9 mai 2020

L'humilité.

Je le savais parce que je l'avais lu à plusieurs reprises, et on me l'avait dit aussi : le jardin, c'est une leçon d'humilité permanente. Et si les leçons ne sont pas toujours très agréables dans la vie, celles du jardin sont souvent constructives, et parfois même hilarantes si on décide d'en sourire plutôt que de s'en plaindre.

Depuis la saison de l'an passé, on a tardé à cuisiner/bouffer toutes les courges et les butternuts que le jardin avait produit à l'automne.
Il en restait quelques-unes qui, parce qu'on a tendance à déplacer les choses sans savoir où elles finissent, ont évité de passer à la cocotte durant l'hiver, et il y a trois semaines de cela, nous nous sommes demandés ce qu'il en était de la dernière grosse courge qui attendait son heure, au sec (et au chaud : ce détail à son importance pour la suite de mon histoire passionnante du samedi).
J'ai hésité à la cuisiner, Charlotte m'expliquant qu'elle avait probablement tourné même si cela ne se voyait pas : en l'ouvrant, sa chair semblait impeccable (fin avril, bordel ! quelle conservation...) mais j'observais que parmi ses nombreuses graines, mais une certaine odeur de fruit trop mûr en émanait, et certaines commençaient à germer, avec une pousse de plusieurs millimètres pour certaines !

J'ai donc vidé la bête et me suis demandé ce qu'il adviendrait de ces dizaines de graines dans un état de sortie d'hibernation quelque peu innattendu. Plutôt que d'aller verser tout ça à l'un ou l'autre des composts, j'ai décidé d'aller étaler ça sous deux ou trois centimètres de terre dans un coin du jardin que je comptais laisser en jachère pour la saison à venir. J'ai étalé les graines germées, j'ai jeté quelques poignées de terre mélangée à une poignée de terreau, et j'ai oublié le truc, ou si peu : quinze jours plus tard, et juste à côté, j'allais repiquer en terre quelques-uns de mes semis de courges, butternuts, potirons, potimarrons, courgettes, et je regardais ce bout de terre ne me disant qu'il ne s'y passerait rien.

Ces derniers jours, alors que je protège mes divers plants isolés comme je peux, que cela soit sous cloche ou derrière une barrière de cendres, j'ai observé que du côté de l'endroit laissé à son compte, dont je ne m'occupe absolument pas, c'était la grosse teuf chez les butternuts : des dizaine de graines ont germé, et tout pousse très très bien sans mes coups de main. Les limaces ont brouté quelques pousses, mais il en reste DES DIZAINES BORDEL.

C'est assez humiliant quand on y pense : j'ai passé quelques heures à chérir mes petits semis ces dernières semaines, mon petit terreau préparé, mon petit compost trié, ma terre tellement argileuse remuée autant qu'il est possible de le faire, le repiquage en terre étalé, les pousses protégées, etc. Tout ça pour un résultat assez modeste pour l'heure.
Et à côté, à moins d'un mètre, la nature se charge de me rappeler qu'on est vraiment peu de choses.
C'est super drôle, et çà me donne encore plus envie de continuer à tenter des trucs, du coup !

Quelques cucurbitacées passées des semis aux pots individuels, et à repiquer.

Celles qui sont déjà en terre (très peu, surtout pour tester les périodes et la météo).

Et ici, monsieur et madame "j'en ai rien foutre on verra bien" ont des courges, comment les appellent-elles ?

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