---> Après le simili-fiasco des Grolandais à Angoulême 2004 (pays invité d'honneur...), il semblerait que le Festival International des Collectionneurs rectifie le tir avec la scène Finlandaise en guest de choix pour janvier 2006. D'après les propos de Benoit Mouchard, on peut s'attendre davantage à un focus sur la nouvelle scène finlandaise (qui, à mon humble petit avis, enterre beaucoup d'autres pays dans le domaine de la bande dessinée intelligente, défricheuse et avant-gardiste) qu'autre chose, ce qui est toujours ca de pris.
---> "Spiral-Bound", c'est le nom du bouquin du très bon Aaron Renier, paru récemment chez Top Shelf, et le coup de coeur de le mois, tiens.
On est dans du tout-âge avec ces 170 pages de bonheur et de délicatesse, Renier ayant convaincu pas mal de monde, Chris et Brett de Top Shelf y compris, donc : Lemony Snicket, Craig Thompson et surtout le génial Tony Millionaire ont craqué sur "Spiral bound", et je conseille la lecture de ce bouquin à tout le monde, carrément.
Rien que la couv, c'est du bonheur, deja.
Turnip est un jeune élephanteau introverti et posé, vivant à Estabrook, ville peuplée de bestioles qui vivent le plus naturellement du monde dans ce petit bourg tranquille... Tranquille, jusqu'au moment ou une sombre histoire pleine de mystère (que les anciens auraient préféré oublier) remonte à la surface, et qui entrainera le jeune Turnip et ses "amis" dans une tranche d'aventure des plus enthousiasmantes, des plus rafraichissantes... Stucky le chien, Emily la moineau, Anna la lapine, Viola la souris, et une foule de personnages complètement innattendus (mrs Skrimshaw la baleine et néammoins prof d'arts pla', Kipper la vieille tortue chef de la propagande...) embarqueront dans un récit haut en couleur (mais en noir et blanc, hein) très bien tenu, jusqu'à la fin qui nous pousse à écrire à Renier pour lui demander davantage de témoignages du petit monde qu'il a su créé en quelques pages.
Ne vous fiez pas à la description niaiseuse de l'histoire de Aaron : j'ai franchement du mal à résumer la tonalité résolument simple et faussement naïve de son récit ; sachez simplement qu'il s'agit là d'un premier bouquin franchement réussi, et à mettre dans toutes les mains.
un extrait parce que vous avez une bonne tete.
Une petite pépite d'or pour les gens qui auront apprécié notamment Bone, la comparaison avec le dessin de Jeff Smith semblant évidente, mais également pour les amateurs de la formidable Sara Varon (lire absolument, dans le même registre, "Sweaterweather" paru chez Alternative Comics il y a quelques mois), dont l'univers est très proche tant sur le plan graphique que dans le ton poétique utilisé.
Pour ne rien gâcher, Top Shelf réalise là un bouquin avec une maquette franchement réussie, et collant parfaitement à l'univers d'Aaron Renier ; encore un bon point pour cet éditeur qui se sort les doigts du cul pour continuer de sortir des choses valables.
Beluga peut être très fier de son maître, il a signé là un super album, et devrait le conseiller à tous ses copains chiens. 8)
---> Le toujours très actif Jean-Luc Fromental (que je ne vous ferais pas l'affront de vous présenter) serait partant pour honorer la mémoire du grandiose Charlie Schlingo, mort le 17 juin (décès qui a d'ailleurs fait bien peu d'écho...), par le biais d'un ouvrage qui nous permettrait peut-être d'avoir davantage de Schlingo sous la main : idée à applaudir, tant l'oeuvre du papa de "Grodada", que ce soit ses années Métal Hurlant ou Pilote, en passant par Hara-Kiri, reste peu disponible.
Je suis sûr que ces généreux restaurateurs du bon goût et des bonnes idées que sont les gens aux manettes de la reprise de la maison d'édition Futuropolis y songeaient déjà... Comment ? Non ? Certainement pas ? Ah bon, j'aurais juré.
---> Sinon, l'autre coup de coeur (mais rien à voir, hein) est le dernier bouquin publié par L'Association, signé par Florent Ruppert et Jérôme Mulot, et s'appelant "Safari monseigneur" ; ces deux gugusses étaient déjà responsables de la grosse surprise "Le journal de l'aventure", autopublié en son temps.
Bon, je suis pas fan de la maquette de couv, et particulièrement de la police utilisée, mais ça, c'était histoire de râler, parce qu'à part ça, ben y'a pas grand chose à dire de négatif au sujet de ce bouquin.
Ah si : ses auteurs doivent être internés d'urgence.
"Safari Monseigneur" est un bouquin franchement incisif et agressif, tant dans sa forme que dans son fond.
L'histoire est facilement résumable, mais cela ne servirait pas à faire la promotion de cet excellent ouvrage, tant la réussite tient davantage dans l'ambiance qu'il pose que quoi que ce soit d'autre ; en gros : toute la pauvreté de l'homme, tout son pathétique étalé dans 60 pages d'horreur humaine, au cours desquels l'équipage d'un navire (qui arrime on ne sait où), semble s'exercer pour un concours de crétinerie, et se laisse aller à un naturel dérangeant et choquant, mais malheureusement trop "réaliste" pour que l'on ne puisse pas y croire... Ah les enculés, ils n'y vont pas de main morte.
la vache, c'est mieux en grand, quand meme.
La force de ce putain de bouquin très drôle tient aussi sur la constante synergie entre les cases et les dialogues, la sauce prenant un peu plus à chaque page ; la narration est bien chamboulée, et fait appel à un petit repositionnement dans le processus de lecture "classique", une fois de plus... Plusieurs scènes (à défaut d'être de réelles "histoires") se succèderont sur la même planche, sans que cela forme un tout, mais tout en formant une chronologie naturelle, puisqu'imposée par le rythme d'"assimilation" du lecteur ; assimilation qui sera de nouveau bousculée à la lecture de chaque nouvelle page : les fragments d'histoire, les passages-puzzle, se succèderont ainsi page après page, formant au final un truc radical, assez osé, et vraiment jouissif.
Les dialogues sont également introduits de manière carrément jusqu'auboutiste : ca pose pas de problèmes à ces joyeux zozos de nous balancer 30 bulels par case, s'empilant les unes sur les autres pour qu'on comprenne bien, nous autres gros passifs de lecteurs, là où ils veulent nous emmener. Ca n'a l'air de rien, mais c'est pas un élément de narration si courant, je vous assure.
J'ignore qui fait quoi de Ruppert et Mulot ; et on s'en fout, tant qu'ils le feront aussi bien, tant qu'ils surprendront aussi fort. Ces deux mecs, je m'en vais te les surveiller de près, ca va pas traîner.
---> Les éditions Agone ont encore frappé : "Vient de paraitre", la gazette de l'éditeur, qui sort de manière "irrégulomadaire", est un feuillet pleine de bonnes intentions et de textes ultra séduisants ; en première, un agacement jubilatoire et informatif de Thierry Discepolo ; à demander d'urgence à son bon libraire.
---> Lisez "The Imp" ! Le n°3, consacré à Chris Ware, bénéficie d'une très belle version française proposée par les éditions Humeurs, et l'objet est très agréable, et comporte pas mal de trucs formidables, dont, notamment, des contributions graphiques de Jessica Abel, de Ivan Brunetti, d'Archer Prewitt, de Terry Laban, et de Daniel Clowes.
Ware is in the house.
---> "Mome", le nouveau périodique proposée par Fantagraphics s'avère être une collection de courts plutôt agréable, même si au final, le roster annoncé pouvait laisser présager un peu plus de "très bon". On a quand même droit à de très bonnes choses de Paul Hornschemeier, de Anders Nilsen, de Jeffrey Brown (soit quasi tout le Holy Comsuption gang), Gabrielle Bell signe une de ses histoires les plus réussies, Kurt Wolfgang est une très bonne surprise, tout comme Jonathan Bennett ou John Pham.
Pas mal déçu par les contributions de Sophie Crumb, et sur l'interview de Paul Hornschemeier, dans lequel on n'apprend malheureusement pas grand chose sur ce déjà génial reconnu...
J'attendrais quand même la seconde livraison pour voir comment tout ca s'installe...
---> On s'en branle : Britney est maman depuis ce matin, c'est formidable. Si, si.
---> Ca devait arriver, vu le succès : Craig Thompson se casse de Top Shelf (a-t'on le droit de dire, "l'éditeur à qui il doit tout" ?) pour tracer la route chez Pantheon avec "Goodbye Chunky Rice" et son prochain bouquin à venir.
Que dire ? Rien, probablement. Mais j'y peux rien, ca m'émeut toujours de voir des auteurs évoluer et toucher à une large reconnaissance pour se barrer faire de nouveaux trucs "ailleurs"... Ce qui peut être compréhensible, mais ce qui est inexcusable, c'est de partir avec des anciens titres ; "Blankets" et "Carnet de voyage" ne devraient pas tarder à faire le voyage, et c'est bien dommage. Top Shelf méritait davantage qu'une telle attitude, non ... Thompson, c'est la même race que Fred de Lyon : ils sont vraiment pas sympas... Uh uh uh.
A noter que pour feter le truc, Casterman a récupéré la version française de "Goodbye Chunky Rice" signée chez Delcourt, à la base. Quelle belle et jolie et grande famille, hein.
---> Ca n'aura échappé à personne, il y avait un festival autour des blogs-bd ; bon, on s'en fout pas mal, mais en tout cas, initiative marrante, mais dont je cherche toujours le rapport avec le blog : les mini-blogs.
Ceux de Nancy Pena et de Louis-Bertrand Devaud sont deux excellents tout petits petits bouquins.
de jolis petits bouquins...
---> on air on RadiojUne :
- Charlie Haden et son Liberation Music orchestra, de retour 35 ans après, et c'est salutaire : c'est un véritable pamphlet musical anti-administration Bush que Haden (et Carla Bley, entre autres) propose là. Protest Jazz ! "Not in our name", chez Universal Jazz.
- Ohmega Watts, de Portland (but from Brooklyn when it comes to roots) crée la surprise (contrairement aux daubes prétentieuses de ce poseur de Kanye West, qu'on voit partout et qui saoûle hardcore) avec un hip hop qui puise dans l'âge d'or du genre, "A request" en première ligne annoncait la couleur mais tout l'album "the find" (sorti chez Ubiquity) est de très bonne écoute.
- Le second album des frangines de Coco Rosie est moins foutraque que le premier, il y gagne en qualité de production, avec tout plein de très sympathiques guests : Anthony (from the Johnstons), le français Spleen, Devendra Banhart (le mec de l'une des frangines, c'était l'instant people) contribuent à cette expérience (car la musique de Coco Rosie reste une bonne tranche de tests en tout genre (Touch and Go).
- Heureusement que Joann Sfar fait de très jolis clips pour les gros nains de Dionysos ; je comprend toujours pas comment ca marche, cette daube, et ce même avec l'utilisation honteuse d'un gros pied bien fat dans le dernier single, le type même de pied qui me fait hocher la tête... ca y en a pas suffire. Beuark, pouih, caca.
A bientot.
Et soyez sages.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire