16 février 2012

We're gonna need to watch that again.

Bon, c'est la mi-février : voici donc la déclaration officielle de sortie d'hibernation, entre deux virées aux tréfonds de la Franche-Comté pour faire des fanzines avec l'asso ChiFouMi, quelques préparations de formations ici et là, quelques organisations à lancer, notamment pour ChiFouMi (encore, avec cette fois, du gros pour la fin de l'année, à Besançon du moins, puis quelques chouettes projets dont on reparlera bientôt). Vivement.

{ "The Swan", Carlos Wood }
Ce tout petit post pour placer discrètement dans ma timeline bloguesque personnelle un reminder de taille : quand des potes aux goûts sûrs m'incitent et m'invitent à réviser mon jugement expéditif sur ce qui est l'objet télévisuel le plus fascinant jamais observé (pour eux et pour quelques autres aussi...), ne pas les prendre à la légère comme je l'ai fait il y 7 ans environ, en balayant d'un revers de la main cette série à la con avec des naufragés sur une île, un monstre de fumée et une diffusion en prime time le samedi sur TF1. C'était trop pour moi.
Et puis j'étais trop occupé à l'époque, surtout pour me faire baiser par le piège trop connu du truc chronophage dont le potentiel déceptif devait être proportionnel à sa durée, ou à la dose d'huile faisant reluire chaque membre du casting de mannequins arpentant la plage du fameux crash.

Donc : la prochaine fois, prendre le temps de comprendre, et ne pas m'arrêter à des impressions qui me conduiront sur le mauvais chemin, celui que je viens de contourner en me cognant d'un coup d'un seul, ou presque, 90 heures de rattrapage ; fort heureusement, j'étais solidement accompagné d'un stock de vivres impressionnant (*), juste à côté du canapé, et surtout d'une compagne aussi enthousiaste -et sceptique- que moi ; non ça n'est pas forcément incompatible).


 
{ "Ab Aeterno", Brady Clark }

Et alors ? Eh ben alors effectivement, il faudrait douze blogs pour creuser un peu tout ça, mais oui, ce dernier mois, à alterner virées éclairs dans les coins les plus reculés et plus froids de la région et soirées à s'envoyer plusieurs heures des aventures existentielles d'une poignée de personnages dont on se demande encore ce qu'ils foutaient là, c'était tout à fait autre chose qu'un énième divertissement.
Oui, cet objet unique, magnifiquement bâtard dans ce sens où il arrive à allier exigence scénaristique (et surtout narrative) et séduction grand public, qui associe étourdissement métaphorique, aventure(s) d'un classicisme confondant (de prime abord) et renouvellement de la forme fictionnelle (telle qu'on croit l'avoir fixée, en tout cas), tout en arrivant à tenir le grand écart improbable qui consiste à basculer le téléspectateur vautré dans son fauteuil et dans un folklore religieux ô combien mis à mal par l'importance prise dans notre société par d'autres guides existentialo-spirituels (l'apparition pop !) dans tout autre chose, tout en lui fichant dans la gueule un gros inventaire des figures de styles propres à une SF qualitative "basique" (voyages temporels, univers parallèles, incarnations et désincarnations, etc), cet objet, donc, se distingue clairement de bien d'autres séries.
Quand j'aurais ajouté que les personnages, quand bien même parfois interprétés par les pieds (oui oui, par les pieds), relèvent quasiment tous d'une construction psychologique et sociale qui va un peu plus loin que le tout venant (bien plus loin, même), et que le personnage principal abrite bien plus qu'une simple petite lumière intérieure, j'aurais assez blablaté sur ce sujet dont tout le monde aura déjà tout dit, et tout ça bien avant la fin de cette série. Il y a quelque chose d'assez déstabilisant dans le fait d'arriver autant après la guerre : j'aurai assisté à de véritables déchirures entres potes pour faire valoir qui telle théorie, qui telle autre. J'avais conservé une distance assumée avec tout ça, même si l'enthousiasme dépassait largement le cadre observé habituellement, je l'avais bien remarqué. Oh, ça m'avait bien mis la puce à l'oreille, "mais"...

... Mais tout ça faisait déjà beaucoup, et le vertige qui conduit chaque téléspectateur à être assommé par autant de sujets successifs, devait être autrement plus conséquent lorsque celui-ci devait attendre une semaine (ou des mois, selon...) entre chaque épisode : regarder l'intégralité de Lost en une seule fois (dans mon cas, en un mois), c'est évidemment contourner l'impatience propre qui faisait mûrir le reflet projeté alors en chacun, en temps réel. De fait, j'ai raté un truc, qui m'écarte du ressentiment habituel, que l'on a croisé des tonnes de fois sur le web depuis la fin de cette série ("putain comment ils abusent ces tocards !", etc).
Ce condensé de visionnage a provoqué bien des choses. Comme malheureusement aussi de ne pas avoir pu prendre le temps de laisser les éléments se mettre en place d'eux-même, mais bien de les avoir obligés, par la densité des choses avalées, à être digérés plus vite que la normale ; un flot très dense de d'informations, de désinformations, de questions, de réponses, de déductions, de nouvelles questions...
Et dans ce rythme différent en bien des points de celui qui devait réguler la série initialement, j'ajoute que j'avais eu largement le temps de me renseigner, et de faire un peu plus que ça : après avoir été plus qu'encouragé par quelques soi-disant amis, j'ai également parcouru les étals des librairies (et les forums du web), à la recherche d'une ultime pichenette pour faire basculer la décision : m'y coller, ou pas ? Plonger vers l'île, vraiment ? Après tout ce que je croyais en penser ?

{ "Locke Duality", Mattson Creative }

Et tout ça est tombé au moment où Pacôme Thiellement, qu'on appelle parfois le professeur Thiellement pour plein de très bonnes raisons, sortait un livre entièrement consacré à cette expérience, car c'est bien à cela que cette série doit être assimilée ; plus précisément, c'est après la lecture d'un papier dans un dossier consacré justement à cette série, dans Chro (le numéro 67, de l'été 2010, précisément), que l'élan m'avait été communiqué. Le professeur et quelques autres cerveaux brillants (Olivier Lamm, notamment, qui est toujours bien plus qu'agréable à lire et relire, à l'instar des ses travaux de chroniqueur musical) s'y donnaient à cœur joie, et montraient un entrain certain pour la dite série, qui achevèrent de me donner le feu vert.
Le temps, dont il semble être méchamment question dans cette série, il allait être grand temps, justement, d'en trouver un peu.

Et pourtant ! En écoutant les uns, en lisant les autres, j'avais lamentablement pataugé dans les spoilers les plus énormes, détruisant probablement au passage ce qui devait constituer une part non négligeable de l'objet en question. J'avais désormais une idée assez précise de l'issue de cette série, qui s'était terminée un peu plus tôt, et qui avait donné le feu vert à des déferlantes d'écorchages sur le net, par mail, à droite ou à gauche : les copains, pourtant plutôt rigolos, semblaient sacrément sérieux lorsqu'il s'agissait de Lost, et surtout de sa fin. Personne n'avait d'interprétation précise définitive, et beaucoup semblaient déçus par les promesses non-tenues, par les multiples pelotes narratives à peine démêlées, par les mystères à deux balles ayant été effacés de la liste des choses à résoudre. Et surtout par la manière dont tout cela se clôturait.
Visiblement, les scénaristes étaient des fumiers qui avaient torché, peut-être en roue libre, un truc dans lequel ils s'étaient avant tout fait plaisir... Et le dernier épisode, qui mettait un terme à la pire des six saisons, semblait être un ultime foutage de gueule, pour beaucoup.
Oui, il est très, très décevant, cet ultime épisode. A bien des titres. Je suis complètement d'accord.

{ "Missing", Glenn Jones }

Mais moins pour ce qu'il raconte que pour ce qu'il montre, en fait : il aurait fallu le faire autrement, certes, et éviter ces énormes écueils pourtant savamment esquivés durant six ans : six années durant lesquelles il y avait un fil tenu mais sensiblement concret entre la religion et la foi, entre la raison et l'intuition, entre la confiance et la trahison (avec notamment un gros travail de réinterprétation(s) religieuses(s) qui s'éloignait du déja-vu consistant à confondre la foi/la croyance et la religion).
Avoir switché les deux saisons précédentes et leur cortège de nœuds à migraines : l'arête sci-fi, l'effacement du fantastique-fantaisiste au profit des problématiques réellement concrètes (Schrödinger est convoqué d'urgence devant ma télé, sans son chat mais avec un cortège d'aspirants métaphyciens spécialistes en intrication quantique, parce que là, c'est pas mon fort, moi c'est plutôt le soda au cola, et éventuellement un peu la bande dessinée muette, et encore), pour plonger dans une élucidation évidemment par trop prévisible ("nan mais c'était sûr putain !") qui louche plutôt du côté d'un final trop catho pour être honnête (ce qui n'est pas peu dire), ça fait chier. Ce final est dégoulinant de bondieuserie mièvre. Il peut, à ce titre, donner l'impression de ruiner six ans.
Mais ça serait expédier une affaire un peu vite, à mon goût.
 
Malgré tout cela, malgré la déception d'un final par trop décevant ("comment pouvait-il en être autrement ?"), l'expérience ne me semble globalement que -très- positive, en bien des endroits.
Et j'irais même jusqu'à dire qu'être déçu par des mauvaises réponses (ou pas de réponses du tout...), arrivant après des attentes trop longues, n'est qu'un signe de la non-assimilation du concept en lui-même : s'arrêter sur sa fin, qui n'en est définitivement pas une (mais bel et bien une passation des clés, comme une mise en abyme un brin transversale de la fameuse "responsabilité" au cœur de l'histoire), c'est avoir choisi de regarder Lost comme on pouvait regarder L'Île Mystérieuse de Champreux, Bardem et Colpi en 73.


C'est ne pas avoir accepté de passer à un autre niveau de mise à disposition d'un matériau fictionnel, et ça ne serait pas si dommage si Lost n'avait pas un large éventail de qualités qui la posent en parfait nouveau palier, comme un nouveau barreau apparu sur l'échelle sur laquelle les amateurs de fiction télévisuelle pouvaient ramer depuis un certain temps.

Evidemment, le fait d'avoir eu le temps de lire, relire, échanger au sujet de cette série, durant tout ce temps passé depuis la diffusion de son dernier épisode, a forcément biaisé ma lecture et mes réactions quand à son visionnage. Ce que j'ai perdu en surprise et en cliff hangers moyennement efficaces (je n'avais qu'à appuyer sur une touche de ma télécommande pour lancer la suite, là où la plupart devaient attendre une semaine minimum en se bouffant les moignons), je l'ai gagné en tolérance vis à vis des nombreux défauts que j'ai forcément relevé mais qui ne m'ont pas surpris.

J'ajoute également à ce moment qu'il n'est pas pour moi question de dénigrer d'autres séries estimées par le public comme la critique, selon la chouette formule qui ne veut rien dire du tout : je suis loin d'être un série addict (j'en connais pourtant quelques uns, qui ne manquent pas de m'encourager régulièrement à sauter à pieds joints dans telle ou telle série...), mais j'ai tout de même adoré les Soprano (j'ai presque tout vu), trouvé bien des qualités à The Wire
(j'ai pas tout vu) ou à 6 Feets Under (j'ai pas tout vu), super-super-super-adhéré à Twin peaks (j'ai tout vu, deux fois) ou à X-Files (je connais les 3 ou 4 premières saisons quasi par cœur), aux Persuaders ou à Black Books (j'ai tout vu), vite laissé tomber des trucs qui faisaient rêver le môme que je fût (Heroes...), et je suis complètement à genoux devant La Planète des Singes (oui oui, plutôt la série, hein) ou The Prisoner (j'ai tout vu, et presque tout adoré)... et je n'ai pas cité la pourtant bancale adaptation de Jules Verne, un peu plus haut, pour rien : elle est fondamentale dans mon parcours personnel. Je n'ai pas passé la moitié de la dernière décennie à me prendre dans la tronche les innombrables pépites sorties des cerveaux des teams de scénaristes bossant pour les chaînes (souvent ricaines), mais j'ai bien compris qu'il s'y passait des tonnes de choses. Moi vouloir dire : moi être bonne foi.
Simplement, là où plein d'autres séries seront bien plus habiles, bien plus belles, bien mieux interprétées, bref, mieux fichues que Lost, pas une seule (mise à part la séminale Twin Peaks, à un autre degré) n'arrive à sortir le téléspectateur de sa posture classique : celle de simple téléspectateur, justement.

{ "The Polar Bear Conundrum", Dan May }
L'après-Lost a ceci de compliqué qu'il laisse le téléspectateur à la fois dans le siège de (du?) scénariste et dans celui d'acteur, coincé dans un cycle dont l'apothéose démarre dès les minutes qui suivent la toute fin (du dernier épisode) : l'histoire qui vient de s'achever sur le petit écran représente le début d'une autre, bien plus personnelle, mais rigoureusement basée sur ce que la précédente lui laisse comme base, comme éléments, comme clefs (ou comme boussole, etc). 

Il y a évidemment quelque chose de triste, quelque chose qui s'éloigne, comme toutes les choses dans lesquelles on s'immerge pour une durée très courte, mais avec délectation, avec plaisir, ou juste avec satisfaction. Et puis il y a aussi, forcément, quelques regrets notables, et chacun peut y aller de sa petite liste ; certains ne se sont pas gênés à l'issue de la dernière saison, les scénaristes en ont pris plein la tronche - pas assez diront les plus mesquins : qu'ils se posent donc la question de savoir ce qui a fait qu'ils soient restés "jusqu'au bout", qu'ils aient passé 90 heures devant leur écran. Tout ça ne devait pas être si nul que ça, non ? Peut-être que cette série mérite mieux qu'une simple grosse déception à son égard, notamment au sujet de la manière dont elle s'achève...
Mais Lost ne s'achève pas sur la déception d'un dernier double épisode mal ficelé, car Lost ne s'achève finalement pas.
Il ne s'agit non pas d'une énième graine de fiction planté dans nos inconscients, qui donnera peut-être un fruit un jour, non, pas de délire un poil optimiste et/ou hippie dans le processus que je crois observer : on a simplement été initié à une sorte de proposition, et à nous de nous emparer, naturellement, ou pas. Ce qui suit le visionnage de Lost n'est clairement pas délimité par les enjeux et les contours qu'on pourrait imaginer sous la forme d'une hypothétique suite écrite chez soi. Ca, c'est (éventuellement) le rôle de la fiction classique. Cette nouvelle forme fictionnelle, à chacun de l'envisager, de l'accepter, ou de lui préférer rester les deux pieds plantés dans le béton des choses pragmatiques.

Car si cette aventure télévisuelle avait un sens, devrait-il forcément
passer par l'approche progressive (très progressive) de son issue, par le franchissement d'étapes (d'épisodes) successives pour accéder à un degré supérieur de compréhension, un truc du genre ?
Et ben pas vraiment. Le voyage, le temps partagé dans la série débouche sur ce qui ressemble à une évidence. Ou alors sur une position fatiguée et fatiguante, arc-boutée sur un mélange de conviction, de déception, de gâchis.
J'étais convaincu : cette fin devait ponctuer tout ça de manière à ce que l'on ressente qu'il s'agissait d'une fin. Mais pas du tout. Décidément, il était devenu évident que le périple était autrement plus important que l'arrivée. Un peu comme dans la vie, quoi, la vraie.



{ "I'd hit that", Detour Designable }

L'érudition du professeur Thiellement, la manière modeste qu'il a de faire imaginer à ses lecteurs que les mystères de la vie et les tumultes de l'existence sont des choses tout à fait identifiables par des mots, la finesse et la délicatesse de transformer des notions spirituelles abstraites en théories tout à fait réalistes, tout cela aura permis à ses lecteurs de relever un par un les différents points qui isolent ce projet télévisuel de ses (faux-)semblables. En allant chercher par delà les conventions habituelles, en se permettant de ne rien faire d'autre que d'appliquer sa très singulière grille de lecture puis d'analyse, il m'était désormais impossible de ne pas voir en cette série un ensemble de réussites assez inédites (en tout cas dans le cadre d'une production télévisuelle).

Regarder ces 121 épisodes (et puis du remontage promo, aussi, et puis évidemment un épilogue presque plus réussi que le dernier épisode, ainsi que quelques interviews de Lindelof et Cuse, entre autres) s'est exactement avéré être une expérience, dans une autre mesure qu'une de ses glorieuses ainées, s'il fallait encore et toujours établir une filiation pour placer les choses dans un contexte plus lisible : Twin Peaks avait été la première incarnation d'une nouvelle manière d'exploiter le médium télé en tant que fiction, mais à l'époque de sa première diffusion, j'étais trop occupé par les buvards sur ma langue pour tenter d'y voir quoi que ce soit. Les pierres scénaristiques s'accumulaient et s'aggloméraient lamentablement dans mon cerveau alors foireusement stimulé chimiquement, trop en tout cas pour essayer d'y trouver un sens, des sens, une direction, quoique ce soit qui ressemble à une ancre, à un truc auquel s'accrocher (comme s'il en fallait un, toujours, pour ne pas se perdre).

Des années plus tard, après être passé à autre chose, j'ai redécouvert cette série folle et géniale, alors que je m'évertuais à ne pas rater un seul épisode d'X-Files : on a les repères culturels qu'on a...
Il n'est du coup guère surprenant que Pacôme Thiellement ait consacré un autre de ses essais à la série-culte initiée par Lynch ; les rapports et les échos que ces deux-ci se donnent et se renvoient sont pléthore, et accentuent parfois ce sentiment de vertige que l'on peut éprouver en découvrant quelque chose d'énorme, un peu comme l'impression qu'une main en carton terrygilliamesque fouine dans l'arrière d'une boîte crânienne pour en sortir un coucou, un marteau, une enclume.

"We need to watch that again.” 

C'est l'une des punchlines les plus limpides de toute la série, et c'est le premier vrai signe tangible que les scénaristes nous parlent, via les personnages, via la mise en scène (chaque épisode reposant sur le choix d'un point de vue donné, celui du personnage que l'on accompagnera durant 40 minutes ; procédé appliqué à l'ensemble de la série).
Et dans le dernier épisode de la dernière saison, à Los Angeles, les "rescapés" s'adressent à Jack (l'un des personnages principaux qui a comme un train de retard sur l'un des deux fils narratifs de la série) comme ils nous parlent. Habile transition et jeu de miroir, qui devient apparent petit à petit, mais qui est initié dès les premiers épisodes de la première saison. Dans "The End", ce cercueil dans lequel on retrouvera le très temporaire Gardien de l'Île, et qui achève ainsi le cycle de Jack, n'est-il pas le même que celui qu'il a trouvé vide dès le début de la saison 1, alors qu'il imaginait y trouver son père ?

Il y a tellement de choses à dire au sujet de cette série, mais j'ai bien conscience d'arriver après que tout le monde se soit déjà exprimé, parfois jusqu'à l'overdose, alors que des curieux du monde entier vivaient Lost en direct live.
 

Ce petit blabla n'avait pour but que d'apporter une croix sur la chronologie de mon blog : afin de marquer le coup (d'une pierre blanche ou noire, peu importe) de ce qui fût un mois riche de toutes choses, et, pourquoi pas, d'essayer d'achever de convaincre les récalcitrants (je les comprends...) de consacrer quelques heures de leur vie à cette série. S'ils sont un peu préparés, ils sauront en saisir les potentialités et éviter les récifs : ça a été mon cas, et j'en suis bigrement content.

"Watch it again". 

C'est au programme. Dans les montagnes de sollicitations culturelles de tout type, je choisirais, je le sais, de replonger dans un second visionnage de cette série télé. Exactement comme lorsque l'on empoigne un grand livre marquant.
"On vous a promis un récit d’île mystérieuse fonctionnant comme une boîte magique. Mais vous allez vous confronter, plutôt sèchement d’ailleurs, aux symboles de la vue, de la connaissance, de l’orientation et du dépôt de la tradition : une tapisserie, une caverne, un phare et une grotte. Vous n’aviez rien demandé à personne, mais c’est comme ça. Il faut quelqu’un pour se charger de tout cela, vous entendrez-vous dire, à plusieurs reprises, à la fin de la série. Il faut quelqu’un pour se charger de tout cela. On vous avait dit que vous aviez le choix, on vous avait dit que vous étiez libres, mais ce n’était pas vrai et vous n’avez jamais été libres. Il fallait quelqu’un, vous dit-on désormais, et ce quelqu’un, maintenant, c’est vous."
P. Thiellement, "Les Mêmes yeux que Lost", éditions Léo Scheer, 2011.

{ "Dharma Initiative lunch bag", Sam Morrison }

Et tout de suite une sélection de DJ Fumée Noire, sur Radio Dharma :


 













A bientôt.

(*) (en forme d'addenda, le 3 mai 2013)
Note 1 : need some regular dose, even years after ? FuckYeahLost, perfect rendez-vous.
Note 2 : Le deuxième visionnage
confirme, pour moi, la belle réussite des auteurs et producteurs de cette série ; l'ensemble des six saisons, maté une nouvelle fois d'une traite, me conforte dans l'idée d'une énorme réussite, guère entachée par les quelques reproches formels (ou plus fondamentaux) que l'on saurait lui trouver (et pour cause, il y en a plusieurs assez énormes, selon d'où l'on regarde...).

La persistance lostienne est telle que je ressens cette seconde séance version longue comme une validation de l'idée que j'avais initialement d'avoir été mis en présence d'un objet télévisuel qui dépasse tellement les classiques attentes du téléspectateur lambda... et de récentes conversations avec des potes ayant récemment découvert la série me conforte dans cette position, au sujet de plusieurs idées ; évidemment, tout s'envoyer d'un bloc ne procure pas les mêmes effets, les mêmes réactions, que si j'avais découvert chaque épisode en temps réel, chacun étant lors de sa diffusion espacé de l'autre d'une semaine (au mieux) ou de plusieurs mois (au pire). C'est une évidence.




Ensuite, passer autant d'heures à la suite à retrouver un monde, un univers, des personnages, une trame narrative, m'a replongé dans un système d'acquisition émotionnelle et divertissante qui emprunte autant à la forme feuilletonesque (ça tombe bien, on parle d'une série télé...) qu'aux épisodes à suivre des comics en VF de mon enfance... L'attente, la satisfaction de retrouver un monde dont on croit connaître les contours, retrouver les personnages qui le peuplent, qui y vivent, et se faire surprendre : c'est l'une des choses que l'on peut attendre naturellement d'une histoire qui nous est contée.


Et à ce titre, Lost résonnera longtemps, pour moi, comme une belle histoire brillamment racontée (quand bien même blablabla...)
.
Comme pour signifier cet impact sur mon petit bagage de lecteur/spectateur/etc, la durée passée à vivre la série en parallèle de ma propre vie a également inscrit quelques faits en moi, bien au delà du strict schéma de storytelling encaissé : quelques effets secondaires qui me permettent de retrouver le goût de cette série surgissent là où je ne les attends pas. Ca peut passer par le goût de friandises chocolatées sous papier doré, celui des sesame flakes du chinois d'à côté, ou encore de ces dégueulasseries de pépites de fruits confits qui ont le goût et la texture du fruit déshydraté : autant de choses qui furent au régime de ces dizaines et dizaines d'heures passées devant la télé, vautré dans le canapé. Il y aussi l'odeur du savon jaune-vert de chez Lush (Lueurs polaires, si je ne m'abuse), qui suivait mes mouvements lorsqu'après une journée de taf à courir la Franche-Comté pour faire des fanzines en lycées, je rentrais d'heures de train, et prenais une douche en toute hâte avant de rejoindre ce qui était autant une évasion intellectuelle qu'une récompense de fin de journée. Bizarrement, l'assimilation collective de toutes ces informations semblent être liées (pour le moment en tout cas...), et ne manquent pas de me rappeler que quelque part, moi aussi, l'île me rappelle... 

Car enfin, il y a également ce spleen sous-jacent, que j'ai retrouvé chez bien des gens qui ont su apprécier cette série ("we got to go back"), et qui est commun à toutes les bonnes expériences que l'on aimerait ne jamais avoir vu finir...
Vivement la troisième séance.

thanks Camiyak : http://camiyak.tumblr.com/post/2815834457
{ Camiyak }

J.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La Planète des Singes, vraiment ?

june a dit…

Ouais je sais bien... Bon ça doit tenir de la nostalgie, tout ça...