6 août 2013

Minneapolis, partie 5.

Ca y est, les choses commencent à démarrer sérieusement: aujourd'hui était le premier jour de mon petit workhop à destination d'une douzaine d'étudiants cainris, tous déjà les deux pieds dans ce qu'on pourrait qualifier de chouette bande dessinée.
Certains, en une journée, m'ont déjà un peu scotché, et la semaine devrait permettre de développer encore davantage des nombreuses pistes que j'avais imaginé pouvoir proposer ici. Ils sont super réactifs et ont grave oublié d'être con, et la première journée fût vraiment chouette, la plupart des exercices sous contraintes étant déjà entre de bonnes mains ; et même si je les ai probablement assommé avec mes milles détails bibliographiques perchés, je crois qu'ils ont accroché aussi sur quelques livres présentés ce matin.
Notamment sur le "Chronographie" de Dominique Goblet et Nikita Fossoul et sur "Le Royaume" de Ruppert et Mulot (à L'Asso), sur le "Layers" de Florian Huet paru chez Polystyrène, sur le catalogue de l'expo 10x10 d'Atrabile, et sur divers trucs que j'avais apporté dans ma besace. Et grâce à youtube, j'ai pu leur montrer comment le gars Emmanuel Guibert sait s'y prendre avec une feuille, de la flotte et une goutte d'encre. Amour toujours.
Entre autres !

Et voilà ma clique !


La suite du workshop, je la balancerai directement sur le site de l'asso ChiFouMi, très probablement, et comme du côté des étudiants, ça ne fait pas les choses à moitié, ils ont également ouvert un tumblr dédié à ce petit workshop, allez hop, soyons fous. C'est ici, ça devrait se remplir dans les heures/jours qui viennent...

Brando's !

Mais avant ce lundi, il y avait mon dernier weekend "libre" ici : les auteurs français et les chifoumistes me rejoignent entre samedi et dimanche prochain, je crois que je suis donc parti pour une bonne course fofolle pour quinze jours, haut les cœurs !
J'ai donc profité de ce dimanche pour...  réparer mon pneu crevé. Et c'est là que cette saloperie de libéralisme qui fait que tout est ouvert ici tout le temps (même le dimanche) m'a tiré d'affaire : à trois blocks d'ici, j'ai trouvé un réparateur super chouette qui m'a changé la chambre à air de ma roue arrière en cinq minutes (là où je le fais en une vingtaine...), le tout dans un décor bien pittoresque comme il faut, un dimanche d'été, pour $13. Je regrette de pas avoir prix mon vieux t-shirt Schwinn, je n'aurais pas fait tâche ici.

Le môme en vert, quinze ans maxi, est mon héros du jour (admirez les poupées au plafond).

Admirez aussi le bel aigle qui prend son envol au dessus du bureau du boss.

Je suis donc reparti sur mon biclou, direction Minneapolis, nord toute ! L'idée c'était d'aller bouffer du paysage et de prendre quelques tophs. J'ai surtout fait le premier truc, qui me semblait le plus important. En sortant de chez mes nouveaux copains de chez Sunrise Cyclery, j'ai pris la fameuse greenway (que je commence à bien connaître), qui passe juste en bas de chez eux.

Ca c'est donc en bas de chez eux, disais-je.

Je me suis évidemment paumé (ouais, encore une fois, je vous le fais pas dire), même avec un plan flambant neuf des pistes cyclables de Minneapolis choppé au petit matin dans une librairie pas loin (encore un truc ouvert le dimanche ! C'est mal. Mais c'est bien ! Mais c'est mal) (non sérieusement, ça m'arrange, mais c'est mal) (fichez moi la paix, je dis ce que je veux, c'est mon blog : l'ouverture le dimanche c'est nul), parce que je suis une sacrée andouille, mais j'ai fini par redescendre tranquillement, j'ai retraversé le Mississippi et suis allé checker un peu Minneapolis downtown.

Alors que ce blog n'existait pas et que je n'étais qu'une tête pleine d'eau, il y a une vingtaine d'années, j'étais passé dans certaines de ces rues, déjà. Ca m'a soulevé le cœur à plusieurs reprises, j'ai même dû m'arrêter plusieurs fois pour regarder l'endroit qui m'entourait.



Ma mémoire de merde, subitement, me mettait des claques dans le cervelet, il n'était clairement plus l'heure de transpirer en pédalant, à essayer de me frayer un chemin parmi les hipsters en fixie et une signalisation à laquelle il me faut faire bien plus qu'attention (je fais partie de ces connards d'étrangers qui se sont déjà fait klaxonner trois fois depuis mon arrivée...)... et je dois bien avouer qu'il y a quelque chose d'assez interpellant dans le fait de fouler à nouveau ces rues, vingt ans plus tard.
J'écris interpellant car je suis à court d'adjectifs, et je suis un peu crevé, aussi.
Peut-être une forme de nostalgie, j'en sais rien, les jeunes années, tout ça.
Peut-être surtout le goût des trips un peu fous qui semblent définitivement appartenir au passé : faut-il vraiment devoir réfléchir avant de faire les choses, finalement ? Est-ce qu'en vieillissant, on devient réellement plus sage, ratant au passage des choses exaltantes, est-ce aussi simple, est-ce aussi systématique ?
J'en sais rien, mais j'ai un début de réponse : il y a vingt ans, je ramenais des comics totalement inédits à mes yeux de ce voyage qui fût fondateur à plus d'un titre.
Et dans cinq jours, je vais accueillir à l'aéroport certains des types auteurs des dits comics, parce qu'ils font partie de la liste des auteurs présents à PFC#4.
La vie peut être une grosse pute, parfois, mais j'ai une pensée pour les personnes (you know who you are !) qui jugent mes choix de vie selon leur grille de lecture de ce qui est -ou pas- bien, de ce qui est bénéfique -ou pas- pour soi-même, et/ou pour les autres. Mon idée là-dessus : quelque soit le jour de l'année, j'échangerais ma place pour rien au monde, avec personne. Alors là, précisément, en ce moment, je ne vous raconte pas...
Ce blog ressemble à un trip de vieux con, non ?
Fin de l'aparté existentialisto-mon-cul.
Ok, guys. Je suis reparti en traversant downtown dans tous les sens, je me suis arrêté à Big Brain parce que j'en avais marre de voir les pubs dans le Comics Journal depuis toutes ces années, il le fallait bien ; j'ai également fait la discute avec des vieilles parkinsonniennes très gentilles du côté de West River Parkway, avant de faire le mariole en préférant grimper les marches qui allaient me déposer sur le Hennepin Avenue Bridge : le vélo que Zak m'a prêté est mortel, mais c'est un vieux machin super lourd à l'image de mon vélo bisontin, et je me suis pété trois vertèbres en regardant tous ces sportifs grimper les marches quatre à quatre avec leurs vélos en alu ou en fibre genre Nasa. Qu'importe, me voilà reparti dans le nord, pour retrouver Zak et sa petite famille.
Un putain de dimanche bien typique, avec de la salade de patates du Minnesota, et des trucs bizarres dans mon verre, les mômes adorables de Anne et Zak dans pattes... Anders nous rejoint, bientôt suivi par Tom Kaczynski, encore un autre type un peu foufou qui cumule les casquettes (auteur, éditeur, et très bon guide touristique, au passage). Je suis très content de rencontrer Tom, l'un des résidents de PFC#4, qui est un type qui pond des trucs super chouettes, plutôt malins et pertinents, en jouant comme il faut avec l'écriture en bande dessinée.
J'en profite pour signaler que les non-anglophones pourront bientôt lire Tom K. en français, avec un très chouette bouquin qui devrait paraître chez Delcourt prochainement, et j'espère que la traduction et l'objet seront moins daubés que la version française d'un autre bouquin de Tom K. parue chez Alter il y a quelque temps, qui est presque aussi dégueulasse que le bouquin de Julia Wertz, traduit lui aussi avec le cul, malheureusement pour elle, et pour son lectorat français potentiel (il faut lire Wertz en anglais, c'est tout autre chose). Fin de l'apparté (c'est pas tous les jours que je ferais de la pub pour Delcourt, hein...).

Le soir venu, grosse réunion pour caler Autoptic, qui clôture pas mal de choses ici, le dimanche 18 août :
Tom Kaczynski, Zak Sally, Jenny King, Raihne Hogan (takin the pic !), Justin Skarhus, Anders Nilsen, Robert Algeo, Caitlin Skaalrud.
Il y a tout ce que Minneapolis compte de chaudières de la petite édition et de la bande dessinée digne de ce nom autour de la table, on est dans un rade plutôt cool comme il y en a tous les dix mètres ici, et un peu plus tard après la réunion, Anders, Zak et moi prolongeons la soirée à bosser un peu sur différents trucs inhérents à ce que sera PFC#4. Il y a un certain projet bien fou comme je les aime qui pointe le bout de son nez, et putain, ça va cartonner sévère. Je bosse avec deux de mes auteurs favoris depuis des mois par mail, et là c'est du concret ; c'est cool.

Brainstorming time ! 

Autoptic par Anders Nilsen, affiche sérigraphiée par Burlesque à Minneapolis.

Et avant de finir ce billet, une petite page de publicité : les pote français intéressés par le poster qu'Anders Nilsen a réalisé pour Autoptic, si les frais de port vous calment, dites le moi par mail, et je vous le ramène lors de notre retour.

Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai du pain sur la planche.
La suite vite !
Bisous la Franssse.

2 commentaires:

Jacques Capelovenividivici a dit…

C'est bien beau tout ça mais t'as écrit "Autoptic" n'importe comment dans la légende de la dernière photo.

june a dit…

Bien vu, maître ! Merci bien, mais si vous commencez à corriger toutes mes fautes, vous n'avez pas fini. Vous n'avay pa finni. Enfin bref.