13 avril 2017

Tsundoku interdit.


- "We told you so / comics as art", sous la houlette de Tom Spurgeon et Michael Dean (Fantagraphics).
L'histoire de l'essentiel éditeur indépendant nord-américain, vu par ses propres créateurs.
On en sait un peu plus (des tonnes !) sur ces gens qui ont façonné l'un des plus beaux catalogues qui soit, et sur la manière dont ils l'ont fait. Une grosse compilation d'anecdotes, pas mal de choses savoureuses, et des tonnes d'informations que la manière dont cette brochette a su se trouver et remuer ciel et terre pour, des années plus tard, être un monument de l'édition, représentatif d'une réelle exigence, d'une belle ambition. Où l'on découvre, sans aucune surprise, que seule passion dirige les belles choses dans ce monde de merde, ça alors.

- "Jérémie", de Paul Gillon (éditions Aaapoum).
Il faut combler ses lacunes : de Gillon (1926-2011), je ne connais rien, ou si peu. Sur Jérémie, récit d'aventure réalisé entre 68 et 73 et initialement publié dans Pif Gadget, Gillon dessine pour la première fois sans scénariste, il est seul aux manettes et ça renifle le magnifique et séminal comics réaliste made in USA, pour le pinceau qui semble être dirigé par la grâce.
La (très belle) version proposée par Aaaapoum est monochrome et ça laisse forcément pas mal d'amplitude au dessin fou de Gillon pour décoller quelques rétines. Il y a aussi un cahier de 16 pages en fin d'ouvrage, comportant quelques "explications" sur le processus de création et de réalisation qui ne manquent pas de charme, c'est le moins que l'on puisse dire.

- "Krollebitches", de Jean-Christophe Menu (Les Impressions Nouvelles).
"Souvenirs même pas en bande dessinée", c'est un excellent sous-titre en plus d'être un très bon résumé. Des épiphanies, des chocs frontaux, des révélations enfantines, et très tôt, une obsession incroyablement précoce et monomaniaque pour qui fait le livre, de l'auteur à l'éditeur : on le savait de longue date mais on en sait un peu plus sur le motif à l'œuvre dans l'existence d'un auteur au sujet duquel j'ai perdu toute forme d'objectivité depuis fort longtemps, tant je suis amateur de sa production, en plus d'être fan du bonhomme.
Comme à l'accoutumée chez Menu, tout est traité au prisme très personnel d'un homme au parcours qui parle pour lui-même : impossible de dissocier le sujet (le rapport à la création ? au livre ?) de celui qui l'explore. La création de Menu (en tant qu'auteur, en tant qu'éditeur) est le reflet direct de sa personne, à un point tel que cette tentative de rapprochement s'avère complètement vaine : ne serait-ce pas l'inverse ? Le bouquin est davantage qu'une simple collection de délicieux et/ou cruels souvenirs d'enfance, et ça se lit tout seul ; malgré la mise en lumière sur bien des points que JCM nous propose dans ce bouquin (peu dessiné, pour rappel), des décennies plus tard, on peut légitimement encore se demander ce qui a fait qu'un gosse puisse tomber aussi profondément dans "la bande dessinée". Bon, ça nous a valu trente ans de chouettes bouquins (ceux des autres et les siens), alors on ne va pas s'en plaindre.

- "Cul de sac (tome 2)", de Richard Thompson (Urban).
Le strip de Thompson, inénarrable, affûté, super drôle et sans pitié. Disparu précocement l'été dernier, Thompson est un des rares contemporains ayant renouvelé le genre. Ça se lit tout seul, c'est ni Peanuts ni Krazy Kat, mais c'est l'un des rares trucs qui mérite d'y être relié, je trouve.

- "Les mêmes yeux que Lost", de Pacôme Thiellement (éditions Léo Scheer).
Vis ma vie d'obsédé : il y a un gros mois environ, au sortir d'un pur hiver de merde, on décide de se remater l'intégrale de la série Lost, petit rendez-vous quasi-quotidien où l'on bingewatche intensément, selon nos emplois du temps communs.
Dans le même temps, je peaufine un petit papier que m'a suggéré un pote, concernant la série The Prisoner, et où il est difficile de ne pas voir apparaître quelques liens avec Lost...
La semaine dernière, je joue, pour rigoler, à un concours organisé par le festival parisien Séries Mania sur leur page fcbk, et je gagne deux places pour la rencontre avec Damon Lindelof ; au passage : Lindelof, scénariste/créateur (Lost, The Leftovers...) que l'on retrouve dans quelques précédentes notes de blog, notamment ici, ici ou encore .
Alors du coup j'en ai profité pour relire l'excellent bouquin de Pacome Thiellement, qui a prolongé de manière très satisfaisante cette transition apparue à la fin de la sixième et dernière saison...
On a re-re-regardé le dernier épisode hier soir, et aujourd'hui, une nouvelle fois, je suis très triste rien que d'y repenser. Alors j'essaie de penser à autre chose. Mais ça marche moyen.

- "L'art de la fuite", de Jean Villeroi (Jean-Jacques Pauvert).
Ah ! On en reparlera bientôt.

- "Living things", de Jessica Seamans (The Little Otsu).
Un beau cahier de dessins de la chouette dessinatrice, autrice de bon nombre des plus beaux posters sérigraphiés par les ricains de Land Land (merci Zak).


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