5 juin 2011

Quatorze, mille neuf cent quatre-vingt sept.

J'ai quatorze ans, le mois de juin commence à peine ; je sais pas trop ce que je ferais demain, mais je m'en cogne.
J'ai un sac plastique et deux tubes de colle, il est trois plombes du mat, ça fait deux heures que je suis devant la fenêtre de cette fille qui dort sûrement d'un sommeil de plomb, et qui suis-je pour lui en vouloir ? Personne. Personne n'en veut à personne. C'est bien mieux comme ça.
Il fait une chaleur moite, on dirait un marécage en négatif, mes Weapon sont pleines de poussière, j'ai chaud mais je sais pas si je transpire parce qu'il fait chaud ou parce que je me suis un peu, non, je me suis bien abîmé les narines ce soir. Pas grave.
J'ai jeté la cassette dont la bande était restée coincée dans la tête de lecture de mon putain de walkman de merde, je l'ai jetée dans le fossé, le long de la route, de l'autre côté, dans le champ ou je sais pas où, on s'en fout. Au moment où mon bras achevait son arc de cercle, j'étais à peine défoncé et j'ai quand même eu un un petit étourdissement, un roulis sur du gravier, c'était bref mais ça posait les bases de cette nuit.
La colle me file des micro-vertiges, ça dure à peine quelques secondes, je ne sais pas si ces fulgurances accompagnent la destruction de certaines des cellules de mon cerveau, mais je m'en cogne.
Je sais pas trop ce que je fous là, mais je m'en cogne.
Début juin, à 3h du mat, il fait bon, j'ai la nuit devant moi.
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Frank Ocean

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