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26 août 2007

Rhaaaaaaa. Rhaaaaaaaaa. Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa.

Puuuutain, je suis en vacances.
Je prend une minute, probablement alors que vous dormez dans un profond sommeil (la nuit est encore jeune ici), afin de vous tenir au courant, mes amis, mes proches, ma famille, de mes activités estivales, ce qui, vous en conviendrez, est une chouette et généreuse idée, hein.
Ensuite, je retournerai fissa sur la douce plage (nous sommes dans un petit village en bord de pacifique, pas très loin de Sacramento, au peu au nord de San Francisco), finir la nuit autour d'un cocktail et d'un essaim de délicieuse naïades ennivrées par le charme français et, c'est probable, par les Buds qui ont oublié leur fraîcheur en même temps qu'on les sortaient des glacières électriques.
La semaine dernière, c'était Kahoolawe, la plus chouette île d'Hawaii (après Maui, quand même), ou l'eau des lagons est encore plus bleue que le curacao servi au Bar de la Poste de Vesoul, la semaine d'avant c'était les Keys, ces îles faites de massifs de corail, en Floride, reliées entre elles par l'Overseas, un autoroute qui comporte pas moins de 42 ponts (dont le plus long mesure pas loin de 11 kilomètres, c'est pas de l'édifice de fillette, en Floride, hein), et la semaine prochaine, eh bien, ca sera la reprise, car, comme le disait encore le président Sarkozy après une bouleversante cuite avec Poutine, toutes les meilleurs choses ont une fin, et puis la France qui travaille, faut bien qu'elle reprenne un jour, hein.

Rien que d'y penser, je me sens aussi las et dépité que lorsque la semaine dernière, sur notre île de paradis, Samantha, jeune californienne qui parle un français courant, et qui écoute Leroy Hutson, Atmosphère ou Hudson Mohawke lorsqu'elle est seule, lorsque Samantha, disais-je, m'est apparue dans notre chambre d'hôtel, en m'annoncant la mort de Max Roach, dépitée qu'elle était, comme n'importe quelle personne valable l'aurait fait.



J'aurais voulu vous épargner les banalités du type "le dernier grand batteur nous quitte", mais... Quand même, Roach est mort, merde. Il était vieux, un peu, malade, beaucoup même. Mais c'était lui avec Monk, avec Dizzy, avec Miles ("Birth of the cool"), avec Archie Shepp, avec Sonny Rollins, avec Mingus ou Dolphy, ou avec Mingus et Dolphy, c'était lui sur "Jazz at Massey Hall", c'était lui qui a nommé "Debut" leur label, à Mingus et lui, c'était lui sur "We insist !", c'était lui sur "Money jungle"... Si Ed passe par là, il pourra probablement poster un comment de 15 paragraphes pour me reprendre, et citer bon nombre d'oeuvres majeures auxquelles Roach avait contribué. On perd un putain de gros, quand même, là.

Heureusement qu'il y les copains, et qu'il y a Puma, pour faire oublier tout ça :



Ah c'est sûr, c'est particulier comme série limitée, mais en tout cas, j'évite de faire du vélo avec, faut pas déconner, hein. Ad is my man, nuff said.

Bon, j'avais promis que j'avais des choses à raconter, et ca tombe bien, parce qu'il y a autre chose que des bobards sur mes destinations de rêve : pendant que 75% de mon entourage a choisi la Corse cet été (putain ca s'embourgeoise hein, fini le camping à Vouglans, les gens changent, tout ça), moi j'ai décidé de repousser le séjour "ailleurs", enfin, c'est surtout mon banquier qui a choisi, mais on s'en fout. Moi pendant ce temps là j'alimente un blog qui est, je vous l'accorde, assez mou ces derniers temps ; petit séjour "ailleurs" prévu pour bientôt, s'agit d'économiser maintenant... Allez zou !

Il y aurait eu bien des choses à dire au sujet de plusieurs petites affaires diverses, survenues dans le joli petit monde de l'édition, ces dernieres semaines. J'emploie le mot "petite affaire", mais si j'avais été l'éditeur, ou pire, l'auteur de "Entre Deux" (l'oeuvre originale repompée purement et simplement par Catel, comme les lecteurs de Libé ont pu le constater dans les pages estivales du quotidien), je pense que j'aurais vraiment été super vénère.

Petit rappel de l'histoire, d'un point de vue aussi objectif que possible : en début d'année paraît aux Editions de La Cerise (un petit, petit éditeur de bandes dessinées à l'aura malheureusement très restreinte) une bande dessinée batarde, "Entre Deux", sorte de road-trip baroque, excursion poétique au ralenti et à l'indéniable puissance évocatrice, énième démonstration du talent évident de son jeune auteur, Vincent Perriot. Cet ouvrage n'a pas bénéficié d'une exposition médiatique digne de ce nom, sa distribution ne lui aura pas permis d'être réellement très visible, même si ici et là, certaines personnes au goût certain (menthe, cannelle) auront pris le temps d'en parler (mais probablement pas assez).



Ces dernieres semaines, certains lecteurs du "supplément bédé" de Libé (on est loin de la pertinence de la publication des "Vacances de l'OuBaPo" d'il y a quelques années, et ce malgré la présence des "Points de vues" de Peter Kuper, dont les formidables strips, désolidarisés les uns des autres, ne gagnent peut-être pas en pertinence) notent de fortes similitudes entre l'oeuvre alors dessinée par Catel. "Quator", l'oeuvre en question, est une adaptation en bande dessinée de quatre récits écrits par quatre auteurs différents ; quatre histoires, donc, que l'on devrait, quelle bonne nouvelle, retrouver publiées dans un seul album, en 2008, chez Casterman (tiens donc).
Le problème, ce n'est pas la façon évidente avec laquelle ces pages semblent avoir été réalisées (on a connu Catel graphiquement plus habile, plus inspirée), mais le fait que sur certaines pages, sur certains "épisodes" de cette prépublication, on retrouve, quasiment "recopiées" à l'identique (l'aisance graphique prodigieuse de Perriot en moins), quelques compositions marquantes issues de "Entre Deux" ; ce repompage en régle n'aura pas échappé aux amateurs de beau dessin, car Perriot, de son côté, n'avait pas simplement signé une belle histoire originale et bien traitée : son dessin avait fortement impressionné, d'autant plus qu'il était composé pour moitié d'illustrations au format pleine page, exposant ainsi à la face du monde son talent énervant. Pour celles et ceux qui avaient ne serait-ce que feuilleté le dit-bouquin, impossible de ne pas faire une filiation directe, et de ne pas être écoeuré par ce manifeste "recopiage" ; et c'est là le souçi : il me semble qu'il aurait fallu qu'il s'agisse d'un hommage assumé (avec crédits -ou citations d'inspiration(s)- explicites en accompagnement de la prépublication, rien que de très normal), ce qui n'a pas été le cas, du tout. J'ignore si Catel espérait que personne ne relève son travail, peut-être s'agit -il d'un égarement, d'un moment de passage à vide, d'une période de faible créativité et de délais à tenir... bien des auteurs ont déjà vu leurs inspirations localisées, reconnues. Mais de manière aussi flagrante, aussi dense (car l'une des planches publiée dans Libé ne contenait pas moins de 5 cases directement repompées d'"Entre Deux"), j'avoue que je n'avais encore jamais constaté cela...
Qu'un auteur soit fortement marqué, qu'il soit sous forte influence, c'est une situation connue, classique, fréquente, et cela a donné, par le passé, bien des délices pour les yeux, les oreilles, que sais-je encore. Qui déboule avec un univers totalement innovateur, inédit, dont le travail semble complètement dénué d'inspirations extérieures ? C'est rare, ou alors, le hasard fait que... Bon. Que la digestion soit aussi visible, que l'assimilation soit aussi peu discrète, qu'elle soit aussi faiblement embrassée, alors qu'elle aurait pu être à l'origine d'une vraie création nouvelle, cela me semble simplement foireux, et triste.
La morale de l'histoire ne sera pas sur mon blog, vous n'êtes pas dans un endroit moraliste, et encore moins sur une plate-forme de propositions (cela se saurait), mais la seule chose que cela m'inspire, c'est de vous inciter, plus que jamais, à aller jeter un oeil au bouquin de Vincent Perriot. Ce n'est pas parce qu'il a inspiré Catel que cela en fait un truc à lire. C'est juste parce qu'il s'agit là d'un des meilleurs bouquins parus cette année, tout simplement.

Bon, il y a des choses plus graves dans le bizness du bouquin : "Dans la nuit du mercredi 8 au jeudi 9 août, des inconnus ont pénétré par effraction dans l'abbaye de Lagrasse (ou devait se tenir le dixième "Banquet du Livre") et aspergé de gas-oil les 12 000 ouvrages exposés dans la librairie.". Waouh, ca rigole pas chez les cathares.
L'association chrétienne Unitas, par la voix de son président Pierre-Marie de Berny, "dément tout lien avec ces actes de vandalismes et condamne de tels agissements, incompatibles avec les exigences de la foi chrétienne" ; il s'agit sûrement de cette même foi chrétienne qui a poussé les chanoines réguliers de la communauté religieuse de la Mère de Dieu à exprimer à maintes reprises leur mécontentement quand à la tenue du 10ème "Banquet du livre" de Lagrasse, dans l'Aude.
Le souci ? A l'occasion de cet évenement culturel (organisée par l'association Marque-Page et les éditions Verdier), une librairie (une sélection faite par Christian Thorel, le boss de la librairie toulousaine Ombres Blanches) était installée dans le réfectoire de l'ancienne abbaye, abbaye dont la communauté religieuse est également "co-locataire". Cette année, le thème est "La nuit sexuelle", avec en invité d'honneur Pascal Quignard. Forcément, le mélange des genres n'a pas fait que des enthousiastes...
Evidemment, ca fait un peu "flag", comme délire : on asperge d'un mélange de gas-oil et d'huile de vidange, mais on fout pas le feu, comme si on avait pas eu le temps de finir le boulot. Ouais, ou bien comme si on voulait faire chier, mais pas au point de détruire l'Abbaye, quand même. Rappel : le vandalisme n’est pas pris en compte par les diverses assurances des organisateurs...
L'année prochaine, le thème du festival sera "la pédophilie dans le livre", avec un grand barbecue offert par les culs-bénis, ca va être chanmé.

On n'a pas fini avec la grosse hype du toy pour adulte (non je parle de pas de trucs qui vibrent et qu'on peut se mettre dans tous les recoins, bande d'obscènes). Le gros business autour du jouet voit ainsi arriver un nouvel évenement qui ravira aussi les amateurs de bonne bande dessinée, sous la forme d'une grosse expo, "Toy Comix", qui fait la passerelle entre le monde du jouet et la bande dessinée contemporaine : "32 dessinateurs internationaux proches de L'Association ont été invités à réaliser des planches ou à reconstituer leurs univers à partir d'une sélection de jouets emblématiques de la collection. 'Toy Comix' met plus particulièrement en valeur l'importance des jouets et des jeux dans l'univers de certains auteurs de bande dessinée, qu'ils aient eux-mêmes déjà réalisé des jouets ou figurines, ou qu'ils aient eu une approche expérimentale du jeu au sein de leur pratique d'auteur."
Au programme de cette première expo (coorganisée avec JC Menu), le jouet au centre d'une bande dessinée originale de la part de chaque auteur, des installations recréant l'univers de certains auteurs, et l'OuBaPo présentant un travail collectif de mise en abyme des propositions précédentes.
::: du 15 novembre 2007 au 9 mars 2008,$
::: du mardi au vendredi de 11h a 18h, jusqu'à 21h le jeudi, samedi et dimanche de 10h a 18h.
::: Prix : de 6,50 à 8 euros.
::: Musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris (01.44.55.57.50).

Bon.
Les Xeric sont tombés, et c'est cool, parce que Sam Gaskin s'est fait remarquer avec son excellent boulot sur "Pizza Wizard", tout comme Ryan Alexander-Tanner, Tyler Page, Jeremy Smith, Steve MacIsaac, Erik Evensen, et Kevin Colden.
Ca fait encore des bonnes choses à aller checker sur le net, et avec un peu de chance, on évite les nombreux trucs dégueus qui fleurissent partout. Bouh.

Pour toutes celles et ceux qui n'aiment pas les listes, ni la bande dessinée, et bien sautez ce paragraphe. Ou bien au contraire, profitez-en pour aller faire un saut dans votre librairie favorite, et vérifiez sur pièce. Si le libraire ne confirme pas mes dires, c'est qu'il n'a pas lu les bouquins, ou bien qu'il est de fort mauvais goût. Et là, je met un smiley :) pour montrer que je suis plein d'humour, et que je ne fais que rigoler, uh uh uh.

Récapitulatif des (rares) trus super emballants sortis en ce début d'année, et dont on a pas assez parlé, nan mais :
- "Jérôme et Sultana", de Nylso (FLBLB). Nylso et son incroyable univers faite de réflexions sur la réflexion (entre autres), et de la découverte de la vie, suite ; la finesse de la pointe rotring qu'utilise Nyslo n'a d'égal que celle que l'on retrouve dans son oeuvre. C'est juste et réflechi, tendre mais jamais niaiseux, et bourré d'intelligence, celle-là même qui est tellement naturelle et spontanée qu'elle mérite à toucher un lectorat plus large. Moins cold wave que le précedent épisode des aventures de Jérôme. 8)
- "J'ai tué Géronimo", de Loo Hui Phang et Cédric Manche (Atrabile). Celles et ceux qui avaient lu "Panorama", des mêmes, sorti il y a quelques années chez le même, n'ont pas pu oublier cet ouvrage, sorte de déambulation étouffée, qui jouait avec les fantasmes et une pointe d'ambiance onirique complètement déstabilisante. Eh bien les deux auteurs ont récidivé, et c'est une brillante réussite, qui s'éloigne pourtant de leur première collaboration : "J'ai tué Géronimo" est une proposition peut-être plus appréhendable, même si certains y ont decelé des traces lynchiennes. Dans tous les cas, à ne surtout pas rater.
- "L'attelage", de Vincent Vanoli (L'Association). S'il est un mec dont la discrétion demeure un mystère absolu pour moi, c'est bien Vanoli. Au moins 2 formidables bouquins sont parus cette année de cet auteur qui, lui non plus, ne lâche rien... Cette fois, le registre de l'aventure historique passe à la moulinette vanolienne, avec pour résultat les mémoires d'un bandit oeuvrant dans la province anglaise au début de l'avant-dernier siècle. C'est malin, moins foutraque que "Panique à St-Pancréas" (son très bon précedent bouquin, où une jeune oiselle qui n'utilise plus ses ailes retrouve un jeune gaillard ayant malgré lui rompu avec les codes de la gravité, planant ainsi dans les airs au grand désarroi de ses semblables ; un condensé de critique joussive et corrosive, ou la reflexion et la curiosité de l'homme s'articulent autour de merdes chiées depuis les cieux), mais d'une saveur unique, celle-là même à laquelle Vanoli nous a habitué.
- "Les animaux domestiques", de Jean Lecointre (Thierry Magnier) ; merci à Guigui de m'avoir conseillé ce bouquin, c'est super bon. Que dire ? Un couple bien tranquille se voit proposé d'accueillir, et d'adopter divers animaux de compagnie. Sauf que c'est Lecointre qui s'y colle... Du grand n'imp', à destination du public jeunesse. Comme d'hab pour ce genre de bouquins, cela sera surtout les parents qui se régaleront...
- "Ma mère était une très belle femme", de Karlien de Villiers (Cà et Là). Evidemment, avec l'ébullition Satrapienne du moment (l'adaptation ciné est plutôt réussie, d'ailleurs, et si tout-le-monde-connaît-déjà-l'histoire, le traitement graphique est assez somptueux), les tranches autobiographique d'une auteur qui raconte son enfance en Afrique du Sud dans les 70's, c'est du miel pour les journalistes fatigués. Et cela serait bien dommage de s'en tenir à cela, car même si ce bouquin n'est pas exempt de défauts, il s'agit d'une fort agréable lecture.

Dans les jours qui viennent, je tacherais de prendre le temps de vous saoûler avec "Faire semblant c'est mentir", de Dominique Goblet (L'Association), "Massacre au pont de Nogunri", de Kun-Woong et Eun-Yong (Vertige Graphic), "Jacaranda" de Shiriagari Kotobuki (merci Fred pour ce conseil de lecture), et surtout, surtout, "L'éléphant" d'Isabelle Pralong (Atrabile), peut-être ma meilleure lecture de ces derniers mois.

Et en attendant, je suis sympa, je vous économise du temps, ne perdez pas de temps avec les trucs ci-dessous, convenus au mieux, foireux au pire :
- "Jazz Maynard", de Raule et Roger (Dargaud). Malgré un dessin loin d'être mauvais et impersonnel (le seul truc à conserver du bouquin), l'histoire accumule les clichés et la mise en place, l'ambiance, n'aboutissent sur rien, tant les rebondissements se succèdent sans raison valable (un pari personnel, peut-être, "tiens qu'est-ce qu'on peut encore balancer ah ah ah"). Indigeste et sans autre intêret, donc, que son dessin, ce qui, comme chacun sait, ne suffit pas à faire une bonne bande dessinée. C'est un peu comme si Bilal faisait de bonnes bandes dessinées : ca se saurait. Naaaaan je déconne, c'est même pas beau Bilal. Rhôôôôô.
- "Petites éclipses", de Fane et Jim (Casterman). Une pathétique tentative d'écriture à pseudo-contraintes (mouarf) par deux auteurs qui se perdent eux-mêmes dans les régles qu'ils se sont imposées : un mélo chiant et mou du genou, où il est impossible d'accrocher à un semblant de scénar, où les personnages ne prennent vie à aucun moment, où tout sent l'esbrouffe gratuite, bref, à éviter à tout prix.
- "Ma maman est en amérique, elle a recontré Buffalo Bill", de Regnaud et Bravo (Gallimard). Loin d'être un mauvais bouquin, cette nouvelle rencontre entre deux auteurs dont je suis pourtant habituellement plutôt amateur donne un truc qui m'est tombé des mains ; l'histoire de cet enfant dont l'entourage dissimule la mort de sa maman tourne vite en rond, et on tombe vite dans l'indigestion, dans l'avalance de bons sentiments. Les auteurs font leur possible pour rester sur le fil, mais chutent très vite dans la débauche de mélancolie gentille comme tout.

Il y en a des tonnes, mais je sens que la rentrée sera riche en matière première paramerdique. On en reparle très bientôt.
Un petit rappel pour les boogie headz dans le coin (ou ailleurs, on tâche de bouger un peu, quand même) :
- ce jeudi 30 août, la clique du Retour du Boogie au complet, au Red House, rue Pouillet, Besançon. 21h-1h, gratos.
- vendredi 31 août, les mêmes au Mixcité café, rue de la Cité, Troyes, dans le cadre du festival Kill's Party, toute la soirée aussi, gratos aussi. Wooou !
- vendredi 14 septembre, chez Pum, rue J.Petit, Besançon, dès 18h, et jusqu'à 2h du mat ; et maintenant, c'est gratos ! Aaaaah...
Après, ca nous emmène fin septembre, j'ose espèrer reposter d'ici là...

On air on radiojUne :
Comme d'habitude, je tiens d'abord à vous renvoyer sur autobiogriffue, le blog de Nancy Pena et Guillaume Long, et d'aller cliquer sur le gros bouton "Radio June", dans la barre à droite, ouais, paf, sur ma face. S'en suivront une trentaine de titres sélectionnés pour autobiogriffue, période estivale 2007.
Sinon, ca veut pas dire qu'il n'y a pas d'autre trucs à écouter, hein...

-> La vague bleep hop n'en finit plus de faire des remous, et on pourra au moins trouver cet avantage au réseau Myspace : faciliter, plus que jamais, le rebond d'un univers musical à un autre, en procédant par affinités, par impulsions créatives, par inspirations...
Professor Ojo est un super-vilain de chez DC, mais depuis peu, il produit aussi un hip hop instrumental riche et varié, oscillant entre le post-bleep saturé tendance Fly Lo', et un very low tempo vraiment de mieux en mieux foutu, qui aurait largement pu se retrouver sur une compil du type Headz en son temps, c'est dire. "Secret door", un morceau qui peut encore évoluer, est l'exemple même d'une progression tout en délicatesse, sur 3'37 de hip hop instru, ou un sample vocal vient souligner la production chiadée et faussement classique ; "Realititty", plus rapide, flirte avec les jeux de déconstruction et les samples découpés à la serpette et hachés menu menu ; "Udon pickup" et ses bleeps Atari d'un autre âge judicieusement mêlés à une construction mélodique anéantie par un gros pied comme téléporté par mégarde, s'envole du côté de Samiyam.
Professor Ojo fait partie de cette nouvelle génération de producteurs qui semblent prendre beaucoup de plaisir à ralentir le tempo du dancefloor, et ca fonctionne. Très vite, on pensera le mettre dans la grande marmite estampillée Beat Dimensions, aux côtés de Fly Lo et Samiyam, donc, mais aussi de Hearin' Aid, Hudson Mo', Mike Slott, Débruit, 1000Names, Onra, Dimlite, et autres zozos beatmakers new school qui défoncent tout sur leur passage. A dire vrai, voilà typiquement le genre de trucs qui me fait du bien : alors même que nous passon l'essentiel de notre temps à nous plaindre que peu d'artistes parmi nos favoris ont réussi à nous surprendre ces derniers mois, alors que j'ai l'impression que le broken beat n'en finit plus de tourner en rond (à mon grand dam, et ce malgré quelques exceptions vraiment chouettes, évidemment), voilà qu'un espèce de sous-genre, qu'une école spontanée se retrouve à errer ensemble dans une aire de jeu ou tout reste à faire. Mortel ! Espérons que les mecs sauront se renouveller, à l'image de l'affilié français de la troupe, Fulgeance, qui multiplie les pistes et les projets, tout en y laissant une sauvage patte perso qui, je l'espère pour lui, devrait faire du bruit.
-> Dans le même registre, mon beatmaker favori du côté est de la France, aka la Chauve-Souris, vient de terminer un track qui pourrait largement rejoindre les susnommés : "Moon" et son sample mortellissime d'Eddie Gale, variation hip hop smooth qui prouve la finesse du gugusse.
-> "Our lives are too short" de Outlines est un album réussi de plus chez Sonar Kollektiv (décidément), qui comporte quelques vrais petites pépites très inspirées ; pour ma part, je trouve quelques tracks vraiment en deçà de l'ensemble final, endommageant au passage la cohésion d'un album déjà très hétéroclite. C'est l'éternel risque lorsque l'on passe d'un registre musical à un autre, et l'on ne pourra décemment pas reprocher à la clique parisianno-strasbourgeoise de s'enfermer dans un seul style, ce qui est déjà très cool. Quelques très bonnes surprises, quelques très bonnes collaborations, et de menus défauts, comme une éventuelle linéarité au niveau des harmonies vocales (de la part du chanteur principal) que l'on peut regretter, car à la base, tout est bien posé, et plutot bien écrit. Bon, rien de dramatique, et puis pour une fois qu'un projet français pond un mélange midtempo/broken/hip hop réussi, on va pas se plaindre ; l'album part dans pas mal de directions, mais celles-ci sont plutôt bien exploitées, et la sauce prend. Cool.
-> "2266 cambridge" de Cut Chemist avec Thes One est une petite ballade breakbeat moins naïve qu'elle en a l'air. C'est probablement l'un des meilleurs titres de "the audience's listening", l'album du barbu qui avait un peu déçu l'année dernière.
-> Cette enflure de Dampremy Jack avait encore raison, mais ne lui dites pas, car la rumeur court au sujet de la grosse tête qu'il serait déjà en train de chopper après les résultats exaltants des ventes de "Dérapage Comix", paru chez Warum. Toujours est-il qu'après avoir écouté les 6 bonnes minutes de "While You Were Sleeping" d'Elvis Perkins, je me suis rué sur l'album du type. Bon, on va pas revenir sur la déjà légendaire histoire du pourtant jeune bonhomme, je pense que les Inrocks ont largement du se répandre dessus ces dernieres semaines... Ben merde, c'est d'une noirceur rare, mais c'est vraiment très très bien. Merci espèce de sale belge, va.
-> "Dunhill drone comittee" de Mike Boo n'est pas tout récent, mais passe toujours aussi bien. Je me fais souvent chambrer sur mes mixes et mes choix musicaux particulièrement "mous", "lents", "à 5 bpm", j'avoue qu'en ce qui concerne Boo, j'ai trouvé mon maître, après Vadim première époque bien sûr... Les ambiances sont incroyablement denses et profondes, et l'on navigue constamment entre douce mélancolie et sadness affichée, mais l'ensemble reste vraiment convaincant, habile, et réellement bien fichu aussi, avec une production fabuleuse, sur laquelle on peut légitimement se demander pourquoi Mike Boo n'a pas encore obtenu la reconnaissance qu'il mériterait pourtant. Oubliez le downtempo, le lowtempo, et les ambiances éthérées des compils pseudo lounge, et rétrogradez encore davantage vers une manière de faire qui marque le beat mou : Mike Boo is da man.

Bon, vous m'excuserez, mais hier soir on a fait un énorme barbecue avec la famiglia (oui, Vince, c'était mortel, je suis bien d'accord avec toi, d'autant plus qu'il n'y a que toi, de toute la bande, qui a une chance de lire ces mots, je suis prêt à le parier), dans les hauteurs bisontines, rentré très fatigué, couché dans la minute, et je me lève ce matin dans une dégueulasse odeur de charbon de bois très tenace, je crois que ca signifie qu'il est l'heure de prendre une douche.

Eh, c'est déjà fini ? Ben c'est pas trop tôt.
Bonne fin août. Ou pas.

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19 avril 2007

YO JAY !

Avant de commencer, et parce que ca n'arrive pas tous les jours, un tout petit message perso : mon pote, que dis-je, mon bro Jay s'est cassé hier mercredi pour retrouver sa promise, outre-Atlantique, pour une durée qu'on leur souhaite la plus longue possible, ce qui ne nous procure guère de souçis. Juste un peu de tristesse parce que vu l'état des finances, c'est pas tous les jours qu'on pourra aller leur taper la bise au Colorado, à Kim et lui... Alors évidemment, des tonnes de bises, et promis quand même : à bientôt, mec !

jay2007b

Voilà. Parce qu'on aura beau dire, ca fait quelque chose de voir "partir" un pote avec qui on a partagé ses premiers coups de coeur hip hop, ses premiers tricks de skate, ses premiers tours de rampe (remember Gevry, homies) (bon ok, mes tours à moi n'étaient guère conséquents, mais quand même), et tant d'autres choses... Ambiance nostalgico-tristouille, mais super content pour lui, bordel. Enjoy, hein ! 8)
Bon.

Mis à part ça, ca va ? Ben ici, ca va, ouaip.

Un samedi au taf comme on les aime, avec la venue du gars Christophe Gaultier, à l'occasion de la sortie du premier tome de son "Robinson Crusoe", paru chez Delcourt.
Sympathique aussi, le fait d'avoir eu droit à la petite visite d'Alexandre Clérisse (qui vient de sortir "Jazz Club", chez Dargaud), jeune auteur sympa qui était accueilli par nos confrères de la-librairie-BD-Fugue-d'en-face... Du coup, le pot en terrasse ensoleillée, le soir venu, était un moment bien sympa, vindzousss.

gaultier CRUSOE petit

Alors malgré ma méfiance et mon manque d'enthousiasme quant au principe de l'adaptation en général (et sous toutes ses formes, je dois bien admettre), il y des moments où il faut savoir reconnaître la réussite là ou elle se trouve. Le gars Gaultier a déjà signé de nombreux bouquins, en solo ou accompagné, mais le temps qui passe semble lui réussir : de plus en plus personnel, de plus en plus identifiable (et ce malgré les nombreuses méthodes parmi lesquelles il sait choisir pour adapter au mieux une forme à un fond), son style sert à merveille un récit qui l'a profondément marqué par le passé, et l'amour, l'admiration qu'il porte au bouquin de Defoe respire à chaque case, à chaque dessin, à chaque dialogue (qu'il a brillament réécrit, quelle classe ce tobal).
Bon, l'histoire, on la connaît (ou on croit s'en souvenir), donc une fois de plus, la réelle valeur de ce type de projet, c'est de voir comment l'auteur va s'en emparer... Et là, donc, réussite totale, il me semble. Parce que Gaultier ne vient pas de signer un travail de commande à la con, il termine actuellement le dernier tome de son Robinson (le troisième), déjà : on sent la passion, l'envie qui anime le bonhomme (mazette, c'est pas un gringalet, en plus, hein, il doit en falloir pour le mouvoir, ouaich) de s'empoigner avec une telle oeuvre ; si tout se déroule comme prévu, entre "Guerres Civiles" chez Futuro et sa reprise de "Donjon Potron-Minet", nous devrions pouvoir lire le second tome à la rentrée, et le dernier quelques mois plus tard, début 2008. Si ca c'est pas la classe, aussi...

Tiens ? Mais qu'est-ce que cette vidéo de Benny Sings fout là ?



Bizarre.

Bon, quelques autres lectures, en vrac, comme "Missing", de Will Argunas, à sortir chez KSTR. Dans le registre noir, chacun son truc : aux states, ils ont Bendis qui, après avoir dépoussieré le néopolar, se parodie lui-même jusqu'à plus soif (perso, j'ai déclaré forfait il y a déjà un moment), nous, on a KSTR, l'éditeur le plus Canada Dry de la constellation, et Arunas, qui, entre deux idées, se perd lui-même dans un fourre-tout à base d'intrigue (?) archi-vue et revue, et de flashbacks qui feraient passer Burnechouigue pour un scénariste doué. C'est pas encore sorti, mais c'est pas très grave.

...Comme les suites de parutions de versions françaises encore inédites comme "Promethea" (chez Panini, épisodes 13 à 18) de Moore et Williams ; doit-on répèter que Promethea est probablement la série la plus en roue-libre du Moore de ces dernières années, ésotérico-métaphysico-magique ? Que rarement Williams a autant donné l'impression de s'éclater, d'ailleurs un peu près autant que dans l'excellent exercice jubilatoire qu'est son "Desolation Jones" scénarisé par Ellis, rarement autant en forme ?...

...Comme "Sandman : Fables et réflexions" (chez Delcourt) comporte la suite de la classique saga, agrémentées (incroyable -bonne- idée !) des quelques pages initialement parues dans le petit collectif "Vertigo preview #1", illustrées par Kent Williams : 10 pages, pas plus, qui comptent parmi ce que Gaiman a fait de mieux, à mon goût ; dommage qu'ici, elles furent traduites avec les pieds...

...Comme "Y le dernier homme" (encore Panini, bonjour la main-mise, hein), soit les épisodes 18 à 23 d'une des meilleures séries Vertigo d'alors, ou Brian K. Vaughan affichait encore, avec succès, un talent et un imaginaire assez séduisant ; les aventures de Yorick, dernier homme encore vivant sur terre, et parachuté dans une destinée qui se précise lentement... Tout sauf un bon plan pour lui, évidemment. Même si le dessin de Pia Guerra ou de Goran Parlov n'ont pas forcément des tonnes de charme, le rythme et les ingrédients sont là, ca fonctionne, vivement la suite.
Autant de bon para-mainstream ricain, pas forcément récent ("Sandman" a tout de même pris un sacré coup de vieux niveau encrage et colorisation, ca se confirme avec cette nouvelle traduction), et encore, je parle même pas de l'arrivée de la nouvelle intégrale XMen, qui comporte la mini-mini-mini-série avec Alpha Flight (par Claremont, of course, et Paul Smith aux pinceaux, vraiment torché, on devine la commande pressante), mais aussi l'arrivée d'Arthur Adams, quand je pense qu'il ya 20 ans déjà que j'attendais comme un dingue de découvrir la suite de son boulot, entre 2 "Spécial Strange" et un "Titans" (87, hotdaaaaammit)... Et après les horribles X-Babies, l'arrivée de Rachel Summers, soit le début de la fin ; ben ouais, qui dit Rachel, dit Cable... L'horreur, quoi. Bon, à part pour l'habituelle poignée de nostalgiques, rien d'indispensable dans cette livraison de chez Marvel, hein.

Ben ouais, j'ai des phases : en ce moment, je lis et relis du mainstream ricain, récent, old school, Marvel, DC... Je tente de comprendre pourquoi la franco-belge ne m'attirait pas, et ce que je pouvais trouver dans ce que les éditions Lug m'apportaient régulièrement... Autant le dire, j'ai pas encore trouvé de réponse. Tout ce que je sais, c'est qu'Adams, j'étais super fan de son dessin, mais les scènars de Claremont, à ce moment précis, me faisaient chiiiiieeeeer...
Bref.
Je pourrais déblatèrer pendant des plombes sur "comment c'était cool l'arrivée des New Mutants !", alors autant passer à autre chose, hein...

Sinon, après des mois à repousser sans cesse (quand le temps et l'envie ne sont pas là, ca fait 2 bonnes raisons de ne pas poster plus souvent, non ?), une envie de revenir sur tel ou tel bouquin frémissait dans mes petits doigts... Et ce matin, en me baladant ici et là aux confins du ouebe, je me retrouve sur le (toujours très bon) blog de l'ami Nico from XRXD, et paf : ce belge individu me devance, décidant à quelques jours près de poster sur deux des plus chouettes bouquins que j'ai lu ces derniers mois... Qu'à cela ne tienne, Nico. Tout finira par se payer, tu le sais... 8)
D'abord, merci à Fantagraphics et aux divers acteurs de l'excellente entreprise qu'est devenue la collection Ignatz.
D'abord, parce qu'elle recèle de quelques pépites, de quelques joyaux (quelques coups foireux aussi, certes).

Ensuite, parce qu'elle permet à Anders Nilsen de signer quelques unes de ses plus belles pages, sous la forme des premières qui constituent "The End" (dont la couverture chez Coconino Press semble différente de l'édition parue chez Fanta, simple erreur de mise à jour du site de Coconino ?) , et tout simplement intitulées "Since you've gone I can do whatever I want, all the time". Comme l'a déjà fait remarquer Nico, il s'agit d'une suite de bien tristes scénettes, celles-là même que semble vivre l'auteur au moment où il bossait sur ces planches, totalement anéanti depuis le décès de celle qui partageait sa vie. Inutile d'imaginer que l'auteur rend hommage à celle qu'il aime dans ce livre, car après quelques mois seulement, il semble évident qu'on en est pas encore à ce stade ; ici, l'absence, le vide, la douleur, le sentiment de perdition absolu(e), se mélangent et se répondent, et on imaginera difficilement quelque vertu thérapeutique que ce soit dans la conception de ce bouquin...
Alors voilà, à ceux qui trouvent l'autobiographie en bande dessinée souvent lacrymale, inutile de préciser qu'ils tiennent là leur pièce maîtresse. Pour ma part, la sincérité désarmante avec laquelle s'affiche l'auteur m'est apparue comme trop rare, trop précieuse, et trop universelle, pour ne pas adhèrer, totalement, à la manière de faire, car même désarmé et abbatu, Nilsen reste un auteur intelligible, et passionnant. Une fois encore, la question n'est pas de savoir comment va Anders en ce moment, ni si sa vie est toujours au début d'un préambule d'introduction d'éventuel début de reconstruction, non non non. Le fait est qu'Anders a eu mal, et qu'il l'exprime, sans donner l'impression qu'il cherche forcément une issue, ankylosé qu'il est et coincé entre la paralysie et ce sentiment de perdition, donc. La douleur en tant que trame de travail, non pas comme un appel au rebond vers d'autres thèmes, vers d'autres idées, mais comme un acte spontané et probablement nécessaire, aussi nécessaire qu'il était probablement douloureux, même si on imagine le mec assez anesthésié par l'ampleur du truc qu'il vit.

anders

Nico, de son côté, imagine "Monologue for the Coming Plague" (le précedent bouquin de Nilsen) comme une somme de travail précedent la version aboutie de ce "The End". On imagine en effet assez bien la pensée et les idées de Nilsen retrouver, au fil du temps qui passe, une sorte de cohérence et une linéarité qu'on pourrait suivre, ou du moins, qu'on pourrait percevoir dans sa trame la plus abstraite ; il est vrai que "Monologue..." tenait davantage du work in progress autant graphique que psychologique, mais l'urgence du moment, du ressentiment, dictant l'acte, on tenait là, déjà, un énorme condensé, brutal et abrupt, témoignage d'un instant de la vie de l'auteur.
"The End" est taillé dans le même matériau, un tantinet plus affiné à l'égard d'un lectorat qui, s'il était rare pour "Monologue...", n'a pas du augmenter depuis, et on saurait comprendre pourquoi... Et pourtant... L'expérimental se coltine donc, une fois de plus, avec le vécu, pour un Ignatz qui me semble réussi, à plus d'un titre.

Anders Nilsen a également réalisé une illustration pour le très, très bon collectif "Beasts", sorti chez Fantagraphics (Fred, n'achète pas ce bouquin s'il te plaît, contacte Tristan plutôt), un bon gros bouquin, magnifique dans sa conception comme dans sa réalisation, avec une belle brochette d'auteurs et de créateurs s'acquittant de leur tâche (illustrer un mythe, une créature mythique, accompagnés d'un texte, afin de réaliser une sorte de bestiaire de l'imaginaire collectif et du folklore mondial), qui vaut vraiment le coup.

Anders Nilsen, ponctuellement, réalise aussi sa page pour les Sundays Services, ces updates irrégulières de la petite bande de The Holy Consumption (avec Jeffrey Brown, John Hankiewicz, et Paul Hornschemeier).

Lors de tout ce temps, on imagine assez facilement qu'Anders Nilsen, pendant qu'il fait plein d'autres trucs formidables, beaux, chiale sa race sur sa planche à dessin.
Rarement douleur n'a été aussi bien retranscrite, tous supports confondus. Je ne sais pas si je suis suffisamment éloigné du concept de voyeurisme quand je ressens cela, mais il me semble que cela tient davantage d'une sorte d'empathie, de sympathie... Que dire ? Difficile de résumer les derniers efforts de Nilsen. Peut-être faut-il juste les lire. Et lui souhaiter que l'avenir lui soit plus clément.
Pas fastoche, comme on dit.

Bon. Sinon, la claque du mois est parue, et c'est La Cerise, digne éditeur bordelais qui s'en occupe ; je voulais y revenir aussi, parce qu'il me semble qu'on ne sera pas assez à défendre ce bouquin... "Entre-deux" sera résumé ici et là comme une prouesse graphique sur fond de road-trip mouvementé, ce qui sera juste, mais toutefois vachement réducteur.
Vincent Perriot, qu'on surnomme déjà le-jeune-mec-qui-énerve-tout-le-monde-avec-son-dessin-d'enculé, avec son petit trophée ramené d'Angoulême 2005 (Alph’Art Jeune Talent), avait déjà été remarqué dans Clafoutis il y a quelque temps (il avait alors 18 ans, mais parlons d'autre chose si vous le voulez bien). De voyage, il en était déjà question dans "Le passager", l'un de ses récits publiés précèdemment sur Coconino, où déjà, les prises de notes s'emballaient en un voyage à tiroirs. Ici, Perriot ajoute quelques cordes à son arc...

Récit muet s'étalant avec maestria sur environ 80 pages, "Entre-deux" est un ouvrage qui stimule, à bien des égards, la curiosité du lecteur peu farouche.
D'abord, le double parti-pris narratif, se jouant d'abord de l'utilisation de textes et de dialogues, et utilisant l'elipse comme base de travail : un dessin par page, pas plus, tantôt comme isolé de son cadre original, comme un extrait d'une situation, tantôt pleine page, laissant la virtuosité s'exprimer. Entre les deux, mais aussi entre chaque page, un lien, un fil, parfois mince, parfois moins subtil, mais toujours essentiel et qui, comme le rappelait l'ami Nico sur XRD, donne toute sa raison d'être à la bande dessinée. Les interstices, les non-dits, ce qui se trame entre les cases, c'est exactement cela dont il s'agit lorsqu'on cherche à caractériser le médium, énormément de monde semble s'accorder la-dessus. Eh bien conseillons à chacun d'aller tripoter ce bouquin de plus près...
Le livre a bien d'autres qualités, un ouvrage jouant avec la narration ne saurait suffire, en 2007, à ce que l'on s'emballe immodérément à son sujet.
Son dessin, riche en détails, préférant les tentatives de retranscription depuis des angles peu faciles aux sempiternelles point de vue vus et revus, justement ; la justesse de la luminosité de certaines pages laissant place à une obscurité tout aussi maitrisée ; l'attrait pour des angles impossibles, compliqués, où la perspective se détend et où la beauté et l'intelligence du conteur prend le pas sur l'exactitude du rationnel ("Fuck reality", comme le dit si justement l'un des graffs posés sur une de ces merdasses d'ornements de rond-point) ; et puis un coup de crayon bluffant, une puissance évocatrice digne des plus grands, une musicalité qui fait entrer Perriot dans mon petit panthéon personnel des auteurs qui comptent, ben ouais, d'un coup d'un seul, une réelle lisibilité (il ne faut pas se contenter de feuilleter ce livre en le trouvant beau ; sa lecture, au calme et avec du temps pour savourer chaque page, s'impose vraiment.
L'histoire, quant à elle, mérite qu'on ne la dévoile pas totalement. Non pas que le bouquin soit riche de tonnes de rebondissements, non. Mais la réussite, c'est qu'en ne racontant que très peu de choses, en prenant le temps de poser quelques instantanés d'une virée à deux, Perriot nous fait le coup de la grande évasion, celle que l'on a vécu au moins une fois, celle que l'on s'est imaginé, celle que l'on a souhaité ; le bain de liberté, accompagné par son équivalent d'onirisme léger et serein, sa dose de béatitude enviée et palpable. Le pétage de plomb circontanciel, l'aventure qui commence juste la-bas, derrière le boulevard... Le trip, quoi.
Pendant que certains donnent des leçons de vie dans leurs bouquins quentinblakisés, sur le dessin, son pourquoi, son comment, Vincent Perriot, mine de rien, remet quelques pendules à l'heure, en racontant une très belle histoire, de très belle manière. Que les amateurs de dessin au sens le plus noble du terme, ainsi que les grandes gueules à la science infuse, savourent avec justesse cette ébouriffante leçon qu'est "Entre-deux".

Et sinon ?
Eh bien, mes aieux, quel temps d'enculé, hein. Ca fait 3 jours que je me balade à poil chez moi, le mercure y frisant les 28°... Alors du coup, quand on sort les disques pour des sessions outdoor, ca fait vraiment, vraiment du bien :

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Dimanche dernier, et sur l'invitation de cette crapule baroudeuse qu'est le gars Voonx, réunion dominicale et musicale sous le soleil, dans le cadre du festival ElectroClique (suite et fin) : Zo, Voonx et moi-même avons passé une bonne partie de la journée à pousser quelques disques pour accompagner les skaters du skate-park de Chamars, ambiance au vert, ainsi qu'une poignée de teuffeurs en redescente de leur nuit à Micropolis (l'occasion de répondre par la négative à la sempiternelle question "eh grand, t'a pas de la tech ?"... ben nan, les gars, ben nan...). Enfin, si j'ai du vieux Detroit, tout ça, mais je sais pas si on parle du même truc. Anyway.

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L'atmosphère super tranquille qui régnait nous a complètement assommé : grosse chaleur, soleil qui claque, parties de freesbee endiablées, échange de baballe au piepied, et puis passage de tonnes et de tonnes de potes... Le tout avec un bon gros son, et quelques milliards de disques, perso, moi j'en redemande... Merci donc à Voonx d'HoneyBoxxx pour l'invit, c'était dope, mec. Honeyboxxx Turbo Selektorz represent !

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[merci à Sandrina et à Cécile pour les tophs]

Ah, en parlant de mouzik, j'ai une nouvelle mixtape disponible sur demande [envoyez-moi un mail à encorejune(at)gmail(dot)com ], pour celles et ceux que ca intéresserait, avec une petite pochette faite exprès, et tout. Une vingtaine de morceaux, sur 1 heure, 12 minutes, 38 secondes, des choses diverses et variées, que j'oserais qualifier de mix printanier mais un peu précoce quand même... Bref. Un peu compliqué comme idée de départ, mais n'ayons de cesse de recycler, pas vrai ?

00. >>>> june's lovely springtime - 12/04/2007.
01. Ohmega Watts "Interlude 1 : journey" (2005, Ubiquity).
02. Nick Holder "No more dating dj's" (2004, NRK Sound Division).
03. Minnie Riperton "Take a little trip" (1974, Epic).
04. Build an Ark "The blessing song" (2004, P-Vine records).
05. la Chatte Rouge "Affaires à faire" (1996, Disques Solid).
06. Leroy Hutson "It's different" (1975, Curtom).
07. Digable Planets "Dedicated" (1995, Pendulum).
08. Mozesli "Sunshine" (1997, Source records).
09. Plantlife "3 am" (2005, BBC).
10. Ronnie Foster "Mystic bounce (Madlib remix)" (2003, Blue Note).
11. One Self "BlueBird" (2005, Ninja Tune).
12. Shuggie Otis "Aht uh mi hed" (1974, CBS).
13. Cinematic Orchestra "Wheel within a wheel" (2004, Talkin' Loud).
14. Tortoise "Whitewater" (1995, Soul Static Sound).
15. Grizzly Bear "Owner of a lonely heart" (2006, Audraglint records).
16. David Axelrod "Warning talk - part. one" (2005 reimp, Blue Note).
17. Keren Ann "For you and I" (2005, Capitol).
18. Spacek "Eve" (2000, Island Blue).
19. Pyeng Threadgill "Close to me" (2006,)
20. Marc Moulin "Humpty dumpty" (1971, 2006 Counterpoint reimp).
21. Jazzanova "l.o.v.e. and you and I" (2002, JCR).
22. Benny Sings "Inconditionnal love" (2004, Kindred Spirits).
23. Lovin' Minnie Riperton outro (remember : no more dating dj's...).

Au final, un mix de choses assez molassones, assez posées, assez laidback, très downtempo, trèèèèès lowtempo. Presqu'un mix love, quoi. Non, non. Un vrai mix love. Mais pas que. Enfin bon.
Bon. Disons que cette sélection fait office de RadiojUne, hein, parce que les jours qui s'annoncent se précisent... trèèèès occupés.



Dans 3 jours, on vote, et j'avoue que j'ai pas l'ombre d'une envie d'y aller.
Bon, je vais le faire, mais avec autant d'envie que si on me proposait une raclette, hein.

Bon, le soleil cogne, c'est le printemps, la petite Lilly m'a fait plein de sourires, Alcor arrive d'une minute à l'autre, faut que je monte le barbecue, et faut encore que j'aille poser des affiches pour la soirée du boogie le weekend prochain. J'y vais, quoi.
Des bises chez vous. A bientôt, ou pas.

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