4 juillet 2011

Ré.

(toutes les photos sont un peu moins foireuses une fois agrandies, en cliquant dessus)





Six jours sans téléphone, sans internet.
Au milieu de tonnes de bestioles qui volent, qui rampent, qui galopent, qui courent, qui nagent. Des coccinelles et des roses trémières, "une vraie chienlit, ça pousse partout sans qu'on s'en occupe", ok, écoutez madame, vous connaissez l'ortie jurassienne ? Egalement au milieu de quelques parigots relativement à l'aise dans leur résidence secondaire occupée onze jours par an, mais c'est une autre histoire (et c'est aussi ça, l'Ile de Ré, je crois, hein).
Six jours, c'est court. A peine le temps de faire tout de même beaucoup, beaucoup de bornes en vélo pour aller tenter d'apercevoir au (tout) petit matin des échasses blanches et des busards des roseaux, des gorges-bleues et des sternes pierregarin, des aigrettes garzette, des lapins, des chevaux, au milieu de marais s'étendant jusqu'à l'océan, qui lui-même donnait l'impression de s'étendre encore plus loin, bref : gros pied. Le temps de réfléchir un peu, aussi. Mais pas trop, non plus. Les vacances, quoi.

Et puis le temps de faire quelques affaires, quand même ; pécho, au beau milieu du fourbi d'un bouquiniste qui pourrait être un cousin du Regard Moderne, version droite républicaine époque Mon Général, quelques disques à trois euros, et pas des moindres : le "Travellin Man" de Stanley Cowell chez Black Lion (69, ainsi que "We three", son trio avec Frederick Waits à la batterie et Buster Williams à la contrebasse. Et puis le second volume du Live in Paris 1964 de Mingus (avec Dolphy, Clifford Jordan, Byard et Richmond).

Tout ça faisait gentiment écho à mes maigres lectures de ce petit séjour, dont les terribles, terribles interviews parues dans le numéro 34 de Wax Po, oui oui j'avais raté ce numéro (merci les half-price summer sales offerts par le mag, qui permettent de combler ses quelques lacunes et/ou numéros manquants !) : un papier sur Horace Tapscott, un autre -fameux- sur Richard Evans (qui évoque le temps passé chez Cadet Records, Charles Stepney, les Chess père et fils, Dorothy Ashby, Donny Hathaway...), et un papier-fleuve formidable sur Creed Taylor, mégalo génial, et c'est un sacré raccourci que je m'autorise là.

Ah si tous les magazines pouvaient proposer du solide aussi solide ! Cinq jours plus tard, je craque en gare de La Rochelle et décide de voyager avec le dernier numéro des Inrocks, trompé que je fus par une couv aguichante avec Gondry. Bilan : malgré un papier agréable sur l'Hacienda/Factory records/Madchester (bordel) et un autre sur Jacno (bordel encore), rien, du vent (Gondry n'y pourra rien changer), l'impression de lire quelque chose qui s'est déjà désagrégé, bref, rien de très neuf au fond...

En Ré, coincé aussi plusieurs bouquins au retour : entre les Lettres de Chandler (en vieux 10-18) et le Walden de Thoreau (je suis en train de m'embourgeoiser en préférant la belle édition Au Mot Et Le Reste, traduit par Matthieussent et préfacé par Jim Harrison), j'ai tenté le gros pavé de Barney Hoskyns sur la musique à Los Angeles paru chez Allia (à 75% de son prix, cela n'en valait-il pas la peine ? Je me plains des Inrocks et dans le même temps j'achète un bouquin d'un contributeur du NME...), ainsi que le très court "Processus créatif" de Duchamp, publié à L'Echoppe. Bon, pourquoi pas, après tout.
En parlant de bouquins, j'en profite pour replacer que chaque mardi, je m'occupe de contribuer au blog collaboratif lancé par JP de 6 Pieds Sous Terre, aux côtés de quelques chouettes zouaves, afin de sortir de l'ombre, le temps d'une journée et d'un post sur Tumblr, quelques unes des plus marquantes productions issus du circuit indé/alternatif/indépendant : 1 Fanzine Par Jour, c'est là.

J'en étais où ? Ah ouais, a Ré, donc.
J'ai également mangé beaucoup d'huîtres lors de ce séjour. "Il faut les manger pendant qu'il y en a encore", paraît-il, "et pas que des triploïdes, hein !". Ok, ok.

J'écoute l'album de Shabazz Palaces, qui, s'il ne tient pas toutes les promesses qu'on pouvait lire dans l'histoire épatante d'Ish/Butterfly depuis toutes ces années, est quand même probablement l'un des rares putains d'albums hip hop de l'année, pas moins. Dans le même tonneau mais pas à la même profondeur, je retiens le rap mainstream d'Asher Roth et Notzz Raw, qui sont plus convaincants en deux EP que beaucoup de leurs contemporains avec leur discographie complète.
J'écoute aussi Talibam!, parce qu'ils ont gentiment laissé plusieurs de leurs disques avant de quitter la maison il y a trois semaine, mais j'ai probablement déjà évoqué ce concert grandiose, grandiose, grandiose qu'ils ont donné à Besançon.
J'écoute aussi Archie Whitewater et Gabriele Ducros en journée, j'écoute aussi "Noise star" de Bastro au moins deux fois par jour, à la suite, au réveil.
Mais pour l'heure, je vais aller me coucher, en songeant au type qui passe toutes ses nuits couché de travers, dans un voilier échoué sur cette petite plage de Saint-Clément, de peur qu'on ne lui vole tout l'appareillage embarqué. Appareillage qui ne lui a pas empêché de s'éclater sur la roche, en pleine nuit, il y a quinze jours.
Même un réveil avec double dose de Bastro, ça doit être une sacrée rigolade à côté...

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