30 octobre 2007

Bon allez, on arrête de déconner, bordel.

Alors voilà, je dois bien l'admettre, je vivais pas très bien le fait de laisser tomber mon petit blog, fût-il principalement composé de choses personnelles auxquelles peu de monde saurait se rattacher, ou d'opinions lourdingues sur tel disque ou tel bouquin, pour ne parler que des choses qui me fâchent le moins au monde.
Le temps passait, et je n'avais de cesse d'empiler les trucs en cours, les affaires trainantes, les projets en gestation qui avaient du mal à sortir ; c'est pas fini pour autant, hein ! L'idéal serait d'avoir une activité professionnelle avec encore moins d'heures/semaine, mais je m'en voudrais de décevoir le président de la république de mon chouette pays (et puis je suis pas sûr d'avoir un ADN suffisamment pur, ca n'encourage pas). Et puis surtout, je n'arrive pas à finir le mois avec autre chose que des patates et des nouilles (et seulement ça, hein), alors avec encore moins de tunes... Bref.
Le fait est que je n'ai pas envie de faire moins de trucs, malgré mon incapacité à tout "gérer" (je déteste ce mot). Mes petites occupations, aussi futiles soient-elles, me sont toutes aussi chères les unes que les autres, et je vois pas pourquoi je devrais choisir. Alors en attendant de trouver des solutions, j'empile, je joue avec mon agenda comme d'autres accèdent au niveau 32594 sur Tétris, et je passe mon temps à me plaindre que je suis fatigué.
Quand j'aurais concédé qu'il y a également, à titre beaucoup plus personnel, du nouveau dans ma vie ces dernières semaines, j'aurais fait le tour des raisons qui m'ont plus ou moins amené à délaisser cet endroit, ces derniers mois.

Bon.
Au moment où j'écris ces lignes, aujourd'hui, mardi 30 octobre, je suis en congé.
Mon pote Laulau, qui a passé le weekend à la maison, est retourné sur Paname ce matin, et j'attaque donc une journée qui s'annonce constructive, la première depuis longtemps.
J'alterne trempage de tartines de pain de son / confiture d'agrumes dans mon lait très froid (car il fait très froid), déballage et écoute des rares disques reçus ces derniers temps, coups de fil relatifs à nos 541545 soirées à venir (oui, Le Retour du Boogie, ca marche bien, merci), séances de graphisme (affiches, bandeaux, flyers) pour les soirées à venir (pour le Boogie, pour Le Vendredi chez Pum, pour ma pomme), remplissage et vidage de machine à laver, tri et rangement dans les piles de bouquins (je suis complètement perdu dans de multiples lectures en cours, la honte), et puis surtout, je me demande comment je vais faire pour tout finir dans cette journée avant les 2 rendez-vous "bizness 'zik" de cette fin de journée. Bref, une journée de congé comme des milliards d'autre, sauf qu'en ce jour, je décide de réactiver le blog. Non mais !
Oh, et puis pour être honnête, il y a des raisons supplémentaires à cela, aussi : d'abord parce que mine de rien, pas mal de gens me lancent d'incessantes piques à ce sujet ("alors t'a enfin laché l'affaire, ju ?", "de toutes facons on le savait", la palme à "et pis c'était quand même pas terrible ton blog", stimuli extrême, l'auteur se reconnaitra), et puis aussi, et c'est un peu ma spéciale dédicace à moi, parce que même un crevard comme mon bro Alcor arrive à updater son récent blog de manière régulière, ce qui, quand on connaît le bonhomme et son aptitude à gèrer son temps, ressemble à un exploit parmi les exploits. Alors voilà, mon vieux Cocore, sache que hiphouse.org a une responsabilité dans la réveil du blog de Ju. Ah ben bravo, tu peux être fier hein !

Bon, qu'est-ce que je pourrais bien vous raconter d'autre ? Ah oui, Laure a enfin démarré son projet ambitieux et qui pourra vite devenir quelque chose de très cool si les projets suivent : imperfections.fr est une boutique virtuelle qui devrait être mise en branle le 1er novembre. S'y rejoindront moultes création, le plus souvent artisanales ou produites à très peu d'exemplaires, dans bien des registres différents. Si j'ai bien compris, car les dernières semaines, nous n'avons fait que nous croiser, notamment lors de l'accueil de l'huissier de justice assermenté pour venir mettre un terme (ou essayer...) aux activités sorties du 6 rue de la Madeleine, le squatt pluriculturel et multidisciplinaire qui accueillait bien des évenements depuis son "ouverture" il y a quelques mois (un lien avec une petite vidéo sur France 3 ici, le blog de Confluence6 est là...). Pour rappel, mon dernier post était consacré à cette triste journée d'octobre 2007 ; la veille, mon bro Dada et moi-même avons passé quelques heures à la maison, autour d'une pizza et d'Illustrator, pour faire une petite composition qui, le lendemain, était transféré sur t-shirt par le biais d'une petite séance de sérigraphie publique, durant toute la soirée entourant l'accueil de la dite-huissier...



Cette séance de découvert-partage, qui illustrait parfaitement, à mon humble opinion, la raison d'être du "6", a fait l'unanimité, et nous a regonflé à bloc, par les nombreux échanges durant cette soirée : nous venions d'emménager notre atelier commun (L'Affaire du Siècle tome 5, certains de ses auteurs, de ses projets, de ses envies, et l'atelier sérigraphie de David and cie), et lorsque la décision de la ville de Besançon (la restitution du "6") est tombée, je l'avais vraiment mauvaise... Nous savons désormais que nous l'atelier trouvera un autre toit, car l'énergie qui y transite est non seulement viables, mais en plus carrément chouette. Bosser sur des projets cools avec des gens cools, y'a pas à chier : c'est cool.

Et sinon ? Ah la vache ! j'ai oublié un truc super cool, quand même : se tenait à Besançon, il y a quelques semaines, l'édition 2007 du Salon Littéraire des Mots Doubs. Le Retour du Boogie a "joué" pendant le repas de clotûre du samedi soir, ambiance jazzy soul whatever, bon. Entre deux disques et deux plats, j'ai croisé monsieur Alain Rey, qui prenait l'air, en dehors du gros chapiteau où se tenait le truc. Alors bon, quand même, moi, Alain Rey, c'est un mec qui m'est éminement sympathique, et je parle pas de ses interventions médiatiques, à la télé où dans je ne sais quel canard, hein : Ed (le demi-frère d'Aesop Rock, pour la petite histoire, à moins que cela ne soit son père, ou son cousin, ou rien du tout, je ne sais plus trop), me rejoindra sur les qualités indéniables de son Dictionnaire Culturel, une petite somme qui vaut le détour à plus d'un titre, et qui était sorti il y a quoi, 2 ans environ je pense. Bref. Eh ben j'ai pas tenu, je suis allé emmerder ce bon vieux bonhomme à l'esprit vif, et très vite, c'est parti loin : l'une des premières publications du monsieur traitait de la bande dessinée ricaine, et fatalement, nous nous sommes retrouvés, pendant que mes 3 copains du Boogie diffusaient le plus fin des ethio-jazz pour des gens qui visiblement n'en avaient pas grand chose à carrer (ah, le triste destin des illustrateurs/ambianceurs sonores...), à évoquer les plus grands auteurs ricains, leur maestria, leur inventivité... Tout cela n'a duré que quelques minutes, mais tout de même, discuter, dans la nuit bisontine, au bord du Doubs rafraichissant, de l'importance et du génie d'Herriman, avec un mec comme Alain Rey, et ben cela a quelque chose de franchement très satisfaisant. Voilà, il fallait que je vous le dise, quand même.

Alors comme je me plains tout le temps, vous allez finir par croire que je ne sors plus du tout, sauf pour aller pousser quelques disques dans des soirées à la con. Ben non, j'ai eu le temps, la semaine dernière, d'aller voir "This is England", de Shane Meadows, qui aurait pu être un très très, très bon film.



Je vous fais pas le speech sur le film, ou alors vite fait : les dérives du mouvement skin dans l'Angleterre du début des 80's, dégueulasses avec Thatcher, les Malouines, et l'ultranationalisme en plein essor, le tout traité autour de l'histoire, infime et pourtant très juste, d'un gamin, orphelin de père (les Malouines, donc), un peu paumé dans sa petite ville typique de bord de côté, bon, quoi d'autre ? C'est le début des années 80's, donc, et putain, c'était quand même assez nul, les années 80's (je suis né en 72, je dis ce que je veux, c'est mon blog)...
Meadows les restitue super bien, ces années 80's, elles étaient pas loin au fond de votre cerveau (*), pas totalement disparues, et les voilà, présentes à nouveau, pour de vrai : c'est la vraie force du film, la première. La seconde, c'est la distribution, impeccable de justesse, tous les acteurs du film sont impressionnants, aucune fausse note, et quelques très très bons moments.
Pour les oreilles exigeantes, un troisième bon point : la bande son, parfaite, oscille entre northern soul classique, virées pré-new wave ou UK FM, et magnifiques excursions rocksteady, que du bonheur, habilement placé tout au long du film. Im-pe-cca-ble.



Le seul point noir, parce qu'il en fallait un, ne ruine pas totalement le film, mais m'empêche de m'emballer totalement à son sujet... Frustration, parce qu'il s'agissait de quelque chose de vraiment, vraiment réussi. Alors bon : ok, nos skins sont tous brisés, largués, un peu comme ces vagues au large de leur bled de merde ; ils tanguent dans leurs propres destinées, hésitant à s'engager avec plus de véhémence auprès de leur National Front (oui, tout pareil que chez nous, c'est ça), s'essayant avec plus ou moins de bonheur aux différents plan défonce qui s'offrent à eux, etc. En gros, le quotidien d'une bande de grands ados (mis à part le personnage principal, ce gamin, plus jeune que la famille de substitution qu'il se trouve auprès de la bande en question), dans la perdition sociale et relationnelle des 80's. Tout va bien, jusqu'à la fin du film, lorsque l'un de leurs ainés, un caïd un peu plus caïd que les autres, pète les plombs avec une violence visuelle vraiment marquante, marquée, prononcée, insistante. Pas de problèmes avec ca, mais plutôt avec ce qui s'en suit : le réalisateur s'attache à vouloir trouver une justification à la violence de la scène finale du film, dans le fait que le caïd en question souffre d'une énorme carence affective. Combo, le personnage en question (incroyablement bien interprêté d'ailleurs), est plus abîmé que les autres, et cela lui donne le rôle du plus mauvais, du plus extrême, comme s'il fallait toujours que la violence trouve ses origines dans une case déjà connue. Comme si c'était aussi simple, comme si le mauvais gars trouvait ses raisons d'être un mauvais gars dans une histoire familiale traumatisante, forcément, comme si son incapacité à se faire aimer pour de bonnes raisons pouvait systématiquement avoir une raison qui frise autant le pathos... C'est super dommage, car trop évident, trop gros, avec un énorme manque de subtilité, manque d'autant plus remarqué que la subtilité, elle, est une des composantes principales de ce film.



Bon, c'est dommage. Mais ca reste un magnifique film. On nous a bassiné avec le gamin, très bon, très juste, mais le film vaut pour bien davantage que cela, vraiment. On pense à Mike Leigh, à Ken Loach, évidemment, mais Meadows filme de manière très personnelle, je ne connais pas l'histoire du mec, mais entre le générique et certains plans très courts du film, je ne serais pas étonné qu'il soit issu de la télé, même si entre la direction d'acteurs, le rythme proposé (tout en habiles changements de tempo), la qualité de la photo, le mec me semble méchamment à l'aise avec l'art de faire du très bon cinéma.
Bon, il est bien ce film, hein, quand même...

(*), pas grand chose à voir, mais de taper "cerveau" dans ce bref texte sur "This is England", ca m'a fait remonter une ligne de Arnaldo Ginna, lue la semaine dernière dans "Les locomotives avec des chaussettes" (chez Alllia), et qui m'a marqué, alors comme je suis sympa, et que je fais ce que je veux avec mon blog, je ne résiste pas au plaisir de vous la refourguer, hop :
"Et si la voûte de notre cerveau était le manteau d'une cheminée enfumée par nos noires et fuligineuses pensées ?".
C'est bien, non ?



A part ça ?
Bon, ce bon vieux Comptoir des Indépendants, qui est, rappelons-le, le diffuseur principal des petites structures et des éditeurs alternatifs essentiels en France, propose depuis peu (depuis très, vraiment très peu, en fait), sur leur site, des textes de présentation de certains titres des catalogues des éditeurs qu'ils distribuent, mais rédigés par les libraires qui les vendent. Alors forcément, comme je suis dans une période "virez l'agent littéraire de Joe Daly, je vais faire le boulot", eh bien voilà ma petite contribution au site de ces gens qui m'inspirent, je dois bien l'avouer, le plus grand respect, depuis un bon moment, vu le boulot abbatu depuis tout ce temps. Bon, quand je dis "ces gens qui m'inspirent le plus grand respect", je me dois de citer l'exception qui confirme la règle, à savoir l'infâme Yves M., sinistre parmi les sinistres, et dont le plus grand plaisir et d'annoncer des choses exceptionnelles en promettant que "ouais ouais je te montrerais ca tu vas voir, c'est à tomber", sans qu'aucune suite ne soit donnée à ces annonces alléchantes. Un sinistre, quoi. Ouais c'est à toi que je parle saloperie de concombre ! Nan mais.
Mon premier speech, donc, concerne "Scrublands", du sud-africain Joe Daly, dont j'avais déjà parlé en cet endroit, lors de sa sortie originelle il y a quelques mois chez Fantagraphics. La version française est dispo depuis peu grâce à ces saloupiots de L'Association. Bref :
"Une bonne dose d'absurde, un penchant évident pour l'excellente production de dagga (la weed locale), le sud-africain Joe Daly est sur-équipé pour imposer son style halluciné, ses personnages improbables, et son monde férocement drôle.
Ce jeune auteur de 28 ans, né à Londres et proche du collectif Bitterkomix, à migré en Afrique du Sud pour y étudier l'animation pendant 2 ans. Son registre, s'il est fortement marqué par la lecture des éternels classiques underground nord-américains (Crumb et sa sempiternelle restitution d'une totale loose sociale, les Freaks bros de Shelton pour l'obsession de la défonce, pour ne citer que les plus évidents), témoigne également de cette formation : il faut lire "Prebaby", le récit le plus long de ce recueil, une histoire en quelques planches très marquées par cette expérience de l'animation.
Mais Daly, s'il arrive alors à prendre son temps pour établir de tels trip oniriques, avec force lenteur et zéro mots, ne se perd pas en route pour autant, et prouve qu'il est également un auteur très ancré dans le réel : les histoires courtes de l'auteur témoignent de la dureté de vivre dans un pays brisé, et si les personnages et situations créées par Daly y apparaissent quasiment tous comme des exemples de crétinerie absolue ou de non-sense total, nul doute que la critique y reste méchamment présente. Le seul véritable lien entre ces historiettes bien barrées et la lente séquence onirique, c'est peut-être la seule obsession de Daly : la filiation, la naissance, semblent jalonner le bouquin, et l'auteur ne cesse de tourner autour, dans un déluge d'inventivité et d'audace.
Joe Daly est un jeune touche-à-tout déjanté et inspiré, et son fascinant bouquin est à découvrir d'urgence."




Celles et ceux qui lisent l'excellent magazine Poly (oui, oui, anciennement Polytstyrène, c'est çà), seront déjà tombés sur ma propagande Dalyesque, car dans le dernier numéro j'avais déjà été mis à contribution pour donner quelques pistes de lectures, que je vous recolle ici parce que ca donnera l'impression que j'ai vraiment plein de trucs cools à dire... Le principe : Fabien, de Poly, propose plein de questions qui partent dans tous les sens, il faut répondre en très, très peu de mots (vous avez remarqué comme j'ai du mal avec ça ? Vous pensez que je suis bavard ? Non mais vous pensez vraiment que je parle pour ne rien dire ? Non mais sérieusement vous pensez réellement que j'en rajoute quand je parle ? Non mais vous me dites hein ?) à 3 ou 4 d'entre elles. Pour le dernier numéro, ca donnait donc ça :

- Pour ne pas encore sortir ce soir :
"Scrublands", Joe Daly (L'Association) : sommets d'absurde, persos hilarants, obsessions fascinantes, et penchant évident pour la weed locale : ce sud-africain touche-à-tout est suréquipé pour imposer son style halluciné et déjanté.

- Pour ceux qui prendront le train Metz-Dijon :
"Y le dernier homme", Vaughan & Guerra (Panini) : une saga d'anticipation avec la disparition du genre masculin comme idée de base, un seul survivant pour personnage principal, et le talent de Vaughan... Addictif.

- Pour l'échanger contre les oeuvres complètes de Maurice Genevoix (Goncourt 1925) :
"Complete Peanuts", Charles Schulz (Fantagraphics). L'original, pas la pénible vf : une somme de finesse, de poésie, d'intelligence. Classique parmi les classiques, pas une ride.

- Pour servir de cahier à Attila, 2 ans, armé d'un marqueur noir indélébile xxl :
"Petites éclipses", Fane & Jim (Casterman) : introspection douteuse, contraintes poussives, personnages pas crédibles, scénario vain... un laborieux bouquin qui pille les "indés", le talent en moins.


Voilà.
Oui, je sais, vous vous dites "rhôôôô il est lourd à toujours la ramener avec Casterman, tout ça...". Oui, bon, je chie où je veux, hein, et si c'est sur Casterman, ben c'est comme ça.

Vous avez remarqué que le King-Cat de John Porcellino est plus facilement chopable dans les boutiques françaises, depuis peu ? Ce n'est pas un hasard, et je ne me répandrais pas sur l'enthousiasme et l'énergie déployée par ce sacré Jonathan Larabie, qui a une responsabilité (une de plus...) dans cette histoire : je ne saurais que trop vous encourager à vous ruer sur les derniers numéros parus, qui, au moment où je vous parle, doivent être disponibles dans quelques-unes des librairies les mieux achalandées de l'hexagone (voire même par delà nos frontières avec la Belgique, si ca se trouve...).



Parce qu'après des années à oeuvrer dans son coin, John P. n'en finit pas de creuser sa place d'auteur décidément incontournable ; chaque King-Cat Comics & Stories recèle de petites merveilles de subtilité et de délicatesse, de justesse et de malice, et chaque lecture de ce fanzine provoque irrémédiablement une crise de bien-être et de satisfaction rare. Ce précieux escogriffe, pour qui le zen est autre chose qu'un concept marketting pour vendre des chewing-gum, arrive à communiquer sa sinçérité, sa sensibilité et désormais son apaisement via la dose de pages qu'il nous balance depuis maitentant des années, et ca fonctionne encore à tous les coups. Il est fort, ce John P.

Le dernier Aesop Rock est simplement énorme. C'est une constante chez ce mc, c'est en train d'en devenir une autre pour le label qui l'héberge, Def Jux : pas de tapage putassier, pas de recherche du tube ultime, pas d'égarement vain dans des contrées foireuses, rien de tout cela. Qu'on apprécie ou pas son flow, Aesop Rock prouve album après album qu'il est l'un des meilleurs lyricists de son époque, malgré son fameux flow faussement monotone, qui rebute les moins curieux et les plus pressés (tant pis pour eux) et ce fameux côté bavard qui caractérise pourtant les plus grands ; "None shall pass" est un album qui s'écoute d'une traite, et qui, pendant une heure, démontre la virtuosité du bonhomme, en passant par bien des ambiances, par bien des phases diffèrentes les unes des autres, sans pour autant sacrifier à la cohésion d'un des meilleurs albums hip hop parus ces derniers temps.



El P et sa clique, après avoir défoncé, quasiment à eux tout seuls, la scène indé ricaine il y a environ une décennie, ont eu une petite période où l'on sentait que tout ce petit monde se cherchait, creusait sans vraiment convaincre totalement. En 2007, avec les albums du Producto ("I'll sleep when you're dead", album grandiose et ambitieux, habité et maitrisé de sa première à sa dernière minute) et celui du meilleur mc de son "écurie", Aesop, on a la preuve qu'ils se sont trouvés, et pas qu'à moitié.



J'en rajouterais même pas sur la politique et l'intégrité des mecs du clan Def : le gros rouquin et ses potes ne descendent leur denim triple Xl devant personne quand il s'agit de bizness, et leurs choix commerciaux (distribution, etc) doivent faire rougir de honte pas mal de monde dans le rap game. Jukie 4 life !
/mode vieux con réac ON : bordel, il est où le temps où on se prenait des claques tous les mois en écoutant des disques ? En hip hop, j'ai l'impression que ca n'arrive qu'une ou deux fois par an...
/mode vieux con nostalgique ON : et puis Aesop, j'y peux rien, m'a laissé quelques uns de mes plus beaux souvenirs de hip hop "moderne" en live. Celles et ceux à qui le trip freestyle évoque quelque chose, et qui auront eu la chance de voir Aesop en live, sauront de quoi je cause. Derniere prestation vécue : en Suisse, avec Horsey Ed, et probablement Casual Dradra, je sais plus, mais ce dont je me souviens, c'est la facilité avec laquelle le gars s'affranchissait de sa mission : tout défoncer, en insérant dans sa prestation quantité de vrais freestyles spontanés et qui déchiraient sévère.


Alors bon, si je fais pas ma promo, qui la fera, hein ? Donc :
Depuis peu, on essaie d'organiser des choses dans un endroit récent, à Besançon, et où l'on se sent tellement à la maison qu'on aimerait qu'il s'y passe plein de trucs. Alors tout ça vient se greffer aux multiples plans en cours (et dieu sait qu'il y en a, avec notamment quelques gros trucs qui se précisent pour 2008, mais on a le temps d'en reparler uh uh uh), et ca donne un peu près, ça, dans l'agenda musical de ma vie à venir :
- ce vendredi 2 novembre, de 19h à 1h30, à Besançon, "a motherfolking moment" chez Pum, avec plusieurs sets acoustiques de la fine fleur de la scène nu-folk bisontine, parce qu'il y en a une, je vous vois venir.
- ce samedi 3 novembre, à Dijon, dans le cadre du Beatbox Festival, un chouette concert avec The Procussions et puis aussi Tentet!, soit le projet commun d'Electrons Libres, Homonculus Sextet, et le beatbox Tico.
- vendredi 9 novembre, à Besançon, et de nouveau chez Pum de 19h à 1h30, la clique du Boogie accueille le Pop-Corn crew, collectif dijonnais habitué à crâmer la Vapeur.
- samedi 10 novembre, au Moulin de Brainans, l'anniversaire de l'association Citron Vert, avec plein de trucs et notamment, dans la salle du restau, un bon vieux Retour du Boogie.
- vendredi 16 novembre, à la Vapeur de Dijon, les zozos de Pop-Corn accueillent Le Retour du Boogie ! Le premier qui me dit combien de fois il y marqué "Boogie" dans ce post gagne un panier garni.
- jeudi 22 novembre, je fais le warm-up de Wax Taylor au Cylindre de Larnod.
- vendredi 23 novembre, de 19h à 1h30, Retour du Boogie chez Pum à Besançon.
- samedi 24 novembre, Retour du Boogie au Balancier à Besançon.
- vendredi 30 novembre, de 19h à 1h30, release party de l'album de BlackJoy, "Time", sorti tout récemment chez Project. Pour l'occasion, monsieur BlackJoy nous fera l'honneur de sa présence aux platines pour un set oscillant post-disco. Je sais bien, ca veut pas dire grand chose tout ça, mais en même temps, un second panier garni à qui me trouvera un terme efficace pour qualifier l'album en question ; pas fastoche-fastoche.
- samedi 1er décembre, afters du Festival Entrevues de Belfort, devant La Poudrière, avec Le Retour du Boogie.

Il y a plein de dates super avancées aussi (notamment, et enfiiiiin, un Retour du Boogie à Paname, copines et copains parisiens, on se tient au jus !), dont on parlera plus tard, mais je reviens brièvemment sur la date du jeudi 20 décembre, car c'est une soirée qui compte vachement pour nous : pour notre première BoogieBoxxx Party, qui aura lieu au Cylindre à Besançon/Larnod (et qui sera gratuite, c'est assez rare pour le préciser !), Le Retour du Boogie et ses copains d'Honeyboxxx s'associent pour inviter deux beatmakers qu'on apprécie particulièrement en ce moment, et dont j'ai déjà parler maintes fois sur ce blog ou ailleurs : l'irlandais Mike Slott et l'écossais Hudson Mohawke, réunis sous la bannière progressiste "Heralds of Change", leur terrible projet commun, seront à nos côtés en cette soirée qui s'annonce grandiose, on en est sûrs ; et en tout cas, on va tout faire pour que cela le soit, mais j'aurais l'occasion de vous saoûler de nouveau avec cette soirée...

Et pendant que j'y pense, quand même, pendant qu'elle est fraîche, je fais tourner la vidéo de pou7, qui s'est bien pris la tête à faire un montage plutot cool de notre virée à Musiques de Rues 2007 malgré un morceau vraiment foireux, mwahahahah. Alors en attendant un nouveau montage avec du wild broken beat ou de l'emotronic bien destructurée, voici un trèèèèèès court résumé de Musiques de Rues 2007, festival bisontin avec lequel je vous ai déjà saoulé dans l'avant-dernier post...
Et puis après, promis, je ralentis l'egotrip.
Y'a plein de choses à dire sur tellement de trucs, on va pas passer notre vie à s'autocongratuler, merde...



ON AIR ON radiojUne :
- ca faisait un moment que Prefuse 73 tournait en rond, on le sentait bien. Son dernier effort est la confirmation qu'un mec qui apporte une contribution aussi indéniable au hip hop contemporain que fût la sienne peut aussi s'endormir en cours de route, et se perdre dans les méandres de choses déjà dites. C'est dommage. C'est paru chez Warp. C'est vachement bien sur scène d'après Alcor, Manu, et leur clique, qui sont allés voir ça avec Ed, à Genève, la semaine dernière. Mais je pense que ca doit être un peu près tout...
- Kissey Asplund (merci Narqo) défonce sévère aussi. Papa jazz crew - the baddest. Kissssssssey !
- "Une fois n'est pas coutume" dit le diction, j'ai envie de dire qu'avec "deux fois", ca marche aussi : depuis peu, je réécoute un peu de trucs à guitare, bon, je dois bien admettre que le plus souvent, c'est assez minimaliste, à tendance folk 3000, quand même : "White Chalk" de PJ Harvey est un chouette album ou l'une de mes couineuses favorites prend le temps de carresser un piano, et c'est vachement bien. Oui c'est diffèrent de ce à quoi elle nous avait habitué, et tant pis pour ceux que ca gêne, il est bien plus qu'honorable, cet album. L'autre album à base de complaintes grattées péniblement, c'est un coup de coeur communiqué par la moitié de mon tandem d'auteurs de bande dessinée belge favori, dont je tairais le nom, j'aimerais pas Déraper, uh uh uh : Elvis Perkins, messieurs dames, a signé un chouette disque, sur lequel je pourrais m'étendre longtemps si tout le monde ne l'avait pas déjà fait mieux que moi.
- le dernier album de Sharon Jones, toujours accompagné de la fabuleuse clique des Dap-Kings, "100 days and 100 nights", encore publié chez Daptone, est impeccable ; elle fait les choses avec passion, respect et sa place de diva soul des années 2000 n'est pas usurpée. Funky soul !
- Zenzile, c'est toujours aussi chiant et aussi peu inspiré. j'ai voulu essayer une nouvelle fois, mais y'a pas à chier : je dois être allergique, je trouve ca plat et sans la présence du fortiche Tikiman, j'aurais probablement vomi un peu.
- Dr Whodat, ou bien Jneiro Jarel, ou bien.. bref : Shape of Broad Minds, le dernier projet du homie from Phila, est plus foutraque que jamais, en apparence seulement. Car la linéarité de l'influence soulfull de ce projet aux bleeps encore mieux placés qu'à l'habitude respire sur tous les titres de "Craft of the last art", paru sur Lex, ce qui, je vous venir, et vous avez raison, signifie "une magnifique pochette pour le même prix". Bargeot juste ce qu'il faut, d'une richesse créative évidente, Jneiro prouve que toute la clique des nouveaux beatmakers a digéré l'héritage post-Dilla, et la restitution finale promet d'être énorme : il suffit d'entendre ce qui se passe en ce moment dans les recoins de la sphère hip hop pour se rendre compte que le vrai renouveau tant espéré arrive à grand pas, portés par des mecs de la trempe de ce joyeux zozo. La classe.
- J'ai déjà dit plus haut tout le bien que je pensais d'Aesop Rock. Son dernier album, "None shall pass", paru chez Def Jux, squatte ma platine, et entraine avec lui une belle sélection de Juxeries, à l'instar du dernier album d'El P., paru plus tôt dans l'année. Et je prend à rêver de ce à quoi pourra ressembler la réunification du combo Cannibal Ox, parce que putain, la quasi-intégralité de leurs titres sont des perles du plus qualitatif hip hop moderne, merde.

Je crois que j'ai fait le tour pour le moment.
Si dans les semaines qui viennent, j'ai un peu de temps pour blogger, je vous ferais chier à nouveau, sûrement pour parler d'un des meilleurs bouquins sortis cette année, et qui s'appele "L'autre fin du monde", signé Ibn Al Rabin, paru chez Atrabile. Formidable.
Et pour vous dire aussi que la date en décembre, ca va défoncer, sérieux, faut que vous veniez, toutes et tous. 8)



Hasta la bla bla.
Bonne semaine, les ami(e)s.

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