7 mai 2025

Jeff Parker ETA IVtet | Tiny Desk Concert | 2025.

Parfait.
Comme le plus souvent avec Jeff Parker, probablement le guitariste contemporain qui m'enthousiasme le plus, depuis toutes ces années, et pas seulement à travers Tortoise mais aussi -et surtout, je crois- via la plupart de ses autres différents projets au fil du temps.
Le son de sa guitare, la culture de fragmentation/reconstruction de ses motifs, l'alchimie qu'il arrive à mettre en place en solo ou avec sa ribambelle de gens supra-talentueux (ah, Chicago, bordel...)... Il y a une approche de la juxtaposition qui est à la fois savante, planante, aventureuse.

Ce quartet précis explore une voix particulière et JP ne pouvait pas mieux s'entourer pour ça. C'est ce qu'il fait à chaque fois, bordel ; cette longévité, cette régularité n'est pas si fréquente chez les expérimentateurs...
... Ou alors je suis vraiment particulièrement amateur du type ! Possible aussi. Okay.

20 minutes qui font du bien, et actuellement, ne nous en privons pas.


5 mai 2025

Quand faut y aller, faut y aller.

L'heure serait-elle donc venue ?
Bon, douze balais : est-ce que l'amortissement est réalisé ?
On va dire que oui.


29 avril 2025

Gettin' Down Again.

Quand je taffe au bureau (lire : chez moi, dans mon grand bureau de ministre dans la salle dédiée) (non), je taffe avec de la musique qui tourne et roule à côté, toujours.
Ça ne signifie pas pour autant que je l'écoute, et encore moins attentivement : il y a un temps pour écouter des disques, la musique nécessite ça (chez moi en tout cas) (je ne suis pas trop fait pour cette époque, en fait) et pour cela j'ai besoin d'être opérationnel (sinon, à quoi ça rime ?) ; mais ça n'est pas non plus un fond sonore insipide ou transparent : je ne peux pas écouter quelque chose qui ne me parle pas, qui ne résonne pas, sinon c'est inconfortable et pour le coup, c'est un effet hautement parasite.
C'est un entre deux. Ni fond sonore, ni écoute religieuse.

Bref.
Ce soir je taffais en piochant des disques dans l'étagère, sans regarder, et en m'imposant (enfin, presque : j'ai parfois triché, ça m'est arrivé plusieurs fois) de passer le disque choisi par le hasard et ma main gauche (l'étagère est à ma gauche).
Parfois le hasard (et ma main gauche) fait bien les choses, parfois un peu moins. Auquel cas, après 2 ou 3 morceaux, avant même d'arriver à la fin de la première face, en tout cas, j'interromps la lecture, non sans m'être imposé de finir au moins la piste en cours, comme si les musiciens étaient dans la même pièce et scrutaient mes gestes, les salauds invisibles et la culpabilité qu'ils communiquent, c'est quelque chose.
Ce soir, c'était un bon soir, j'ai écoute un disque que je n'avais pas écouté depuis dix ans au moins, tout juste un extrait ou un autre au détour d'un mix, par exemple.

Ce soir, donc : Tek 9, "It's Not What You Think It Is !!?!", initialement paru il y a exactement 29 ans sur SSR, quasiment jour par jour, dites donc. Ouais, 29 ans. Je le réécris parce qu'au fond de moi, rien n'accepte ni ne valide cette information.
J'ai notamment réécouté plusieurs fois le track "Gettin' Down Again".
Pourquoi ? Pourquoi pas.
Il n'a pas spécialement bien ou mal vieilli, il était juste là au bon moment.


Aux manettes derrière Tek 9, le gars Dego, ce génie anglais.
Il y a évidemment son duo 4Hero (une révolution musicale à eux deux, pas moins, même s'il fallait être londonien pour l'apprécier à sa juste valeur avant que la jungle ne déferle sur le reste de l'Europe), mais il y a tout le reste, et ça fait un paquet de trucs. Le londonien Dennis McFarlane n'est pas du genre à rien foutre, et puisqu'il produit pour quinze, il a au moins une quinzaine d'alias sous lesquels il se planque dans mes étagères ; je ne cite que les meilleurs ou du moins, ceux avec lesquels il a fait les meilleures choses à mes oreilles : Dego, donc, mais aussi Dollis Hill, Pavel Kostiuk, 2000Black, Da True B-Boy Descendant, Mr GoodGood...
Des années plus tard, Dego sortira un autre très bon album sous ce pseudo de Tek 9, "Simply", avec pléthore de super guests, et un son plus personnel que jamais, le cul coincé entre ses véléités hip hop et sa vibe broken beat. Wessslondon, baby !

Mais ce soir, c'est soirée "théma pseudo", puisque ce track précis a été coproduit par King Britt, qui lui aussi multiplie les identités au fil du temps. Britt qui était le dj de Digable Planets, groupe mythique s'il en est ; et ça n'est donc pas par hasard que sur ce même track on retrouve également Ishmael Butler, qui prend ici le blaze de Cheewa, mais qui est plus connu sous les pseudos de Butterfly ou d'Ish, soit le MC au timbre de voix si caractéristique.

"Ça me rappelle..." et merde, la vieillesse est un naufrage.
Ça me rappelle de super moments d'écoute entre copains, à la sortie de ces disques.
Les copains ne sont plus forcément tous dans le coin, pour toutes sortes de raisons, d'autres sont là, la musique reste.
Ni écoute religieuse, ni fond sonore. Juste une partie de la vie.

28 avril 2025

Andy Bey, 1939-2025. 🖤

Andy Bey est l'un de mes chanteurs favoris, il est présent sur une tonne de formidables disques et chacun des titres sur lesquels il intervient bénéficie d'un truc que personne d'autre ne pouvait apporter.
Homo militant, il était séropo depuis le début des années 90, où il avait marqué le milieu en annonçant ouvertement la nouvelle, car tout semblait prétexte à faire avancer les choses avec un tel type, à commencer par l'échange, le dialogue, le partage.
Coltrane adorait Bey. Rien que ça, ça devrait suffire, pas vrai ?

Il y a des trucs formidables dans sa marquante collab longue durée avec Horace Silver, et tant d'autres choses.

Dur dur de choisir un titre pour marquer le coup, mais ce classique cosmique de Gary Bartz (avec la basse dingo de Ron Carter, entre autres), c'est la meilleure manière de démarrer cette semaine, il y a tellement d'autres choses et notamment le fabuleux et indépassable "Celestial Blues", chanson elle aussi au sommet de mes titres favoris de tous les temps, bordel.



Quel titre, mes aïeux. L'écoute régulière de "Celestial Blues" apporte équilibre et sérénité, si vous ne le saviez pas, maintenant vous le savez.

En attendant, ce matin, on peut donc écouter "Blue - A Folk Tale" ; Il faut juste mettre le volume très fort.
Très très fort.


27 avril 2025

Adrian Tomine à Paris | Galerie Martel

Le jeudi 15 mai 2025 aura lieu le vernissage d'une exposition consacrée à Adrian Tomine à la Galerie Martel, en présence de l'américain qui vient passer quelques jours dans le secteur, avec notamment des moments de dédicace à Paris le vendredi puis à Bruxelles le samedi.

Je vais faire l'aller retour à la grande ville pour voir tout ça : autant d'œuvres de Tomine en France au même endroit, ça n'arrive pas si souvent que ça, et la Galerie Martel m'a en outre gentiment proposé de rédiger un petit texte de présentation de cet auteur (voir le communiqué de presse en ligne), dont pas mal de livres (tous publiés chez Drawn & Quarterly) m'ont été très importants et que je conseille à tout le monde ; il faut notamment prendre le temps de lire l'une des dernières cordes ajoutées à l'arc du cartoonist : le très réussi The Loneliness of the Long Distance Cartoonist, traduit chez Cornélius en 2018 sous le titre La Solitude du marathonien de la bande dessinée.

Il me faut ajouter que la sélection des œuvres est formidable, prenant le temps de ponctuer chacune des étapes marquantes du parcours de l'auteur. On a du Optic Nerve séminal, des pages plus récentes (et notamment du livre cité plus haut), du travail d'illustration pour la presse évidemment, mais aussi quelques formidables dessins en rapport avec ses histoires adaptées au cinéma, que cela soit par Jacques Audiard ou Randall Park, entre autres...
Qui en sera ?



21 avril 2025

Tinguely etc.

Allez zou !
Virée-express à Mulhouse et Bâle : Sunny dans les mécanismes sauvages du toujours formidable Musée Tinguely, à tergiverser en franco-allemand approximatif dans des jeux au parc d'enfants, à traverser le Rhin quinze fois par un pont, par un autre, par la navette fluviale typique, à bouffer des sandwichs sur la rive. Et des donuts aussi. Et des glaces. Et des bonbons.
Ouais, bref : week-end familial, quoi.


Le fameux héron de la gare de Mulhouse.






Mulhouse, Tour de L'Europe, triangulation géographique de 1973.

Thx : Ed Youngter, Vio, Mat.

18 avril 2025

Nous n'irons pas à Angoulême !

Qu'est-ce que Art Spiegelman, Anouk Ricard, Chris Ware, Pascal Rabaté, Charles Burns, Chloé Wary ou Luz ont en commun, mis à part d'avoir leurs bouquins dans plein de bibliothèques ?

Hé bien, comme près de 400 autres individus et collectifs et pas des moindres, ils sont saoulés DE OUF de la course folle menée par les gens aux commandes du FIBD, le festival d'Angoulême, qui affiche un record de foutage de gueule ces derniers mois.

Au point de dire "stop" : tout est explicité et présenté dans ces articles de L'Huma :
- Festival d’Angoulême : on vous explique ce qui se trame en coulisses depuis les révélations de l’Humanité.
- "Nous n’irons pas à Angoulême" : l'appel au boycott de 400 auteur.ices de bande dessinée pour s'opposer à la fusion entre le FIBD et l'entreprise 9e Art+.
- Anouk Ricard, autrice de BD : "Pourquoi j’appelle au boycott du Festival d’Angoulême".

Tout ceci aura été repris, commenté, mis à jour à plusieurs reprises, mais cette base publiée du côté de L'Humanité continue l'excellent travail entrepris il y a déjà quelques mois de cela.
Avec la clique des moteurs de l'asso ChiFouMi mais aussi à titre perso, je suis très satisfait d'avoir rejoint ce bel élan porté par une poignée de surmotivé.e.s à qui l'on adresse nos remerciements sincères, et pas mal de bisous.

🚨 Pour signer la pétition, c'est ici que ça se passe. 🚨


❤ Syndicat des Travailleur.euse.s Artistes / Auteurs, MeTooBD,  l'Humanité  ❤

Du pain sur la planche (photo pseudo-cryptique #853674).

17 avril 2025

"A Monty", par Zak Sally.

Je ne saurai que trop vous conseiller la lecture de cette courte bande dessinée en ligne.

"A Monty", par Zak Sally.





15 avril 2025

Aujourd'hui, des oiseaux.

Après plusieurs semaines de printemps très précoce (grosses températures, zéro précipitations), la pluie est revenue hier, et à chaque fois, c'est le défilé dans le jardin.
Aujourd'hui :
- un pic épeiche (quasiment tous les matins aux mêmes endroits dès lors qu'il y a deux gouttes de pluie),
- un pic vert,
- des roitelets triple bandeau,
- des mésanges charbonnières (qui ont élu domicile dans l'un des abris, offrant un spectacle quotidien formidable, à base d'aller et retours, de constitution de nids, et de grands échange mâle-femelle),
- des troglodytes mignons.
- et puis la clique habituelle de corbeaux, de pies, de moineaux.
Pas mal pour une seule matinée.

Fin de transmission !

14 avril 2025

One Too Many.

"Speakeasy" sort bientôt et c'est un truc que j'attends impatiemment.
Ce nouveau projet porté par les californiens de Katalyst fera suite à presque cinq ans d'attente : "Nine Lives" était paru en 2020, et ils avaient également contribué à la 13ème partie de la série "Jazz Is Dead".

La version studio de "One Too Many" est formidable, et sa proposition live offre une autre lucarne sur ce dont les types sont capables. Tour à tour compositeurs, producteurs, musiciens de studio, on les a entendus, ensemble ou séparément, via Solange, Nas, SiR et bien d'autres plus euh... installés, on va dire ça comme ça.

Katalyst, c'est : Greg Paul à la batterie ; Brandon Cordoba au clavier ; David Otis au saxophone ; Jonah Levine  au trombone ; Brian Hargrove au clavier ; Ahmad Dubose aux percus ; Corbin Jones au tuba ; Marlon Spears à la basse.

 

 

9 avril 2025

A l'étang.

On est allés faire un tour à l'étang, qui lui aussi entre de plein pied dans le printemps, ça grouille de partout, têtards, oisailles, bestioles en tout genre...

Bon évidemment j'ai pas pu m'empêcher de jeter un œil aux arbres au bord de l'eau : c'est là que j'avais décroché une chauve-souris accrochée à un hameçon, il y a un an et demi de ça. Depuis, lorsque je me promène au bord d'un lac, d'une rivière, je checke, instinctivement, au cas où...

Ben là, j'ai bien fait : un connard de pêcheur du dimanche avait laissé ce genre de trucs accroché à une branche pendant au dessus de l'eau. Bordel, ça m'a pris 20 secondes pour décrocher le merdier. Et un grand bâton. un gros hameçon bien vénère, bien menaçant, pendait au bout de 20 cms de fil de nylon, attendant de faire chier une bestiole volant par là, ou un gosse, j'en sais rien.

Si moi j'arrive à décrocher le truc, je vois pas ce qui empêche le connard de pêcheur de le faire. Quelle honte, quel égoïsme, quelle petite sous-merde.


A part ça ?
Il fait beau.




Et tout de suite une page de publi-reportage :

Piqué du côté de chez madame Trebila :

"Ce lundi 7 avril j'étais invitée sur le plateau de l'émission "Vous êtes formidables" à France 3 Bourgogne Franche-Comté, émission présentée par Pascal Gervaize. J'étais aux côté de Florian Hessique, acteur et réalisateur, et Nicolas, jardinier.
Bon, j'ai eu 1 minute 30 pour parler de ce que je fais, c'était du rapidos mais en même temps ça ne laisse pas trop place pour dire des conneries 😅 !
C'était une expérience amusante et une découverte pour moi, je peux désormais cocher la case "vu à la TV".
Merci à l'équipe de l'émission, aux 2 invités très sympathiques et à Corinne Prieur pour m'avoir invité et permis de présenter Les Chevaux Sauvages."












 Plus d'infos sur le site de la créatrice ici-même, ou sur sa page instagram ici.

 

1 avril 2025

Club lecture, 987576346ème séance.

Quelques lectures du moment.
Certaines en rapport avec quelques beaux projets sur lesquels ça bosse dur, certaines autres qui relèvent purement et simplement du plaisir de bouquiner.

Parmi lesquels :

- aux éditions Densité, une excellente exploration approfondie du classique inusable sorti en 1988, et qui a fortement orienté mon existence, d'un coup d'un seul. Grégory Salle, l'auteur de ce petit bouquin sur Public Enemy, avait écrit dans l'excellent magazine Jazz News, il est également chercheur en sciences sociales au CNRS : quel bonheur de découvrir ses angles d'attaque et sa grille d'analyse. Peu de scoops incroyables au menu, mais une somme réunie qui en impose, avec un regard auquel rien n'est à changer.

- un livre de Chris Fink avec des dessins de John Porcellino, publié chez Bored Wolves, un formidable petit éditeur ultra-classe de Cracovie, en Pologne. Tout ce qui est publié là vaut le coup d'œil, de la poésie à la bande dessinée, et ça tombe bien car régulièrement les deux s'y croisent.
J'ai  eu ce book sans faire d'autres efforts que de soutenir le cartoonist John Porcellino via son Patreon. D'ailleurs je crois que le King-Cat Fan Club (l'intitulé de sa page Patreon, donc) compte bientôt près d'un millier de membres à travers le monde. Un millier de personnes qui recoivent régulièrement des nouvelles, des petits cadeaux, des tirages rares et surtout, chaque nouveau numéro de King-Cat, c'est quelque chose qui fait plaisir, en ces temps où il n'y a pas assez de connasses racistes condamnées et inéligibles pour nous remplir le cœur de joie. Bref.


- et puis... Nan, mais on parlera plus tard.

Et puis, en featuring de saison, le sempiternel antihistaminique de type H₁.
C'est la saison ! Atchoum.


30 mars 2025

Godspeed, YannMo. 🖤

Godspeed, YannMo. 🖤

Aux alentours de l'an 2000 (environ ?), après des années à faire la girouette avec intensité y compris au niveau géographique et pour plein de raisons plus ou moins valables, j'ai fini par m'arrimer un peu plus à Besançon que jusqu'alors. J'y avais déjà repéré certaines têtes de la petite scène musicale (et plus si affinités) : Besac s'y prêtait, même si pour moi la couleur générale la plus affirmée me semblait bien trop rock ou noise (pour mes petites oreilles chastes, en tout cas).
Grâce à mon homie Feet , qui lui était un pur produit du giron bisontin et avait déjà probablement joué ou mixé avec 95% des acteurs de la scène, j'ai fait quelques rencontres assez marquantes de types du même tonneau : Yann était de ceux-là.

Je l'avais probablement croisé lorsque Tico et ses associés m'avaient laissé une place derrière le comptoir de Music Machine (c'était il y a 30 ans) (BORDEL), mais l'attitude générale du type m'avait sûrement suffit : son personnage de type aigri et blasé, il le maîtrisait déjà très bien, et comme je suis un type très premier degré, j'ai vite pensé que ce trouduc à belle et grande gueule, à l'assurance infinie et aux réparties assassines, n'était que ça.

Quelques années plus tard, les soirées sans fin rue de la soif, où une grosse partie de cette petite clique semblait avoir un pied à terre H24, m'avaient permis de réviser mon jugement. J'y mixais très très souvent, et les afters improbables faisaient partie de l'équation.
Je suis fleur bleue : je me souviens d'une conversation, au regretté Se7en bar (pardi) où on était sortis un instant du territoire des expérimentations noise qu'il affectionnait, et où j'avais eu le malheur d'évoquer le ressenti provoqué par les productions du Bomb Squad, que c'était et restait pour moi une exception marquante dans le hip hop, ce mur du son saturé en apparence seulement, et qui obligeait à tendre l'oreille pour comprendre l'orfèvrerie du truc... C'est à partir de ce soir -ce matin?- qu'on avait commencé à causer pour de vrai, je crois.
Au fil des années, on avait ensuite creusé Dälek et consorts, entre autres : en passant du Def Jux (style Cann Ox) en soirée, je l'interpellais pour savoir ce qu'il en pensait, et ses réponses étaient toujours cool, parce que le mec ouvrait la porte : c'était pas l'un de mes proches, du tout, mais comme toutes ces constructions amicales au long cours, celles qui se jouent sur des décennies parfois, chaque fois que je le croisais, j'étais content.
D'abord parce qu'il était bien bien con dans les vannes de merde, que je faisais partie de ses victimes consentantes, et que j'ai toujours bien aimé son bagoût, ses petites simagrées... Et puis parce que je pouvais parler de son avec un type qui savait de quoi il parlait, et qu c'est toujours bon à prendre quand on passe un bout de sa vie à écouter des disques, merde. Son retour d'une session studio à Chicago chez -et avec- Albini, en 2000 et des brouettes, m'avait donne l'impression qu'il y avait chez lui un enthousiasme naturel pour ce taf là. Il donnait plutôt très bien l'impression qu'il savait ce qu'il fallait faire et comment ; je me dis que derrière une console ou à poser des micros, ça doit être l'une des qualités premières pour faire ce taf, vu les relous qui défilent (ça vaaaaaa).

Bon, ça, c'était il y a un moment. A l'époque, la vie n'était pas tout à fait la même qu'aujourd'hui. En sortant plusieurs soirs par semaine, Besançon était une formidable fourmilière pour toute cette clique. N'étant ni musicien, ni très noise/etc (j'arrive pas à décoller "noise" d'un post sur Yann), ni même réellement bisontin, c'était pas réellement ma clique, mais chacune de ces figures contribuait à rendre "le vivre ensemble" un peu plus cool en étant dans le coin. Et Yann, à ce titre, c'était un visage important de cette période, de ce pan d'histoire musicale, notamment locale. Et au fil des années, notamment via Le Bastion où le type a laissé probablement quelques bons morceaux de lui, ça n'a pas du fléchir de ce côté.
Depuis, j'ai rebougé, quitté la région, suis revenu dans le coin, mais en restant à la campagne, assez éloigné de BesAngeles Downtown pour ne faire que croiser ces zozos. Je croisais Yann à un concert ou en ville, mais c'était super rare.
Il y a une quinzaine d'années, Charlotte avait besoin de prises de sons pour l'une des pièces de théâtre qu'elle écrivait et qu'elle mettait en scène. Des bribes de voix, des trucs "super simples", avec un budget de merde (évidemment). Je me suis dit qu'il fallait demander à Yann, qui nous a trouvé des créneaux direct dans son agenda de ministre du wall of sound. Le mec a été adorable, généreux de conseils, patient, et surtout, perfectionniste de ouf. On est sortis de là-bas avec l'impression de lui avoir fait croire que la pièce allait faire le tour du monde, alors qu'il savais très bien que ça jouerait au CDN ou à L'Espace (je sais plus de quelle pièce on parle). Grosse classe.

Je me souviens de la dernière fois que l'on a parlé, je crois que c'était l'automne dernier, mais j'en suis même pas sûr.
Je sortais d'un rendez-vous médical, et j'étais en ville lorsque j'ai croisé le loustic. On a pas parlé de musique, on a pas parlé de concerts à ne pas rater, de disque à checker "parce que si ça se trouve, ça pourrait te plaire".
On se rendait compte que l'on était en âge de parler de nos soucis de santé respectifs. Et c'est ce que l'on a fait. Yann creusait les exams parce que c'était relou, depuis un moment. Je sais toujours pas, aujourd'hui, si c'était de la pudeur, ou s'il était encore dans la phase où il faut creuser les diagnostics. Je parle comme un vieux, je sais bien.

On avait pas assez rigolé, cette dernière fois. Ça fait chier.
Bien des pensées pour sa famille, pour son môme.
Et pour chacun.e des personnes pour qui il aura compté, et ça doit faire du monde, et je parle même pas de celleux qui se seront mangé sa face en allant remuer la tête devant des caissons de basse, que ça soit devant Odd ou plugged, ou en écoutant son dernier projet vénère en date, le Massacre, ou les autres tonnes de trucs auxquels il aura contribué.
Je pense surtout à Fanfan, Tinlu, Oune, Cyrille, Seb chez Cube, etc, y'en a tant quoi... A tout le monde, et évidemment, à mon gars sûr Ouanneur.
Plein d'amour, les copain.e.s.

🖤





24 mars 2025

Thomas Ott @ CartoonMuseum Basel, CH.

Vendredi dernier avait lieu le vernissage de la très belle exposition From Scratch consacrée au travail du toujours impressionnant Thomas Ott, et qui se tient jusqu'au 22 juin 2025 au CartoonMuseum de Bâle.

Il faut bien le dire, ou du moins, l'écrire : les sujets et auteurices que l'on retrouve dans ce formidable endroit bénéficient de magnifiques intentions, et ces quelques années on a eu l'occasion de baver à plus d'une occasion devant le travail réalisé, les corpus assemblés, les approches partagées.

Le travail de Thomas Ott est valorisé comme je n'avais encore jamais eu l'occasion de le voir. L'exposition réussit le tour de force de souligner les différents angles attaqués par le suisse allemand, de faire jaillir l'importance de la narration dans son travail sans jamais sacrifier au pur aspect plastique, ce piège tendu dans lequel tout le monde a finit par tomber un jour lorsqu'il s'agissait d'évoquer ce travail unique. On pourrait en parler des plombes, mais les nombreux livres de Thomas sont souvent reliés à cette idée persistante qu'une technique laborieuse, qu'une pratique singulière doit occuper le terrain lorsque l'on essaie de les circonscrire. C'est évident et il n'est pas question de passer ça à la trappe : les dizaines de pièces exposées ici sautent à la rétine, comme à l'accoutumée. C'est du Ott. Évidemment que c'est dingue, fascinant, hypnotique, déstabilisant.

Mais l'univers du type ne tient pas qu'à ça. Il n'est pas qu'un illustrateur un brin génial, aux outils peu courants, à l'univers graphique identifiable de suite. Ce serait déjà assez fou en soi, certes. Mais il se trouve que Ott a des choses à raconter, des rythmes à communiquer, des personnages à faire vivre, ou à tuer, des histoires à boucler, des ressentis à faire émerger par délà les coups de pointe dans l'épaisse couche de noir qu'il gratte depuis des décennies déjà.

L'exposition fait tout ça très bien, elle éclaire pas mal de choses et conjugue toutes ces intentions avec minutie. La grille de lecture posée sur cette somme fonctionne parfaitement, et les plus grand.e.s amateurices du travail de Ott auront des surprises, en découvrant très probablement des travaux inédits à leurs yeux. Planches parues dans de vieux Strapazin, travaux d'études, commandes diverses : le tout donne le tournis. C'est formidable.

Le vernissage avait attiré pas mal de curieux (combien de fois dans sa vie se retrouve-ton à la même table que Christoph Fischer ou Lorenzo Mattotti, et bien d'autres encore ? C'est un bon repère je crois...) et pour ma part j'étais très content de pouvoir croiser les toujours pétillants Christian Gasser ou Noyau, entre autres voisins trans-frontaliers pas si éloignés, mais assez pour ne pas pouvoir profiter de leur solaire proximité si souvent que ça.

Le lendemain, mon gars sûr Ed m'a fait découvrir la librairie-gallerie Stampa, et parce qu'il nous fallait rentrer tôt, nous n'avons pas diggé du côté de Plattfon Records. J'ai rapidement fait un crochet du côté de Mystifry, étape désormais classique de mes passages à Bâle.
Et puis le train nous attendait. Enfin, c'est un peu plus compliqué que ça...

Merci Annette Gehrig et l'équipe du CartoonMuseum pour l'accueil et cette exposition très, très réussie.

📷 @derekliwanpo.photography

📷 @derekliwanpo.photography

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 Photo :  Zab, jamais très loin de là où il se passe quelque chose.