Avant de commencer, c'est un bien étonnante oeuvre que nous propose Pupsam (alias David Puel et Thomas Libé), avec Selfkiss. Un petit diaporama ici, et ca vaut des points niveau boulot, en plus.
Pfffff, un peu la tronche dans l'orifice, là ; tout ça parce qu'hier soir démarrait le festival Génériq à Besançon, avec du gros, du lourd, du plateau (Teenage Bad Girl, Does It Offend you, Yeah ? et Justice), le genre de soirée où le maître-mot est "efficacité". Je vais pas trop développer, primo, parce que j'en ai pas super envie, secundo, parce que j'ai pas trop le temps, et tertio, parce que j'ai pas envie de me faire traiter de vieux réac' par les plus jeunes de mes potes... 8)
Une ambiance néo-Daft, c'était fatal, et donc marquée par une course effrénée à l'efficacité, avec un pied très en avant, des basses omniprésentes et qui dégueulaient sur le reste, un beat qui faisait autant penser à mes premières raves (si, si j'ai été jeune moi aussi...) qu'à une grosse tranche de sidérurgie... Autant le dire, j'ai pas été super emballé. Cette mouvance electro-en-avant ne m'emballe pas plus que çà, même si, il faut bien l'admettre, ces zozos maitrisent leur registre et sont putain d'efficaces, personne ne le contestera. Après, on pourra émettre l'idée qu'un bon live ne réside pas qu'en une seule démonstation d'efficacité... Bref. Parce qu'il faut bien rendre à César bla bla bla, mention spéciale à Justice, donc, avec un set quand même un peu plus évolutif que leurs prédecesseurs, et une science du mix un peu plus tangible. Bon, c'est pas tout ça, j'ai une tisane à finir, moi...
Sinon, et pour plein de raisons, pas trop le temps de poster ces jours-ci. Alors juste un tout petit mot pour annoncer quelques dates à venir, parce que ca ne saurait s'arranger dans la semaine à venir...
- jeudi 22 février 2007, au Cylindre (Larnod), Le Retour du Boogie, aux côtés de Just Jack, Amp Fiddler, et Airborn Audio (Festival Génériq).
- vendredi 2 mars 2007, AU SéBar (Dijon), HipHouse Party #02, avec Casual Dragon, Maze Go Groove, peut-être Roco Pedale, et moi-même.
- le même soir, mais sur Besançon, Le Retour du Boogie au Pulp, avec Mat, ElectroSound et Fluks (cimer à lui !).
- samedi 3 mars, à La Crémerie (Besançon), Le Retour du Boogie.
- samedi 31 mars, au Moulins (Brainans), Le Retour du Boogie, aux côtés d'Electrons Libres, de The Freestylers, etc (festival ElectroClique).
- samedi 14 avril, à Micropolis (Besançon), Le Retour du Boogie, avec tout plein d'autres gens, pour la soirée de final du festival ElectroClique.
Et puis plein d'autres choses se mettent en place, mais tout cela prend du temps ; nous en reparlerons donc un peu plus tard... Les prochaines étapes avant la domination mondiale du réseau hertzien, mais aussi de la chaîne de diffusion de la musique, que de très naturel au fond...
Niveau lecture, quelques bien saines lectures isolées dans un océan de drouilles interstellaires ; si vous insistez un peu, je finirais par faire un top ten des pires daubes, chaque mois, un peu comme on sait si bien le faire dans notre librairie carmin. Mais je préfère prendre 1 minute de votre précieux temps pour vous exposer mon point de vue, très rapidement, sur mes meilleures lectures de bandes dessinées de ce début février ; on reste dans les bouquins avec des dessins dedans. Je ferais le point sur mes autres lectures un peu plus tard, ou pas...
- chez Dargaud, le meilleur volume de la collection Poisson Pilote depuis biiiiiieeeen longtemps est scénarisé par Appollo, et il est dessiné par cette brute qu'est Brüno, auteur toujours discret, mais qui étale lentement (et sûrement) son talent éminemment personnel à la tronche des sous-Machin et des clones-de-Truc… Un début de polar délocalisé dans un environnement plus hostile qu’il n’y paraît, une ambiance post-SF tout en ambiance, et des personnages super crédibles, Appollo a tout donné à Brüno pour que celui s’éclate. Et nous aussi. La bonne nouvelle c’est que le second tome devrait suivre sous peu ; et ce que l’on espère, c’est que cette série tienne la qualité de ce très chouette premier tome.
- Maga, chez les suisses de Castagniééé, a sorti coup sur coup deux petits bouquins qu'il faut lire. J'en reparlerais car j'aime bien cet univers branque que cet auteur met en place, mais d'ores et déjà, "Ceux de l'ouest" s'impose comme un monument d'absurdité. Et puis un éditeur qui a pour slogan "Des livres dont vous êtes le lecteur", hein...
- Chez Casterman, ils sortent un très bon bouquin tous les 6 mois, depuis un moment. Il ne faut donc pas louper "Le jeu des dames", du toujours sous-estimé François Ayroles, qui est pourtant, à mes yeux, un gars aussi passionnant qu’intelligent, ce qui respire dans l’ensemble de son œuvre. Quand il ne joue pas avec le médium dans de mémorables parties oubapiennes, il redevient un auteur au propos intense, respiratoire et radicalement différent. Ici, une drôle d’approche de la condition féminine, par le biais d’une vraie-fausse relation entre un jeune garçon introspectif encore à l’orée de sa vie sentimentale et un insolent gaillard inspiré, et persuadé d’en connaître un bout. Rarement l’auteur aura autant tiré l’absurde vers l’intelligence ; s’il était possible d’avoir des nouvelles d’Ayroles plus souvent, j’aimerais qu’elles soient toujours aussi bonnes.
Et en prime, pour le même prix, tout simplement l’une des plus belles phrases publiées ces derniers mois, sous la forme d’une réponse du jeune personnage central de cette histoire, alors qu’il parlemente avec, grands dieux, une fille.
- Faut-il encore dire tout le bien que l’on pense d’une œuvre aussi novatrice, à l’époque où elle fut publiée, que celle composée par Eddie Campbell, avec son génial "Alec" ? Probablement, ouaip. Malheureusement pour lui, le public francophone ne découvrira le grand œuvre du grand écossais, démonstration de virtuosité et somme d’inventivité (nous sommes au début des années 80’s, et il reste tout à faire dans l’autobiographie en bande dessinée, il faut le rappeler), qu’en ce début d’année. Heureusement pour lui, et parce qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, l’éditeur Cà et Là nous le propose aujourd’hui, et c’est un régal. Une fois de plus, justesse et à propos bienvenu de Jean-Paul Jennequin, qui fait partie de ces monsieurs dont on aimerait voir citer le nom sur la couverture, tant la reconnaissance d’une vraie traduction en bande dessinée reste un truc auxiliaire, accessoire, secondaire, dont personne ne semble rien avoir à foutre. A part peut-être le lecteur, et Cà et Là, qui fait son boulot simplement de mieux en mieux.
- "Temps de canard" est un très bon recueil d’illustrations signées Tom Tirabosco, paru aux Editions de l’An 2, parues initialement dans le supplément Week-end de La Tribune de Genève. Ici encore, absurdité et délicatesse se partagent les pages d’un récapitulatif des tribulations du pivot central de ce livre ; et quel pivot, puisqu’il s’agit d’un... d’un canard ? Oui, je sais, dit comme ça, ca ne semble pas très excitant. Et bien justement, Tirabosco n’aurait pas pu choisir meilleur élement principal pour stimuler l’exaltation ; avec une chèvre, ca aurait pas donné le même truc, par exemple. Bref. Tirabosco et son canard, un dessin par page, 70 pages en tout, et un superbe condensé de poésie absurde, d’allégresse et de jubilation tout en retenue. Même Jean-Luc Fromental, à qui on ne la fait pas en matière de bon goût, a contribué à ce très chouette bouquin en signant une préface à la hauteur des Alpes Suisses, vindzousss.
- Restons en Suisse, avec la dernière livraison de Bile Noire, la revue des éditions Atrabile : probablement la meilleure parue à ce jour. Ouvrage au format une nouvelle fois chamboulé (mais qu'en avons-nous vraiment à foutre, après tout ?), comportant quelques énormes moments de satisfaction signés Helge Reuman (comme d'hab, d'ailleurs je ne suis pas sûr que ces planches soient inédites, mais qu'importe), Iris (à suivre), Nicolas Presl (ce mec a simplement un des dessins les magnifiques que j'ai vu ces dernières années), Reuman et l'un des frères Robel pour une double page de toute beaaaaauuuuté, Sylvain Chaumaz (que l'on retrouvera très bientôt à L'Association pour une Patte de Mouche), David Richard (un peu perdu entre influences Balladiennes -y'a pire-, inspirations scène art-toys, et mise en page très nouvelle école) (c'est mon blog, je dis ce que je veux, ho), Peggy Adam (jolie petite historiette), les duettistes Ruppert et Mulot (sur lesquels je n'ajouterais rien, je me suis assez répandu sur les qualités de ces zozos), Kaze Dolemite (excellente petite histoire -par ailleurs véridique- autour de la création sur l'origine du scratch), Graham Annable (voir à Reuman), un cahier de bande dessinée abstraite coordonnée par Ibn Al Rabin (attendu avec son gros dictionnaire d'experimentation graphique en 15 volumes, à sortir bientôt) un très bel hommage délicat et subtil autour de l'amitié (et de Lowry) signé Wazem, Anders Nilsen (version française de choses publiées précedemment dans la revue américaine Mome), François Olislaeger (toujours aussi classe), et puis, donc, la bande habituelle des Balladi, Kundig, Frederik Peeters...
Une revue où l'excellent côtoie le meilleur, et où je cherche encore du mauvais, ou du raté, mais sans succès. Ils ont la classe ces suisses. Ils ont un drôle d'accent, mais ils ont la classe.
Voilà. Cela fait déjà quelques pages dignes d'intérêt.
Petit rebond para-bande dessinée, avec un courrier de l'auteur Placid à qui il arrive une bien chouette aventure, mais voyez plutôt :
"Chers amis,
J'ai appris par "Le Canard enchaîné" que j'ai été condamné à 500 euros d'amende pour "injures publiques envers une administration, en l'occurrence la police nationale", à cause un dessin que j'ai fait en 2001, pour la couverture du livre "Vos papiers !", sous-titre : "Que faire face à la police ?".
Je n'ai pas encore reçu le jugement par voie d'huissier, je n'ai pas les détails. Ce livre était publié par les éditions "L'esprit frappeur". L'éditeur, Michel Sitbon, est condamné à 800 euros d'amende pour complicité avec moi, et avec l'auteur du texte, Clément Schouler, membre du syndicat de la magistrature, condamné à 1000 euros d'amende(l'auteur n'est pas condamné pour injure, mais pour diffamation, à cause d'une phrase dans sa préface : "il y a en France des contrôles d'identité aux faciès, et ils se multiplient" (je cite de mémoire).
Le canard enchaîné a diffusé l'info, me nommant Jean-François Duval (mon vrai nom), l'humanité de même. Libération n'a parlé que du cas de Clément Schouler, oubliant la condamnation de l'éditeur et du dessinateur. Politis aussi peut-être (? : l'accès aux articles par leur site est bloqué par un abonnement). J'en oublie sûrement, mais il a été très peu parlé de cette affaire dans la presse, surtout de la condamnation du dessin de couv.
Clément Schouler et son avocat ont fait un pourvoi en cassation. Je sais pas faire ça, ça me gonfle de m'occuper de quoi que ce soit, je me contente de faire cette lettre. Et pas particulièrement pour vous demander conseil, juste pour que l'information circule.
Quelques précisions : le livre, paru en 2001, a été l'objet d'une double plainte (diffamation et injure) de la part de Daniel Vaillant, es-qualité ministre de l'intérieur. Le procès a eu lieu en 2005, je ne me suis pas alors présenté à l'audience et j'ai été relaxé, ainsi que l'auteur et l'éditeur. Le parquet a alors "interjeté appel" (je crois
qu'on dit comme ça, qu'est-ce que c'est barbare le langage juridique !). J'étais présent (mais sans avocat) au procés en appel devant la 11ème chambre, le 23 novembre 2006. Le jugement a dû être rendu le 18 janvier dernier.
Pendant ce procès en appel, je me suis défendu. J'ai produit des photocopies d'œuvres de dessinateurs célèbres pour leurs portraits ou caricatures de policiers (Siné, Cabu, Jossot, Thierry Guitard, Steinlen, etc.). Ce qui semblait m'être reproché était le nez retroussé du policier, proche du nez d'un cochon. J'ai aussi produit des exemples de ma production de dessins, ou on peut voir des "nez de cochon" sur toutes sortes de personnages (jardinier, anarchiste, etc.). J'ai enfin montré l'exemple d'une illustration que j'ai faite peu avant dans un magazine pour lycéens, où j'avais représenté une policière sympathique. Etc., etc.
(...)
Ce que j'ai appris aussi (comme vous), c'est l'intervention de Nicolas Sarkozy dans le procès Charlie Hebdo récent. La comparaison est simple : je suis quand à moi condamné pour une image, suite à une plainte initiée par le ministère de l'intérieur, patron actuel : Sarkozy.
Je ne cherche pas la bagarre. Je sais juste qu'une amende de 500 euros est plus compliquée à supporter pour moi qu'une amende de 500 000 euros pour, disons, un responsable de Elf. (Je suis un artiste, et les artistes sont pauvres, ce n'est pas un mythe)
(...)
Merci de votre attention,
Placid."
Pour celles et ceux qui ne seraient pas encore au courant, et malgré la présence, en face, d'une gauche globalement très Canada Dry (et encore), il y a des élections présidentielles bientôt. Ce qu'il faut donc savoir, au cas où cela n'aurait pas été clair, c'est qu'il sera bientôt rigoureusement interdit de. De quoi ? Mais de tout, voyons. Et puis pour ceux qui voudraient s'essayer à dessiner de la flicaille en cochons, donc : hop, au trou. C'est vrai, quoi, faudrait pas abuser, non plus. Oups, je glisse encore dans les glauquissimes marécages de la monoconversation politique... Autant pour moi.
Allez hop, on se tire.
On Air on RadiojUne :
- NB : vous pouvez toujours aller écouter ma dernière sélection sur Autobiogriffue, avec Joe Haider, Jose James, Doug Hammond, Jamie Lidell, Félix J. et Artaud, Beck, Phyllis Dillon, Marius Cultier, Stoned Soul Picnic, Claire Diterzi, dj Krush & Anticon, A Tribe called Quest, Ammoncontact, Blackjoy, et Daft Punk.
- le nouveau Busdriver est arrivé, il confirme le truc : un putain de très bon album qui, plus que jamais, prouve l'étendue du talent du bonhomme. Non, ca n'atteint pas la hauteur placée précedemment avec "Fear of a black tangent", mais ca va ailleurs, tout simplement. Et ca contient quelques pépites. "Road Kill Overcoat" est sorti chez Epitaph.
- "The soundcatcher" est le titre du prochain album de dj Vadim, à sortir du côté de chez... BBE. Il comportera quelques tueries gros trucs comme "Like the wind" (avec Deuce Eclipse) et le déjà classique "Kill kill kill", et tout le monde se devra de l'avoir dans sa discothèque.
Oh et puis zut, on en reparlera aussi, plus tard, peut-être, ici, la-bas.
Bon weekend.
Ou pas.
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