le train, dans les soutes au dessus de mon siège, ma veste Carharrt grise à capuche (ceux qui me fréquentent savent qu'il s'agit là d'une réelle annexe de ma personne), ainsi que ma veste genre vieux K-Way bleu marine doublé en doudoune peluchée rouge, à laquelle je tenais quasiment autant que mon appareil photo numérique (batterie pleinement rechargée, msieur dame), et puis mon fameux agenda/fourre-tout/carnet de notes, qui étaient dans les poches.
Bien joué !



Je vais me pendre.
Ah non ! J'ai pas de sarouel. Je vais me suicider à la B&J, plutôt.