13 février 2016

Godspeed, Alvin.

Dans le petit monde de cette autre bande dessinée qui me tient tant à cœur, les personnes qui me semblent être là pour les bonnes raisons ne sont pas si nombreuses. Les quelques fois où j'ai eu la chance de partager un peu de temps avec Alvin Buenaventura, il ne m'a jamais donné une autre impression que celle d'être précisément ce genre de personnes : un type qui aura mis beaucoup, beaucoup d'énergie, de conviction, d'enthousiasme au service d'artistes qui comptaient pour lui.

J'ai rencontré Alvin himself il y a une grosse dizaine d'années alors qu'il trimballait toute une clique d'auteurs américains en vadrouille du côté d'Angoulême, et les rares fois où je l'ai revu ensuite, il me remettait toujours comme le french bookstore clerck who blog a bit about what we do, uh ? ce qui ravissait évidemment mon côté fanboy, tu parles.

C'est grâce à Alvin et à son sublime travail que j'ai découvert des tonnes d'auteurs américains, et cette grosse dizaine d'années aura été traversée par bien des hauts et des bas pour chacun, y compris dans son parcours personnel mais jamais cela ne s'est remarqué dans la qualité des projets qu'il accompagnait ; toujours magnifiquement réalisés, bien produits, des bouquins rares et marquants. La fin de Buenaventura Press il y a quelques années m'avait super attristé, autant que la création de Pigeon Press m'avait emballé ; cette structure qu'il avait fondé plus récemment, après une période d'inaction et d'absence remarquée, a produit en peu de temps de magnifiques objets signés Charles Burns ou Daniel Clowes, par exemple. On ne peut pas dire que ce type ne savait pas s'entourer, lui qui avait bossé jadis avec Gary Panter, Daniel Clowes, Julie Doucet, Chris Ware, Matt Furie, Johnny Ryan, Phil Elverum, Vanessa Davis, Paul Hornschemeier, Anders Nilsen, Adrian Tomine, Helge Reumann & Xavier Robel, Tom Gauld, Ron Rege Jr... ou qui était responsable de magnifiques éditions (on pense évidemment au numéro sept de la très belle revue pilotée par Sammy Harkham, Kramer's Ergot ; un bouquin que personne n'aura oublié).

Il y a quinze jours, alors qu'il passait quelques semaines en Europe, l'ami nord-américain Anders m'avait rapporté un bouquin qu'Alvin lui avait gentiment fait parvenir à mon intention, Incubation, une magnifique petite édition du travail du grand Charles Burns. Avec, il y avait un petit mot, trois fois rien, une attention comme Alvin en avait probablement avec tous les gens qui témoignaient un peu d'intérêt pour son boulot, mais j'avais été content de lire de tout de même.


Ci-dessus, une photo pas terrible que j'avais prise et publié ici-même sur mon petit blog en janvier 2005. Ces dix ans ont passé très très très vite.


Godspeed, Alvin.



1 commentaire:

Olive a dit…

ça fait mal au coeur :(