12 septembre 2023

La bestiole qui avait passé une grosse nuit de merde (histoire vraie).

Ce matin avant le début de la journée de taf, hop, petite promenade à pied dans les bois, il fait bon, on arrive à l'étang du bled d'à côté, on ne croise jamais personne, oklm.
Là, au bord de l'eau, un couple de cyclistes ainsi qu'une autre promeneuse et son chien gesticulent dans tous les sens : à 3 mètres au dessus de la flotte et des libellules, une chauve-souris virevolte dans les airs en faisant des ronds parfaits, impeccablement parfaits, trop parfaits.
Ils n'ont pas l'air particulièrement réjouis, mais on a le soleil et sa lumière rasante dans les yeux.

En s'approchant, on commence à comprendre : mines défaites, corps impuissants, on rejoint le ballet des passants qui ne servent à rien. La bestiole s'est accrochée dans un fil de pêche qu'un mauvais pêcheur aura laissé suspendu dans les arbres au bord de l'eau, après un lancer foireux. Elle est haute, nous sommes nuls, quel dépit.

Un rapide coup d'œil nous permet d'appréhender un peu plus justement la situation, d'aller chercher une très grande branche de bois sec, de s'y prendre à deux avec le cycliste pour essayer d'accrocher ou de faire s'enrouler le fil translucide, en essayant de ne pas trop heurter la bestiole en panique. On est cinq, le fil n'est pas très épais, on va l'avoir, c'est sûr.

Après quelques essais infructueux et pas mal de gouttes de sueur sous un soleil déjà vénère, on arrive à nos fins, le bout de bois tient davantage de la trop grosse branche bien trop lourde pour cette mission, on manque de tomber comme des nases dans la vase mais les cercles se rapprochent du rivage, petit à petit.

Enfin, je récupère la petite bébête affolée au creux de mes mains, et on comprend qu'un hameçon s'est logé dans sa mini-gueule de mini-mammifère. Le truc traverse sa mâchoire, et il faut s'y prendre à plusieurs fois avec la mini-pince-de-cycliste-équipé-en-toutes-circonstances du monsieur à vélo pour déloger l'outil de mort de cette pauvre bête qui y a déjà laissé une ou deux dents, des mini-dents, ouais ouais.
On galère pendant l'opération effectuée dans l'urgence, dans l'impro, la chauve-souris essaie évidemment de se cacher la face durant toute l'opération, je ne le prends pas personnellement et me dis que cette pauvre bête est peut-être suspendue là depuis le crépuscule d'hier soir, heure à laquelle on peut habituellement observer "les nôtres" (celles qui squattent la journée derrière les volets du salon) qui partent dîner, ou petit-déjeuner, j'en sais rien ; un moustique appétissant aura fichu notre petite victime dans cette sinistre posture depuis la veille : quelle nuit de merde.

L'hameçon décroché, la bestiole se couvre les yeux et semble au bout du roul', je la reprend et la pose sur un piquet en bois à côté : l'obscurité est juste là, derrière, dans une sorte de petite combe très dense et très sombre, probablement d'où elle vient et où doivent roupiller ses congénères, j'imagine. Elle s'accroche, se replace tête en bas, tremble. Des branches feuillues sont appuyées sur le piquet pour la mettre un peu plus à l'ombre, en attendant qu'elle récupère et se trouve un spot moins imposé.
On s'autocongratule entre inconnus, on a sauvé la faune locale, on espère que personne n'a choppé la rage, la dame appelle un numéro genre SOS Chauve-Souris et tombe sur un répondeur d'une asso du Pas-de-Calais, on rigole, on repart chacun de nos côtés respectifs.

Mais avant ça, on regarde au dessus du sol, là où pend désormais le bout de fil de pêche, toujours possible dangereux pour des volatiles j'imagine, mais moins fatal dans sa dangerosité immédiate, enfin on espère, et : sur 6 ou 7 mètres de rivage, je compte pas loin d'une dizaine de cuillers, d'hameçons, de leurres, de bouts de fil qui pendent au dessus de l'eau, à 3, 4, 6 mètres de hauteur.

La fin de cette petite histoire n'est pas une morale, il s'agit juste d'une insulte : en cette rentrée de chasse où les légions de connards vont à nouveau aller réguler la nature avec leurs plombs et leurs jerrycans de vin rouge, j'en place une pour les pêcheurs qui peuvent s'avérer être de sacrés sacs à merde aussi.
Tu accroches ton fil au dessus de ta tête, tu laisses des hameçons, du fil ?
T'a pas le matos sur toi pour chopper le truc et le décrocher ?
Tu rentres pas chez toi pour aller chercher de quoi pallier à ta connerie ?
Ben, tombe à l'eau et crève dans ton waders™.
Qu'une carpe rancunière te bouffe les entrailles.
Que les nénuphars poussent au dessus de ton crâne vide.

Deux photos : l'étang, et puis la bestiole, je suis vraiment nul pour identifier une bestiole mais je m'en fiche, j'ai Francois D. dans les environs qui saura me dire si c'est une pipistrelle commune ou un truc du genre ? Ouais je sais la photo est pas terrible (no offense Charlotte) et t'as pas trop de double-décimètre posé à côté mais bon.




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