Mis à part quelques coincés du bulbe persuadés que la bande dessinée doit rester figée dans c qu'elle fût pour eux (un refuge fait d'aventure, de nostalgie, d'érotisme, pour faire court et résumer l'essentiel de la production commerciale de plusieurs décennies marquantes), qui pour se plaindre que le grand prix du festival d'Angoulême soit remis à Anouk Ricard ?
Probablement pas grand monde : tout le monde aime le travail d'Anouk Ricard, parce que l'universalité de son sens de l'absurde fédère jusqu'à celleux qui resteraient pourtant distants de son univers graphique un poil trop singulier pour beaucoup : c'était déjà le cas lorsque "Anna et Froga" démarre dans le génial et regretté magazine Capsule Cosmique, il y a déjà 20 ans (!) de cela. Son champ d 'action s'est considérablement élargi depuis, mais le décalage grandiose abondant dans chacun de ces bouquins, lui, constitue la base d'une petite musique qui n'a jamais déçu depuis.
En 2010, Anouk est venue passer une huitaine avec la clique réunie par l' @associationchifoumi dans le cadre de Pierre Feuille Ciseaux #2, à bosser collectivement et à injecter à la tambouille des tonnes de super idées à la minute. Le tout dans une efficacité discrète, avec le petit gramme de fantaisie inattendue qu'on lui connaissait. En plus d'être super fortiche, elle a régalé tout le monde par sa vraie simplicité : pas une façade pour auteurice egotripée, non, juste une meuf au top.
2 ou 3 ans plus tard, je programme avec des copinou.e.s un concert de Talibam, un duo new-yorkais free-noise-jazz-bargeot à Besançon, et pour une raison qui m'échappe, je me dis que ça serait trop cool de demander à Anouk si elle est partante pour faire le visuel de la soirée.
Quand elle reçoit mon mail, je comprends qu'elle est en plein bouclage de deux bouquins mais... Le lendemain, je reçois sa proposition, qui défonce, et qui finira en affiches et en t-shirts tellement tout le monde était au taquet... Affiches qu'il fallait recoller régulièrement sur les murs de Besac parce que les gens la trouvaient cools et la décollaient pour eux (j'en ai vu des tonnes chez des tonnes de copaines depuis !).
20 ans plus tard, en 2023, je bosse pour le festoche et le soir de la remise des prix, je me retrouve à côté d'elle au théâtre quand elle reçoit le prix spécial du jury pour "Animan" : je prends une photo d'une précision impeccable qui mériterait easy le Prix Robert Capa Gold Medal, qui ne montre ni le trophée, ni la difficulté pour elle d'aller s'exprimer devant toute la profession... Tout le monde n'est pas à l'aise pour ce type d'exercice, et on peut décemment se poser la question de la pertinence de ces prix dont l'éclat peut sembler éphémère, un peu vain, un peu surfait, ou que sais-je, ce clinquant d'un jour tranchant avec les soucis pécuniers et la complexité financière qui touche la plus grande majorité des auteurices...
Mais voilà : en ce qui concerne la difficulté pour Anouk de se coltiner une pleine assemblée qui l'applaudit, on peut espérer que ce grand prix, décidé par cette même profession, arrondisse un peu les angles : Anouk Grand Prix en 2025, c'est ultra légitime, c'est une super nouvelle, une énième preuve que la perception de ce que peut être la bande dessinée n'en finit plus d'évoluer vite, de plus en plus vite.
Trop content !
Lisez Anouk Ricard,si ce n'est pas déjà fait ! On a l'embarras du choix.🔥❤️
31 janvier 2025
Anouk Ricard !
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