29 juin 2005

BIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIP.

BONJOUR C'EST JUNE
JE SUIS ABSENT POUR LES QUELQUES JOURS A VENIR,
ET JE NE SERAIS DISPO QUE PAR L'INTERMEDIAIRE DE MON PORTABLE
MAIS VOUS POUVEZ ME LAISSER UN MESSAGE
MERCI
ET BON WEEKEND.


J'ai rendez-vous avec, notamment, Bloc Party, Nine Inch Nails, Amon Tobin, Moodymann, Bonnie Prince Billy & Matt Sweeney, Jean Grae, Ttc, Emilie Simon, Bumcello, Raphaël Saadiq, Electrelane, Dälek, Slum Village...
Et surtout, surtout, Jamie Lidell, Saul Williams, Sonic Youth, Le Tigre, Common...

A bientôt ! Et à ce weekend pour celles et ceux qui y seront... 8)
BOn weekend aux autres !

28 juin 2005

TROIS... EXTREMES.



Vite fait : 3 bonnes tranches de malsain : un film sud-coréen, un hong-kongais, et un japonais, signés Park Chan-wook, Takashi Miike, et Fruit Chan.

Le premier, "Nouvelle Cuisine", malgré une superbe photo et un joli montage, ne m'a pas emballé des masses ; une critique socialo-malsaine avec des vrais bouts de perversion dedans, au final on reflechit a ce que Fruit Chan a voulu nous balancer dans la tronche.

Le second, "Coupez !", de Park Chan-wook, est une réussite niveau mise en boite, mais j'ai trouvé ca un peu indigeste niveau scénar, un peu "too much". On est loin de Old Boy, meme si la chute psychologique des personnages principaux est ici aussi sacrément bien rendue. Visuellement, c'est lourd aussi : le sadisme (record battu, je crois) du scénar reste dans l'ombre de la débauche outrancière de l'approche visuelle du truc.

Enfin, "La boîte", de Takashi Miike.
Bon, une trame classique et peut-être peu originale, certes.. mais putain, qu'est-ce que c'est beau ; pour rester sur la meme île, on est exactement dans l'inverse d'un Dolls (Kitano), esthétisant et ne creusant guère la fibre du récit. Ici, Miike exploite au mieux ET la construction de son segment, ET la mixture visuel/scénar, véritable petite réussite. C'est très cérébral, ca n'avance pas, c'est leeeeeennnnt, mais c'est assez bluffant.

I'm out.

>

27 juin 2005

ELEPHANTS TRANSPARENTS

Bon, puisque tapoter son clavier semble être encore l'activité qui fait le moins transpirer...

Justement, puisqu'exceptionnellement nous n'avions rien de prévu le soir, nous avons déserté la chaleur, Drine et moi, pour aller chiller à la maison, au frais.
Au programme, les trois premiers épisodes de cette série dont tout le monde me parle depuis un bon moment déjà, "Lost", qui est diffusée sur notre chaîne favorite, TF1.
Bon, pour faire court : intrigue à tiroirs multiples trop girouettes pour être honnête, psychologies taillées au sécateur manquant grave de finesse, dialogues téléphonés... Les personnages ne sont pas attachants, le scénar part en couille dès la seconde partie du premier épisode... Non, j'ai pas accroché l'ombre d'un instant ; Ok, c'est plutot joli pour une série : les caméras sont pas forcément là ou on les attends, ca sent la série "riche", y'a des moyens et ils sont exploités, peut-être.
Mais franchement, la brochette de caricatures qui font office de personnages principaux sont à pleurer de pauvreté, et ca, ca suffit pour en faire une série vraiment peu alléchante ; j'étais encore partant pour tenter le second épisode (c'eut été radical d'avoir un avis sur une série après avoir uniquement vu son premier épisode...), mais au troisième, j'ai décroché pour me torcher une monstre coupe de glace ; revenu devant l'instrument du diable, Drine m'avouait que je n'avais rien loupé. Même "24h" m'avait emballé davantage... Déçu je suis.

C'est la fête du cinéma, partout en France, on peut aller s'envoyer du grand écran de chez grand écran à moindre coût, alors feu, Drine et moi avons prévu notre petit programme ; malgré quelques divergences : je vais aller contempler moi-même l'étendue des dégats -ou pas, d'ailleurs- sur "Sin City", que Drine ne veut absolument pas voir... Bon.
Nous avons donc commencé notre tournée des petits films intimistes par "Batman Begins"...
...
...Que dire ?
J'ai pas vu les 2 derniers longs sur l'homme-parapluie en entier tellement je me faisais chier, c'eut été dur de faire plus mauvais ; et la dessus, on est rassurés, c'est bien meilleur que les épisodes immmmmmmondes made in Joel Schumacher, mais on est quand même loin d'un truc interressant, d'un truc "batmanien". Burton s'était fait conchier par les fans de base, moi à l'époque j'avais trouvé super excitant (même si pas forcément proche de l'idée qu'on pouvait se faire de Batman), mais là...
Je pense tout simplement, comme la plupart, que l'univers du Batman est tellement riche, et que le personnage, son univers, ont été remaniés par tellement de scénaristes, qu'il est forcément dur de rendre une copie qui plaira à beaucoup de "lecteurs". Et si ce film-là se base (plus ou moins) sur "Batman : Year One" signé Miller/Mazzuchelli, on est loin de plonger dans l'ambiance magistrale plantée par Mazzu-notre-dieu-à-nous-autres-gens-de-bon-goût, fatalement ; et puis, la surenchère d'adaptations de chez Marvel (y compris les réussies) m'a quand même pas mal calmé, je suis un peu écoeuré par ces nombreuses variations : une adaptation est elle réellement quelque chose de nécessaire, y compris pour l'amateur de bande dessinée ? Probablement non. Alors qu'est-ce qui m'a poussé à aller constater le gouffre qui sépare la meilleure des adaptations "possibles" de la visions que j'en attendais, de ce que j'en espérais ? Masochisme, passion trop aigue ?
Je crois que même la meilleure relecture du meilleur réal possible (Christopher Nolan était quand même derrière "Insomnie" ou encore "Mémento" que j'avais plutôt trouvé réussi) n'ira jamais chatouiller les plus mauvais souvenirs de mes pires lectures ; là, on est certes dans quelque chose de noir, mais voilà : c'est un film d'action, point.
Après, qu'il y ait des zozos costumés ou pas n'y change pas grand chose, quand bien même ils se nomment Batman, L'epouvantail, ou Ras.
C'est bien mis en scène (il me semble, en tout cas), le rythme ressemble à quelque chose de bien géré, et Christian Bale, oui, pourquoi pas... Mais l'intrigue condensée pue du cul, c'est assez mauvais, assez pouet-puet, assez fédérateur j'imagine ; Morgan Freeman fait ce qu'il fait de mieux : jouer son Morgan Freeman, et c'est putain de chiant, Katie Holmes récite péniblement ses quelques lignes (pas fluide pour un sou la jeune fille), Liam Neeson fait de son mieux, mais, surprise, la bonne idée c'est quand même Michael Caine qui fait un Alfred formidable.
Note pour moi-même : penser à aller voir "Alfred, majordome" quand il sortira.

Pour continuer la soirée, nous sommes allés voir "My summer of love" de Paul Pavlikovsky, sans savoir exactement de quoi il retournait ; à l'issue de la séance, croisé quantité de potes qui en avaient lu le plus grand bien... Et pour cause. En ce qui me concerne, c'est probablement le meilleur film que j'ai vu cette année.


Le pitch en deux lignes : de nos jours, quelque part dans la province anglaise, la médiocrité de la vie rattrape le quotidien de deux ados, deux nanas qui se rapprochent irrémédiablement, tant leur vie est creuse, insipide, foireuse ; comme tous les ados, leur volonté les poussera à idéaliser des jours meilleurs, et les verra se faire joliment retourner par la vie, une fois de plus. Désillusion, détachement, maturité... le tout formant une tranche de réalité réaliste, justement. On y croit, que demander de plus ?


Ca joue super bien (les deux nanas sont parfaites, et l'une d'elle est méga-craquante), c'est monté de la plus jolie manière qui soit, la caméra est inventive sans tomber dans l'excès démonstratif outrancier, les dialogues servent merveilleusement bien des idées très bien exploitées : ca sonne juste, ca sonne vrai, et si l'histoire concerne 2 jeunes filles et touchent directement à leur part de féminité, je me suis malgré cela complètement impregné et immergé dans ces 87 minutes de pur régal cinématographique.
La filiation avec "Virgin suicides" risque d'appauvrir l'argumentaire qu'on fera de ce film, mais si vous me lisez et si vous avez envie de voir un film qui pue le vrai, sans tomber dans quelque miévrerie que ce soit, ben feu, alors.

Demain, c'est lundi, boulot non-stop jusqu'à jeudi soir, après : eurockéennes de Belfort pour 3 jours, si tout va bien.
Mais d'ici là, j'aurais terminé ma fête du cinéma : en prévision pour demain, "Sin city" (pour constater par moi-même, j'ai eu toutes sorte d'avis et ca n'a fait que me stimuler, tssss), "Le cauchemar de Darwin" (car deux fois valent mieux qu'une), "Les poupées russes" (car on s'est matés "l'auberge espagnole" il y a 1 semaine, alors pourquoi pas sa "suite" à 2 euros ?), j'hésite pour "Dear Wendy" de Thomas Vinterberg, et pourquoi pas une dose de flippe avec les 3 courts de Fruit Chan, Takashi Miike et Park Chan-Wook, "3 extrêmes"...
More soon.

On air on RadioJune :
- Presage "outer perimeter" , un truc de 98 (déjà, putain !...) de mr Dibbs, Jel et Dose, du tout bon très instru.
- une compil promo de matériel récent et à venir en provenance de chez Lex, les Warp version urban break.
- après avoir maté "Clean" d'Assayas la semaine dernière, une grosse envie de réécouter Mazzy Star et surtout Hope Sandoval (coucou Fred), jusque sur "sometimes always" de The Jesus and Mary Chain...
- et après avoir vu "Holy Lola" de Tavernier il y a deux jours, je récoute les quelques enregistrements de monsieur Texier que je possède... Du nettoyeur d'oreilles qui laisse une pellicule d'or fin, quoi.

O.U.T.

25 juin 2005

SINE QUA NON.

Qu'est-ce que ca fout en titre, "Sine qua non" ?! Bordel...
Au moment ou je tapote ces lignes (vendredi soir, enfin, samedi matin, 1h15), l'orage super violent qui a probablement fait sursauter tout le paté de maison dans lequel je vis (la foudre est tombée sous ma chaise, c'est pas possible autrement) n'a quasiment pas fait chuter la température... Nous cramerons donc ENCORE toute la nuit, à poil à nous tortiller pour trouver le frais, je me léverais ENCORE au moins 10 fois, probablement pour me taper les dernieres glaces à l'eau au congélo, et je me réveillerais donc demain avec ENCORE une gorge enflée, sanguinolente et iritée.
Allergie de fin de printemps + chaleurs déshydratantes = june crache tout rouge au petit matin. Vivement Novembre... Naaaaaan j'déconne, c'est bon de suer, merde.
Vive le chaud. Bref.

Bon, sinon, "Sine qua non" c'est le titre du meilleur bouquin que j'ai lu cette semaine, et probablement une des meilleures surprises de cette année ; bon, ce très bon bouquin signé Marcel Ruijters a eu la mauvaise idée de sortir en même temps que d'autres trucs signés par de satanées gros monstres, et faire parler d'un autre bouquin au moment de la sortie du fabuleux "Cinema Panopticon" du géniallissime Thomas Ott (à L'Association), ca va être chaud.
Néammoins, et parce que c'est pas tous les jours que je trouve des choses qui m'enthousiasment à ce point, voici la petite chronique que j'ai soumis sur bulledair.

"Sine qua non", par Marcel Ruijters (éditions de l'an 2).

Dès la première case du premier chapitre de "Sine Qua non", Marcel Ruijters met les choses au point : l'illustration montre une nonne, regardant l'intérieur de sa main, et se prennant au travers de la face un jet de sang à tendance karcher, avec en magnifiques lettres gothiques, un mot un seul : "Stigmata".
Nous nous vautrerons donc gaiement, pendant une cent-cinquantaine de pages, dans l'iconographie religieuse la plus "cliché" (période médiévale pour mieux la situer) afin de la maltraiter quelque peu...

Cette relecture assez libre et plutôt irrévèrencieuse égratigne des passages-clef d'un certain monothéisme, ainsi que les icônes parmi les plus populaires de l'imagerie christo-biblique : on y croise de nombreuses nonnes, des chérubins en pagaille, la volonté de Dieu sous de nombreuses formes, et un bestiaire des plus impressionnants, le tout à une sauce acido-cynique vraiment inédite.

Point d'intrigue proprement dite, davantage une suite de scènettes qui, au final, aboutiront à l'ultime création de ce fameux Dieu par le biais d'un fort joli morlaque... Ceci étant dit, le dieu en question n'est pas la moitié d'un con pour s'entourer de créatures aussi foireuses...
Une manière de traiter l'histoire assez audacieuse : bande dessinée muette, "mais pas vraiment", Marcel Ruijters se contente de lâcher ici et là quelques bribes de latin, quelques mots, quelques rares dialogues, tous explicitement traduits en fin d'ouvrage ; 2 pages de traduction latin-anglais-français, où l'on retrouve "fiat lux", "opus dei", "dies irae", aux côtés de "spucatum mundi" ou "ad vomitans"...
La seule réelle colonne vertébrale de ce livre semblant être l'hilarante férocité avec laquelle son auteur déglingue les moments forts de la soi-disante création ;
son monde fourmille de détails et de subtilités toujours en rapport avec son sujet principal, et on imagine l'ébullition dans la tête du formidable Ruijters accouchant de son oeuvre... On pense un peu (un peu, hein) au meilleur de Mandryka, encore plus (un peu plus, quoi) à l'univers présent dans certains Mattioli, et évidemment (déjà plus, oui) à certains passages de l'oeuvre du génial Jim Woodring, mais rien de tout cela ne peut réellement décrire ce bouquin.

Les plus pieux parmi les lecteurs auront fatalement du mal à apprécier le répertoire caustique que Ruijters emploie avec une maestria rare pour mettre à mal les "vestiges" de ces écrits religieux ; avec plusieurs parti-pris qui pourront aisément passer pour de rudes contraintes, l'auteur étale une imagination sans limite, combiné à un sens de l'humour tout bonnement épatant, le tout servi par non pas un, mais DEUX types d'illustrations.

D'abord, Ruijters à domestiqué le pinceau chargé et épais, outil farouche et difficilement maitrisable quand il s'agit de délimiter d'aussi nets contours que ceux qui parcourent ce bouquin ; le trait est grassouillet, épais, mais, surprise, également net de net : sur certaines cases on jurerait qu'un utilisateur d'Illustrator aurait retracé les dessins en tracés vectoriels...
Ensuite, pour servir certains chapitres de son récit, il utilise la gravure, qui sied à merveille au ton de son récit ; les gravures complètent à la perfection l'atmosphère d'enluminure de cette histoire de chérubins, de croix, de lumières et de ténèbres...

Pour insister sur le côté presque parodique des écritures divines, l'auteur choisit également de ne pas surcharger son découpage pour donner encore davantage de rythme à son récit : on reste dans la représentation médiévale, donc peu de cases par page. Imaginez un bouquin d'imagerie pieuse réalisé à quatre mains par un Thomas Ott, version humour-noir-ou-l'on-rit-jaune, et par le peintre californien Doze, version moins-abstract-weeeeeed, vous aurez péniblement défini l'ambiance qui gravite autour de cette lecture...

"Sine qua non" est un ouvrage riche, abondant tant de subtilité renseignée que de connerie inspirée, et traitée d'une manière tout bonnement excellente, malgré quelques rares hésitations de cadence de narration, ainsi qu'une couverture peu alléchante.

Sa condition de livre quasi-muet frustera probablement les adeptes des lectures à rallonge, mais il saura casser les burnes des gardiens du temple, enthousiasmer les plus anticléricaux d'entre nous, et, pour sûr, ravira les amateurs d'expérience de lecture rafraichissante.




sinequanon, originally uploaded by jUne.


Egalement au programme de ce décidément très excitant mois de juin, et en bonne position sur ma table de chevet :
- "Brighton report" du non moins talentueux Vincent Vanoli (Ego Comme X),
- les deux bouquins de Nekojiru, "Nekojiru Udon 1" et "Nekojiru Manju" (éditons IMHO),
- "Le peuple du bout du monde" d'Oscar Baillif (au Drozophile),
- "Le phare" de Paco Roca (chez 6 Pieds sous terre).
- sinon, version US mainstream, je laisse tomber The Losers (Diggle et Jock, DC comics), car c'est vain, chiant, téléphoné, déjà-vu, etc.

On air on RadioJune :
'94 hiiiiiip haaap ! Oh putain le vieux revival '94 en rangeant mes cartons de cd...
- Hard 2 Obtain "ghetto diamond".
- Justice System "Summer on the city".
- Da Youngstas "hip hop ride".
- The Nonce "bus stops".
- Meth "all I need".
Nan nan aucun commentaires sur la sélection, c'est juste un vieux quart d'heure de retrouvaille avec de vieux skeuds... 8)

O.U.T.

21 juin 2005

PASSE-MARDI

Revoilà l'été, le pollen, les punks à chien qui vont trémousser péniblement leur cul devant de la "musique" de merde, et, en ce mardi, le retour des gorets de la mailing-list qui va bien, aka la Snow : coucou les ami(e)s, et merci pour le lien.
A bientot, et n'oubliez pas : la musique, on la fête toute l'année quand on est une personne de goût, donc ce soir, on fait comme les autres jours : on boit des bières, et pis c'est tout. 8)

18 juin 2005

FETE DE LA SAUCISSE.



fenetre-05-2005, originally uploaded by jUne.

Tiens, plutot que d'aller me faire pourrir les oreilles par ces esprits chagrins qui ce jour là, "fêtent" la musique plus fort que les autres jours de l'année, je vais donner la main à mes collègues de la librairie qui recoivent, le meme jour, Richard Bohringer, pour une rencontre/discussion ; puis mon voisin d'à coté fait la fête de la musique tous les soirs de la semaine de 23h jusqu'à tôt le matin, à base de cette soupe dégueu composée de Zenzile, Le Peuple de l'herbe, et autres saloperies désespérement creuses et vides de toute substance, alors peu importe si je loupe la bière chaude et les saucisses mal cuites.
Vive la musique ! Bordel.

17 juin 2005

PHRYXOTHRIX.



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# En effectuant de menues recherches à titre de documentation pour un petit projet (voir gribouillis ci-dessus), je tombe sur le truc brésilien le plus excitant depuis ma découverte de Seu Jorge : le phryxothrix, une bestiole assez rare et qui ressemblerait à un ver luisant (style lampyre) au cul rouge ; oui, oui, un ver luisant vert avec le cul luisant, mais rouge. Si c'est pas de la balle, je sais pas ce que c'est...

# Bon, le troisième numéro de l'Affaire du Siècle tome 5 est sorti, et dans les temps s'il vous plait ma bonne dame ; il est disponible là ou vous savez, et si vous savez pas, pas tant pis pour vous. Il fait 28 pages, et est probablement la meilleure chose qui soit arrivée dans le monde des arts graphiques depuis, je sais pas, moi... Depuis le numéro 2. 8)
Je n'oublie pas tous les sympathiques gens qui me l'ont demandé, et je vais tâcher d'expédier vos petits paquets des numéros 1-2-3 dans le weekend, si le comité rédactionnel m'y autorise... 8)

# Saluons la sortie de Porophore 10, le dernier numéro du fanzine de ce qu'il convient d'appeler "la bande à Vanyda et à F. Duprat", entre autres, bien évidemment ; pas mal de choses intéressantes dedans, d'autres beaucoup moins, et personnelement, je trouve la maquette déplorable, contrairement à la plupart des ouvrages parus à la Boite a bulles - sieur Datavinn, si vous me lisez 8) ...
La collaboration avec BomBomProd donne au final un ouvrage sympathique, pour 14.80 euros, et au passage (lamentable copinage), une belle couverture de miss Nancy Pena ainsi qu'une charmante petite histoire à quatre mains, "Arachnée", signée par la même accompagnée de Drine.
Quoi ? Ma chérie distribuée par Hachette ? A moi la gloire, la glande, l'argent, enfin. 8)

# My man Alcor from the Hiphouse massive ainsi que Flo aka Turbolax ont pris des tonnes de photos du concert de One Self à Dijon la semaine dernière ; j'espère qu'on aura l'occasion de les voir bientot, et que l'énorme online photobase d'Alcor sera bientot sur pied à nouveau.

# De saines lectures ces derniers jours, même si j'ai pas encore niqué la moitié de la pile qui me fait de l'oeil depuis des lustres :

- "Superfuckers" de James Kochalka, chez TopShelf. Très très drôle, très frais.

- "Hickee" nouvelle série, numéro 1, chez Alternative Comics. Le retour d'Hickee ! Avec comme d'hab dans cette mini-anthologie des choses très bien et des bouses cosmiques. Un numéro qui relance un peu le truc de la pseudo-série, à suivre.

- "Stray Bullets" de David Lapham, chez El Capitan. Ne comptez pas sur moi pour dire autre chose que le plus grand bien de cette putain de série, probablement la meilleure sur la longueur depuis bien des siècles...
En 10 ans et 38 numéros, Lapham montre tout simplement qu'il est un des meilleurs auteurs comics de notre époque, point. Un talent incroyable pour cerner des personnages "vivants", une mise en scène époustouflante, des idées de rebonds scénaristiques à tomber par terre, et un génie de la narration, le tout au gauffrier et en noir et blanc, peut etre que ce sacré Boudjellal finira surement par traduire ce truc le jour ou tout le monde finira par dire a quel point c'est bien.
"Lapham's opus seems to be chugging right along. Difficult to fully appreciate in single issues as the seemingly disparate elements all typically coalesce wonderfully in collected form. The master of uncomfortably realistic moments. Grade A-."

- "Angel" de Bishakh k. Som, une curiosité graphique, parue chez Hi-Horse, et comme le dis la couverture, "Xeric-powered". 8)

- le dernier Comics Journal (le numéro 268) comporte notamment ne interview fleuve de Craig Thompson, sans surprises mis à part la version de Thompson sur le refus de l'Asso de publier Blankets ; apparemment, et d'après Thompson, JC Menu aurait été d'accord avant de refuser la publication... La suite du grand feuilleton bédé (ah, j'adooooooore écrire "bédé"... sic) un de ces jours... Egalement une interview passionnante, et bien plus interressante, de Bob Burden, le génial artiste derrière Flaming Carrot.

- Coré français, Gilles Poussin signe un papier bluffant sur l'aventure Metal Hurlant dans le dernier "Collectionneur de Bandes dessinées" (le numéro 104) ; je ne lis pas ce périodique mais s'il y a des articles de cette qualité régulièrement, je vais peut-être m'y remettre... A noter que Gilles sortira un ouvrage sur le même sujet dans quelques semaines chez Denoel Graphic.

# Enfin, et pour conclure de manière lamentable, et en faisant ma matérial girl de chez matérial girl, j'ai récupéré des Air Force Driving pour pas reuch, thanks to Serge la Pute, mon homeboy dealer de sneaker.
Et parce que vous me le demandez, hier soir en cherchant une ampoule pour ma lampe de bureau, je me suis éclaté le coude dans une étagère : mon coude droit est violassé, gonflé et m'a empeché de dormir tellement j'ai bobo ; alors Fred, tes histoires de nuits gachées par une petite fille qui pleure ses dents, t'es sympa, mais tu vas te plaindre ailleurs, hein ! 8)

On air on RadioJune :
- back to the mid-old schooooool ! le dj Kicks des Stereo MC's est miraculeusement réapparu sur ma platine. Miam !
- Quasimoto is back, donc, mais putain, on est décidément loin du premier album (le meilleur album de 2000 ?). C'est Madlib en forme, mais... Madlib, il à ce coté Joann Sfar : tout ce qu'il fait est terriblement délicieux, mais il fait tellement de trucs que parfois, il s'éparpille et du coup, c'est moins goutu ; alors fatalement, on pense aux trucs meilleurs du monsieur, et on est décu. Chier. Je l'attendais, cet album, moi.

O.U.T.

15 juin 2005

DAG MADAM MERCI LA BELGIQUE.

Les divers décideurs du label Blue Note ont souvent fait preuve d'un énorme flair ou, plus récemment et plus simplement, d'un opportunisme assez bluffant.
Sur les diverses signatures de ces dernières années, et sur la foule de disques très dispensables estampillés Blue Note parus chez eux, peu de surprises qui valaient réellement la peine, et chez les newcomers, pas mal d'artistes ont eu du mal à passer le cap du (des) premier(s) disque(s) une fois arrivés dans la glorieuse maison.
Bon, faut pas déconner non plus, il y a eu beaucoup de bonnes choses par le passé, mais également pas mal de disques que tout le monde aura oublié, et pour cause.

Parmi la foulitude de bonnes nouvelles discographiques de ces dernières semaines, l'une d'entre elles connaitra t'elle le meme sort que ses prédecesseurs ?

Marc Moulin, puisque c'est de lui qu'il s'agit, revient encore sur le devant de la scène... Et pas sur les planches du théatre, sur lesquelles il s'est apparemment focalisé ces dernières années si j'en crois les rumeurs les plus étonnantes qui courent à son sujet...
Non, Blue Note, après avoir offert de nouveaux horizons au pianiste belge, qui avait sorti pour l'occasion un disque qui m'avait laissé plus que sceptique (orienté house-dans-l'air-du-temps, pas original pour un sou, assez easy et très décevant), ressort l'un des efforts les plus remarquables du monsieur, "Sam Suffy".

Marc Moulin est un musicien/producteur dont le nom reste encore bien trop dans l'ombre, alors que sa carrière est absolument exemplaire.

Au début des années 60, Moulin baigne dans la scène jazz européenne de l'époque ; ll se trouve qu'à cette période, pas mal d'énormes jazzmen ricains résident en France, entre autres, après avoir tourné quelques années plus tôt. Forcément, le mélange des influences, des méthodes de jeu, auront tôt fait de donner une sauce particulière représentative de l'époque, qui poussera Moulin à former sa première formation en 61, ce qui l'amènera à gagner quelques prix dans les festoches jazz alentour, puis à rejoindre le saxo Alex Scorrier, puis le guitariste Philippe Catherine.
A la fin des 60's, l'expérimentation motive Moulin et Catherine, qui, dans le grand raoult jazz/rock/funk du moment, s'intèressent de plus en plus aux avancées technologiques déjà utilisées notamment par Miles Davis, Joe Zawinul ou Herbie, donc.

Le style dénommé "fusion" qui point le bout de son nez à cette période arrose tout le spectre musical de l'époque, et Moulin se distingue alors par son utilisation étonnamment progressiste des instruments électroniques (des synthétiseurs en particulier), par son travail de mix final, par son utilisation quasi-outrancière de l'overdub... On imagine les sessions studio entre rats de laboratoire, complètement extatiques derrière d'énormes consoles pleines de vu-mètres... 8)
Moulin achète un Wurlitzer, et fonde en 1971 le groupe Placebo ; non, pas les pseudo-glam androgynes anglais de nos tristes années, mais bien le Placebo original, une formation jazz à tendance heavy funk et surtout trèèèèèèès électronique, complètement renversante pour l'époque.

Nic Fissette, Richard Rousselet (deux fabuleux trompettistes totalement en harmonie), Johnny Dover (sax bariton, flute, percus), Nicolas Kletchwowsky (à la lourde basse électrique), Freddy Rottier (qui joue de la batterie comme on joue de la MPC3000 ces jours-ci) rejoignent Alex Scorier (sax tenor et soprano) et Marc Moulin (claviers) et sortent en 1972 "Balls of eyes", remportantau passage un prix a Montreux 1972 ; ca ressemble à du Hancock ou à du Miles de l'époque, et certains y ont même remarqué des similitudes avec les travaux de Georges Duke ou même de David Axelrod, niveau arrangements. Ca a le gout des malades américains, ca sonne comme les malades américains, mais ce ne sont pas des malades américains ; c'est du Canada Dr.. Ah merde, pardon.

En 1973, j'imagine bien Moulin et ses potes prendre quelques acides de manière régulière, tant l'univers qui ressort de l'écoute de leur album "1973" semble abstrait, barré, et beaucoup plus expérimental. Par moment, Miles est convoqué, période Gil Evans, ca sent l'intrumentation élargie à son maximum, mais dans l'ensemble, on reste dans une suite funk-rock terriblement bien mixée et bien produite ; Moulin est derrière une montagne de circuits électroniques, ca bouge dans tous les sens, ca fait des étincelles, ca chauffe et ca fond parfois aussi... Le tri est à faire, mais il reste au final quelques putains de petites pépites slow-funk ou electro-ill boogie, la Belgique, c'est sensass, y'a pas à tortiller du cul.

Quelque temps plus tard, et dans une veine encore plus barrée, Moulin, alors complètement chaud-bouillant, rejoint Bruno Castellucci et Richard Rousselet, et forme avec ces sacrés zozos le trio expérimental Sam Suffy, qui navigue résolument en terres de musique concrète ; néammoins, l'électronique, plus que la répetition ou la conceptualisation de la musique, l'appelle plus encore, et après quelques "derniers" concerts en 1976, il se lance dans une carrière qui répondra davantage à ses exigences technologiques en formant avec Dan Lacksamn et Michel Moers le mythique groupe Telex, qu'on pourrait comparer à Kraftwerk écoutant Georges Clinton, le tout dans un club avec des caissons de basse énormes dispatchés sous le dance-floor... Bon, ok, tentative hasardeuse. Telex, c'est de l'électro groovissime encore un peu congelée, avant l'heure.
Telex auront laissé quelques galettes surprenantes derrière eux, notamment le hit "Moscow Disko", et seront évidement reconnus comme étant un groupe séminal par des artistes aussi variés que Juan Atkins, Patrick Pulsinger, Ian O'Brien ou Derrick May, ca rigole pas.

Blue Note ressort donc "Sam Suffy", après sa sortie originale chez CBS Belgique...
Il faut donc aller l'acheter, et surtout se procurer n'importe quel enregristrement parmi "Jazz goes swimming", (par le St Tropez Jazz Octet, sorti en 1969), "Balls of eyes" (Placebo, sorti en 1971 chez CBS/Belgium), "Streams" (par le Philippe Catherine Quartet, sorti en 1972 chez Warner France), "1973" (Placebo, sorti en 1973 chez CBS/Belgium), "September Man" (par le Philip Catherine Quartet, sorti en 1973 chez Atlantic France), "Placebo" (par Placebo, sorti en 1974 chez Harvest), "Viva Boma" (par Cos, sorti en 1976 chez IBC Belgium), puis "Looking for St-Tropez" (par Telex, sorti en 1978 chez JM2), "Neurovision" (par Telex, sorti en 1980 chez JM2), puis éventuellement, pour le fun, "Sex, birds and bees" (par Telex, sorti en 1981 chez JM2), "Wonderful world" (par Telex, sorti en 1984 chez JM2), "Looney tunes" (par Telex, sorti en 1986 chez JM2) ; Marc Moulin signa également deux albums plus dispensables sous son nom propre, "Picnic" (1986, Magic Belgium) et "Message" (1992, JM2). Une très sympathique compilation est sortie chez Counterpoint il y a 6 ou 7 ans.

La prochaine fois je vous parlerais de Jacques Brel. Non, j'déconne.

ON AIR on RadioJune :

- Cut Chemist "the limus test" ; une grosse demi-heure foutraque de breaks grillés ou inédits, de mix tordus, d'audaces diverses (ah, la reprise de l'intro de Rotary Connection passée à la moulinette du gros barbu...), bref, un mix classic break/hip hop de toute beauté.

- Charles Mingus "Ecclusiastics", 6:55 de pur bonheur made in 1972 (grande année, arf arf), Mingus tabasse son piano et grogne dans le mic, avec Roland Kirk qui répond comme un furieux, ah bordel ca pue l'esprit de l'église (Mingus a écrit ce morceau en souvenir de son enfance passée à l'église méthodiste), c'est très bluesy, mais bordel, il y a une putain de présence sur ce morceau... (sur l'album "Oh Yeah", Atlantic).

- le nouveau Medaphoar est très réussi aussi ; rien de très original sur ce coup, mais un Madlib très bon aux prods et c'est parti pour une superbe tranche de hip hop très twisted summertime. Il sort tout bientot je crois, et il vaut l'oreille.

- Diplo "Big lost (Mooonkey see, mooonkey do rework)" ; Monkey mettant des grandes claques mid-tempoesques très vocales dans la gueule de Diplo, ben ca me détend, moi. 8) C'est pas sorti, ca sortira d'ailleurs pas, mais l'original, déjà très bien, est sur l'album de Diplo, "florida", paru chez Big Dada.

- Wax Tailor "Que sera", titre monté sur le "And he will not come again" du grand Galt Mac Dermot, et plutot pas mal. C'est sorti chez Lab'oratoire, et c'est plutot sympa ma foi.

- le meilleur pour la fin, avec One Self : eh ben voilà, depuis le temps que le sieur Vadim méritait son "hit", je crois bien que le moment est venu ; c'est soulissime, c'est très très propre, on est plus dans le trip hip hop instru avec les méthodes Vadim classiques ; dans ce nouveau projet, toute la troupe (Yarah Bravo et Blu-Rum 13 aux mics, John Ellis aux claviers, Woody aux 1200's, et bien d'autres...) est responsable d'une très bonne surprise, et c'est tant mieux.

O.U.T.

6 juin 2005

CONSTELLATION.



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Comme dirait l'ami JB : néant... vide... rien... n'aie envie de rien.
Il est 2 heures du matin et je retrouve donc ces moments dégueus où mon incapacité chronique à trouver la motivation après des instants magiques se rappelle à mon bon souvenir.
Certains, après avoir pris un truc dans la tronche (gros concert, grosse lecture, grosse rencontre), foncent oeuvrer dans leur coin, et recrachent toute l'énergie qu'ils auront su absorber de moments forts ; moi, c'est tout le contraire. Si j'en raffole d'envie, si j'adorerais m'inclure dans ce tas, force est de constater que je ne fais pas partie de ces chanceux-là.

J'ai passé un excessivement bon weekend, riche en moments forts et en instants précieux, le genre de matière première qui, ado, m'ordonnaient de me ruer sur mon ordi, sur ma planche à dessin ou sur quoique ce soit qui pouvait me purger de ce trop plein d'énergie. Aujourd'hui ? Je suis vide, ko, et je suis l'improductif parmi les improductifs, le blasé parmi les blasés, le fatigué parmi les feignasses...

Foin d'états d'âme à deux boules, qui de toutes façons n'interresseront personne et même pas moi, d'ailleurs ; rester le nez sur son caca finit par donner envie de s'endormir, et autant ne pas finir la tronche dedans...

La fin de semaine avait bien commencé : jeudi soir, après un passage en terrasse bisontine avec une clique de sympathiques camarades qui m'ont fait passer un très bon moment, je réintégrais mes pénates pour gribouiller à quelques trucs divers, crevé mais motivé.

Vendredi, jour de congé, mais pas de repos pour autant : continué à gribouiller en savourant en alternance par les oreilles quelques pépites ressorties pour l'occasion, lecture de diverses nouveautés :

- "Je ne t'aime pas mais..." de Firmin Solis (6 Pieds sous terre éditions), une tranche autobio pas très interressante, bien écrite mais assez chiante, au dessin maitrisé mais sans surprises aucunes, très dispensable.

- "Ministère de l'espace" de Warren Ellis et Chris Weston, la version française de la mini série publiée en 2004 chez Image : comme à l'accoutumée, pas mal d'idées à la page grâce à mr Ellis, mais une histoire somme toute assez linéaire et plate, le tout servi par le dessin maitrisé mais statique et bien trop cinématographique de Weston : déception,

- la première fournée des "Le mois de..." initiée par Le Groinge : un auteur remplit un carnet, jour par jour, sur la durée d'un mois prédéfini ; 12 auteurs se succèderont sur 1 an, et la première série débute sur un "mois de Janvier" rédigé à 4 mains par Otto T. et Choi JuhYun (chacun une face de page), ensemble dans la vie et dans ce carnet agréable à lire (l'écriture et le dessin de Otto T. m'ont toujours plu) ; Alex Baladi prend le relais sur Février, et c'est toute la richesse de ce mec hors du commun qui se met en branle de manière totalement renversante, une fois de plus : ses doutes existentiels sont crédibles et on frémit pour lui, ses moments de joie nous remplissent de bonheur. Baladi est formidable, et ceux qui le savent gardent secrétement cet auteur précieux au fond de leur coffre-fort ; ce carnet n'est probablement pas son oeuvre ultime (ce n'est pas le but de la manoeuvre non plus), mais un très bon moment de spontanéités créatives partagées avec nous. Enfin, BSK nous pond quelques tranches de gentille poésie imagée sur son mois de Mars, pas renversant mais fort sympathique au demeurant.

- "Supermurgeman" (tome 2 : La menace communiste) de Mathieu Sapin, plus drôle que le premier, mieux conçu et plus régulier, mieux construit,

- "Inside Moebius "tome 1)", ou comment un génie de la bande dessinée se perd lui-même dans une mise en images de considérations pompeuses et pompantes,

Vendredi soir, les zozos d'Elektrophonie (une association bisontine ayant pour but la promotion et la diffusion de musiques électroniques et acousmatiques) produisait une création du norvégien Phonophani, diffusée en quadriphonie en la chapelle de Ronchamp, édifice conçu par Le Corbusier et se prettant donc bien au jeu proposé ici : après la diffusion d'oeuvres de Iannis Xenakis (6 pièces datant d'entre 1957 et 1971) dans l'après-midi, une version auditive et électronique du travail d'architecte était la bienvenue dans cet espace hors-norme.
Drine n'a pas adhéré, et j'avoue n'avoir été réellement séduit que sur une période précise du travail proposé ce soir là par Phonophani, mais une fois de plus l'expérience spatio-temporelle (car c'en était bien une) valait le déplacement ; fatigué et usé, j'oubliais quand même mon maudit téléphone portable dans la voiture du pote qui faisait le taxi : non pas que cela soit un drame en soi, mais le lendemain, j'avais besoin de ces instrument du diable !


Samedi matin, 8h30, départ en voiture pour Genève avec ma sympathique collègue Mandana au volant (ben ouais, j'ai pas le permis...), pour récupèrer Frederik Peeters qui devait dédicacer ses bouquins l'après-midi puis rencontrer son public à la librairie le soir venu. Le voyage en train aurait pris 2 fois plus de temps au minimum, et eut été bien galère.
Nous prenons donc Fred chez lui vers 11h, l'arrachons à sa très charmante petite famille, et une discussion en bagnole de 2h15 plus tard, attaquons un déjeuner bisontin pour finalement commencer la séance de dédicaces peu après 15h ; le public est au rendez-vous, c'est cool pour la lib mais c'est surtout cool tout court. 8)

Bon, pour celles et ceux qui seraient nés au 12ème siécle, Frederik Peeters symboliserait à lui tout seul le renouveau, le meilleur de la bande dessinée de ces dernières années, une énorme révélation pour beaucoup de lecteurs.

Pis que cela en ce qui me concerne : ce mec est probablement ce qui est arrivé de mieux dans la bande dessinée depuis la fin du siècle dernier, un repère artistico-temporel (première véritable balise : "Pilules Bleues", 2001).
Je peux pas m'empecher de sonner définitif sur ce point : cet auteur possède une énergie rare dans le dessin, dessin inspiré s'il en est... Il possède justement cette "intelligence" du dessin, cette vision globale qui lui permet de raconter une histoire toujours originale en optimisant au maximum le processus de narration au maximum de ses capacités, et ce de manière permanente.

En quelques livres, Peeters s'est inventé un language narratif qui pousse la bande dessinnée dans ses retranchements et par la même, dans une ère nouvelle, celle du mec qui a assimilé sans vergogne tout un pan de la littérature dessinée (et de la littérature tout court, et du cinéma, et des arts plastiques en général), pour restituer sans retenue, et sous une forme toute personnelle, une oeuvre subtile, progressiste et intelligente.
Il suffit de lire sa série "Lupus" et d'imaginer qu'il s'agit là d'écriture automatique non crayonnée, pour être forcément agacé par tant de maitrise.

Quand on aura dit qu'il a accompli tout cela avant même d'avoir 30 ans (ouais, il est encore bien jeune, le bougre), on peut comprendre l'engouement grandissant pour son travail, et l'enthousiasme que procure n'importe laquelle de ses lectures ; Frederik Peeters est la cîme de la bande dessinée européenne de ces 10 dernières années, sans l'ombre d'un doute ; son talent cotoie celui des plus grands, et sa proximité vous fait comprendre l'importance et la richesse intérieure de ce gugusse. Quand il s'entoure, ca relève du coup de génie : l'éditeur Atrabile est né de cela, entre autres, et continue d'éditer les oeuvres de cette petite famille artistique à l'identité rare, celle des Ibn Al Rabin, des Wazem, des Baladi...

Comme si ca ne suffisait pas, cet intarrisable veinard s'exprime de manière divine, du coup quand il parle, on l'écoute : c'est systématiquement convaincant, à tel point que c'en est parfois énervant... Frederik Peeters serait-il dénué de défauts ? Certes non : il fait partie de ces sinistres individus dont la culture gastronomique consiste à faire fondre du fromage à tort et à travers (le fromage fondu est une provocation pour mes sensibles narines, qui ne supportent que difficilement ce concept), et n'apprécie pas complètement les prouesses vocales du grand Léon Thomas. Sacrilèges ! 8)

Bref ; la sympathie et le respect que j'avais déjà pour lui auparavant (après la lecture de ses bouquins et quelques échanges par le passé) en sortent encore grandis, et le prosélytisme écharné que j'avais l'habitude de pratiquer à l'égard de son oeuvre va perdurer encore un bon moment...

Après la dédicace (qui dura bien au delà de la fermeture officielle de la librairie...), on trace prendre l'air (ainsi qu'un verre) du coté du Se7en et on commence à se demander combien de personnes feront le déplacement pour cette rencontre... Fred estime humblement qu'une grosse demi-douzaine de gens seraient de la partie, je relève le pari et arrivés à la librairie, vers 20h30, c'est une petite quarantaine de personnes qui attendent patiemment pour entrer. Pari doublement gagné, et j'en suis ravi : tout le temps passé à monter cette journée et à en faire la promotion ont donné leurs fruits.

Pendant 10 minutes, nous essayons de lancer le débat mais les gens continuent d'affluer, pour ma plus grande satisfaction. Finalement, nous finirons avec 50 personnes qui auront contribué à une discussion très instructive, passionnante, et très réussie ; je remercie d'ailleurs une fois encore celles et ceux qui lisent parfois ce blog et qui étaient de la partie, c'était cool, les gens !
La discussion fut très intéressante et Frederik Peeters parle de son oeuvre et de lui-même avec une passion et un engouement, une envie de partager et de communiquer, tout en restant d'une simplicité absolue... Impressionnant. Ca va pas briser mon coté "fan de base", tout ça.

Comme toutes les meilleurs choses ont une fin, vers 22h45 nous terminons la soirée par un pot ou absolument tout le monde me place un "c'était vraiment bien" qui me confirment que nous sommes dans le bon sens ; nous fermons la librairie (péniblement, avec des problèmes techniques de sécurité surveillée qui fait chier grave) et terminons tant bien que mal pour trouver un endroit ou grignoter quelque chose. Nous finissons à 8 ou 9, sommes nazes suite à cette journée somme toute fatiguante, et expédions le repas en parlant de billions de choses, pour finalement sortir vers 2h (j'imagine, car je ne me souviens plus trop) ; il faudrait que Fred reste une semaine pour qu'on ait l'impression de saisir un centième de ce qu'il est. Je finis par l'accompagner à l'hotel et remonte péniblement jusqu'à chez moi, seul (Drine étant partie du coté de chez elle pour récupèrer la bagnole qu'on utilisera demain pour ramener Fred chez lui).
Formidable journée.

Dimanche matin, Drine et moi récupérons Frederik à l'hotel et partons déjeuner en terrasse d'un restau un peu près digne de ce nom (personne n'aura digéré les plats de la veille au soir !), tout le monde semble satisfait du weekend ; Seul impératif pour notre auteur : être chez lui sur le coup des 17h ; nous prenons le temps de déjeuner en cette calme journée dominicale, puis partons pour Genève (2h15 de bagnole), pour le ramener tranquillement en temps, en heure, et en état. 8)
C'est presqu'avec un pincement au coeur que nous le laissons, lui et sa petite famille, pour reprendre la route ; j'ai du mal à remercier Fred pour ce temps précieux qu'il nous a fait partager, et j'espère qu'il aura apprécié autant qu'il l'a dit ce moment en notre compagnie. Nous sommes dimanche soir et j'ai déjà des SMS de potes lecteurs qui me disent qu'ils ont le sentiment d'avoir passé un moment précieux, d'une richesse extreme ; putain, il est fort ce Peeters. 8)

Drine et moi décidons d'aller marcher un peu sur les rives du lac de Genève avant de repartir (Fred habite à deux pas d'une très belle promenade), il fait beau, et nous repartons, un peu fourbus de cet excellente journée : du coup, en tant que copilote complètement à plat, je rate systématiquement toutes les bonnes routes et nous passons la frontière au pire endroit que nous pouvions, rallongant par la même notre voyage d'une bonne heure de route... On passe par une multitude de nouveaux endroits, et je me rends compte que je ne connais même pas les paysages du département limitrophe à mon coin natal. Avant d'arriver aux environs de Nantua ou d'Oyonnax, par exemple, ben ce sont de magnifique vallées encaissées, spécialement concues pour terrifier un claustrophobe ; c'est opressant à souhait et retrouver les zolis coins jurassiens m'auraient presque fait du bien.

Nous arrivons chez Manue (qui nous a preté sa bagnole), vers Baume les Dames, après 22h (on s'était quand meme arretés pour bouffer un morceau, profitant des derniers rayons de soleil), et on rate le dernier train qui pouvait nous ramener sur Besancon. Manue me demande ou Fred était assis dans la bagnole, pour ne pas nettoyer sa place : on retrouve vite nos cotés fans de base et on rigole comme des gros nazes qu'on est. 8)
On cause un peu avant que Manue et Alex nous ramènent donc à leur tour en bagnole, avec la gentillesse qui les caractèrise ; arrivés à la maison vers minuit bien tassés, Drine file au lit (elle, elle bosse demain) alors que je ne sais pas vraiment quoi faire : lire, gribouiller ? Je m'essaie à découper la petite histoire que je veux faire pour le troisième "L'Affaire du siècle tome cinq", mais ca ressemble à un énorme caca, et je froisse vite mes feuilles.

Certains, après une rencontre avec un auteur d'envergure, sortent plein d'une créativité décuplée, ils sont motivés et inspirés. Moi, c'est tout le contraire : constater le talent des autres ne me stimule pas à aller de l'avant, mais bien à maugréer dans ma barbe et à me plaindre de ma petitesse créative, de mon manque d'originalité, de mon manque de technique, d'idées, de maitrise...
"Ca se travaille !" diront certains.
Bien sûr, ca se travaille, forcément.
Mais je ne peux pas m'empecher de penser à la petite base innée de tout à chacun, qui n'est pas présente dans les mêmes proportions chez les uns que les autres ; Drine, par exemple, à énormément de talent et de maitrise graphique, pour moi. Elle pêche encore sur l'écriture de ses histoires et sur leur découpage, mais peut encrer ses dessins de multiples méthodes différentes, avec plein d'outils différents aussi, et en avancant dans le temps, elle comble ses manques, ses failles.
Moi, je stagne depuis que j'ai trouvé dans le dessin un truc qui me remplissait de je ne sais quoi ; j'avais une douzaine d'années à l'époque, et si je suis passé par des phases stériles pendant plusieurs mois, je n'ai jamais cessé de gribouiller. Force est de constater que l'évolution de mon imagination ou de mon écriture ont atteint leurs limites très tôt. 8)
Bref.
Après un weekend avec Fred Peeters, j'ai du mal à sortir quelque chose qui ne me satisfasse, même qu'à 10%, pas la peine de s'acharner.
Je vais retourner lire des grosses merdes, ca va peut être réveiller ma motivation... 8)

Allez hop ! Mercredi, One Self à Dijon, et je suis super content de revoir l'ami Vadim et sa douce Yarah. Vadim flirte enfin avec la reconnaissance qu'il mérite (y aurait-il une justice ?), et j'attends beaucoup de leur nouveau live, en espérant qu'il soit bien déjà rodé un minimum. BluRum sera là aussi, ca fait super longtemps que je l'ai pas vu et j'ai hâte. Petit trip à Dijon avec Drine, Cath, et Feet , Mitchum et Alex devraient être de la partie, on devrait même chopper Alcor : j'ai un truc sur lequel m'accrocher pour commencer ce début de semaine bien maussade...

/mode "bouhouhouh, je suis triiiiiiiste, ma vie est lamentable, injuste et je suis mauvais, je suis petit, je suis médiocre, c'est déguelasse, bouhouhouh" OFF. 8)

On air on RadioJune : que dalle. Pas envie.




DSCN3514, originally uploaded by jUne.

Merci à msieur Benjamin pour les quelques photos prises à l'issue de la rencontre : mon appareil ne donnera pas une seule des beeeeellles photos "prises" pendant celle-ci... chier.