4 mai 2005

MERCREDI PISSENLIT.

Suite aux plaintes incessantes de nombreux sinistres personnages, je voudrais revenir sur un fait d'une importance capitale, d'une donnée qui ne saurait rester dans l'ombre, d'une information essentielle quand au bon déroulement de vos journées à venir : oui, j'ai changé mon message d'accueil de répondeur téléphonique, et non, ce n'est pas brésilien pour un sou, bande d'incultes fans de groupes de chevelus à guitare électrique.

De Doug Hammond, on retiendra certainement, outre les quelques secondes qui vous lavent les oreilles lorsque vous tentez de me joindre au téléphone, une carrière monumentale dans l'histoire de la scène soul jazz des environs de Détroit, au tout début des 70's.

Le label Tribe Records naquit en 1972 sur l'impulsion de Phil Ranelin et Wendell Harrison, vite rejoints dans leur aventure par Marcus Belgrave et Harold McKinney ; s'appuyant sur la déferlante contestataire de la communauté afro de l'époque, mais aussi (et surtout) sur la très large ouverture musicale et l'incitation généralisée à l'éxpérimentation et au métissage, au mélange des genres qui régnaient alors, les gens de Tribe ne s'autorisaient que très peu de limites, s'immiscant ainsi dans la ligne de conduite (s'il en était une...) d'un Sun Ra ou des new-yorkais de Strata East. Très vite, l'idéologie politique et socio-culturelle qui dominaient leur manière de voir les choses les amena à proposer un magazine, Tribe Magazine ("Detroit's first black awareness magazine", comme le spécifiait la couverture), qui paru régulièrement entre 1974 et 1977.

Les musiciens qui parcouraient la constellation Tribe étaient une bande d'amis, de gens motivés par l'expérience, qui marquèrent les années 70 jusqu'à la dissolution du label, en 1977, ce qui n'empecha pas les musiciens de rester proches et de tenter de nouvelles expériences par la suite (Wendell continua de sortir des disques avec Wenha Recordings, et plus tard, il monta Rebirth Records, en collaboration avec Phil parti à Los Angeles).

Doug Hammond joua avec David Durrah, Thomas Trayler ou Charles Metcalf ; on le retrouve alors à la batterie, au mélodica, aux (nombreux) synthetiseurs, et même au chant, comme sur le magnifique "Moves", un morceau très beau, très lent, datant de 1975, ou empli d'une mélancolie comme j'en ai rarement entendu dans quelque morceau que ce soit. 30 ans après son écriture, cette ballade alto/basse/batterie/claviers m'arrache des larmes de bonheur à chaque écoute ; "Wake up brothers", 3 minutes et quelques de pur bonheur (et dont on retrouve les premières secondes sur mon répondeur, donc), reste dans une mood très sweet downtempo, et le mélodica dégarni de Hammond part complètement en altitude sur certains passages, laissant derrière lui des notes d'optimisme ravageur et de liesse tempérée, d'exaltation intériorisée.

Ce n'est certes pas rendre grand hommage à l'oeuvre de ce monsieur que de poser nonchalement quelques secondes de sa mixture sur mon téléphone, mais si comme moi votre radio-réveil vous tire du bonheur chaque matin en insultant vos oreilles à grand renfort de ces merdes infames et pourries que peuvent être Nadiya et autres K-maro...
Je sais, je sais, faudrait que je change de station ; c'est pas partout pareil ? Si, hein... C'est bien ce qu'il me semblait...

Bon.
Bref.

***** Vendredi dernier, Manue et sa voiture magique (au volant pour l'aller), Drine (au volant pour le retour), Balthazar et moi avons fait l'aller et retour pour l'expo Dave MCKean, "Narcolepsy", proposée par La Maison d'Ailleurs, à Yverdon (Suisse), dont j'avais parlé il y a une douzaine de jours ; il s'agissait des tous derniers jours, et franchement, je m'en serais voulu de manquer ca.
L'expo ne regorgeait pas de tonnes de surprises inédites pour qui connait bien l'oeuvre de ce grand monsieur, mais de constater la virtuosité du monsieur en étant en présence de ses travaux grandeur nature, ca calme grave, comme dirait l'autre. Puis bon, il y avait là des tonnes de choses, des planches originales par billions, des croquis préparatoires, des travaux publicitaires, énormément de comics, de covers, de pochettes de skeuds...
Le plus surprenant pour moi, c'etait de constater comme j'etais a coté de la plaque par rapport à l'idée que je me faisais de sa manière de travailler ; si l'ordinateur occupe depuis longtemps une place importante dans la gestation de son boulot, je ne m'imaginais pas à quel moment il entrait en compte. Et, surprise, c'est très souvent en toute fin de processus créatif que photoshop entre en action, contrairement à ce que je pensais naivement. Le gugusse surprend, vous choppe là ou on ne l'attend pas, et cette énorme rétrospective est probablement la meilleure manière de se rendre compte de la virtuosité du gros barbu.
Ses derniers courts-métrages sont super alléchants, c'est génial de voir quelqu'un qui ne stagne pas dans un registre mais s'attaque à tout ce qu'il l'inspire ou lui donne envie. Un mec comme McKean qui laisse quasiment tomber le visuel statique, en 2d, pour passer au mouvement, c'est une démarche téméraire, et voir le résultat de ses excursions dans l'animation, c'est très excitant : "The week before" est génial, voyez-le, vraiment.
Merci à La Maison d'Ailleurs pour ce magnifique moment ; l'endroit est très agréable, la scéno était réfléchie, et l'oeuvre traitée avec honneur.

***** Le lendemain (samedi, donc, y'en a qui suivent, bravo), nous avons accueilli Nylso et Sylvain-Moizie, deux auteurs aussi talentueux que sympas, qui ont passé le weekend en notre compagnie, à la cool ; dédicace le samedi après-midi, mini-discussion autour d'un verre ensuite, repas en terrasse bienvenue, et le lendemain, dimanche sous la fournaise bisontine, nous avons piqueniqué tous ensemble (Nancy, Drine, Nyslo, Sylvain, moi, rejoints plus tard par Balthazar) à la gare d'eau, à l'ombre autant que possible, en gribouillant jusqu'a la fin d'après-midi.
By the way, je réitère mes propos de quand j'avais 15 ans, là savoir quelque chose comme : la SNCF est vraiment une boite d'abuseurs de merde, et jamais je ne pourrais leur chier autant à la raie qu'ils ne le méritent ; m'enfin, c'est pas un scoop. Batards de mes deux, je vous éxècre.

***** Bon, sinon, Joe Sacco a sorti 8 pages exclusives et inédites sur son petit trip en Irak, réalisé en janvier dernier pour le journal anglais The Guardian, qui est disponible ici, pendant que Gary Panter ("Jimbo in purgatory") est en interview online chez Suicide Girls, juste par là.

***** Beaucoup ont joué le jeu du questionnaire "lectures" proposé dans mon dernier post, c'est cool, j'attends les retardataires et je fais un condensé ici-même, tout bientôt ; ca sera un bon moyen de découvrir des lectures inédites et de jouer les curieux lors de votre prochaine visite en libraire... Enfin, je crois.
Voila !


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