Dans le petit monde de cette autre bande dessinée qui me tient tant à cœur, les personnes qui me semblent être là pour les bonnes raisons ne
sont pas si nombreuses. Les quelques fois où j'ai eu la chance de
partager un peu de temps avec Alvin Buenaventura, il ne m'a jamais donné
une autre impression que celle d'être précisément ce genre de personnes : un
type qui aura mis beaucoup, beaucoup d'énergie, de conviction,
d'enthousiasme au service d'artistes qui comptaient pour lui.
J'ai
rencontré Alvin himself il y a une grosse dizaine d'années alors qu'il
trimballait toute une clique d'auteurs américains en vadrouille du côté
d'Angoulême, et les rares fois où je l'ai revu ensuite, il me remettait
toujours comme le french bookstore clerck who blog a bit about what we do, uh ? ce qui ravissait évidemment mon côté fanboy, tu parles.
C'est
grâce à Alvin et à son sublime travail que j'ai découvert des tonnes
d'auteurs américains, et cette grosse dizaine d'années aura été
traversée par bien des hauts et des bas pour chacun, y compris dans son
parcours personnel mais jamais cela ne s'est remarqué dans la qualité des projets qu'il accompagnait ; toujours magnifiquement réalisés, bien produits, des bouquins rares et marquants. La fin de Buenaventura Press il y a quelques années m'avait super attristé, autant que la création de Pigeon Press
m'avait emballé ; cette structure qu'il avait fondé plus récemment, après
une période d'inaction et d'absence remarquée, a
produit en peu de temps de magnifiques objets signés Charles Burns ou Daniel Clowes, par exemple. On
ne peut pas dire que ce type ne savait pas s'entourer, lui qui avait
bossé jadis avec Gary Panter, Daniel Clowes, Julie Doucet, Chris Ware,
Matt Furie, Johnny Ryan, Phil Elverum, Vanessa Davis, Paul
Hornschemeier, Anders Nilsen, Adrian Tomine, Helge Reumann & Xavier
Robel, Tom Gauld, Ron Rege Jr... ou qui était responsable de magnifiques
éditions (on pense évidemment au numéro sept de la très belle revue
pilotée par Sammy Harkham, Kramer's Ergot ; un bouquin que personne n'aura oublié).
Il y a quinze
jours, alors qu'il passait quelques semaines en Europe, l'ami
nord-américain Anders m'avait rapporté un bouquin qu'Alvin lui avait
gentiment fait parvenir à mon intention, Incubation, une
magnifique petite édition du travail du grand Charles Burns. Avec, il y
avait un petit mot, trois fois rien, une attention comme Alvin en avait
probablement avec tous les gens qui témoignaient un peu d'intérêt pour
son boulot, mais j'avais été content de lire de tout de même.
Ci-dessus,
une photo pas terrible que j'avais prise et publié ici-même sur mon
petit blog en janvier 2005. Ces dix ans ont passé très très très vite.
Godspeed, Alvin.
1 commentaire:
ça fait mal au coeur :(
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