27 décembre 2017

Lucky.

Un peu de la beauté du monde avant d'en terminer avec cette bonne année de merde : "Lucky" du décidément surprenant John Carroll Lynch, avec le forever génial Harry Dean Stanton, actuellement dans les salles :



C'était donc ce soir le bilan de mon année de grand cinéphile : je suis allé au cinéma trois fois depuis février (peut-être, pas trop sûr en fait), dont deux fois aujourd'hui. Oui c'est franchement nase.
Et rien qu'aujourd'hui, j'ai vu d'une part cette suite de moments de grâce infinie... malheureusement quelques heures après avoir subi la purge définitive du reliquat de mes amours ciné-teenager, oui oui, ce nouveau chapitre de la grosse saga-machin industriello-commercial qui vous oblige à reconsidérer toute notion de nostalgie foireuse mal placée, et qui vous fait culpabiliser d'avoir filé du pognon pour une telle enfilade de mauvaises idées ; je garde à peine un montage de scène dans tout cet épisode VIII, un truc qui dure moins d'une minute, c'est peu hein, ouais je sais, et je jette tout le reste dans une grosse poubelle déjà en feu, à laquelle j'ajoute trois bidons d'essence.

Et à l'opposé du spectre, il y a H.D. Stanton dans "Lucky" qui raconte notamment en cinq lignes une saloperie de trauma enfantin vécu à l'identique, donc forcément ça résonne, hein. Ce vieux type qui entre deux tirades existentialistes spontanées t'assène une bribe de ton propre passé, ça oriente tout de suite le film sur quelque chose de très familier, au delà de la tête de ce bon vieux Stanton (pas si décati que ça) (au passage : qu'on donne tous les oscars à la con à ce type de manière posthume, en admettant qu'il soit réellement mort). L'écho en question : un moment de vie (un acte) qui a clairement à voir avec la perte de l'innocence, et qui illustre par un geste personnel qui ne concerne que toi, qui n'appartient qu'à toi, personne d'autre, une suite de moments où ton petit monde personnel s'écroule : en gros, t'es enfant, tout va bien, et puis un jour la connerie des adultes te rattrape, et tu vieillis un peu, pas beaucoup, juste assez pour perdre ce bien précieux qu'est l'insouciance, cette chose si rare que tu passeras le reste de ta vie à galoper après. Mais je digresse, pardi. Quand je digresse c'est que je suis stimulé, c'est que je suis enthousiaste : puisque je vous dis que ce film est vachement, vachement bien. Lucky, hein, pas l'autre. Bref.
Stanton, mine de rien, place des mots, des intentions, une gestuelle qui synthétise en quelques poignées de seconde tout ce que tu ressens dans ton petit cœur jamais cicatrisé, des décennies plus tard, les rides, les cactus, la grâce absolue en plus.
C'est marrant parce que l'oiseau qu'il dégomme enfant et dont le cruel souvenir illustre un moment du film, moi je l'ai dégommé l'année où je suis allé voir Le Retour du Jedi au ciné, film qui a par ailleurs eu un effet très très costaud sur mon imaginaire.

Et l'idiot que je suis pensait tirer un quelconque plaisir a aller voir à quoi ressemblerait Luke Skywalker 35 ans plus tard aussi, alors que bon, que croyais-je, hein, que croyais-je donc ? Tsss.
A bientôt pour un nouveau comparatif complètement déplacé et vain, comptez sur moi hein.

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