27 juillet 2005

CARDINAL, POINT.

Bon, décidément, je vais encore faire dans le chauvinisme a deux balles, moi qui donne des leçons de conduite morale à tous les patriotes de mon entourage (bon, ok, y'en a pas tant que ça)...

Besançon, c'est mort culturellement, c'est une ville idéale pour un commerce de parapluie (ou une pharmacie, remplie de Temesta et de Prozac, par exemple), il n'y a pas une seule salle de concert digne de ce nom (Le Cylindre ? Le dernier concert potable doit dater de 2002...), mais il y a un zoo (toujours un bon indice de la teneur merdique de la ville), bref : Besançon, si on oublie les quelques copains, les rares toutes petites intiatives montées par ces mêmes copains (ou par quelques autres, n'exigeons pas l'exclusivité, bordel de merde), les 3 spots pour skater/bouquiner/graffer tranquille, ben c'est pas la joie.

Mais voilà : il y a des gens, à Besançon, et même des gens formidables ; et là, je voudrais signaler que je ne travaille pas pour l'office du tourisme, hein, ni pour la ville, non non non.

Romuald Genevois est un garçon plutôt curieux, à tendance "très".
D'abord, le garnement ne m'achetait que des bandes dessinées super enthousiasmantes, et plutot par paquet de douze, ma bonne dame ; si on oublie la satisfaction strictement commerciale d'avoir de tels clients, vient la vraie, de satisfaction : celle d'avoit rencontré, d'échanger, de conseiller une personne qui ne demande que ça, de découvrir des trucs ; alors humblement, on fait son boulot, et on finit par parler chiffons... Et d'apprendre que le monsieur est aux rênes d'une petite structure d'édition ? Damned. En voilà de la nouvelle interessante, ma bonne dame, décidément.

A la fin du siècle dernier, monsieur Genevois organise sa résistance graphique à lui en invitant de précieux collaborateurs à travailler ensemble sous la bannière "association Cardinal", groupuscule obscur dévoué à la propagation des chewing-gums pour les yeux ; pour l'histoire précise et ses détails, voyez avec le monsieur lui-même.

Début 2002, ca devait le titiller, Romuald fonde les éditions du même nom, que je répète pour ceux qui seraient mal réveillés : Cardinal.
Dès lors, de nombreux bouquins aux contenus déroutants et flirtant avec l'expérimentation visuelle (maquettes décharnées, nombreuses tentatives de bris typographique, juxtaposition et effets de surimpression...) et matérielle (exigence sur le papier, sur l'impression, sur la finition...) sortiront des presses. Des ouvrages précieux, aux contenus toujours audacieux, de très grande qualité de façonnage, qui se suivent et se ressemblent dans la satisfaction qu'on éprouve à les feuilleter.

Un exemple relativement récent : "Gautier Théophile : de la mode", ou les écrits originaux de cet essai (datant de 1858, Gautier avait alors 47 ans) sont comme qui dirait... bousculés, et se retrouvent jetés dans 40 pages de marasme opaque et transparent, à la mise en page nerveuse, dans un petit bouquin qu'on aime tripoter, mais conscienscieusement, avec soin : l'objet, car c'en est un, est beau.
Le catalogue des éditions Cardinal grossit de manière régulière, avec quasiment à chaque fois une surprise déstabilisante, un ouvrage remarquable, auquel on adhérera ou non, mais qui turlupinera suffisamment le lecteur pour qu'il se souvienne de ces petites expériences de lecture.

Et comme le bisontin est un animal aussi polymorphe que versatile, notre éditeur s'est récemment lancé dans la grande aventure des trucs-visuels-aussi-mais-qui-bougent : "Une affaire de coeur" est la première page de ce nouveau chapitre dans la vie de notre créateur, édité chez, ca ne s'invente pas, les productions Cardinal.



cardinal04, originally uploaded by jUne.


Son premier court-métrage, comme c'est original, bluffe par sa maitrise et son sens du perfectionnisme ; en 2 cadres et 3 images, le climat qui s'instaure est clairement défini, pas d'hésitation, c'est dérangeant et peut-être malsain, bref : ca fonctionne à plein régime, on est dedans ; cette fois, Romuald Genevois a pondu lui-même une histoire qu'il a mis en scène, qu'il a filmé, qu'il a monté, tout ça avec une équipe ultra restreinte : 7 minutes et 55 secondes de régal visuel, chahutées (une fois encore...) par un rythme bien particulier, et un sens de l'esthetisme réellement convaincant (pour un premier jet, on ne peut qu'applaudir). Ouais, on trouvera probablement facilement ici et là des détails sur lesquels revenir, mais une fois encore : ce court est plein de promesses, et j'attends avec impatience la suite de la carrière de réal de ce vaillant meusssssieur...

Merci d'avoir suivi cette courte page de réclame qui tenait davantage du prosélytisme outrancier que du copinage amateur... Mais achetez ses bouquins ! 8)

Et avant de déblogger, une petite carte postale du Japon ou Howie fait sa promo, hardcore sur la version... 8)


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