10 avril 2007

QUAND MEME.

J'ai pas une minute à moi pour prendre le temps de blogger, mais je m'en voudrais quand même de ne pas prendre le temps d'exprimer mon enthousiasme quant à la dernière petite soirée du weekend de bargeot que l'on vient de passer...

Allez, droit au but, parce que j'ai 2546154 trucs sur le feu : après un Retour du Boogie déjà bien sympa (et des tonnes de potes, comme d'hab), nous concluons notre samedi par un after impromptu (big up LaSté !), alors que nous étions bien décidés à prendre un peu de repos avant le gros du weekend (c'est le cas de le dire), notre petite virée à Mulhouse, au Noumatrouff, où mes zozos d'Electrons Libres devaient assurer, tout comme moi, l'enrobage d'une soirée dont le point d'orgue était la venue du seul, de l'unique, du génial El P.

Alors bon, "il nous fait encore le coup de la soirée de sa vie, tout ça...", je vous vois venir, et j'oserais dire que je vous comprend, tant il est vrai qu'il y a un paquet de gens qui m'emballent dans cette grosse mélasse dégueulasse qu'est l'industrie du disque. Eh ben justement.

Des bons producteurs, il y en a quelques uns, on peut les compter (la plupart ont oublié de se renouveller où se sont mis à cachetonner avant l'heure, mais bon).
Des bons mc's, idem : si le meilleur est peut-être derniere nous (/mode aigri OFF), il demeure quelques mecs qui, une fois armés d'un micro, provoquent quelques désastres quelque part dans la crôute terrestre, ou dans nos crânes, au moins.
La-dessus, des gérants de labels, il y en a des bons, mais soit leur exigence les conduit à fermer la porte, où au moins à réduire leur activité (vous avez remarqué le nombre de disquaires qui ferment ?), soit ils se mettent à faire des sacrifices et à signer des trucs à prise de risque moindre... Alors ceux qui gardent leur indépendance, contre vents et marées, qui préferent ramer en solo parce qu'habités par une passion qu'ils ne veulent pas diluer dans "l'industrie", justement, ils sont vraiment, vraiment peu nombreux.
Dans le business du hip hop, il y a aussi un paquet de mecs sympas, mais largement davantage de tocards, qui, saisis d'un melon de la taille de la lune, affichent une mégalo à tomber par terre, ou bien encore plus de poseurs, de mecs creux, de grandes gueules, d'attitudes photocopiées, de gens affairés à encaisser sur la hype du moment (tant qu'il est temps), et surtout, surtout, d'armées de clones, se contentant de refaire, de refaire, et de refaire encore, ce que d'autres ont fait, mieux ou moins bien, mais déjà fait...
C'est très rare, les fortiches dans plus d'une catégorie.
C'est encore plus rare, ceux qui cartonnent dans toutes.
Et El P. fait partie de ceux-là. Si vous en voyez d'autres, vous me le dites, hein...

On est partis tôt de Besançon avec les zozos qui me servent de crew (Electrons Libres et l'Enigmatic, le bro Jay aux photos, quelques autres copains), on est arrivés tôt à Mulhouse, le producto attaquait sa balance, déjà, je le sentais bien, mais j'étais aux antipodes de la vérité... Je vous épargne les échanges à base de cocksucking, c'était dur de laisser l'attitude de fan de base au vestiaire, mais bon : El P, depuis les premiers Company Flow, jusqu'à son dernier album "I’ll Sleep When You’re Dead", en passant par l'énorme aventure que représente Def Jux dans le paysage du hip hop ricain indé, c'est quelqu'un pour qui j'ai énormément, énormément de respect.
Le temps de chiller sous le soleil de la terrasse du Nouma, de checker un peu le soundsystem (ah, si les gens des salles bisontines pouvaient aller faire des soirées un peu plus souvent à Mulhouse pour constater ce qu'est un vrai bon son...), de reprendre quelques toutes petites forces (dur weekend, si, si), et la soirée allait commencer.

Après un petit set devant très peu de gens, je laisse Electrons et Len faire leur show, une semaine après celui au Moulin (à Brainans), et quelques jours après une brêve apparition au cours d'une soirée au Cylindre (à Besançon) ; pour eux aussi, la semaine a été longue, mais même si la fréquentation n'est pas énorme (dimanche veille de férié, c'était pas gagné, on le savait), ils arrivent progressivement à attirer l'attention du petit public qui finit par être assez réceptif à leur vision du hip hop. Spéciale dédicace à L'Enigmatic, dont les textes et le flow n'ont de cesse de s'affiner, de se préciser, de se personnaliser pour proposer un truc vraiment très, très bon. Besançon, un vivier ? Nooooon... Le Jura, les gars, le Jura. 8)
Entre temps, les potes nous rejoignent, Cécile et Jeff, le petit Alex, Bruno et Guy, Mehdi...

Le show commence, un titre où cette raclure de Mr Dibbs donne directement le meilleur de lui-même aux platines, et où El P. donne le ton : corps déjà à moitié en transe, regard à faire se lever une armée, tellement de présence qu'il faudrait inventer un nouveau terme plus fort que "ultra-charismatique", flow à 800 à l'heure, bref, c'était déjà le bordel, malgré la faible audience.
Le premier titre se termine, et paf, la soirée commence pour de bon : El Producto invite consciencieusement tous les spectateurs (j'ai bien dit TOUS les spectateurs...) à monter sur scène pour boire un pot, indiquant des quantités de bière nous attendant gentiment sur la droite de la scène. Les raisons sont nombreuses, mais l'anniversaire de Jon, leur video-guy, semble être la raison principale de tout ce bordel. Quoiqu'il en soit, les gens commencent à envahir la scène, ambiance cool et bon enfant, et P fait le barman, allant donner des verres à un maximum de gens, avant d'attaquer un nouveau titre.
Inutile de dire que les beatheads qui étaient présents étaient aux anges, les autres aussi tant il était évident que l'opération séduction sentait plus la sinçérité que le calcul. Et puis parce que les gens n'étaient pas légion, P donne le ton : "I want all you motherfuckers to stay on stage, with us, we're all there for having a good time, so just forget about this stage thing and give up all this shit, now we'll do our thing here, okay ?". Le feu.

Les titres se succèderent, je passe sur le show de Dibbs, avec l'énergie et l'efficacité qu'on lui connait (3 litres de sueur déversés dans la mixette, clairement), et je ne saurais pas résumer celle de P. et de son homie, Quin, aux backs derrière : tout déchirer, c'était le but du jeu, aussi.
Toute la durée de leur set, des flots de folie furieuse, avec un El P qui se laisse tomber à terre alors que Dibbs envoyait les phases de scratch les plus agressives que j'ai entendu depuis belle lurette, transe totale, habité n'est plus le mot. Et quand le fat beat revient, le rouquin new yorkais a déjà réveille son audience, qui fait des bonds de cabri autour d'une scène qui semble nous menacer à chaque instant de se faire défoncer sous poids conjugués...
Un véritable bordel de gigantissime envergure, un son d'enculé, des textes à coucher l'ensemble de la planète hip hop... Entre potes, nos regards se croisaient, et sans pouvoir se parler (imagine le bordel !), on pouvait être d'accord, on le voyait : on assistait à un grand moment de hip hop, clairement.

Après un show inoubliable, avec quelques uns des plus gros hymnes de la planète Def Jux ("Stepfather factory" en guise de dernier titre, avec Jeff en guest de Quin, mortel...), il fallait bien que cela s'arrête...
J'étais sur scène juste derrière Dibbs (je pense pouvoir dire que je lui servi de mur de soutien lors de sessions vénères un peu plus marquées que les autres...), j'ai pris le temps de lui dire qu'il était hors de question que je reprenne derrière lui après CA ("...what the fuck you want me to do now !?..."), le mec était mort de rire et m'a super encouragé en me disant que j'avais joué des grosses tueries avant, inutile de préciser la taille de ma satisfaction après ça... Eh ouais, c'est aussi ça, l'attitude fan de base : se liquéfier comme une fillette devant des mecs talentueux, j'y peux rien...

Les autres ont pris le temps d'aller taper la discut' dehors (il faisait putain de BON) pendant que je j'allais tenter une fin de soirée potable, tant bien que mal. On a terminé avec le staf du Nouma et quelques gens sympas, à boire quelques coups avant de reprendre le minibus, surexcités par la soirée.

Après 2 heures de route et à peine plus de 3 heures de sommeil sur deux nuits, arrivé à la maison vers 6h du mat ; impossible de dormir, à fond dedans. J'allume les platines et je continue ma nuit de gros son jusqu'à plus de 11h du mat, où je m'étale, exténue. Bon, j'en ai profité pour faire un mix de saloperies à base de Def Jux, je tâcherais de le mettre en ligne je sais pas où.

Le dimanche après-midi, il fallait aller décompresser, gloire soit rendue au freesbee nounours : grosse session gazon/frisbee/copain/glace en Gare d'Eau, avec Tristan-du-Boogie et Jack, ses potes, Vince, Jay, Jeff, Balth... Et on était tous d'accord : dur de redescendre après ça...
"Its a good year to be a jukie", dit le producto sur son blog, dès le lendemain.
C'est rien de le dire.

Si tout va bien, des vidéos et des photos arrivent tout bientôt. J'espère qu'elles vont déchirer, celles de Jay vont tout défoncer, bref... L'enthousiaste est encore là. Vivement ce soir que je retrouve les platines, bordel !

this P. guy and this D. guy    8)

PS : Pendant ce temps-là, l'esprit est donc super-occupé, et ca tombe super bien. Merci tout le monde... 8)

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