6 juin 2014

Days of future past

Il y a trente ans (quasiment jour pour jour, que la vie est curieuse) paraissait le trente-sixième numéro du trimestriel Spécial Strange, qui comportait l'un des trucs m'ayant le plus remué à l'époque (j'avais onze balais), et pour longtemps : la conclusion de l'épique et dramatique virée futuriste signée Chris Claremont et John Byrne ("Quelle ère est-il ?"), qui voyait subitement débouler dans le mignon petit monde du comics en version française des montagnes de pessimisme et de tristesse.



Alors que l'on était jusqu'ici plutôt habitués à des choses très superficielles et un brin vaines (aussi "cosmiques" fussent-elles), en quelques mois les mômes que nous étions voyaient tout d'abord disparaître la plus belle rousse de l'univers entier (ce putain d'été 83 m'a traumatisé à vie), puis la plus grosse partie de ses acolytes en quelques pages à l'effet dévastateur sur mon approche du monde, pas moins : ainsi donc, même en bande dessinée, tout pouvait donc aller terriblement, terriblement mal, tout pouvait se terminer de manière aussi dramatique qu'injuste.

Cette approche de la fiction était assez nouvelle pour moi, et ce fût un réel choc de lecteur, pas le premier mais probablement l'un des plus forts. Cela entérinait le sentiment d'absence dans mon crâne de gringalet bigleux, en donnant un solide écho à la cruauté de la "vraie" vie.

Cet aprèm, je me suis retrouvé à aller voir "Days of future past" au cinoche.
Je chie allégrement sur l'essentiel de la production Fox/Marvel/etc, non seulement parce que les adaptations ciné me semblent souvent foireuses à bien des niveaux, mais également parce que jamais elles n'ont réussi à toucher l'ancien lecteur de ce type de saloperies que je suis (j'ai encore la quasi intégralité des publications Lug à la maison, c'est dire). La vache ! J'ai pris un vrai panard.

Oui, évidemment, on parle d'un film où des types se courent après dans le temps, tout en se jetant des stades (oui, des stades) dans les pattes, se transforment en gros loup-garou au pelage bleu, ou font exploser des robots de 12 mètres de haut en leur lançant des jets dans la gueule, ok. Bon, c'est Marvel, hein, on sait où on va. Et pour autant, ça ne m'a pas empêché de trouver ça super bien.

Voilà, je passe tellement de temps à cracher dans la soupe que lorsque l'occasion de m'emballer pour un pur produit de l'entertainment ricain arrive, je ne vais pas faire mon snob.

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