28 octobre 2006

"LA RECHERCHE DE LA SYMETRIE EST DEVENUE AUJOURD'HUI UNE MALADIE A LA MODE."

(in "L'art de bâtir les villes" de Camillo Sitte)

Il était largement temps que j'enclenche la vitesse supérieure, il était 13h05 et j'étais censé passer mon badge dans l'espèce de parc-mètre qui sert de pointeuse avant 13h30.
En ne perdant pas de temps en route, c'était largement faisable : à pied, j'habite à 20 bonnes minutes du centre ville, où je travaille, il faisait beau, bien trop beau pour une fin de mois d'octobre, et surtout, surtout, les 3/4 du trajet se font sur une descente déjà bien prononcée. Idéale quand on est retard, cette inclinaison sur 2000 mètres au moins donne l'impression de rattraper l'horloge, et rassure : on sera à l'heure, clairement, pas le moindre souçi, c'est cool, alors regarde les nuages et le ciel avant d'aller t'enfermer, mec.
Bon, il est préférable de passer outre le retour, le soir venu ; à ces moments, ce qui ressemblerait presqu'à une agréable ballade à l'aller s'est mué en périple hardcore, en retour éreintant et pénible, et parce que l'on est bien en octobre, l'ensoleillement a laissé place à la nuit (il est 19h15), à la fraîcheur (j'ai déjà dit qu'on était en octobre ?), et la fatigue de la journée (si, si) rend les pas plus rapprochés, plus lents, moins énergiques.
Mais le crépuscule rend certaines choses faciles : il va me falloir encore plus de colle pour finir mes expériences d'enrichissement esthétique des murs qui m'observent sur chacun de mes trajets.
Mon objectif premier : les observer, eux, en rebondissant d'un collage à l'autre, à cadence soutenue. Mon autre objectif, dans un premier temps : racheter de la colle dans les jours qui viennent, car à ce rythme-là, je vais pas tenir jusqu'à novembre. On est bientôt en novembre, je sais pas si vous avez vu ?

Sinon ?
Dude est passé, on s'est maté les 4ème et 5ème épisodes de "Heroes", et ca commence à devenir vraiment intriguant.
Attention, si "mythologie Marvel" ne veut rien dire pour toi, alors pas la peine d'aller plus loin ; si ca t'évoque quelque chose, alors le truc à savoir, c'est que "Heroes", c'est une succession de figures de styles d'écriture comics contemporaine, passé à la moulinette du rythme et de la manière de faire des développeurs de séries télé.
Alors évidemment, on est pas dans le concept ultra-novateur, ni dans le truc à faire fondre les méninges en 2 secondes.
On assiste juste à une sorte de preuve que l'entertainement comics, qui sort péniblement de son image de "pour grand attardé encore un peu boutonneux", a encore de beaux restes, et que bien exploités, ils peuvent encore séduire.

Heroes, merci Dude.

ATTENTION SPOILERS !!! ATTENTION SPOILERS !!! ATTENTION SPOILERS !!!
Il y a désormais des tonnes de questions existentielles qui se posent naturellement, comme :
- est-ce qu'un bang supersonique provoque réellement un rond de fumée (Nathan Petrelli, au début du 5ème épisode) ?
- combien de temps Hiro tiendra-t'il son blog ?
- Peter Petrelli, le cadet (le pseudo Leech) joue-t'il un double jeu, est-ce lui l'enflure ?
- est ce que pour une fois, Jeph Loeb (co-scénariste du truc) tiendra un rythme, sur la longueur ?
- puis-je aller dire à la pompom-girl, Claire, que son beau-papa, il est pas tout net ?

Dude, mon ami, je t'attend pour la suite.
Il y aura du thé de bobo, de la bière si t'en veux, et autre chose que des cahuètes.

Et pour rebondir sur Dude (façon de parler, uh), quelques liens sympa sur la vie privée des super-héros, c'est con comme la lune mais c'est toujours marrant.
Ouiiii maiiiis tu vouuuaaaa, le détournement j'veux dire, c'est tellement faaaaacileee... Si, si, c'est toujours marrant.

A part ça ?
Je suis en train de lire "Ipso Facto" de Iegor Gran, en Folio. Ca n'a plu à personne de mon entourage, lors de sa sortie, alors forcément, voilà bien le genre de trucs qu'on a envie de regarder de plus près. Il était coincé dans ma pile de trucs à lire, qui n'en finit plus de prendre du volume.
J'ai ressorti de la même pile "L'art de bâtir les villes, l'urbanisme selon ses fondements artistiques", un truc de 1889 écrit par Camillo Sitte, réédité en Points Seuil. Le mec était un architecte viennois, son bouquin est apparemment un indispensable pour les urbanistes de tout poil. Ca tombe bien, je comptais bâtir une ville ce weekend.
Et je suis en train de terminer, de manière plus légère et lorgnant vers mon côté monomaniaque, "The Sandman Papers, an exploration of the Sandman mythology", une suite de papiers sous la direction de Joe Sanders sur notre Morpheus favori, dont un nouveau chapitre en français vient de paraître, mais ne me demandez ni duquel il s'agît, ni qui le publie : ca fait bien longtemps que j'ai laissé tomber et que la publication française de ce comics culte m'a laissé sur le côté.
Plus sérieusement, après un massacre de traduction en régle comme Delcourt en a le secret, voilà l'oeuvre phare de Gaiman chez Panini. Je vais attendre d'y jeter un oeil, mais je n'en attend rien. A voir.
Après ça, j'ai hâte de lire "Courir avec des ciseaux" d'Augusten Burroughs, paru en 10-18, et "La soif" d'Andrei Guelassimov, édité en Babel. 2 titres qui m'intérressent veugra, t'as vu.

En bande dessinée, je suis dépassé par les évenements, et à en juger les upgrades des blogs du gars Nico de Xeroxed, ou de celui de ces intramurosssssses de chez Aaapoum, je dois pas être le seul. Nous croulons donc sous le papier, quel beau métier, et ce ne sont pas les rumeurs (Ego comme X ? Quoi, Ego comme X ?!?) ou bien les annonces de cessation partielle d'activité (Les Requins Marteaux ou, dans un autre registre, la fin de la collection 32 chez FuturopoBis) qui font oublier les tonnes de saloperie déversées sans vergogne par pléthore de diffuseurs, et ce ne va pas desémplir d'ici Noêl.

Quelques bonnes surprises cependant (notamment les petits ouvrages délicats et très sympas de la Fédération Française de Comix, déjà 3 titres disponibles, et qui valent tous le coup d'oeil, on en recausera très bientôt), j'y reviendrais la semaine prochaine, ou pas.

Et comme s'il n'y avait pas assez de sorties en ce moment, je tâche de faire le tour de ce que l'on attend pour après, pour début 2007...

On est sensible ou pas à l'humour particulier des gens de FLBLB, parfois je suis totalement fan, parfois je passe complètement à côté de certaines de leurs publications, mais le peu que j'ai pu apercevoir de "Savoir pour qui voter est important" de Gregory Jarry m'a fait hurler de rire.
Et dans un registre différent, le géniallissime Nylso, l'auteur le plus sous-estimé de la planète, nous revient enfin : Jérôme d'Alphagraph, le personnage qu'il et qui l'accompagne depuis quelques centaines de pages déjà, sera de retour dans un nouvel ouvrage à paraître en février.
Dans ma petite vie de libraire, voilà le genre de nouvelle qui me réjouit systématiquement, je ne vois pas d'autre terme.

Les Requins ralentissent leur activité éditoriale mais pas leurx choix judicieux : Vanoli de retour, enfin, avec un "Panique à Saint-Pancreas" qui s'annonce bien chaud... 100 pages de Vanoli, voilà au moins une promesse d'un bon moment de lecture.

L'éditeur Cà et Là continue son petit bonhomme de chemin, et le moins que l'on puisse dire, c'est que si tout n'est pas forcément formidable du côté de chez Serge, la proportion de titres remarquables ne cesse de prendre du poids : le formidable "Alec" du non moins formidable Eddie Campbell enfin dispo en français, c'est une excellente nouvelle, et au moins, je pars confiant en ce qui concerne la traduction, contrairement à bien des collections ou mêmes des éditeurs.

Transition idéale : "Eisner/Miller", une conversation entre les deux zozos, conduite par Charles Brownstein (oui, oui, le Brownstein, précisement... Oh et puis flûte...), et parue il y a deux ans, sort en français chez Rackham. J'en avais parlé lors de sortie, c'est pas inoubliable mais certains passages sont vraiment très bons.

Chez Ici d'Ailleurs, une nouvelle branlette Oumupienne, avec deux super costauds (Killoffer et dj Krush), mais là encore, on sait à quoi s'attendre : des contraintes lourdingues et bien branques, un pseudo cahier des charges empli de régles à la con, comme pour légitimiser un concept qui ne prend pas. Alors parfois, le livret signé par tel ou tel chouette auteur est très bien, parfois même la sélection musicale vaut le coup, mais je cherche encore la parution OuMuPo qui saura me convaincre sur le fond.
Nul doute, sur ce coup, que le Killo sera mortel, peut-êre même que Krush se sortira les doigts du cul comme il en est capable parfois, mais quand à faire se rejoindre les deux mondes...

La Suisse continue son assaul : après avoir conquis mes chiottes à grand coup de décoration absurde, avec les cartes postales de chez Plonk et Replonk, monuments de non-sense de haute voltige, qui ont interpellé la grande partie des gens qui s'y sont essayé (et qui me sont fournies par mes dealers officiels de crétinerie hélvète et rafraichissante, à savoir mademoiselle Cécile et monsieur Xavier de Rackham de Rouge de... bref), voici que déboulent les gens de chez Castagniééé avec plusieurs ouvrages très très prometteurs, comme "Ceux de l'Ouest" signé Maga, ou "Xyloglossaire artistique" de Stefan Ansermet.
Et puis Jason dans une nouvelle collection chez Atrabile, avec "Le secret de la momie".
Egalement au programme, deux nouveaux petits flip-books chez Olga, à suivre plus que jamais.

La Belgique aussi, avec 40075km comics, soit les 592 pages sélectionnées parmi les très nombreuses choses proposées spontanément sur le site du même nom, qui avait été le rendez-vous incontournable de ce qui se fait quasiment de mieux sur le web en matière de bande dessinée alternative soft, comme certains aiment le penser.
C'est L'employé du Moi qui était aux manettes de cette très réussie initiative, et même si la sélection finale m'avait un peu dérouté (le "jury" ne m'a pas convaincu, laissant de très jolies choses au placard et sélectionnant quelques trucs bien plus foireux à mes yeux), j'attend ce petit pavé avec impatience.

A L'Association, et comme précédemment cité ici il y a quelque temps, un troisième ouvrage de Jim Woodring, en collection Côtelette, avec deux des plus belles histoires de Frank. Celles et ceux qui n'auraient pas su se procurer l'excellent petit bouquin des japonais de PressPop peuvent arrêter de se prendre la tête et attendre patiemment la sortie de "Frank's real pa", qui comportera l'histoire éponyme et la petite gaterie japonaise, encore merci Maki.
Egalement, une troisième et dernière Eprouvette, histoire de. Et Marzen Kerbaj, après avoir fait parler de lui de par le monde des blogs depuis son Beyrouth en temps de guerre, ayant fait du bruit l'été dernier ; L'Asso, malgré quelques récents mouvements gastriques internes, n'en finit plus de se renouveller et de proposer des choses nouvelles et bien senties, et la sortie de "Beyrouth, Juillet-Août 2006" est la preuve d'une réelle actualité réactive.

Et puis encore et toujours Blanquet avec "La vénéneuse aux deux éperons", que l'on ne sait plus trop si l'on doit l'attendre ou pas pour janvier chez Cornelius, ainsi que son second "Ratures" chez Alain Beaulet.
Bref, plein de bon papier. Miam.

CECI EST UN MESSAGE DU PROFESSEUR JUNE.
Mi-juin, j'ai démarré un projet qui devait, à l'origine, prendre quelques petits mois à plancher sur sa simple réalisation.
Cet espèce de pseudo-gros oeuvre reposait sur des bases élaborées consciencieusement avec quelques personnes de mon entourage, de la famille, des proches, et quelques autres... Je pensais démarrer un truc qui allait certes me prendre un peu de temps, mais dont j'envisageais au moins la globalité, la manière de faire, j'entrevoyais un déroulement idéal des opérations.
Fin octobre, soit 4 mois et demi plus tard, je me rends compte avec effroi que je n'en suis qu'aux balbutiements, qu'aux premières exclamations, et que la route qui mène à sa concrétisation va être longue, très longue ; alors que j'avais démarré avec une poignée d'interlocuteurs, me voici aux prises avec des dizaines de personnes, car le projet se mue en bestiole plus dense et complète qu'à ses débuts. Toutes ces personnes n'ont pas encore rendu leur(s) copie(s) : pour ne rien enlever à la difficulté de l'idée, leur collaboration sera une base de travail essentielle, et il me faut cette base pour démarrer.
En gros : je suis parti dans un truc qui m'enthousiasmait, et qui s'avèrait plaisant à imaginer.
Et là, j'en suis à un truc qui m'emballe tout autant, mais dont je ne vois pas le bout, ne voyant même pas, pour commencer, par quel morceau m'emparrer du truc.
Tout ce que je sais, c'est qu'un trimestre sabatique serait le bienvenu ; j'ai une furieuse envie de me frotter à ce nouveau machin, mais ma vie ne me le permet tout simplement pas pour l'instant. Il me faudrait ralentir quelques activités, la seule dont je pourrais me passer véritablement étant mon taf, qui est malheureusement également la seule à remplir mon frigo,,. Ou alors il faudrait faire des soirées tous les soirs, mais je sais pas trop si les bars locaux vont être chauds... Bref.
Alors à toutes celles et ceux que j'ai branché sur un certain projet, merci de ne pas vous étonner de ne pas trouver d'exploitation ou d'utilisation concrète de vos réponses, même depuis 4 mois, et dans les prochains mois à venir ; rarement un projet ne m'aura autant tenu à coeur (depuis bien des années, en tout cas), et sachez que j'y travaille. Voilà.

72 series 1

On air on radiojUne : néo-folk et subburbs folklore, thanks to Laulau ; voilà ce que c'est, les copains viennent passer quelques nuits à la maison, vous ouvre leurs disques durs, et dans les semaines qui vont venir je vais encore m'endetter avec des trucs qui n'étaient pas prévus sur ma liste d'achats urgents... Laulau, tu fais chier. 8)

- "Maailmankaari II", par Es (Sami Sänpäkkilä), sur l'album "Sateenkaarisuudelma", mais comment voulez-vous que je m'y retrouve ? On pourrait essayer un résumer par bribes. Genre : free - post - folk - abstract - nappes - baba - 22nd century. Ou pas.
- "Uncomfortable Silence" de Cryptic One, de the Atom Family, sur l'album "The Anti-Mobius Strip Theory". Quand même, un bon coup de beat. Nan mais.
- Mon petit best of personnel de klezmer, dont je balancerais la playlist lors d'un futur post ici-même, si vous me promettez qu'aucun spécialiste bancal ne viendra me dire que c'est pas les bons à écouter. Sans blagues.
- Grizzly Bear, les albums "Horn Of Plenty" et "Sorry For The Delay (The Early Recordings)". Un peu comme si Boards of Canada et Beck avaient retrouvé leurs cassettes de camps de vacances, étaient restés traumatisés par une certaine esthétique 75-80, et chantonnaient de somptueuses ballades faussement minimales, entre complaintes à la "j'ai 17 ans et je fais des feux de camp avec cette fille qui ne me voit même pas" et génériques d'émissions sur la faune sous-marine genre insomnie et plateau télé nocturne, passe moi les biscottes, mélancolique comme il faut. Nan, je dis ça parce qu'on jurerait que ces 2 accords de gratte approximative et cette machine à loop 70's ont étés enregistrés dans un sous-marin.
Mention spéciale à la reprise de "Owner Of A Lonely Heart" de Yes. Hell Yes !
- "Night recordings from Bali", une incroyable écoute crépusculaire, le genre de truc qui radicalise l'écoute genre "tranquille chez soi le soir" (Sublime Frequencies). La faune et la flore de Bali s'invitent dans les interstices de mon plancher. Je les vois au moment où je tape ces lignes.
Il est 4 heures du mat passés, et je ferais mieux d'aller me coucher, j'ai un auteur à recevoir demain.

Bonne nuit les petits amis.
Et à tout bientôt, peut-être.
Ou pas.

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