11 juillet 2009

"There'll be a time for you and me".

Avant de partir en bla bla bla, je voulais simplement signifier aux retardataires que la meilleure musique téléchargeable gratuitement ces dernières semaines est une mixtape proposé par Blundetto, que l'on trouve juste ici.

On pourra bien parler de copinage et de connivence, j'en ai rien à branler, parce qu'il se trouve que ça m'arrive de ne pas raffoler des mixs de mes copains, et là, c'est exactement le contraire. "No ID No Entry" est un agglomérat de choses délicieuses pour toute oreille qui se respecte, et qui dure 47 petites minutes : s'y côtoient des classiques de Curtis et du Mahavishnu Orchestra, mais pas que, ooooh seigneur pas que...

Ceux qui connaissent l'oeuvre et l'activité principale du bonhomme se douteront que toutes ces années passées à Radio Nova n'ont pas du simplifier ses choix, mais qu'importe, parce qu'entre les choses que l'on avait oublié et les choses que l'on ne connaissait pas, la délicatesse et le soulful sont bien plus qu'au rendez-vous, ils s'imposent dès la première écoute, et nécessite qu'on y revienne, vite.

Blundetto est par ailleurs en train de mixer son album à sortir dans quelques mois, et il ne faudra pas manquer ça : l'écriture est d'une qualité rare, le choix des constructions laisse pantois, les collaborations avec ses petits copains sont à tomber par terre (Shawn Lee, Tommy Guerrero, General Elektriks, Chico Mann, the Budos Band...) (ouais honnête la connexion hein...), et j'attend avec impatience de voir le tracklisting final, espérant secrètement que deux collaborations avec une certaine jeune chanteuse QUI DEFONCE y seront présents. On en reparlera de toutes façons.
Blundetto à un myspace ici, un petit blog très généreux, mais on peut également suivre son actualité du côté de chez Lucien Entertainment ici.




= = = = = = en passant = = = = = =

Réflexion personnelle, en passant, qui n'engage que moi : j'estime qu'il faut déshabiller tous les porteurs de sarouel, puis les pendre par les pieds, mais à la plus haute branche d'un arbre, ce qui leur permettra au moins d'échapper aux jets de pierre de enfants. Encore que, caillasser un porteur de sarouel, ça doit être sacrément plaisant, comme activité.
Voilà.
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Bon.
Je ne suis pas ce que l'on peut considérer comme une tête en l'air.
Je ne suis pas non plus quelqu'un de complètement désorganisé.
J'ai bien quelques tonnes de défauts, mais elles ne sont pas trop à chercher de ce côté-ci.

Depuis des années, je me suis même enfermé, pour autant de raisons aussi personnelles que foireuses, dans une rigueur organisationnelle qui, au grand détriment de mon entourage, ne laisse que peu de place pour l'inattendu, pour le spontané, pour l'imprévu.
J'ouvre plusieurs fois par jour un agenda renouvelé chaque année qui, dès mars/avril, affiche des signes de fatigue tant il est tripoté, feuilleté, gribouillé, amputé, ou culbuté, d'une poche à un sac, d'un endroit à l'autre.
Et chaque soir, l'une des dernières choses que je fais avant d'aller me ficher au lit (ou de m'endormir sur un bouquin, comme cela est le cas depuis toujours au moment de l'écrire, il me semble), c'est de compulser cet agenda, soucieux de savoir comment s'organisera la journée à venir, les journées à venir, au cas où les puissances cosmiques en poste décideraient d'offrir une nouvelle chance à cette saloperie de race humaine, finalement.
Et chaque matin, au cas où un lutin farceur serait venu fiche le souk dans mes affaires courantes, j'ouvre l'agenda entre le verre de lait et le brossage de dents.
Le premier qui dit que je suis un névrosé du temps qui passe s'expose à de solide poursuites judiciaires, Lorient-style.
Chacun ses hauts et ses bas, on va dire que je suis propriétaire de quelques crevasses qui rappellent Cousteau évoquant l'immensité des fosses océaniques.
Bref.

Pendant toutes ces années, je me gaussais de certains de mes amis, de mes proches, qui tantôt oubliaient ici telle soirée, là tel rendez-vous. "J'ai encore oublié de te rendre ton skeud !", "mais on devait pas se voir hier ?" ou "ah oui je devais taper çà c'est vrai", autant de choses entendues bien souvent, et autant de bonnes raisons de faire mon connard à l'égard de celles et ceux qui ont encore la patience de me considérer comme une de leurs fréquentations.
Alors bien sûr, je serais encore plus connard que ne voudrais l'admettre si j'avais encore la prétention, l'outrecuidance d'imaginer que je suis infaillible même sur ces points, qui me semblent (assez) importants. Les seules choses que j'oublie, j'en suis quasiment certains, sont probablement des sommes d'argent dûes ici et là, mais reconnaissez que dans le contexte, on ne peut pas m'en vouloir : j'veux dire, tu vois, ptain, j'en chie, fils, la vie c'est dur, quoi.

Parfois, lorsque je m'apprête à ressortir le nez de la merde gentiment déprimée dans laquelle je plonge plus souvent qu'à mon tour (notamment ces derniers mois, riche de multiples surprises comme vous le savez si vous lisez les lignes et/ou entre les lignes), je reprend confiance en moi, et ces piètres fausses-qualités que j'aime m'inventer me reviennent en tête : ah, au moins, je suis un type organisé. Certains peuvent bien rigoler, mais je sais très bien que j'oublierais pas d'acheter mon billet de train 6 mois en avance et bénéficierai de plein de remises cools, parce que m'y prend tôt.
Parce qu'en plus de lire et de consulter mon agenda chaque jour, plusieurs fois, il m'arrive très régulièrement de feuilleter les semaines, les mois à venir.
Parce que bon, hein. L'avenir est assez incertain comme çà, non ? Autant s'y retrouver, et laisser les surprises surgir d'ailleurs, d'un endroit inédit : elles ne sont pas si souvent chouettes, les surprises.
Alors il m'arrive régulièrement d'être celui qui balance un mail à tout le monde pour leur rappeler ici une rencontre, ici un pot prévu de longue date, ici une virée évoquée lors d'un ancien pot, etc. "C'est quand déjà que l'on va à X ou Y avec machin ou bidule ?", voilà le genre de sms que je reçois régulièrement aussi.

Malgré tout, et j'aime croire que ceci explique cela, il n'en a pas toujours été ainsi, je dois bien le reconnaître.
Et quand je pense à mon côté tête en l'air, il me faut chercher loin pour trouver des exemples notables, et répréhensibles.
J'ai néanmoins un exemple, qui me revient, de la trempe de ceux qui laissent des traces dignes de ce nom. Mes amis proches connaissent cette histoire, parce qu'avec le temps, j'ai appris à la raconter ; cela m'a aidé à l'assimiler.

En décembre 2001, ma compagne d'alors et moi-même décidions d'aller passer quelques jours à Londres. A l'époque j'avais un peu plus de tune qu'en ce moment, ce qui n'est pas très compliqué, et j'avais préparé un peu d'économies dans l'espoir d'en rapporter quelques disques. Une visite à Londres sans faire le tour des disquaires m'est impensable. C'est du gâchis.
J'avais bien évidemment expliqué à la fille (cette histoire était encore fraîche) qu'il m'était insupportable de ne pas passer une journée à digger, et le dernier jour de cette petite semaine à errer dans les rues londoniennes fut donc consacré à cela. J'avais mon petit carnet, celui-là même dont je vous parle plus haut, blindé de multiples références de trucs à tenter de chopper, même si franchement, je ne me faisais pas trop d'illusions sur mes chances de trouver 1 dixième de ce que je recherchais. Et puis je me l'étais promis : fini les disques au delà de 300 francs (c'était encore les francs en 2001 non ?)...
Bon.
Pour des raisons que vous comprendrez peut-être plus loin, impossible de me souvenir avec précision des pépites trouvées ces jours-là.
A ce jour, je ne comprend toujours pas ce qui avait bien pu se passer : j'entrais dans chaque magasin avec le faible espoir d'y trouver au moins une ou deux références.
C'est d'ailleurs un mauvais état d'esprit ; aborder un disquaire que l'on visite très peu souvent, sans idée précise, c'est le top : on y découvre des trucs auxquels on aurait pas pensé, on tombe sur des choses qu'on avait oublié, que l'on avait pas prévu. On sort forcément satisfait, avec la hâte de rentrer pour écouter les trouvailles.
Cela vaut le coup de différencier ce genre de visites des séances de diggin', les vraies, celles où l'on s'organise entre copains pour faire en 2 jours quelques centaines de bacs ou de cartons de disques, la liste dans une main, la calculette dans l'autre. Là, on est en mode "faut que je trouve ça, ça et ça". Ca n'a rien à voir avec les séances de tourisme, qui, elles, devraient laisser le carnet dehors.
Bref, encore une digression.
En tout cas, ce jour-là de décembre 2001, j'aurais du y aller sans carnet, plus détendu, mais j'avoue, ça n'était pas le cas, mais je serais con de le regretter : après une journée, me voilà avec trois sacs remplis, remplis de trucs de bargeot, pour une somme globale que je n'explique toujours pas. On va dire que j'avais choppé une trentaine, environ, de trucs dont le simple fait de les avoir dans un sac m'emplissait le coeur de bonheur, vraiment. Le plus dur allait être de se cogner l'Eurostar et le retour jusqu'à Besançon pour savourer tout çà.
De vieux trucs de soul, des galettes plus âgées que moi, mais aussi des pressages promo de hip hop à la con, il y avait un peu de tout dans cette belle sélection. J'étais content, j'avais investi dans des trucs sur lesquels j'avais eu un bol dingue.
Le retour allait être chouette, les fêtes allaient être plus digestes : j'avais du Cadet en pressage original, un sac complet de Creed Taylor, et puis des promo dont je me souvenais même plus le contenu (ah si je me souviens de deux copies promo du double LP de The Isolationnist, ça je m'en souviens parce que ça m'avait coûté 1 £ pour chaque, ah ah ah, cette blague).
Fin de journée, nous voici donc dans le métro, direction zone 4, où nous rentrions passer notre dernière nuit chez l'ami Greg, les sacs gonflés à bloc, saloperies de consommateurs matérialistes que nous sommes. On discute entre deux correspondances, nous sommes fatigués après une semaine à courrir d'un endroit à l'autre, à s'en prendre plein la tronche quotidiennement. Nous voilà à sortir du métro, à entrer dans un petit restau à côté de chez Greg, avant d'aller faire nos sacs et de pieuter, fourbus (de mémoire, nous sommes le 24 décembre). Et là, je me rend compte que j'ai plein de sacs dans les pattes, mais pas ceux comportant les disques. Je suis pris de panique, de dépit aussi, d'extrême énervement contre moi-même, et je cours jusqu'à la station de métro, en parlant à voix haute, probablement un truc comme "Espèce de débile, bien entendu, t'a le droit de croire qu'à Londres quelqu'un va aller poser tes disques aux objets trouvés... Connard".
Evidemment, je n'ai rien retrouvé. J'ai poussé l'espoir de mes deux à aller jusqu'à emailer le service des objets trouvés, à Londres, au retour.
A ce jour, cela reste une de mes plus tristes expériences autour de mon gros trip perso (les disques), à peu près ex-aequo avec le dégât des eaux qui m'avait conduit à jeter environ 60 pochettes d'originaux de jazz et de soul-jazz d'époque. Du Mingus, du Hancock, du Impulse!, du Blue Note, que des pressages originaux, hop, à la poubelle. Au moins, et contrairement à Londres, j'ai toujours les disques, et c'est bien là l'essentiel me direz-vous pour me consoler. Ouaip, je sais bien.
Mes disques londoniens, donc.
J'espère que celle ou celui qui est passé derrière moi était quelqu'un de bon goût (uh uh uh) : ca ressemblait à un sacré cadeau de Noël pour n'importe quel petit con amateur de soul, jazz, funk, hip hop.
L'enculé, je l'envie.


(cette image et les suivantes sont issues du Failblog )





Mais pourquoi diable suis-je parti à déblatérer une nouvelle fois sur ma vie ?
Ah oui.
Hier, vendredi, je partais à Lyon, rejoindre les copains avec qui avions prévu d'aller à Jazz à Vienne le soir venu : Roy Ayers avec Don Blackman (heureusement que le bonhomme est auteur de choses aussi magnifiques que "we live in Brooklyn baby", ou d'une mémorable rencontre avec Fela : le live est une suite de soupes assez fadasses, ca ronronne, ca rigole, ca fait le show, mais bon, j'aurais espéré mieux, même si mes petits petons trépignaient sur "searchin'" ou "everybody loves the sunshine"), Eric Truffaz (entouré de très bon musicos mais aussi de Christophe -oui, "Les mots bleus", tout çà), Anthony Joseph (largement aussi chiant que lors de son passage à Besançon lors du festival Génériq), mais surtout le Sun Ra Arkestra, rhâââ, quel moment ! J'y reviendrais).

Alors de Besançon, j'ai pris le train pour Lyon ; passage et changement par Dijon (oui, c'est aussi çà la sncf), je n'ai pas manqué de m'assoupir... et de sortir d'un simili-premier sommeil brusquement : le temps de prendre mon sac, de sauter sur le quai, de me précipiter dans les escaliers, de resssortir de l'autre côté, de sauter dans le train, de m'asseoir, à peine réveillé, de vérifier que j'étais bel et bien dans le bon train, ce qui était le cas, ouf !

Et c'est à ce moment-là que j'ai réalisé que j'avais laissé dans le train, dans les soutes au dessus de mon siège, ma veste Carharrt grise à capuche (ceux qui me fréquentent savent qu'il s'agit là d'une réelle annexe de ma personne), ainsi que ma veste genre vieux K-Way bleu marine doublé en doudoune peluchée rouge, à laquelle je tenais quasiment autant que mon appareil photo numérique (batterie pleinement rechargée, msieur dame), et puis mon fameux agenda/fourre-tout/carnet de notes, qui étaient dans les poches.
Bien joué !



Je vais me pendre.
Ah non ! J'ai pas de sarouel. Je vais me suicider à la B&J, plutôt.

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